Si vous parlez avec quelqu'un qui se bat contre la maladie et qui a choisi de laisser la médecine classique pour d'autres formes de soins, vous l'entendrez certainement dire qu'il faut prendre en compte la « personne entière ». Qu'on l'appelle « esprit » ou « âme », bien-être mental ou spirituel, il existe une aspiration à la santé qui est inextinguible et qui exige bien plus qu'un simple traitement matériel.
Des études indiquent que même les patients qui s'en tiennent à la médecine classique posent des questions sur le rôle de la foi. Certains d'ailleurs demandent à leur médecin de prier avec eux. En résumé, un nombre croissant de gens recherchent des solutions qui impliquent un mariage, ou au moins une relation, entre la science et la spiritualité. D'où la question: Les deux ensemble sont-ils capables de rétablir la santé, d'offrir aux gens une existence plus heureuse, plus saine et plus productive ?
Mary Baker Eddy, penseur du XIXe siècle et pionnière en la matière, a posé fondamentalement la même question. Dans son livre, Science et Santé, elle y répond en des termes on ne peut plus clairs. En étudiant la Bible et la vie de Jésus, elle découvrit que la Science et le christianisme vont naturellement de pair. Il est important de noter cependant que le concept qu'elle avait de la « science » transcende la définition traditionnelle et matérialiste du terme. Il s'agissait pour elle de la Science du Christ, une approche systématique et spirituelle de la guérison qui est démontrable et applicable, parce qu'elle est fondée sur un Principe divin.
Mary Baker Eddy vit non seulement qu'il était possible que la guérison implique une régénération à la fois mentale et physique, mais elle reconnut formellement qu'il en était ainsi, en raison de ce mariage entre une Science démontrable et un christianisme qui élève le caractère. « La Science déclarera ce que Dieu est réellement, écrivit-elle, et le christianisme démontrera cette déclaration et son Principe divin, améliorant le genre humain physiquement, moralement et spirituellement. » (Science et Santé, p. 466) Ce n'était pas vraiment une idée nouvelle. Ainsi qu'elle le fit remarquer, Jésus exigeait une manière d'agir chrétienne de la part de ceux qu'il guérissait: « Lorsqu'il pardonna à la femme adultère, il lui dit: “Va, et ne pèche plus.” » (ibid., p. 11)
Le changement de pensée qui conduit à la guérison implique donc non seulement une mise en application des principes spirituels, mais aussi un comportement chrétien, c'est-à-dire aimant, confiant, pur, innocent. Quand on lui demandait comment elle guérissait aussi facilement, Mary Baker Eddy répondait toujours en parlant de la nécessité d'aimer: vertu chrétienne fondamentale. L'assouplissement ou la purification du caractère peut sembler n'avoir aucun rapport avec le bien-être physique, et pourtant rétablir la santé se fait autant au moyen d'un traitement spirituel et systématique que du remplacement de pensées acerbes par l'humilité, l'amour et la douceur. D'ailleurs, en lisant le chapitre de Science et Santé intitulé « Pratique de la Science Chrétienne », on peut voir que Mary Baker Eddy consacra les premières pages aux qualités chrétiennes nécessaires pour guérir plutôt que de commencer par la méthode scientifique du traitement spirituel.
J'ai découvert un jour toute l'importance de prendre en compte à la fois l'aspect chrétien et l'aspect scientifique de la Christian Science lorsque j'ai dû me débattre pendant presque un an avec une obstruction nasale. Ce n'était pas douloureux, mais terriblement malcommode et embarrassant. Je ne pouvais pas me moucher et ma voix avait un son épouvantable.
Tandis que je priais, avec l'aide, parfois, d'un praticien de la Christian Science, afin de voir l'évidence spirituelle de ma perfection en tant qu'image de Dieu, un certain nombre d'idées importantes me sont apparues. L'une d'elles, entre autres, avait trait à l'aspect scientifique de ma pratique de la Christian Science. Dans ma quête de guérison, j'étudiais la Bible et les œuvres de Jésus Christ en essayant d'apprendre à mieux prier. Je me suis rendu compte que Jésus donne des instructions très directes: « Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » (Matth. 6:6)
J'ai été quelque peu surpris de constater que je n'avais pas totalement obéi à cette injonction. Mes prières étaient trop aléatoires. Il me fallait réserver un moment de la journée où je ne serais ni dérangé ni distrait. C'était la « chambre ». Puis il fallait que je « ferme ma porte » aux affirmations des cinq sens, autrement dit à toute pensée qui ne venait pas de Dieu.
