Je faisais partie d'un groupe de pilotes de l'aviation militaire qui travaillaient à développer leurs compétences dans une nouvelle technique. Les autres progressaient jour après jour, mais moi, j'étais de plus en plus mauvais.
Les encouragements sincères de mes collègues étaient les bienvenus. Mais quelquefois ils me blessaient: comme je m'étais plutôt montré brillant jusque-là, mon amour-propre en était meurtri. Depuis plusieurs jours, j'étais même si tendu que je n'en dormais plus.
Puis, par une nuit aussi sombre que mes pensées, je me suis mis à prier humblement. Je ne savais pas trop comment prier, mais j'ai senti que c'était ce que je devais faire.
Je me souviens encore de cette prière. Elle n'était pas faite de grands mots ni d'idées très originales. Elle était aussi simple que le geste du paysan qui plante ses graines pour que le soleil les fasse germer. Et elle s'est avérée extrêmement efficace. Pendant quelques minutes, j'ai pensé à ce que Dieu est. J'ai réfléchi à certains aspects de Sa perfection: Il est l'Entendement divin ou intelligence, à l'origine de la coordination, Il est la Vérité, à l'origine de l'intégrité.
Puis je me suis dit que, puisque Dieu crée « l'homme » (homme et femme) à Son image, comme le dit la Bible, je devais forcément être intelligent, honnête et avoir une bonne coordination. Il est devenu très clair que j'étais cet homme créé par Dieu. Émerveillé, j'ai dit: « Je suis cet homme ! »
Ce moment de prise de conscience du fait que j'avais été créé par Dieu, spirituellement, a complétement dissipé la pensée que j'étais borné et maladroit. Ce n'était pas ce que j'étais. J'étais un fils bien-aimé de Dieu, et cette vérité remplissait mon cœur. J'étais totalement soulagé de la peur, et à présent ma chambre me paraissait inondée de lumière. Je me sentais revigoré et joyeux. Je savais que j'étais capable de faire le travail, et le lendemain j'y suis parvenu en effet avec une adresse qui a étonné mes collègues. C'était comme une renaissance, un revirement complet et instantané.
De cet incident, j'ai retenu trois messages:
Premièrement, plus nous nous voyons comme Dieu nous voit, plus il est facile de sentir Son amour.
Deuxièmement, cette expérience s'est avérée importante pour moi tandis que je me perfectionnais dans l'art et la science de guérir les autres. J'ai appris que dans chaque cas où une personne — notre patient — nous demande de l'aide, plus nous prions pour elle, telle que Dieu la connaît, plus il est facile de guérir.
Enfin, j'ai vu que ces disciplines mentales sont inséparables. Pour voir votre patient tel que Dieu l'a créé spirituellement, il faut que vous vous voyiez de la même manière. Vous ne pouvez pas avoir deux réalités de l'être, une spirituelle et une matérielle, et vous attendre à guérir spirituellement. Voici ce qu'écrit Mary Baker Eddy: « Il n'y a pas deux réalités de l'être, deux états opposés de l'existence. L'un devrait nous sembler réel, et l'autre irréel, sans quoi nous perdons la Science de l'être. » (Unité du bien, p. 49)
On ne peut pas se voir soi-même comme un mortel et honnêtement s'attendre à voir un patient parfait à l'image de Dieu. William Shakespeare avait peut-être saisi quelque peu ce fait lorsqu'il écrivit: « Avant tout, sois loyal envers toi-même et aussi infailliblement que la nuit succède au jour, tu ne tromperas personne. » Hamlet, acte I, Scène 3; voir aussi Mary Baker Eddy, Rétrospection et introspection, p. 81. Jésus a traité la question avec encore plus de clarté lorsqu'il a dit: « Ote premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'œil de ton frère. » (Matth. 7:5)
La nécessité d'avoir un concept clair de l'identité m'a obligé à me poser des questions: Est-ce qu'il m'arrive parfois de me regarder et de regarder les autres sans voir qui nous sommes réellement ? On tombe facilement dans cette habitude. Or, en étudiant la Bible et Science et Santé avec la Clef des Écritures, l'œuvre fondamentale de Mary Baker Eddy sur la guérison, j'entrevois ce qu'est l'univers spirituel, ce qu'un psalmiste a appelé « l'abri du TrèsHaut » (Ps. 91:1).
