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Article de couverture

Existe-t-il vraiment une justice pour tous?

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mai 2004


Cinq juristes font part au Héraut des inspirations spirituelles qui leur viennent et qui les amènent à penser que tout un chacun peut trouver la vraie justice, où qu'il soit.

Quels sont, à votre avis, les principes directeurs sur lesquels se fonde le droit dans votre pays ?

: Les principes généraux qui sont à la base du droit au Chili, ainsi que dans de nombreux autres pays aujourd'hui, prévoient essentiellement que tous les citoyens sont libres et égaux devant la loi, sociale, politique, civile et économique, et qu'ils ont aussi des devoirs.

: A un moment donné, dans l'histoire récente de l'Allemagne, les lois écrites ont été détournées pour tourmenter les gens, pour les priver de leur liberté et de leur dignité. Après la Deuxième Guerre mondiale, nous avons pris conscience du fait que le principe fondamental du droit consiste à reconnaître que la dignité de l'homme est inviolable. Nous l'avons inclus dans notre constitution. Je sais qu'aujourd'hui, c'est cette vérité qui guide nos tribunaux lorsqu'ils doivent déterminer si une loi est juste ou pas.

: En France, pays de droit civil, le principe de la justice et de l'égalité pour tous est à la base des lois, ce qui, par exemple, donne le droit à une personne qui a subi un tort de recevoir réparation. Je vois le même principe opérer aux États-Unis, pays de common law. La structure des systèmes juridiques dans ces deux pays est peut-être différente, mais la fondation est la même.

: Je pense qu'on peut aussi juger de la qualité d'un système juridique en se fondant sur la manière dont sont protégés les droits d'un accusé, dans une affaire criminelle. Le Cinquième Amendement de la constitution américaine qui accorde le droit de ne pas se mettre en cause lors d'un interrogatoire, ou la loi qui interdit que des preuves soient relevées contre vous si les procédures prévues n'ont pas été respectées, sont des droits qui reconnaissent la dignité innée des hommes et des femmes en tant que créations de Dieu.

La fondatrice de ce magazine, Mary Baker Eddy, se préoccupait Beaucoup de la justice et des droits de l'homme. Voici ce qu'elle écrivit dans Science et Santé: « ... que la justice humaine se modèle sur la divine. » (voir p. 542) Que se passe-t-il donc quand une loi est injuste, ne se fondant pas sur ce qui est miséricordieux et juste ?

C. Z.: D'abord, je voudrais souligner que le mot « divin » est vraiment un terme universel et non un terme théologique ou confessionnel, bien qu'il soit souvent défini en termes religieux. Les adeptes de diverses fois religieuses aiment et connaissent Dieu, même s'ils Lui donnent un autre nom. Par exemple, étant scientiste chrétienne, j'appelle aussi Dieu le Principe divin.

: Cela m'aide beaucoup de comprendre Dieu en tant que Principe quand je me bats contre l'injustice. Le Principe, c'est la loi, l'ordre, qui guide et gouverne tout être.

E. M.: Je vois en Dieu le Législateur ultime. Sa loi constitue la base sur laquelle l'univers entier fonctionne harmonieusement. Cette loi divine n'appartient pas à une religion précise. Toute personne qui se retrouve dans une situation injuste ou dans un système juridique où tout n'est pas fait pour atteindre l'équité (un système motivé par le désir de protéger un certain régime, une culture ou une tradition, aux dépens des droits de l'individu par exemple), cette personne a la possibilité de recourir à cette loi suprême, la loi de Dieu. Un jour ou l'autre, cette loi divine permettra à l'individu de connaître la justice.

Toute personne a la possibilité de recourir à la loi de Dieu qui lui permettra de connaître la justice.

A. F.: Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy mentionne que la justice est un attribut de Dieu (voir p. 465). Pour quelqu'un qui considère avoir été traité injustement, cela veut dire qu'une décision juste ne dépend pas de l'avis favorable des juges ou des arguments de son avocat, mais d'un pouvoir supérieur. Par exemple, à plusieurs reprises, quand je travaillais sur une affaire en France, j'ai senti que la victime allait perdre le procès en raison d'un manque de preuves et de témoignages en sa faveur. Toutefois, les juges décidaient en sa faveur. Apparemment, ils n'étaient pas influencés uniquement par les preuves qui leur étaient présentées, mais par un principe plus élevé. On pourrait dire qu'ils étaient guidés par leur intuition spirituelle et rendaient ainsi justice à la victime.

D. C.: Le 15 mars 1990, le gouvernement brésilien avait bloqué tous les comptes bancaires dans le pays. C'était très injuste. Le nouveau président pensait que pour lutter contre l'inflation, le mieux était de prendre l'argent de tout le monde. C'était une catastrophe. Les fonds de tous les comptes bancaires ont été transférés à la banque centrale et bloqués pendant dix-huit mois, puis ils ont été rendus aux déposants. Personne ne comprenait.

