Que faire quand on se retrouve en prison après avoir été injustement accusé d'avoir triché à un examen ? Franck, 15 ans, de Douala (Cameroun), nous explique comment il s'est appuyé sur sa foi pour trouver le réconfort et la justice.
Quand j'ai atteint la classe de quatrième, je me suis senti capable de brûler les étapes en présentant le BEPC à la fin de l'année scolaire, en juin 2000 (examen de fin d'études que je devais passer normalement l'année suivante, en troisième).
Dans mon quartier, un groupe d'étude des élèves de troisième s'est formé auprès duquel j'ai posé ma demande d'adhésion en vue de mieux préparer mon examen. Je n'avais que 12ans à l'époque, et j'étais le plus jeune du groupe. Parmi nous, il y en avait un dont la maman pratiquait une technique de fraude: elle achetait pour son enfant les épreuves, c'est-à-dire les réponses aux questions qui seraient posées à l'examen, auprès de la Délégation, organisation officielle qui représente le ministère de l'Éducation nationale dans chaque province. Le reste du groupe n'était pas au courant de cette pratique.
Le premier jour, avant de partir pour l'examen qui s'étend sur trois jours, j'ai lu avec ma mère des passages de la Bible et de Science et Santé. J'essayais de mieux comprendre ce que je lisais.
En me disant au revoir, ma mère m'a rappelé: « Tu es en sécurité, Dieu assure ta protection. Il mettra à ta disposition la sagesse qu'il te faut. »
J'habitais à vingt minutes de marche du centre d'examen. En chemin, J'ai chanté le cantique n° 307 de l'Hymnaire de la Christian Science, qui commence ainsi: « Montre-moi comment, Berger,/ Te suivre aujourd'hui », et avant le lancement de la première épreuve, j'ai récité l'« exposé scientifique de l'être » (voir Science et Santé, p. 468) qui explique que Dieu est mon intelligence. Cela m'a donné un courage de feu. J'ai terminé la journée en beauté avec une ferme confiance que je réussirais mon examen, parce que tout m'était facile.
La deuxième journée, à la fin de l'épreuve de géographie, le chef de centre m'a interpellé en me demandant de me mettre en dehors, puis il m'a emmené au bureau du Directeur du Centre où j'ai subi un interrogatoire. Je ne savais pas que l'un des membres de notre groupe avait été arrêté avec les épreuves en main et qu'il avait cité les noms de tous les membres du groupe.
A la sortie de l'interrogatoire, deux policiers m'ont embarqué dans leur voiture où j'ai trouvé trois membres de mon groupe d'étude qui eux non plus ne savaient pas de quoi il s'agissait. Avant que je sois embarqué, Marie-Grâce, l'une de mes camarades qui était aussi ma voisine m'a demandé: « Franck, qu'as-tu fait ? »
— Je n'en sais rien, lui ai-je répondu.
— Que feras-tu ?
— Dieu seul le sait, Il assure ma protection, ai-je dit, mais à ce moment-là, j'avais très peur.
Les policiers nous ont emmenés au commissariat du 7e arrondissement de Douala. Une fois arrivé là, j'ai pu me calmer et prier. Je me suis dit que Dieu prenait soin de nous tous et qu'Il ne m'abandonnerait pas, puisque j'étais Son enfant bien-aimé. J'ai pensé à Daniel dans la fosse aux lions qui avait été injustement jeté aux lions pour être dévoré. Comme Daniel, j'étais traité de manière injuste, mais j'ai prié Dieu pour qu'Il m'aide comme Il avait aidé Daniel.
Entre temps, Marie-Grâce avait couru téléphoner à mes parents qui étaient tout de suite partis à ma recherche. Ils m'ont retrouvé deux jours après, car les policiers n'avaient pas prévenu les familles. Ce n'est qu'au bout d'une journée qu'ils nous ont demandé nos numéros de téléphone pour appeler nos parents.
Mes parents n'ont rien pu faire pour me libérer quand ils sont venus me voir, mais ils ont continué à prier, et ils m'ont remonté le moral. Mon père venait me voir tous les jours. Mes camarades et moi avons pu rentrer chez nous au bout de cinq jours.
Le gouvernement de mon pays a tout de suite organisé un procès judiciaire contre les fraudeurs qui a duré un mois et demi. J'étais sûr que Dieu nous secourerait parce qu'Il nous aimait tous, mes camarades et moi.
Après le jugement, nous avons été innocentés purement et simplement. J'ai eu mon entrée en classe supérieure même si je n'ai pas pu terminer mon examen. Et notre ami qui nous accusait faussement a eu six mois de prison ferme. Les gens de la Délégation ont aussi été durement frappés: de six mois à trois ans de prison ferme.
Je remercie infiniment mon Père-Mère Dieu de m'avoir protégé et secouru durant cette dure épreuve.
« Je suis la camarade de Franck, c'est moi qui ai mis ses parents au courant de sa situation. [...] Moi j'étais étonnée de sa manière de réfléchir, et nous avons été surpris qu'il soit relâche sans être condamné.
Depuis ce jour, je lis tous les numéros du Héraut... Je suis dans l'Église adventiste du 7e jour.»
—Marie-Grâce Tchakouande
« Nous étions dans le même groupe, et nous avions tous été victimes du mensonge de notre camarade.
Quand on commençait l'étude, Franck priait d'abord, et ça nous faisait rire.
On l'avait surnommé « pasteur »...
Moi, je suis catholique de naissance, mais Franck me parle de la Christian Science, et je lis les Héraut qu'il me passe, et ça me plaît... »
—Alain Bilong
 
    
