PAIX – SHALOM ! Le concept hébreu exprimé par le mot shalom était si important qu'il est encore employé de nos jours dans les salutations. C'est bien plus qu'un simple « bonjour ». Traduit littéralement, shalom signifie « complétude, paix », ce qui comprend le bien-être, la justice sociale, la stabilité nationale. En d'autres termes, cette paix n'est pas seulement l'absence de conflits; c'est une « présence positive ». Elle est née de l'alliance passée sur le mont Sinaï entre Dieu et Son peuple. Dieu a dit que « si vous suivez mes lois, si vous gardez mes commandements, et les mettez en pratique »(Lév. 26:3), Il répondrait aux besoins des enfants de Son peuple. Il y aurait de la pluie pour que la terre produise en suffisance assez de nourriture et les armées ne les vaincraient pas. « Je mettrai la paix dans le pays... Je marcherai au milieu de vous, je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple. » (Lév. 26:6, 12) Ce n'était pas un marché conclu avec Dieu. Cette paix était une bénédiction divine qui définissait la relation entre Dieu et le peuple, et la relation des gens entre eux. Nous savons, en lisant les paroles que les psalmistes et les prophètes nous ont laissées, que cette relation se fonde sur une justice qui exige que l'amour, la bonté, l'humilité et la vérité soient vécus quotidiennement.
La paix est un but louable en soi, mais elle n'arrive pas comme par magie. Il faut y travailler ! Le Psalmiste nous fait ces recommandations: « Éloigne-toi du mal, et fais le bien; recherche et poursuis la paix. » (Ps. 34:15) Et Zacharie l'exprime de façon très claire: « Voici ce que vous devez faire: dites la vérité chacun à son prochain; jugez dans vos portes selon la vérité et en vue de la paix; que nul en son cœur ne pense le mal contre son prochain, et n'aimez pas le faux serment, car ce sont là toutes choses que je hais, dit l'Éternel. [...] Mais aimez la vérité et la paix. » (Zach. 8:16, 17, 19) Le prophète expose bien là la bonne attitude. Michée en parle même encore plus directement: « On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; et ce que l'Éternel demande de toi, c'est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu. » (Michée 6:8)
Ésaïe envisage un règne éternel de justice avec la naissance du « Prince de la paix » (9:5). Plus tard, les Juifs qui suivirent Jésus repensèrent aux paroles d'Ésaïe et en conclurent que la vie et le ministère de Jésus Christ accomplissaient la prophétie d'Ésaïe. Les Juifs s'attendaient à ce que le Messie les libère de la domination étrangère et rétablisse un royaume terrestre. Cela dut les surprendre et même les choquer lorsque Jésus leur dit: « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée. » (Matth. 10:34) Dans ce cas, « paix » est rendu par le mot grec eirene qui veut dire « tranquillité, repos ». Jésus parlait en araméen, donc nous ne savons pas exactement quel mot il a utilisé. Il avait prévenu ses disciples que pour le suivre, il fallait agir, non se reposer. Cela signifiait tenir bon face aux défis du monde. Dans ce sens, la paix incluait l'obligation d'une alliance exprimée dans le terme shalom. L'épée, bien entendu, symbolise les problèmes qui peuvent surgir au sein d'une famille lorsqu'un de ses membres s'engage à suivre le Christ. Pour suivre le Christ, on devait être prêt à abandonner tout préjugé culturel.
Jésus ne disait pas que tout était sombre quand on suivait le Christ. Lors de ses adieux à ses disciples, il leur fit un cadeau: « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. » (Jean 14:27) Bien qu'écrit en grec, la « paix » que promet ici Jésus est bien ce que recouvre le mot shalom au sens le plus complet du terme, c'est-à-dire la justice et une juste relation avec Dieu et l'homme. Jésus était juif. Il savait ce que shalom signifiait. Ce shalom est supérieur à tout ce que le monde est capable de donner. C'est une « paix » qui est éternelle. C'est la vie éternelle, le salut éternel, parce que le Christ a « vaincu le monde » (voir Jean 16:33). Une bénédiction divine pour toujours !
La « paix » que promet Jésus est bien ce que recouvre le mot shalom au sens le plus complet du terme, c'est-à-dire la justice et une juste relation avec Dieu et l'homme.