Un homme a déposé une plainte auprès de la cour fédérale en affirmant qu'il avait été injustement privé du solde de son compte bancaire. Il n'a pas été condamné par la cour car le système judiciaire est juste et il a été exigé au contraire qu'on lui rende son argent. La cour fédérale a ordonné que l'argent soit restitué à cette personne.

Après cela, des millions de gens ont déposé une plainte. Les registres des jugements rendus encombraient les cours fédérales, du sol au plafond. J'ai moi-même déposé une plainte et, en quinze jours, la cour m'a rendu mon argent. Il était donc clair que personne ne pouvait être privé de ses biens sans une application de la loi selon les procédures prévues. Cela montre aussi que même le président, qui avait fait voter ce décret injuste, a finalement dû se conformer à la loi.

E. M.: Avant de commencer mes études de droit, j'ai cherché dans le dictionnaire le mot « victime » pour un cours que je suivais. J'ai découvert qu'une des racines du mot « victime » veut dire « séparer ».

Plus tard, après être devenue avocate, j'ai défendu une femme qui avait été escroquée et avait perdu tous ses biens, à la suite d'une fraude. Cette définition m'a aidée, dans mes prières, à trouver une résolution juste pour ma cliente. Il ne faisait aucun doute qu'elle se voyait comme une victime, c'est-à-dire séparée de l'argent et des biens qui lui avaient appartenu. Or, selon la loi divine, personne ne peut être séparé de l'amour, de la sollicitude et de l'abondance du Père-Mère Dieu. J'ai vu que tout le processus judiciaire servirait à réparer l'injustice faite à ma cliente. Ce serait un processus de restitution pour elle tout autant qu'un processus de rédemption pour ceux qui lui avaient porté préjudice.

Une autre fois, je représentais quelqu'un qui était accusé d'une fraude d'un montant considérable dans une grande société. Il n'était pas seul. Plusieurs autres personnes faisaient l'objet d'une enquête. Il m'a semblé que cet homme n'était pas le cerveau de cette affaire et que d'autres étaient beaucoup plus coupables que lui. Il me semblait également qu'il en avait tiré une leçon essentielle, qu'il avait été suffisamment puni et qu'il s'était réformé au cours du processus. Je ne pensais pas que l'envoyer en prison serait une bonne solution.

Tout en continuant à prier pour que justice soit faite, j'ai vu des choses très intéressantes se passer. D'abord, la procureur générale qui s'occupait de l'affaire est partie en congé de maternité. Puis un témoin clé est décédé. Tous les gens qui auraient été en position d'accuser notre client ont disparu de la circulation. Cette situation m'a fait penser à la femme dans la Bible qui était accusée d'adultère et qui allait être lapidée par un groupe de scribes et de pharisiens en colère. Jésus intervint. Il suggéra que celui qui était sans péché jette la première pierre. Ils se retirèrent tous et Jésus dit à la femme: « Femme, où sont ceux qui t'accusaient ? » (Jean 8:10) Leur conscience avait dû clairement parler aux deux parties pour qu'elle ait pu ainsi échapper à la sentence. C'est exactement ce qui s'est passé pour mon client. L'affaire en est restée là et il a pu reprendre une vie normale.

C. Z.: Dans les affaires relevant des tribunaux civils, j'entends les gens dire qu'ils ne croient plus à la justice du pays, que si on peut se payer un bon avocat, on obtient ce qu'on veut. D'une certaine manière, ce très souvent le cas. Or, c'est aussi un défi à relever pour chacun: découvrir quelle est la base de la justice dans la loi divine, là où l'on trouve la justice ultime.

A. F.: L'idée que la justice est divine, que je n'ai pas à l'améliorer ou à l'exploiter, m'a beaucoup aidé dans ma pratique du droit.

Dans un cas précis, j'ai dû défendre un client qui avait commis intentionnellement un acte grave, et je ne voulais pas être son avocat, parce que j'avais l'impression que j'allais l'aider à s'en sortir. Mais quand j'ai réalisé que la justice ne dépendait pas de moi, mais de Dieu, je me suis rendu compte que toute l'affaire, mes clients, l'autre partie et les juges, agissaient gouvernés par la justice divine et que mes arguments ne pourraient pas changer ce fait. Cela m'a aidé à trouver la paix et m'a permis de défendre mon client honnêtement en faisant du mieux que je pouvais, parce que tout le monde a le droit d'être défendu. Comprendre cela m'a soulagé d'un faux sentiment de responsabilité, de l'impression que moi seul devait faire régner la justice. Finalement, mon client a été condamné; pour moi, c'était la justice divine à l'œuvre.

L'idée que la justice est divine, m'aide beaucoup dans ma pratique du droit.

E. M.: J'aime beaucoup cette idée. On demande parfois aux avocats de la défense dans les affaires criminelles comment il est possible de défendre quelqu'un qui est accusé d'un crime horrible. Il y a un passage dans la Bible qui m'a aidée à comprendre mon rôle d'avocate: « Il délivrera l'île de l'innocent, et il est délivré par la pureté de tes mains. » (Job 22:30, d'après la version King James) J'aime beaucoup l'expression « l'île de l'innocent ». Pour moi, cela veut dire que même quelqu'un qui a commis un terrible méfait a cette île de l'innocence, c'est-à-dire sa véritable identité ou nature pure et spirituelle, dont il doit prendre conscience. Cette rédemption, ce réveil à sa vraie nature, de la part de celui qui a mal agi, fait partie de la justice divine. Il est aussi très utile à la victime de savoir que son être, son « île de l'innocence » est intacte, pure, inviolée.

