Il y a quelques années, j’effectuai un voyage dans une des régions de mon pays, afin d’approvisionner la famille en viande fraîche pour les festivités de fin d’année. J’avais pris le train, et c’est sous un soleil torride que je descendis dans une gare, en pleine brousse africaine.
Accompagné d’un ami, je continuai le voyage à pied, jusqu’au village de son oncle. Souhaitant prier avant de repartir chez moi, j’allai trouver un jeune pasteur pour lui emprunter un exemplaire de la Bible. Il me répondit qu’il était très difficile pour lui de se séparer de sa Bible, car il n’en avait qu’une. A la place, il m’offrit une brochure de l’Évangile selon saint Jean. Je me mis à étudier la prière sacerdotale de Jésus-Christ qui se trouve au chapitre 17 et qui commence par ces mots: « Père, l’heure est venue ! Glorifie ton fils afin que ton fils te glorifie ! » Cette prière me fit comprendre l’unité spirituelle qui existe entre Dieu et chacun de Ses enfants. Je pris conscience de l’omniprésence et de l’infinitude de Dieu. Je compris également que j’étais toujours sous le gouvernement de Dieu, étant Son image et Sa ressemblance.
Le troisième jour j’achetai la viande, et nous partîmes, mon ami et moi, pour la gare où nous devions attraper la locomotive à marchandises. Arrivés à la gare dans l’aprèsmidi, on nous informa que la locomotive serait là dans trois heures de temps. A l’heure où devait passer la locomotive, le chef de gare nous fit part d’un message que le conducteur venait de lui envoyer, indiquant que la locomotive ne passerait pas avant lundi. Or nous étions samedi. Nous étions bloqués dans ce village où d’autres moyens de transport que le train ne venaient que rarement. J’avais de la viande fraîche en quantité dans mon sac de voyage. Cela représentait l’équivalent d’un salaire de trois mois pour un fonctionnaire de l’État. Cette somme constituait l’épargne de mon père.
Je me mis à parler à Dieu à travers les phrases du Notre Père, car je savais qu’il était là et m’aimait profondément.
Me remettant à prier, je compris que même si la situation semblait être difficile pour mon compagnon et moi, Dieu avait une solution adéquate à ce problème. La gare, entourée de montagnes, se laissait petit à petit gagner par l’obscurité.
Je décidai de m’éloigner un moment de mon ami qui était effondré à l’idée de la perte que nous allions subir, et je marchai le long de la voie ferrée. Je commençai à méditer le Notre Père. Je ressentis la présence divine auprès de moi, je me mis à parler à Dieu à travers les phrases de cette prière, car je savais qu’Il était là et m’aimait profondément. Lorsque je terminai, le passage suivant de Science et Santé me vint à l’esprit: « Donne-nous de savoir que — de même qu’au ciel, ainsi sur la terre — Dieu est omnipotent, suprême. » (p. 17) Il s’agit d’une phrase qui fait partie de l’interprétation spirituelle que Mary Baker Eddy donne de la Prière du Seigneur. La force de ces mots me fit pleurer. J’ai ressenti que tout était possible à Dieu. Ce fut la fin de ma prière, et j’allai rejoindre mon ami.
Il faisait déjà sombre, et il n’y avait point d’hôtel où passer la nuit. Devant chaque case, le feu était allumé. Quelque temps après, le vrombissement d'un moteur nous est parvenu. Curieusement, les bruits cessèrent brusquement. Comme il faisait noir, il nous était difficile de distinguer la voiture qui était pourtant à quelques mètres devant nous. Avec notre sac plein de viande, nous nous dirigeâmes vers la voiture. Il s’agissait d’un taxi. Les villageois considéraient cela comme un miracle, car ils savaient que les taxis n’arrivaient plus chez eux depuis plusieurs années. Ils appelèrent cela un coup de chance pour nous. Mais moi je savais que c’était la réponse à mes prières. Une fois dans le taxi, je rendis grâce à Dieu pour Sa sollicitude.
Comme il avait plu la veille, la route était quasi impraticable, à cause de la boue qui bloquait les pneus. Je maintins dans ma pensée que Dieu gouvernait la situation et, sans aucun effort de la part du conducteur, la voiture sortit de la boue. Je me répétai cette vérité chaque fois que la boue semblait nous bloquer le passage. Assis dans mon coin, j’étais vraiment calme. Les deux autres passagers et le conducteur rompaient le silence en se racontant des histoires pour se distraire.
Tout à coup, j’entendis une voix intérieure me dire « Attention, danger ». Un bruit se fit entendre, et pendant que j’étais projeté à ma droite vers mon ami, je pus voir la roue avant gauche en l’air. Je me rendis compte que la voiture était en train de se renverser. En ce moment critique, la puissante vérité qui était toujours présente me revint et j’affirmai en moi-même: « C’est Dieu qui est en charge ! » A la seconde même, je fus projeté de nouveau à ma place et les roues qui étaient en l’air touchèrent enfin le sol. La voiture se mit à balancer. C’est alors que je m’aperçus que nous étions engagés sur un pont sans garde-fous. Le conducteur avait perdu le contrôle de son volant, il le tournait de gauche à droite, mais la voiture continuait de rouler. Je continuais de savoir que Dieu gouvernait la situation. Dès que les roues arrière eurent franchi le pont, le moteur s’arrêta net, la lumière s’éteignit et la voiture s’immobilisa.
Le conducteur qui tenait toujours le volant posa sa tête dessus. Mes compagnons ne croyaient toujours pas que nous soyons encore vivants. Je glorifiai Dieu car Il m’avait prouvé une fois de plus qu’Il est toujours là, à nos côtés.
Quand le conducteur se ressaisit, il dit à haute voix: « Dieu est grand. » Et nous poursuivîmes notre route. Vers une heure du matin, j’étais arrivé dans ma famille.
Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit: « L’unité scientifique qui existe entre Dieu et l’homme doit être démontrée dans la pratique de la vie, et la volonté de Dieu doit être faite universellement. » (p. 202) J’ai compris que je n’avais pas à baisser pavillon face aux difficulté. Prendre chaque jour conscience de notre relation spirituelle avec notre divin Père-Mère, chérir le désir de faire Sa volonté, nous aide à voir, qu’en réalité, c’est Dieu qui guide notre vie et répond à nos besoins.
