Vous souvenez-vous de la dernière scène du livre de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles, lorsque tous les personnages redeviennent des cartes à jouer ? Jusque-là, Alice était plongée dans son rêve: elle était tombée au fond d'un terrier, avait nagé dans un bassin de larmes, était devenue incroyablement petite puis extraordinairement grande, s'était entretenue avec un chat de Cheshire au large sourire!
Dans cette dernière scène, où la reine exige qu'on lui coupe la tête, tout devient extravagant. Alice commence alors à se rebeller et donc à se réveiller. Elle se rend soudain compte qu'elle n'a aucune raison d'avoir peur de ces personnages et s'exclame: « Vous n'êtes rien d'autre n'a jeu de cartes ! » Cette prise de conscience dissipe le rêve et elle s'éveille.
On pourrait comparer la maladie et la souffrance à un rêve. Mais comment nous réveiller ou aider quelqu'un à se réveiller? Une personne ayant de l'expérience dans la pratique de la guérison par la Christian Science fit remarquer un jour l'importance de ne pas se laisser accaparer par tout ce qui se rapporte aux difficultés que nous rencontrons. C'est en ne croyant pas au témoignage des sens physiques — en n'analysant pas les détails imaginaires de ce que rapportent les sens — qu'on peut penser et prier avec clarté et efficacité. On ne peut pas donner un bon traitement par la Christian Science si on se laisse hypnotiser par le rêve de quelqu'un d'autre. Rester dans la lumière de la Vérité divine, ne pas craindre les prétentions de la matière, demeurer spirituellement calme et posé, permet à une personne de faire prendre conscience à une autre de la réalité de son être, de sa perfection en tant qu'image de Dieu et par conséquent de l'aider à retrouver la liberté.
La Christian Science nous montre que la matière n'a pas réellement d'existence propre, mais elle est l'état subjectif du soi-disant entendement mortel, de la pensée matérielle. Science et Santé fait allusion à la nature imaginaire, illusoire de l'existence matérielle: « L'existence mortelle est un songe de douleur et de plaisir dans la matière, un songe de péché, de maladie et de mort; elle ressemble au songe que nous faisons en dormant, où chacun reconnaît que son état est absolument mental. » Science et Santé, p. 188.
Parfois, quand je donne un traitement par la Christian Science, je dis à l'erreur: « Mais tu n'es rien d'autre qu'un jeu de cartes! » d'autre veux dire par là que l'erreur n'est rien, elle est un mensonge, et en comprenant ce fait, l'erreur est vue telle qu'elle est réellement.
Être conscient de la vérité de l'être qui détruit l'erreur, c'est être conscient de la bonté et de la suprématie divines et de l'identité de l'homme sans péché, sans taches, à Sa ressemblance. C'est être conscient de la source divine et de l'identité spirituelle de l'homme. La création spirituelle de Dieu est sans défaut, parfaite. Ce véritable état spirituel de l'être s'exprime dans l'harmonie constante, immuable. Cet ordre naturel et céleste révèle l'homme et l'univers comme étant l'émanation éternelle de l'Amour infini, de l'Entendement divin. La scène mortelle, par ailleurs, est un rêve, une déviation et un travestissement de la vérité, elle est totalement fausse. La Christian Science montre la différence qui existe entre le rêve et la réalité.
Un ami lisait un livre qui posait les questions suivantes: « Qui êtes-vous ? » et « Où êtesvous ? » En me parlant de ce livre, qui engageait le lecteur à réfléchir profondément au sens de la vie au lieu de simplement accepter les apparences, mon ami me posa les mêmes questions. Tout d'abord, je ne voulais pas qu'il pense que j'avais la tête dans les nuages, et je lui ai donc répondu: « Je suppose que je suis moi dans un corps, dans une voiture, dans une ville, en Angleterre, dans le monde, quelque part dans l'univers. » « Cette réponse ne vaut rien, répliqua-t-il. Ce n'est pas ce que tu penses réellement. » Et il avait raison. C'était peut-être là où je me trouvais dans le rêve, mais ce n'était pas là où je me trouvais dans la vérité de l'être. Alors, reprenant tout à zéro, je m'entendis dire avec conviction: « Je suis une idée dans l'Entendement qui est Dieu. » Je trouvai cette réponse très profonde.
Qui êtes-vous et où êtes-vous? Vous êtes une idée spirituelle, dans le seul Entendement qui existe — l'Entendement divin. En vérité, vous ne pourrez jamais être plus parfait que vous ne l'êtes maintenant même, et vous ne pourrez jamais être plus proche de Dieu que vous ne l'êtes maintenant même. Prendre conscience de votre perfection spirituelle innée et de votre place dans le plan divin vous réveillera, dans une certaine mesure, du rêve mortel pour vous révéler un concept de l'existence plus sain, plus heureux et plus libre qu'auparavant.