C. Z.: Quelquefois, dans les affaires civiles, les gens pensent que c'est l'autre personne, ou l'autre partie, qui est la cause de leurs problèmes. Ils se disent que si seulement l'autre personne changeait ou agissait différemment, ils n'auraient pas de difficultés. C'est là où la Christian Science m'aide beaucoup. Elle me montre que la solution dépasse la question de savoir qui fait quoi ou qui devrait faire ceci ou cela. Elle me permet de voir que ce dont j'ai le plus besoin pour trouver la justice, c'est de comprendre mon unité avec Dieu, la source même de toute justice, de toute droiture, de toute intelligence. Une fois que j'ai fait cela, ce qu'il faut faire pour résoudre un problème ou un désaccord devient clair. J'ai vécu cela à maintes et maintes reprises dans ma vie.

Pendant que les avocats discutaient, j'ai écouté Dieu et prié pour savoir ce que je devais faire.

I. Y.: Je me souviens tout particulièrement d'une expérience que j'ai vécue au début de ma carrière de juge dans les tribunaux qui gèrent les conflits au sein du monde du travail. J'étais alors juge dans un procès entre un chef d'entreprise et son ex-employée, une employée en qui il avait eu toute confiance, concernant l'indemnisation de cette dernière. Pendant l'audience, tandis que les avocats discutaient du montant de l'indemnité due à l'ex-employée, je me suis rendu compte que le montant de cette somme ne semblait intéresser ni le chef d'entreprise ni son ex-employée. Les deux parties restaient silencieuses.

Pendant que les avocats discutaient, j'ai écouté et prié pour savoir ce que je devais faire. Puis j'ai demandé au patron de quitter la salle d'audience pendant un instant afin que je puisse m'entretenir directement avec son ex-employée. Elle m'a alors confié qu'elle avait été blessée dans son amour-propre, parce que son patron n'avait pas tenu compte de sa loyauté et du fait qu'elle avait été une employée modèle pendant plus de vingt ans. En outre, c'est à un tiers que le patron avait demandé de lui annoncer qu'il n'avait plus besoin de ses services, sans aucune explication. Il était évident que le manque de justice dont elle se plaignait n'était rien d'autre qu'un manque de gratitude et d'appréciation de son travail.

Puis je lui ai demandé de me laisser seule avec son ex-employeur. J'ai parlé à ce dernier en affirmant sans cesse mentalement que l'Amour divin unit les individus, et que je pouvais avoir recours à l'Amour pour trouver une solution juste. J'ai pu parler dans le calme avec cet homme et lui demander pourquoi il refusait à son ex-employée l'indemnisation de licenciement qu'elle réclamait. Il m'a répondu que le montant de la somme n'était pas important, mais que ce qui le contrariait beaucoup, c'était l'agressivité avec laquelle son ex-employée avait réagi lorsqu'elle avait été congédiée.

J'ai alors eu l'inspiration de lui demander si ce moment de colère était plus important que les années de travail accompli avec désintéressement et loyauté. Cette question l'a fait revenir sur sa décision et il a proposé une solution qui a convenu à tout le monde, y compris à son ex-employée. Cela m'a fait vraiment très plaisir de voir les deux parties se serrer la main en signe d'appréciation mutuelle et quitter la salle d'audience dans la paix. Pour moi, ce résultat reflétait la justice divine.

«... que la justice humaine se modèle sur la divine » est une déclaration puissante qui m'incite à chercher à atteindre une justice empreinte de miséricorde, de bonté et de sainteté, dans les affaires humaines, une justice qui se rapproche chaque jour un peu plus de la divine. Nous ne pouvons pas nous reposer tant que ce modèle de justice n'aura pas été atteint.

Les participants:

Décio Colombini est un avocat d'affaires qui exerce à São Paulo, au Brésil, depuis plus de trente ans.

Elizabeth Massey est avocate de la défense spécialisée dans la délinquance financière, à San Francisco, aux États-Unis. Elle est actuellement consultante pour les questions de fraude internationale, pour le gouvernement américain.

Christina Zedlach a étudié le droit international privé à Munich, en Allemagne. Depuis, elle a travaillé dans plusieurs pays sur de nombreuses affaires. Elle vit à Hambourg.

Alexandre Fischer a étudié le droit des affaires et le droit pénal en France où il a commencé à exercer comme avocat. Récemment, il s'est installé à Boston où il travaille pour une organisation religieuse en tant que juriste et s'occupe de législation internationale.

Isabel Yañez est née au Chili où elle exerce le droit dans divers domaines depuis trente ans. Aujourd'hui, elle anime une émission de radio intitulée « Derecho y Familia » [Le droit et la famille] qui est diffusée à Santiago, la capitale.

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