Le récit suivant omet certains détails que l'auteur n'est pas en droit de révéler.
En octobre 2000, j'entamais ma quatrième année d'enseignement, et tout allait bien. Puis, un jour, la directrice de l'établissement me convoque dans son bureau à propos d'allégations faites par un parent d'élève.
Ces accusations concernaient un incident survenu à la fin de l'année scolaire précédente, et au cours duquel je me serais mal conduit. Quand j'ai quitté son bureau, je pensais que l'affaire était réglée, mais au lieu de cela, j'ai été brusquement démis de mes fonctions.
Quand il fut clair que je ne pouvais rien faire pour retrouver mon emploi, je suis passé de la dénégation à la colère. La décision me semblait parfaitement injuste. J'estimais qu'on avait mal interprété et grossi hors de toutes proportions les circonstances qui avaient entraîné ces accusations.
Je suis allé voir mon mentor, un professeur qui m'avait aidé à mes débuts, et elle a essayé de m'encourager à chercher un poste d'enseignant ailleurs. Mais j'étais déprimé. Elle m'a alors demandé: « Tu ne crois pas qu'il existe un Dieu qui te rendra justice ? »
N'ayant pas reçu d'éducation religieuse, je ne pensais pas avoir le moindre lien avec Dieu. A mes yeux, mon licenciement n'était qu'une preuve supplémentaire du fait que Dieu n'existait peut-être pas, parce que tout cela paraissait très injuste.
Je me souviens que mon mentor, qui était une personne proche des choses spirituelles, a paru très triste en m'entendant dire cela. Son fiancé qui était juriste m'a vivement recommandé de consulter un avocat, mais je considérais que ma carrière d'enseignant était terminée. Je faisais des remplacements, mais je ne pouvais pas m'imaginer aller à un entretien d'embauche et devoir expliquer les raisons pour lesquelles j'avais été renvoyé. En outre, le temps était venu de renouveler mon permis d'enseigner. Mais après mon licenciement, mon dossier avait été transmis à la Commission chargée de donner les accréditations dans l'État où j'habitais, et une enquête avait été ouverte afin de déterminer si mon permis devait être révoqué ou seulement suspendu.
Finalement, j'ai décidé d'en parler à une vieille amie de la famille. Cette dame m'avait toujours donné de bons conseils au long des années. Elle ne me parlait jamais de sa religion, mais cette fois-ci, elle m'a suggéré de m'entretenir avec quelqu'un qui aide les gens en difficulté, un praticien de la Christian Science. « Pourquoi pas? » ai-je répondu. J'aspirais tant à trouver quelque chose qui pourrait m'aider. Ce fardeau à porter sur mes seules épaules commençait à peser vraiment très lourd.
Je me souviens de mon premier rendez-vous avec le praticien, dans la cuisine de cette amie. Le praticien m'a parlé du lien qui m'unissait à Dieu. D'abord, il m'a été difficile d'admettre cela. Mais il revenait sans cesse au mot « amour », au fait que Dieu m'aimait et que j'étais lié à Lui simplement parce que j'existais. J'ai commencé à sentir qu'il existait un pouvoir supérieur qui pouvait me secourir et qui voyait le bien en moi. C'était extraordinaire d'entendre que Dieu m'aimait sans condition, parce que je me sentais très seul. A la fin de notre entretien, ma situation, qui m'avait paru accablante, ne me donnait plus autant l'impression d'être un fardeau. J'ai compris que je n'étais pas obligé de faire face à ces difficultés tout seul.
J'ai revu le praticien plusieurs fois et je lui ai dit: « Je veux en savoir plus ! Parlez-moi encore de mon lien avec Dieu. » Il m'a donné le livre Science et Santé.
J'en lisais un peu tous les jours, très attentivement, et il m'a fallu deux mois pour le terminer. Ce fut une immense source d'inspiration. Je n'avais pas l'impression que ce livre me prêchait quelque chose ou qu'il essayait de me convertir. Mais il me faisait découvrir une nouvelle approche de la vie qui a tout changé pour moi. Grâce à cette nouvelle façon de comprendre Dieu, j'ai pu me débarrasser de mes craintes et de la colère.
A un moment donné, j'ai demandé s'il existait des réunions en relation avec Science et Santé auxquelles je pourrais me rendre. J'ai alors commencé à assister aux réunions du mercredi soir et aux services du dimanche d'une église filiale de la Christian Science, et je me suis aussi mis à lire la Leçon biblique hebdomadaire.
C'était extraordinaire d'entendre que Dieu m'aimait sans condition, parce que je me sentais très seul.
Peu après, j'ai fait la connaissance à l'église d'une scientiste chrétienne qui est aussi avocate. Après m'avoir entendu décrire la situation, elle m'a proposé d'organiser une réunion à son cabinet d'avocats. Ses collègues ont examiné mon dossier avec soin et m'ont dit que mon licenciement n'était pas justifié d'un point de vue légal, et qu'ils allaient reprendre l'affaire. Ils ont envisagé avec moi les différents recours juridiques que j'avais, puis ils ont négocié un accord avec les avocats de l'école, accord qui m'a permis de démissionner de mon poste. En conséquence, les circonstances de mon renvoi et le renvoi lui-même n'apparaissaient plus dans mon dossier. Le procureur général du comté a constaté que mes droits n'avaient pas été respectés, et la directrice et les membres du conseil d'administration de l'école ont reçu un blâme. En outre, tous les frais d'avocats ont été réglés par l'école.
Je craignais beaucoup que mon permis d'enseigner ne soit révoqué ou suspendu à la suite de ces accusations. Cependant, après avoir étudié mon dossier, la Commission chargée de donner les accréditations dans l'État où j'habite m'a informé que l'enquête me concernant était close, et que je n'aurais aucun problème à renouveler mon permis.
Pour ce qui est de ma carrière professionnelle, j'avais déjà recommencé à chercher un emploi avant même que la situation ne soit réglée. Avant de ressentir ce lien renouvelé avec Dieu, j'étais pris de panique à l'idée de me porter candidat à un poste d'enseignant. A présent, je sentais que Dieu était avec moi. J'étais certain qu'il avait une place pour moi.
Au bout d'un mois environ, je me suis rendu à un entretien d'embauche dans une autre école. J'étais déterminé à être parfaitement honnête avec le comité qui m'interviewait et je leur ai expliqué ce qui était arrivé à mon ancienne école, même si, à ce moment-là, l'affaire avait été classée et qu'il n'y avait plus aucune trace du renvoi dans mon dossier. Les membres du comité m'ont écouté dans un silence profond et avec beaucoup d'attention. Les questions et les remarques qui ont suivi étaient empreintes de compassion. J'ai obtenu le poste. C'est un lieu où je me sens vraiment utile. D'ailleurs, l'un des enseignants m'a dit plus tard que c'était un « ange » qui m'avait amené dans cet établissement. J'enseigne là depuis presque quatre ans et je m'y plais beaucoup.
En repensant à tout cela, je me suis rendu compte que, bien plus que le besoin de faire valoir mes droits sur le plan légal, j'avais eu besoin de me sentir aimé, de connaître l'amour de Dieu, ce qui m'a permis d'aller de l'avant dans la vie.