Une fable montre bien la nature illusoire, imaginaire de l'existence mortelle. Un jour, le diable se vantait devant un ami de créer un monde totalement nouveau. Son ami lui demanda de quel matériau il allait se servir. « Oh, je ne vais pas avoir besoin de matériau, répondit le diable. Je vais simplement mentir au sujet du monde réel. »
Et c'est tout ce que le mal hypothétique a besoin de faire: mentir au sujet de ce qui est réel. Une instruction erronée, l'ignorance et la peur se chargeront du reste. L'univers spirituel et l'homme spirituel créé par Dieu n'ont aucun problème. Ils n'ont pas besoin d'être modifiés. Ils sont pour toujours intacts et constituent la seule réalité. Il nous faut simplement prendre conscience de la réalité.
Jésus-Christ montait sur une montagne pour communier avec Dieu. Quand il redescendait vers les villes et les villages, il était si imprégné de la réalité spirituelle concernant Dieu et l'homme qu'il accomplissait ses guérisons sans efforts et de façon spontanée. Il enseignait ce qu'il savait être vrai: que le royaume des cieux, ou de Dieu, est « proche » et « au milieu de » nous. Voir Matth. 4:17, Luc 17:21. Beaucoup se réveillèrent et le suivirent, et ce phénomène se poursuit puisque les paroles du Maître sont toujours la vérité vivante. Il s'adressait avec tendresse à ses disciples de toutes les époques qu'il appelait son « petit troupeau », il leur dit de ne pas avoir peur « car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume » Luc 12:32..
Jésus était conscient à tout instant de la présence divine. Sa spiritualité le maintenait en dehors, à l'écart, du rêve mortel. Face au matérialisme agressif, il savait ce qui était vrai et demeurait, inébranlable, dans le royaume de Dieu. Il comprenait que refuser de descendre au niveau de l'entendement mortel et refuser de croire à l'erreur dissipe le rêve du mal et guérit.
L'importance de ne pas entrer dans le rêve me fut démontrée un jour, alors que ma fille était encore très jeune. Elle avait mal à une oreille et souffrait beaucoup. Je savais qu'il me fallait cesser de contempler l'aspect extérieur des choses afin de pouvoir penser et prier clairement.
Je me suis tourné vers Dieu en silence, de tout mon cœur. J'ai compris que seuls le pouvoir et le gouvernement absolus de Dieu constituaient la réalité, à l'instant même; que Son enfant bien-aimée était spirituelle, parfaite et pure. La peur, l'infection, la douleur n'étaient nulle part, n'agissaient pas — et par conséquent n'existaient pas — dans le royaume de l'Amour. Ayant retrouvé mon calme, je me suis aperçu que l'enfant s'était endormie tranquillement. Je l'ai donc montée dans sa chambre. Elle a dormi normalement jusqu'au lendemain matin. Quand elle s'est réveillée, elle allait parfaitement bien, et il était évident que, pendant la nuit, quelque chose s'était percé et vidé naturellement dans son oreille. Nous lisons dans Science et Santé: « Pour prévenir la maladie ou pour la guérir, le pouvoir de la Vérité, de l'Esprit divin, doit rompre le rêve des sens matériels. » Science et Santé, p. 412. C'est exactement ce qui s'est passé dans ce cas précis grâce à la prière.
J'ai compris que seuls le pouvoir et le gouvernement absolus de Dieu constituaient la réalité, à l'instant même.
La Christian Science rompt le charme hypnotique du prétendu entendement mortel avec clarté et précision. L'unicité et la totalité de l'Entendement divin proscrivent tout ce qui voudrait suggérer l'existence d'un pouvoir en dehors de Dieu. Cette vérité fondamentale est à la base du traitement par la Christian Science. En ce qui concerne les suggestions de péché et de maladie, le praticien sait qu'il n'a jamais à faire à la réalité, mais à l'irréalité paraissant réelle. Science et Santé nous dit: « Le mal est une négation parce qu'il est l'absence de la vérité. Il n'est rien parce qu'il est l'absence de quelque chose. Il est irréel parce qu'il présuppose l'absence de Dieu, l'omnipotent et l'omniprésent. Tout mortel doit apprendre qu'il n'y a ni pouvoir ni réalité dans le mal. » Ibid., p. 186.
Remplis d'amour pour Dieu et l'homme, nous sommes capables de rester imperturbables, quels que soient les symptômes. Le fait spirituel que Dieu est le seul pouvoir soutient le traitement dans toutes les circonstances. La Vérité est toujours efficace. Il n'existe pas d'état ou de situation trop difficile pour la Vérité.
Affirmer des vérités spirituelles spécifiques et nier les prétentions de l'erreir élève le patient vers une vision plus spirituelle. Discerner ce qui se cache derrière la difficulté — une peur latente, le chagrin ou le ressentiment, par exemple — nous guidera vers le fait spirituel spécifique nécessaire à la guérison. En priant ainsi, nous prenons de plus en plus conscience de la puissance de la Vérité. La Vérité dénonce le mensonge de l'erreur avec une exactitude incontestable. L'inépuisable dynamique divine est à l'œuvre.
La pensée doit se transformer afin que la guérison puisse véritablement se réaliser. Cependant, c'est la vérité spirituelle, non la personnalité, qui élève la pensée endormie. Le patient et le praticien s'éveillent tous deux en prenant conscience de la Science de l'être, et dans cette mesure, ils n'entrent pas dans le rêve et demeurent dans le royaume de l'Amour. La guérison s'ensuit.
