Le chef-d’œuvre de Miguel de Cervantes, Don Quichotte, raconte l’histoire d’un aristocrate au grand cœur, maladroit et pauvre qui s’imagine être le chevalier idéal. A la fin, Don Quichotte meurt, mais il laisse en héritage à Sancho Panza, son compagnon paysan, ce qu’il lui a appris sur la bonté.
La bonté est en effet au centre de leur amitié. Ils suivent constamment une règle simple Ils doivent s’écouter l’un l’autre et essayer de se comprendre mutuellement. Ils voient parfois les choses d’un œil différent, mais plus ils sont en désaccord, plus ils sont respectueux l’un de l’autre.
Nous aimerions tous être traités avec bonté en dépit de nos défauts. D’ailleurs, faut que nous nous traitions les uns les autres de cette manière. Un simple acte de bonté a pour effet d’apaiser les troubles de toutes sortes et d’aider chacun à se montrer plus réceptif à la présence de l’Amour divin.
Il y a un petit parc en face de chez moi. Un jour, une voix a soudain transpercé l’air du soir. Elle appartenait à un homme que quelque chose perturbait apparemment, et qui s’est mis à tempêter pendant des heures. Vers 23h00, un voisin est allé voir ce qu’il pouvait faire pour aider cet homme qu’il a trouvé assis sur un banc. Au même moment, un vieil homme, qui marchait avec une cane, s’est approché. Mon voisin a eu peur que ce vieil homme ne se mette en danger. Mais tandis que mon voisin réfléchissait à ce qu’il pourrait faire, le vieil homme est allé s’asseoir calmement à côté de l’homme qui criait. Peu de temps après, on n’a plus rien entendu. Je ne sais pas si des paroles ont été échangées, mais l’homme a dû sentir la présence calme de ce promeneur bienveillant. La bonté attentive nous donne le sentiment d’être en sécurité, parce que l’amour est inclus dans la bonté.
Même si de petits actes de gentillesse peuvent paraître insignifiants, ils sont néanmoins puissants, parce qu’ils ont leur origine en Dieu. Ils donnent l’occasion de comprendre la nature spirituelle de Dieu et de l’homme. Dieu est Amour. Par conséquent, vous et moi, en tant que fils et filles de l’Amour, nous avons la faculté naturelle d’être bons. Et nous avons Sa promesse: « Quand les montagnes s’éloigneraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne s’éloignera point de toi, et mon alliance de paix ne chancellera point, dit l’Éternel, qui a compassion de toi. » (Ésaïe 54:10) On pourrait dire que la bonté pour Dieu, c’est une sorte de don de Lui-même à Sa création.
Jésus montra comment la bonté pouvait se traduire en actes. Sa nature spirituelle s’exprimait dans son humanité et s’illustra dans sa prédication, ses enseignements et ses guérisons. Par exemple, invité chez son disciple Pierre, il s’approcha, avec douceur, de la belle-mère de celui-ci qui avait la fièvre, et il la guérit (voir Matth. 8:14—15). Et sa bonté fut si apparente lorsqu’il se préoccupa d’une foule de gens affamés ! (Voir Marc 8:1—9) Ou bien encore, pensez à sa bonté incommensurable envers les pécheurs: « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis qui était perdue. » (Voir Luc 15:1-6)
Hillel, un éminent professeur qui vivait à Jérusalem, vers la fin du premier siècle avant Jésus-Christ, disait que la bonté est l’essence de tous les Commandements. Voici comment il l’exprimait: « Ce qui est odieux à tes yeux, ne le fais pas à ton prochain. » Bien qu’élevée, cette règle de vie est à notre portée et elle est essentielle à nos progrès. La bonté que nous manifestons porte en elle sa propre autorité. Elle permet de faire diminuer la peur, la violence et la souffrance humaine sous toutes ses formes.
A l’époque où j’écrivais cet cet article, j’ai eu la possibilité d’observer à quel point la présence curative de la bonté est convaincante. J’étais partie faire une course. Inquiète d’entendre des pleurs d’enfants près de là, j’ai tourné la tête et j’ai buté contre une marche sur le trottoir. J’ai fait une mauvaise chute. La douleur était vive. Un jeune homme est venu vers moi en courant et m’a demandé si tout allait bien. Sa prévenance et ses paroles prononcées avec gentillesse m’ont beaucoup touchée. Je l’ai remercié et je me suis relevée.
Mes vêtements étaient déchirés et j’avais mal. Cependant, j’étais si impressionnée par la gentillesse du garçon et par le fait que cette belle qualité se trouvait être la manière dont Dieu prenait soin de moi, que j’ai immédiatement compris que mon amour des enfants ne pouvait avoir aucune conséquence douloureuse, même si je manquais une marche.
J’ai pensé à la bienveillance de la création divine. Cela m’a aidée à devenir plus indulgente envers moimême et plus reconnaissante envers mon Dieu. Ce passage de la Bible a été ma prière: « Je bénirai l’Éternel en tout temps; sa louange sera toujours dans ma bouche. » (Ps. 34:2) La douleur a bientôt disparu. J’ai terminé ma course, et, une fois rentrée chez moi, j’ai nettoyé mes jambes et je me suis changée. Quelques heures plus tard, les plaies étaient guéries.
Des moments comme celui-là sont presque sacrés. Lorsqu’ils surviennent, nous comprenons, en profondeur et sans l’ombre d’un doute, que la bonté est une chaleureuse ouverture intérieure vers le lien spirituel qui nous unit à Dieu et qui nous lie les uns aux autres.
