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Article de couverture

Le pouvoir du pardon

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne d’octobre 2000


Quand on voit certains actes inhumains qui sont perpétrés dans le monde, ou bien si l'on a subi soi-même des injustices, on trouve parfois très difficile ou même impossible de pardonner. Cette question du pardon se pose après tous les conflits. Pour parler de ce sujet, nous avons interviewé Charles Herscovici, un Parisien qui, lors de la Seconde Guerre mondiale, a passé deux ans dans un camp de concentration allemand. Voici des extraits de cet entretien:

Charles Herscovici: En 1942, lors du débarquement des Alliés en Afrique du Nord, nous avons eu l'idée, mes frères et moi, de nous engager dans les Forces de la France libre. Et nous avons rejoint un commando qui devait nous aider à passer jusqu'en Afrique du Nord pour aider à la libération de la France. Comme c'était le premier jour où les Allemands entraient dans la Zone libre, nous avons été surpris et c'est comme cela que j'ai été arrêté et finalement emmené dans un camp de concentration. Ce qui était le plus difficile dans le camp, c'était la nourriture insuffisante.

Héraut: Et vous étiez forcés de travailler ?

C.H.: Oui, en fait, nous étions dans un camp de travaux forcés, mélangés aux délinquants civils. On travaillait beaucoup, mais je n'ai pas souffert spécialement du travail, car j'avais été nommé magasinier. C'était plutôt les conditions en général. Et aussi le grand froid et les grandes chaleurs, et les longues stations debout sur la place d'appel pour être comptés.

Ces difficultés m'ont, obligé à beaucoup prier. Je n'avais aucun livre avec moi, mais je me souvenais de l'exposé scientifique de l'être qui se trouve à la page 468 de Science et Santé de Mary Baker Eddy et parle de notre nature spirituelle. Il commence par ces mots: « Il n'y a ni vie, ni vérité, ni intelligence, ni substance dans la matière. Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie, car Dieu est Tout-en-tout. » Je me souvenais aussi de plusieurs passages de la Bible et de Science et Santé que j'avais appris par L'inspiration que je puisais dans ces passages m'a aidé à prier.

Je me rends compte maintenant qu'à de nombreuses reprises j'ai été très protégé, à tel point qu'une fois, tandis que nous marchions en rang, j'ai reçu un grand coup dans le dos; je me suis retourné et le chef de travail qui m'avait frappé m'a dit: « Excuse-moi, je ne t'avais pas reconnu. » C'est la seule fois où j'ai été frappé. J'attribue cette protection à la prière.

Héraut: C'est donc la prière qui vous a soutenu dans ces conditions et vous a aidé à en sortir finalement ?

C.H.: Oh oui ! C'est la prière telle qu'elle est enseignee en Christian Science. J'écrivais sur un carnet les phrases de Science et Santé dont je me souvenais. Ces passages m'inspiraient et j'inscrivais aussi dans le carnet toutes les pensées qui me venaient par le prière.

Héraut: Vous connaissiez donc la Christian Science avant d'être arrêté ?

C.H.: Oui. Et c'est grâce à ce que j'ai appris de cette Science que j'ai pu pardonner à mes geôliers pendant la guerre et par la suite.

En fait, avant d'être arrêté, il m'était arrivé un jour d'avoir quelque chose à me faire pardonner. Et j'avais un vieux Héraut de 1932 sur moi dans lequel il y avait un article où il était dit que pour être pardonné, il fallait soi-même pardonner aux autres. C'était juste au début de la guerre, ma famille était dispersée, j'étais seul. J'ai donc suivi le conseil que le Héraut donnait. Et j'ai commencé par pardonner à mes amis, aux membres de ma famille, de cette façon: J'accepte de savoir que tu es l'enfant de Dieu. Et à ce moment-là, j'ai vu clairement que l'enfant de Dieu est parfait, en réalité incapable de méchanceté. J'ai fait cela pour ma famille, pour mes amis, pour tous les gens dont je connaissais le nom. Et j'ai même fait ça pour Hitler et Mussolini, qui pourtant semblaient des ogres en France, une grande menace. Et il est arrivé un moment où je me suis senti complètement en dehors de tout problème. Le fardeau de la guerre, toutes les difficultés avaient disparu. Je dirais que je me sentais en paix. Et cela m'est resté. Cette expérience m'a aidé par la suite à pardonner.

