Mon mari m'avait quittée, je me remettais des suites d'un accident, je me déplaçais encore en chaise roulante et je venais d'apprendre que je ne pourrais pas toucher mon assurance invalidité à moins d'admettre que la guérison prendrait au minimum une année (ce que je ne voulais justement pas admettre, puisque je m'attendais à être rétablie bien avant cela).
Ma mère avait accepté de venir habiter chez moi pour m'aider jusqu'à ce que je sois totalement guérie. Le jour où elle est arrivée, j'ai jeté un coup d'œil sur une caisse de boîtes de conserve qu'elle avait apportée et qui était posée par terre, au milieu de la cuisine. Une bouteille de sirop s'était renversée et le sirop avait coulé sur les boîtes. Quel désastre ! Je ne savais pas si je devais rire ou pleurer, mais tout à coup, j'ai fondu en larmes et je me suis apitoyée sur mon sort. La vie ne me semblait tout simplement plus valoir la peine d'être vécue et je ne cessais de demander à Dieu: « Pourquoi moi, pourquoi maintenant ?! » Je pense que je faisais écho à la pensée de Job lorsqu'il s'est écrié: « Oh ! s'il était possible de peser ma douleur, et si toutes mes calamités étaient sur la balance. » (Job 6:2)
Maintenant, lorsque je repense à tout cela, je souris. Mais à l'époque je croyais que Dieu m'avait abandonnée. Depuis, Dieu m'a montré maintes fois à quel point Il m'aime moi et chacun de nous. J'ai constaté que, quelles que soient les circonstances, Il veille constamment sur nous, nous protège et nous aime.
Pendant les quelques mois qui ont suivi, j'ai dû réfléchir profondément sur mon existence et me débarrasser du ressentiment. Il m'était difficile de comprendre que mon mari ait pu me quitter alors que je passais par des moments si pénibles. Mais un ami m'a fait remarquer que la seule chose que les trois jeunes Hébreux, Schadrac, Méschac et Abed-Nego avaient perdu dans la fournaise ardente, c'étaient les liens qui les avaient emprisonnés. Après tout, ils étaient sortis de cette épreuve sans même que l'odeur du feu n'ait passé sur eux. (Voir Dan., chap. 3.) Moi aussi, j'étais déterminée à sortir de cette situation sans que l'odeur du feu ne m'ait touchée (la croyance que j'avais été séparée de Dieu, ne seraitce qu'un seul instant). Je savais que pour cela, je devais renoncer à toute rancune, à l'envie de blâmer ou de m'apitoyer sur mon sort. Ma route était désormais tracée !
Petit à petit, et avec l'aide de divers praticiens de la Christian Science à différentes occasions, j'ai pu arrêter « d'ajouter de l'huile sur le feu » en m'apitoyant sur mon sort. Je me suis mise à exprimer ma reconnaissance, même pour les moindres signes d'amour et de mobilité. Des amis nous ont apporté des repas qu'ils avaient préparés, ont fait les courses pour nous et ont offert de nous conduire à l'église. J'ai de nouveau ressenti la présence pleine d'amour de Dieu, et cela m'a permis de voir que l'accident, les blessures, la confusion et l'abandon n'étaient que des mensonges. J'ai affronté la croyance que l'homme peut perdre son équilibre, être écarté, négligé ou privé de tout bienfait. J'ai sincèrement mis ma main dans celle du Père et j'ai dit: « Mon Père, que dois-je apprendre pour pouvoir Te glorifier et pour être Ton image et Ta ressemblance ? »
J'ai commencé avec le premier chapitre de la Genèse qui dit que « Dieu vit tout ce qu'il avait fait, et voici, cela était très bon » (Gen.1:31). Dieu, étant Esprit infini, n'a jamais créé un homme matériel ou une condition matérielle dont il faut se libérer. Je savais que mon rôle consistait à m'éveiller aux faits spirituels de l'être et à ne pas être trompée par ce que les sens matériels me disaient.
Quelles que soient les circonstances, Dieu veille constamment sur nous, nous protège et nous aime.
Un témoignage publié dans la toute première édition du Christian Science Sentinel en 1898 s'est avéré une grande source d'inspiration. Une petite fille de cinq ans était tombée du troisième étage, avait atterri sur le trottoir en béton et avait survécu. Quelques semaines plus tard, lorsque sa jeune sœur âgée de trois ans lui avait demandé « Tu es tombée de la fenêtre, n'est-ce pas ? », elle avait répondu: « Mon corps est tombé, mais je ne suis pas dans mon corps. L'enfant de Dieu, peut-il tomber ? » Et la jeune sœur a dit: « Non, car Dieu est bon. » J'ai pleuré la première fois que j'ai lu ce témoignage. La pureté et la spontanéité avec laquelle la petite fille avait accepté l'amour que Dieu lui portait, et son abandon complet de la peur me touchent encore aujourd'hui.
Mary Baker Eddy écrit: « Le dernier acte de la tragédie du Calvaire déchira le voile de la matière et dévoila le legs magnifique de l'Amour en faveur des mortels: l'Amour pardonnant à ses ennemis. Cet acte sublime couronna et couronne encore le christianisme: il affranchit les mortels; il traduit l'amour; à la souffrance il donne l'inspiration; à la patience, l'expérience; à l'expérience, l'espérance; à l'espérance, la foi; à la foi, la compréhension, et à la compréhension, l'Amour triomphant ! » (Écrits divers, p. 124.)
Alors que je poursuivais mon étude journalière de la Bible et de Science et Santé, la peur a laissé la place à la confiance, le ressentiment à l'amour sincère et au pardon, et la souffrance à l'inspiration.
J'ai commencé à écrire pour les périodiques de la Christian Science et certains de mes articles ont été acceptés. Cela a été une joie merveilleuse et continue de l'être ! Et, peu à peu, j'ai recommencé à marcher. Je me suis servie de ce cantique à maintes et maintes reprises:
Je marche avec l'Amour divin
Et pour moi ce jour est sacré !
Auprès de Dieu, je ne crains rien:
Sa grâce est là pour me guider...(Hymnaire de la Science Chrétienne, n° 139)
Je me suis fait de nouveaux amis, hommes et femmes. J'ai de nouveau mon chien chez moi et je fais tous les jours une promenade de plus d'un kilomètre avec lui. Et chaque journée est joyeuse, remplie d'inspiration et j'ai la satisfaction d'aider ceux qui ont recours à la prière pour la guérison et la régénération. Et j'ai vraiment perçu la portée de cette promesse de la Bible: «Je vous remplacerai les années qu'a dévorées la sauterelle. » (Joël 2:25, d'après la version King James.)