Jésus savait quel style de vie nous amène à recevoir des bienfaits divins. Il s'adressait à des foules, mais il communiquait aussi avec les individus. Aujourd'hui, les béatitudes s'adressent à nous aussi clairement qu'aux enfants, aux hommes et aux femmes de Galilée à l'époque. Chaque béatitude (voir Matth. 5:3–11) commence par « heureux », traduction du mot grec makarios. Mais il ne s'agit pas d'un bonheur ordinaire. Makarios est « un bonheur que seuls les dieux peuvent connaître ». Mais Jésus ne voyait pas les choses de cette façon. Dans les béatitudes, il indique clairement que le bonheur de la bénédiction divine est à la portée de tous. Les béatitudes décrivent le comportement qui nous bénit individuellement et contribue à la paix.
« Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre ! » (Matth. 5:5, d'après la Nouvelle Bible Segond) Les doux, hériter la terre ? Qu'en pensaient ceux qui écoutaient Jésus ? Leur pays occupé, ils étaient apparemment privés non seulement de la terre, mais aussi des libertés dont ils jouissaient auparavant. Qu'en pensaient-ils ? On croit généralement que les gens doux et effacés sont incapables de s'imposer, encore moins d'hériter la terre. Praus est le mot grec pour « doux ». Il a différents sens selon qu'il s'applique à des « choses, des animaux, des personnes ou des activités ». Or, la douceur, prautes, est une vertu lorsqu'elle s'accompagne de force. Une attitude craintive ne caractérise pas la douceur. Par exemple, un conquérant qui traite ses sujets avec bonté pourrait être considéré comme doux parce qu'il est en position de pouvoir, de force, mais a maîtrisé ce pouvoir en traitant les vaincus avec douceur. Sans aller jusqu'à faire dire à Jésus ce qu'il n'a pas dit, nous pourrions nous demander s'il ne nous engage pas ainsi à nous maîtriser (à maîtriser nos émotions), à être justes, et nous indique que se comporter de la sorte est une bénédiction qui contribue à ce shalom, une paix sur terre qu'il vaut la peine d'hériter.
« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! » (Matth. 5:6) Jésus fit cette déclaration devant des gens qui travaillaient très dur pour subvenir à leurs besoins quotidiens. Quelle promesse ! Ils n'allaient pas être seulement « rassasiés » mais aussi « heureux ». Leur a-t-il joué un mauvais tour en ajoutant le mot « justice »? Le mot grec pour « justice », dikaiosyne, veut dire justification, justice, et en pratique, il comprend tout le concept de shalom. Jésus ne dit-il pas à ses disciples et à nous tous, que si nous avons faim et soif d'une relation juste avec Dieu et avec autrui autant que nous aspirons à boire et à manger tous les jours, nous aurons la nourriture quotidienne dont nous avons besoin ? Et nous serons aussi satisfaits sur le plan spirituel, nous nous sentirons complets. Shalom en quelque sorte !
Tout cela ne concerne pas seulement un temps très ancien, dans un pays éloigné. Nous devons nous mettre au travail. Jésus nous a donné une tâche à accomplir: « Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! (Matth. 5:9) C'est la seule béatitude qui décrive une action précise: procurer la paix ! Procurer la paix peut signifier renverser une situation difficile, mais le terme évoque aussi le fait de commencer en partant de rien. Chaque jour nous sont offertes des occasions de « procurer » la paix: dans la façon dont nous saluons les gens, dont nous nous comportons avec notre famille, sur notre lieu de travail et avec nos collègues, dont nous réagissons aux nouvelles, dont nous considérons les personnages publics, la politique, le événements, dont nous résolvons un conflit. Tout au long de la journée, nous pouvons faire de la paix une « présence positive ». Nous savons ce qui est exigé de nous: vérité, amour, bonté, fidélité, en bref: la justice. Chacun de nous peut être « heureux » et être appelé « fils de Dieu ».
Documentation: The Anchor Bible Dictionary, Vol. 5. Dictionary of Judaism in the Biblical Period. Theological Word Book of the Old Testament. Theological Dictionary of the New Testament.
