Dans le cadre de sa série sur la justice, le Héraut s'est adressé à des juristes et d'autres personnes qui expliquent comment ils combattent, par la prière et leur travail, l'injustice dans le domaine politique et juridique.
Qu'est-ce que la justice ? Au premier abord, un simple mot. Néanmoins, fondamentalement c'est un sentiment du cœur, une nécessité, une idée, quelque chose d'inné chez l'homme, l'image d'un Dieu juste.
Au sens théologique, c'est, à la fois, un attribut de Dieu et un ordre divin (voir Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 465). Dans la Bible, Dieu parle à Moïse, lui ordonnant de juger son peuple avec équité, sans détourner la loi et sans favoritisme (voir Deut. 16:18, 19). L'image bien vue de la justice que l'antiquité nous a léguée constitue en soi une définition parfaite. La justice, c'est un équilibre, une pureté des yeux qui, derrière son bandeau, ne peut voir l'inégalité.
En dépit du fait que la justice est, par nature, difficile à définir, l'histoire nous montre que des gens ont essayé, malgré tout, de la définir à l'intérieur des limites du langage humain. Pythagore, dans sa vision métaphysique des nombres, concevait la justice comme une relation arythmétique, une équation, au moyen de laquelle on déduit la rétribution que chacun mérite selon son comportement.
Socrate, toujours avec une vision transcendantale, et sa maxime « connaistoi toi-même », regardait par-delà l'individuel, à l'universel, à l'idée au-dessus de l'opinion, à la science des choses, à la science de l'être finalement. Il ne mettait pas en doute l'existence d'une justice divine supérieure.
Le christianisme a un concept différent de la justice: c'est à la fois un attribut de Dieu et une manière d'agir. Le christianisme fait de la bonne foi le centre de la conduite humaine et la règle essentielle de la loi.
La justice a ses racines dans les Écritures mêmes. Elle est la conséquence du second grand commandement: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (voir Lév. 19:18; Matth. 22:39, 40) Et elle s'exprime le mieux dans la Règle d'or: « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et les prophètes. » (Matth. 7:12; Luc 6:31) La Règle d'or est la loi elle-même, le point central autour duquel gravitent les autres règles. Ce point a été inclus par Mary Baker Eddy dans Science et Santé, qui en a fait un élément important des Articles de foi de la Christian Science: « Faire aux autres ce que nous voudrions qu'ils nous fissent. » (p. 497) Cette règle morale, qui donne à la loi entière son unité et sa complétude, constitue la législation fondamentale, le principe de la Loi qui n'est ni un simple précepte ni un ordre, mais qui constitue le désir essentiel de la coexistence humaine harmonieuse.
Mon expérience professionnelle (dans le monde juridique sous ses aspects pratiques, éducatifs et scientifiques) m'a montré, en diverses occasions, combien il est efficace de s'en remettre à Dieu pour voir la justice triompher. Et j'aimerais en donner deux exemples.
Pendant la restructuration du département de droit des affaires, à l'université où j'enseignais le droit commercial, il a été proposé que les membres de notre département présentent, de façon personnelle et spontanée, de nouveaux sujets à enseigner qui seraient offerts en option aux étudiants. J'ai suggéré un programme complet sur « L'éthique et la responsabilité des chefs d'entreprises ». Le projet reposait sur deux idées fondamentales: l'honorabilité et le professionnalisme du patron. Le concept de l'honorabilité, l'expression de la bonne foi comme règle de conduite, devait se baser sur la Règle d'or déjà mentionnée. Il était aussi exigé du chef d'entreprise, outre son expertise, de subordonner ses intérêts personnels à l'intérêt général de la société qui polariserait des intérêts multiples.
J'ai enseigné cette matière jusqu'à ce que je parte à la retraite, et le nombre maximum d'élèves pour ce cours a toujours été atteint. De plus, ce qui m'a donné la plus grande satisfaction, c'est que de nombreux étudiants, qui venaient d'horizons très divers, m'ont confié qu'ils avaient trouvé dans la Bible une source inépuisable d'inspiration.
L'autre exemple concerne deux très bons amis que j'avais depuis ma jeunesse, et qui ont décidé de créer ensemble une entreprise. Cette société a d'abord connu une réussite inattendue. Mais peu de temps après, mes amis se sont pris d'antipathie l'un pour l'autre et il devenait impossible de faire marcher la société.
L'un d'eux s'est adressé à moi en qualité d'avocat. Je suis parvenu très difficilement à les convaincre tous les deux de se rencontrer dans mon cabinet. Je souhaitais qu'ils analysent la nature du problème et tentent de trouver une solution à l'amiable. La réunion a commencé par l'expression d'une incroyable agressivité mutuelle; ils en sont presque venus aux mains. Très calmement, et en m'appuyant sur ce que j'avais appris en étudiant la Christian Science, j'ai réussi à leur faire voir, avec conviction et fermeté, que les caractéristiques de ce conflit suggéraient un accord à l'amiable. De plus, parvenir à cet accord ne consistait pas à vaincre l'autre, mais à le convaincre, et pour y parvenir, aucun des deux ne devait souhaiter à l'autre ce qu'il n'aimerait pas pour lui-même. A partir de ce moment-là, la réunion a pris un cours différent et s'est terminée par la mise en place d'une solution amiable qui fut la base de leur séparation.
La Règle d'or est la loi elle-même, le point central autour duquel gravitent les autres règles.
Ce qui est essentiel, c'est que les deux hommes ont exprimé sincèrement leur reconnaissance pour une façon de penser qui a conduit à un changement d'attitude et rendu possible une solution amiable du problème, en même temps que leur réconciliation.
Je suis rempli de gratitude d'en être arrivé à la conclusion que la Règle d'or est une source inépuisable d'inspiration pour l'élaboration d'une loi humaine aux aspects intemporels, loi qui permet d'interpréter cette Règle harmonieusement dans le contexte de tout arrêté légal positif et d'appliquer la loi avec exactitude lorsque vient le temps de juger.
