Parmi les récits les plus populaires au monde, certains parlent de la transformation du caractère. Dans la Bible, les gens adoptent même un nom nouveau pour symboliser ce changement: Jacob devint Israël, Simon devint Pierre, Saul devint Paul.
Leur vie montre qu'une réforme profonde ne s'accomplit pas sans effort, comme échanger un manteau d'hiver pour une chemise d'été. Néanmoins, les efforts humains seuls ne suffisent pas. C'est le pouvoir divin qui transforme.
Dans sa délicieuse série de contes pour enfants, The Chronicles of Narnia, C. S. Lewis souligne la nécessité d'avoir recours à l'aide de Dieu dans le déroulement d'une transformation spirituelle. Dans l'un des livres, un petit garçon, affreusement égoïste, nommé Eustache, est changé en dragon. Voir The Chronicles of Narnia, Livre 3, The voyage of Dawn Treader, p.90. Les inconvénients de cette personnalité pesante en dépassaient largement les avantages, et Eustache aspirait à redevenir un petit garçon, et peut-être même à devenir meilleur. Le grand lion Aslan (la représentation du « Christ » dans ces contes allégoriques) apparaît et lui dit qu'il peut se débarrasser de ses écailles de dragon de la façon dont les serpents se débarrassent de leur peau. Eustache se met alors à détacher l'affreuse carapace par lambeaux et constate qu'il est recouvert d'un nombre infini de couches. Eustache se rend compte qu'il lui est tout simplement impossible d'y parvenir seul, et le lion lui dit alors qu'il devra le laisser faire. Aslan se met au travail, et Eustache non seulement retrouve son aspect normal, mais en outre il devient bien plus gentil qu'avant. Le rôle du lion symbolise le fait que seul le Christ, le pouvoir de la Vérité et de l'Amour infinis, est capable de détacher les concepts erronés de l'identité sous lesquels n'importe lequel d'entre nous pourrait se trouver enseveli. Et ainsi le Christ révèle notre nature pure et originale.
Son désir tout nouveau d'être meilleur est un élément essentiel dans la transformation d'Eustache. C'est une aspiration universelle que l'action du Christ éveille en nous. Nous sommes à la recherche d'une innocence dont nous pressentons la présence au plus profond de nous-même. La découvreuse de la Science du Christ, Mary Baker Eddy, expose l'objet de cette recherche en deux questions et donne la réponse: « Comment atteindrons-nous notre vrai moi ? Par l'Amour. » Puis, « Qui désire être mortel, ou qui ne voudrait atteindre le véritable idéal de la Vie et recouvrer sa propre individualité ? Qu'un autre haïsse, moi je veux aimer. Je veux augmenter mon crédit en faveur du bien, mon être véritable. Cela seul me donne les forces de Dieu grâce auxquelles je puis surmonter toute erreur. » (Ecrits divers, p. 104)
En quoi l'amour est-il la porte qui s'ouvre sur la transformation ? Il nous conduit, tôt ou tard, vers Dieu, qui est Amour. Donc, nous atteignons notre vrai moi par l'Amour [Dieu] et en exprimant l'amour, même face à la haine. Comprendre que l'Amour est le créateur et le gouverneur de l'univers nous fait tout apprécier sous un angle différent. Nous commençons à voir que Dieu entoure continuellement de Son amour chaque élément de la création. Dieu nous aime tels que nous sommes réellement, c'est-à-dire totalement bons et spirituels. Cette identité qui est la nôtre, immuable et innocente, c'est l'enfant de Dieu. Elle ne se transforme pas en dragon. Les idées de Dieu ne deviennent pas mauvaises. Il leur est même impossible d'être moins que ce qu'elles sont pour s'améliorer ensuite. La création divine est toujours parfaite, se développant sans cesse et s'épanouissant dans la bonté.
Notre identité immuable, innocente, c'est celle de l'enfant de Dieu.
Comprendre que Dieu est Amour et que nous sommes les idées de l'Amour change la notion que nous avons de nous-mêmes. Nous sommes capables d'aimer face à la haine et à toute pensée qui s'oppose à la transformation spirituelle. En exprimant l'amour de Dieu, nous disposons des « forces de Dieu » avec lesquelles nous triomphons de la peur et de l'erreur. Et vaincre même ce qui peut être considéré comme des erreurs mineures fait partie de notre transformation totale.
Un sombre matin d'hiver, je ne me sentais pas bien quand je me suis réveillée. Je me suis levée pour prier. Un verset de la Bible, « Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable ! » (II Cor. 9:15), m'est venu à l'esprit. Pendant quelques minutes, j'ai pensé au Christ, le don que Dieu nous a fait, et particulièrement à la preuve que Jésus donna du fait que notre origine et notre identité sont purement spirituelles. J'avais mal à la gorge, mais je me sentais pleine de reconnaissance et d'espoir, pas du tout résignée. Cela indiquait que l'Amour était à l'œuvre, élevant ma pensée vers le bien, mon être originel.
J'ai lu quelques pages de Science et Santé avec la Clef des Écritures qui m'ont amenée à voir l'innocence de chacun. Cette lecture faisait ressortir que les seules lois qui existent sont les lois de l'Amour. Même si votre corps est malade, vous avez la possibilité de savoir que l'Amour tout-puissant permet seulement au bien d'exister. L'innocence de chacun repose sur une base indestructible: le fait que Dieu crée des idées parfaites et spirituelles, non des corps matériels susceptibles de pécher et de tomber malades.
Le message du Christ affirmant notre innocence transperce les « couches » de concepts erronés selon lesquels la vie est le produit de forces matérielles incontrôlables. Nous nous mettons à « augmenter [notre] crédit en faveur du bien ». Nous nous mettons à défendre notre droit à la santé et à la liberté, car nous savons que l'Amour crée les seules lois réelles. Nous nous débarrassons des peurs suggérant que nous-mêmes, ou quelque chose que nous ne maîtrisons pas, a le pouvoir de provoquer un mauvais état physique ou mental. Aucun mauvais état ne peut être notre état véritable. Notre identité réelle est l'idée parfaite de Dieu.
Les maux de gorge ont disparu pendant que je priais, et ne sont pas revenus. En outre, une autre situation s'est arrangée. J'avais fait des projets qui ne se présentaient pas comme je l'aurais souhaité. Ce matin-là, l'opiniâtreté dont je faisais preuve à leur sujet m'a parue stupide et très facile à abandonner. Aimer comme Dieu aime – avec générosité et sans partialité – me semblait beaucoup plus naturel. Un autre dragon venait d'être vaincu. Un peu de la bonté originelle était retrouvée grâce à l'Amour.
Il n'existe pas de « couche » de peur ou de péché, de concept matériel de l'existence, si tenaces que le pouvoir divin est incapable de l'éliminer. Lorsque le Christ agit en nous, la transformation physique et morale vont ensemble. Et l'Amour nous révèle la bonté et la force de notre identité véritable.