Héraut: Vous avez gardé cette inspiration, même en captivité ?

C.H.: Oui. Quand j'étais au camp, un jeune camarade m'a demandé: « Est-ce que tu connais un remède contre la sinusite parce que je souffre terriblement ? On ne vent pas me permettre d'arrêter de travailler parce que cela ne se voit pas. Mais j'avais ce problème déjà avant d'être arrêté. » Alors je lui ai dit: « Non je ne connais pas de remède. » Mais comme il insistait beaucoup, finalement je lui ai dit: « Oui, je connais un remède. Ce soir, tâche d'être au calme, et je ferai quelque chose pour toi, je ferai de mon mieux. » Je ne sentais pas la possibilité de lui parler ouvertement de la prière ou de lui parler de Dieu. Et ce j'ai prié comme un enfant, j'ai dit: « Mon Dieu, montre-moi comment je peux aider ce garçon. » Et au bout d'un moment, cette phrase de Science et Santé (p. 476) m'est venue toute entière à l'esprit: « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. » Eh bien, je me suis dit, c'est ce que je dois faire. Et alors j'ai pensé à Jésus qui voyait en chaque homme le reflet de la perfection divine, et instantanément je n'ai eu aucun effort à faire pour voir en ce jeune camarade l'enfant parfait de Dieu. C'était quelque chose de merveilleux. Cela m'a laissé un sens de beauté. On n'était pas beau. On avait le crane rasé, on était maigre, on n'avait rien de beau. Mais ce que j'ai perçu, c'était une beauté spirituelle. C'était inoubliable. Cela a été un moment tout à fait extraordinaire. Et dans la nuit il a été guéri. Alors j'étais infiniment reconnaissant, parce que cette expérience du pardon que j'avais eue auparavant avait élevé ma pensée et m'avait préparé à répondre à cette demande et aussi à d'autres demandes plus tard.

Héraut: C'est vraiment magnifique de voir que la prière guérit même lorsque la situation paraît extrêmement difficile. Mais quelle était l'ambiance générale dans le camp ?

C.H.: Eh bien, je me souviens qu'une fois nous avons eu à prendre un train pour aller faire des travaux de déblayage assez loin du camp. On nous a mis dans des wagons de marchandises, sans fenêtres. On était dans le noir, debout, et on ne pouvait pas s'asseoir parce qu'on était trop nombreux pour s'asseoir. Et au bout d'un moment, dans le noir, il y en a un qui a dit: « Eh ben, nous, quand la guerre sera gagnée, on mettra les Allemands aussi dans des wagons fermés, et on les mettra plus tassés que nous. » Alors un autre a dit: « Au lieu de les mettre dans des lits à trois étages on les mettra dans des lits à six étages. Et chacun inventait une autre punition. Et au bout d'un moment, il y a quelqu'un qui a élevé la voix, et il a dit: « Mais vous êtes cinglés, si on faisait ça, mais alors la guerre continuerait toujours ! Si on continue à se venger, ça n'aura pas de fin.» Alors tout le monde s'est tu à ce moment-là. Ça a été une leçon pour tous et un vrai bonheur pour moi.

Héraut: Mais est-ce qu'on peut vraiment toujours pardonner ?