Le changement de pensée qui conduit à la guérison implique non seulement une mise en application des principes spirituels, mais aussi un comportement chrétien.
J'ai aussi pris conscience d'autres choses. Il me fallait prier avec plus d'insistance, plus de persévérance et de régularité. Cela ne suffisait pas d'énoncer quelques vérités et d'espérer qu'elles apportent la guérison. Par exemple, je pouvais affirmer que j'étais une idée spirituelle créée à l'image et à la ressemblance d'un Dieu spirituel. Il était donc impossible que mon être comporte une obstruction quelconque. Mais il fallait que j'aille plus loin. Je devais insister sur le fait que c'était logique et vrai, basé sur une loi fondamentale et spirituelle, la loi du reflet. Une image reflétée est toujours aussi complète et aussi parfaite que l'original. Et le reflet est instantané. Ce qu'exprime l'original, le reflet l'exprime sans aucun délai. C'est pour cette raison que je n'étais pas obligé d'attendre d'être guéri ou de passer par un processus. J'étais parfait en cet instant précis puisque j'étais le reflet immédiat de Dieu.
J'ai découvert que je ne pouvais pas même en rester là. Il me fallait encore persévérer et raisonner ainsi jusqu'à ce que ma pensée cède aux vérités spirituelles que je déclarais. C'était la mise en application régulière et systématique qu'exigeait la Christian Science. Malheureusement, ce dont je ne me suis pas rendu compte à ce moment-là, c'est que je ne pouvais pas oublier non plus le christianisme.
Mon nez était toujours obstrué. J'étais exaspéré et découragé. Puis un soir, ma femme et moi nous rendions à l'église, pour une réunion de témoignage, quand elle m'a dit qu'à son avis l'état de mon nez s'était amélioré. J'ai répondu d'un ton maussade que c'était peut-être le cas, mais que c'était loin d'être guéri. Elle m'a alors gentiment rappelé que je devais prendre conscience des progrès que j'avais constatés et en être reconnaissant. Elle avait raison, et le concept de la gratitude a fait vibrer chez moi une corde sensible. Si je partais du point de vue que ce problème n'avait aucun pouvoir sur moi, et n'existait même pas, il était donc non seulement important d'être reconnaissant pour la guérison, mais c'était aussi naturel.
Alors, pendant cette réunion, au moment où l'assistance a été invitée à parler de guérisons, je me suis levé. D'une voix nasillarde, devenue familière, j'ai rendu grâce pour la guérison qui avait déjà eu lieu, en me fondant sur ce que je comprenais de ma perfection spirituelle qui était inaltérable. Il m'a fallu du courage pour prendre une telle position publiquement, et de l'humilité pour éviter les regards interrogateurs posés sur moi. Mais je me suis rappelé d'un cantique de l'Hymnaire de la Christian Science qui dit ceci: « Durant le combat ils savent qu'ils vaincront: / Ta vérité fait leur vaillance. » (n0 204) C'était exactement ce que je faisais.
Sur le chemin du retour, je me suis mouché et ce qui obstruait mon nez est tombé. J'étais guéri.
Les leçons sur la guérison que j'ai retirées de cette expérience sont innombrables. J'ai découvert l'importance de la prière régulière, systématique et fervente. J'ai dû me rappeler la nécessité d'affirmer avec persistance l'irréalité de la matière et la totalité de l'Esprit malgré ce que disent les sens. J'avais aussi eu besoin d'exprimer davantage de vertus chrétiennes: plus d'humilité, de douceur et d'amour pour un Dieu bon qui m'a créé à Son image et me maintenait dans cet état parfait. Ces pensées ont remplacé des sentiments négatifs et le découragement, par la confiance et la gratitude, deux éléments clés dans la guérison.
Finalement, céder à la Vérité doit inclure et la Science et le christianisme, parce que c'est par l'opération du Principe divin que la nature véritable, semblable au Christ, se révèle. Bien entendu, il n'existe pas de formule permettant de faire fonctionner ensemble la Science et le christianisme. Quelquefois, ce Principe, qui est un synonyme de l'Amour, opère instantanément. D'autres fois, il nous faut faire preuve d'un plus grand dévouement, d'une plus grande assiduité pour trouver notre nature en tant que reflet divin. Mais c'est toujours possible, car la régénération physique, mentale et spirituelle qui découle de la mise en application de la Christian Science est la chose la plus naturelle du monde.