Voir l'existence spirituellement ne signifie pas se faire des illusions et voir des choses qui n'existent pas, ni être victime d'une hallucination si subtile qu'on n'en est pas conscient ou qu'on se met à nier la réalité. Au contraire, j'ai constaté que plus on devient humble devant l'Être suprême, plus on prend conscience de choses qui ont toujours été là mais qu'on ne voyait pas. On discerne les qualités qui constituent l'identité spirituelle des autres et de soi-même.
Science et Santé m'a guidé sur ce parcours qui m'a conduit d'une perception matérielle des choses à une perception spirituelle. Les idées contenues dans ce livre sont comparables à une loupe puissante qui me permet de voir ce qui était invisible auparavant. Paul a déclaré que « les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l'œil » (voir Rom 1:20). Vous et moi les percevons grâce à notre sens spirituel inné. Nous servir de ce sens spirituel élimine également de la pensée des concepts concernant la vie qui, comme un tourbillon de poussière persistant, obscurcissent les réalités spirituelles.
Serait-il juste de dire ici que l'identité se résume à la différence qui existe entre ce qui est réel pour Dieu, qui nous connaît spirituellement, et ce que le monde du matérialisme traditionnel nous a habitués à considérer comme réel ?
Je dois souvent me demander « Qu'est-ce qui est réellement en train de se passer ? » Si je ne me pose pas cette question, j'ai tendance à « suivre le mouvement » ou à approuver la vision de la majorité qui se fonde uniquement sur les observations faites par les cinq sens.
Il y environ un an, je me suis gravement blessé au pied lors d'une chute. Un ami m'a fourni des béquilles, dont je me suis servi pendant plusieurs jours. Ensuite, j'ai marché de mieux en mieux, mais en boitant, pendant plusieurs semaines. Un praticien de la Christian Science a prié avec moi. Pendant tout ce temps, je me suis demandé « Qu'est-ce qu'il y a réellement ? Qu'est-ce qui est réel et qu'est-ce qui est irréel à mon sujet ? Qu'est-ce qu'il y a à voir et qu'est-ce qui n'est pas là mais que je crois voir ? » Ce sont autant de façons différentes de poser la question « Qui suis-je en réalité ? »
Dans Science et Santé, il est expliqué que, dans l'Entendement divin, c'est-à-dire en Dieu, les accidents n'arrivent jamais (voir p. 424, par exemple). C'était très logique à mes yeux. L'Être parfait a forcément une création parfaite et la maintient dans cet état de perfection. J'ai aussi appris que c'est le fait de croire qu'un accident s'est produit qui provoque toujours la difficulté physique, non l'accident lui-même.
Plus nous voyons en nous-mêmes et chez les autres la création parfaite de Dieu, plus nous obtiendrons de guérisons.
L'état de mon pied s'est amélioré régulièrement. Puis un jour, j'ai lu deux passages de Science et Santé qui m'ont arrêté net. L'un faisait allusion au deuxième récit de la création dans la Genèse, l'histoire d'Adam et Ève, et disait: « Le second récit représente l'homme comme changeant et mortel — comme s'étant détaché de la Divinité et tournant sur une orbite qui lui est propre. » (p. 522) L'autre passage commence ainsi: « La Vie divine est complètement séparée de la croyance à une existence matérielle et du songe de cette existence... » (p. 14)
J'ai vu que la contusion résultait finalement du fait de croire que j'étais un morte, séparé de Dieu. La solution consistait donc pour moi à comprendre plus clairement que j'étais en réalité spirituel, ici et maintenant. Ce fut une révélation ! L'inspiration a transformé la façon traditionnelle de voir les choses, et j'ai pris conscience de la réalité spirituelle de ma perfection. C'était comme si je me réveillais d'un rêve. Peu de temps après, l'enflure et la douleur ont disparu pour de bon, mon pied fonctionnait normalement et avait retrouvé un aspect normal.
Plus vous et moi voyons en nous-mêmes et chez les autres la création parfaite de Dieu, au lieu de nous arrêter sur notre apparence d'êtres matériels, plus nous obtiendrons de guérisons.
Un jour, quelqu'un m'a parlé d'un professeur de dessin qui disait à ses élèves qu'elle n'allait pas leur apprendre à dessiner, mais à voir. C'est ce que je suis en train de vivre sur mon chemin spirituel. J'apprends à voir.