C.H.: Je pense que oui. Mais qu'est-ce qui est à pardonner ? Certainement pas le mal. Le mal doit toujours être condamné. Mais on peut toujours pardonner à son semblable, et c'est ce que j'ai compris à travers ces expériences, parce que, malgré les apparences (aussi terribles qu'elles soient), l'homme réel reste l'image et la ressemblance de Dieu. L'homme que Dieu a créé, et il n'y en pas d'autre, est entièrement bon et parfait. Alors qu'est-ce que tout ce mal que nous voyons mélangé au bien ? Cela n'appartient pas à l'homme. Par le sens spirituel, nous pouvons comprendre que Dieu, le bien, est tout, donc que le mal n'a que la substance des rêves.

Dans les rêves voit des choses ou des hommes, et au réveil on voit qu'ils n'étaient pas là. Et la vision du monde que nous donnent les sens physiques, c'est la même chose, c'est comme un rêve. Cela ne touche pas la Vie divine qui est la seule vie réelle dans laquelle nous vivons maintenant et pour toujours. Si on écrit sur un bout de papier 2 x 2 = 4, et qu'on déchire le papier, 2x2 font toujours 4. C'est la même chose pour la bonté divine. Elle est toujours là même si on ne semble pas la voir D'ailleurs cette idée m'a aidé un jour alors qu'on subissait un bombardement. On n'avait aucune protection, et j'ai d'abord eu très peur. Puis j'ai pensé, ce n'est pas mon rôle d'avoir peur et de m'accroupir comme ça. Je suis allé m'asseoir contre un pilier et puis j'ai tourné ma pensée vers Dieu. A ce moment-là, la réponse a été que « L'homme est une idée de Dieu ». Une idée ne peut pas être tuée. En mathématique, 2x2 font 4, c'est une idée. Rien, même pas la bombe atomique, qu'on préparait déjà à cette époque, ne pouvait tuer cette idée, 2x2 feraient toujours 4. Et je me suis senti en sécurité. Cela m'a protégé et a protégé ceux qui étaient avec moi. Une bombe est tombée contre la baraque, mais elle n'a pas explosé. Cette pensée que l'homme est une idée spirituelle a été très forte pour me protéger et me rassurer à d'autres occasions.

Héraut: Et à la fin de la guerre, quand vous avez été libéré, est-ce que cela a été difficile de reprendre une vie normale ?

C.H.: En fait, avant mon retour en France, je pensais qu'il me faudrait beaucoup de temps pour éliminer toutes les images terribles dont j'avais été témoin. Mais cela n'a pas été le cas. A mon retour à Paris, l'étude de la Bible et de Science et Santé, ainsi que l'atmosphère spirituelle des services de l'église de la Christian Science tout cela a effacé ces images comme un grand vent chasse les nuages, et je n'ai jamais eu de cauchemars. J'ai retrouvé vivants tous les membres de ma famille proche. J'ai retrouvé du travail; je me suis marié avec une personne qui partageait mes idées et nous avons eu des enfants. Je n'ai jamais éprouvé le besoin de raconter le mal que j'avais vu à ma famille et à mon entourage entourage.

Héraut: On parle beaucoup du devoir de mémoire. Est-ce que cela peut nous être utile ?

C.H.: Oui, si cela suscite le désir d'être meilleur et de rendre les hommes meilleurs, et aussi si cela nous maintient éveillés au besoin de prévenir le retour de pareils événements. Après les années quarante, les hommes d'État européens, qui se souvenaient du coût terrible des deux guerres mondiales, ont posé les bases d'un rapprochement entre les anciens belligérants qui a abouti à l'Union européenne et qui m'a beaucoup réjoui. Par contre, si entretenir la mémoire doit avoir pour conséquence de prolonger la haine, cela ne peut que nuire à tous. La haine, c'est comme un état d'hypnose qui abolit tous les sentiments caractérisant l'homme véritable. Le sens spirituel peut réveiller les hommes de cette hypnose et nous aider à percevoir la bonté constante de Dieu. Par cette conscience spirituelle, nous découvrons que le bien et le mal ne sont pas mélangés mais que le bien seul existe. Grâce à cette perception, je peux comprendre que nous sommes vraiment tous frères et sœurs.

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