Les escaliers pliants de notre caravane, longue de douze métres, sont étroits et un peu branlants. Je commençais tout juste à descendre, les bras chargés d'objets que je transportais dans notre nouvelle maison. Soudain, mon mari m'a posé une question, et mon attention s'est portée sur lui. A ce moment-là, j'ai raté la dernière marche et je suis tombée sur le côté.
Lorsque j'ai touché le bitume de l'allée, il s'est passé deux choses. D'abord, j'ai entendu un bruit sourd et un craquement dans mon épaule. Ensuite, il m'est venu à l'esprit une pensée à laquelle je réfléchissais depuis plusieurs semaines: « C'est une suggestion mentale. » Je me suis ensuite posé la question: « Depuis quand est-ce que j'admets toutes les suggestions qui me sont faites ? » Dans ce cas, la suggestion disait d'une part, qu'il était possible que l'homme tombe et soit en dehors de la toute présence de Dieu, et d'autre part, qu'il existait quelque chose qui pouvait s'avérer dangereux dans l'univers de Dieu.
Il est certain que ces pensées auraient pu provoquer de grandes inquiétudes si je les avais écoutées. Or, j'ai choisi de ne pas leur accorder plus de pouvoir que si quelqu'un était venu me suggérer: « C'est une belle journée, allons dévaliser une banque. » Je répondrais tout naturellement non à une offre aussi absurde ! Cependant, si la suggestion venait de quelqu'un que je respectais et en qui j'avais confiance, il est possible que j'hésite et que j'éprouve le besoin de justifier ma réponse en disant: « Je désobéirais à la loi » ou » Je risquerais de finir en prison. » Cette hésitation et cette tentative de me justifier indiquerait que, pendant une seconde au moins, j'ai considéré que mon « ami » m'avait fait une proposition légitime à laquelle je devais réfléchir.
Dans ma situation, on pouvait comparer les cinq sens corporels à cet ami qui vient chez moi (ma conscience) pour me suggérer de dévaliser une banque. Simplement, dans ce cas, il ne m'était pas suggéré de voler quelqu'un d'autre, mais d'envisager que je puisse être volée – que je puisse être privée de la santé et de l'harmonie. Immédiatement et avec énergie, j'ai dit non.
Il arrive souvent que le sens corporel se fasse passer pour un ami, mais il est incapable de dire la vérité sur l'homme créé par Dieu, sur la véritable identité de chacun de nous. Heureusement, je ne me suis pas laissé prendre au piège en acceptant les suggestions prétendant que je m'étais blessée. Au contraire, j'ai immédiatement affirmé que mon identité spirituelle était parfaite et inaltérable.
Toute pensée dissemblable à Dieu, le bien, est une erreur – une erreur qui cherche à nous convaincre de penser ou d'agir d'une façon qui est contraire à Dieu. Or, le fait est que même si ces suggestions paraissent très agressives, elles n'en sont pas moins impuissantes, dépourvues de toute substance ou réalité, parce qu'elles ne s'appuient pas sur l'autorité de Dieu qui est toute bonté. Pour bien réagir à ces suggestions, il est nécessaire de reconnaître leur nature mensongère et de les remplacer par la vérité spirituelle concernant notre identité, Sa ressemblance. Comprendre cette vérité révèle ce qui est déjà établi par Dieu et opère tout ajustement utile.
De nombreuses années auparavant, j'avais été guérie d'un cancer. Mes prières et mon étude spirituelle m'avaient révélé que je vivais dans un monde mental caractérisé par la grande lutte humaine pour contrôler l'existence. J'avais alors eu une révélation qui m'était venue comme un éclair: Dieu, le grand Je suis, est, simplement, et par conséquent, nous sommes. Nous sommes, maintenant même, le reflet parfait du Dieu parfait. Je n'essayais pas de partir d'une vie imparfaite pour atteindre la perfection, mais je découvrais ce qui avait toujours été vrai à mon sujet et au sujet des autres. C'était ainsi que Jésus-Christ guérissait. Mary Baker Eddy écrit: « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. » (Science et Santé, p. 476)
L'homme créé par Dieu est déjà spirituel, parfait, en bonne santé, heureux et complet.
Jésus nous montra comment nous défendre contre la suggestion mentale agressive, notamment la pensée que l'homme est mortel et susceptible de souffrir d'une maladie fatale. Il ne suffit pas de simplement voir que c'est une erreur. Il faut se défendre en comprenant la vérité. Il faut reconnaiître la présence du grand Je suis et avoir confiance en Lui et en vous qui êtes Son reflet. L'homme créé par Dieu est déjà spirituel, parfait, en bonne santé, heureux et complet. Notre travail consiste à accepter cette vérité dés maintenant. Il nous faut abandonner les suggestions incessantes qui prétendent rendre réel ou puissant le sens corporel. Ainsi que le dit l'apôtre Paul, nous devons « renvers[er] les raisonnements et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu » (II Cor. 10:5). Alors, nous sommes à même de remplir notre conscience de faits spirituels, éternels et bons.
Comment être toujours prêts à dire non aux suggestions erronées et ne pas être pris de court ? Paul, dans sa lettre au petit groupe de chrétiens d'Éphèse, fut divinement inspiré lorsqu'il dit: «... vous avez été instruits... à être renouvelés dans l'esprit de votre intelligence, et à revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité. » (Éph. 4:21, 23, 24) Au sens spirituel du terme, « nouveau » ne fait pas référence à ce qui n'a jamais existé, mais à ce qui n'a pas été utilisé ni déjà vu. Par conséquent, regardons constamment d'un oeil neuf les qualités de Dieu qui constituent notre vraie nature. Chaque jour, nous percevons et exprimons la vérité, la droiture et la paix d'une façon nouvelle. Cette préparation est une aide efficace dans la protection contre les mauvaises pensées de toutes sortes.
Pour en revenir à ma chute, que s'est-il passé ? Rien du tout. Mon mari m'a aidée à me relever, j'ai passé quelques minutes à me réjouir silencieusement de mon unité avec Dieu et puis nous avons poursuivi notre tâche, en vaquant à nos occupations de la journée en toute liberté.
