L'homme: il représente toute la Plénitude de la Vie

Nous sommes les hommes vides / Nous sommes les hommes remplis de rien / Nous nous appuyons les uns sur les autres, / La tête pleine de paille » ^{The Complete Poems and plays – 1909-1950 (New York: Harcourt, Brace & World, 1952), p. 56 (Traduction libre).}, voilà ce qu'écrit T. S. Eliot de manière inquiétante. Par contraste, le livre d'étude de la Christian ScienceScience Chrétienne donne une définition spirituelle de l'homme: « L'idée composée de l'Esprit infini; l'image et la ressemblance spirituelles de Dieu; la représentation compléte de l'Entendement. » ^{Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Écritures,p. 591.}

L'homme est-il essentiellement vide ou rempli de futilités sans substance ? Manquons-nous de soutien à moins de nous appuyer les uns sur les autres ? Ou bien représentons-nous l'Esprit infini, Dieu, qui préserve pour toujours l'intégrité de Son image et Sa ressemblance.

Nous ne nous en rendons peut-être pas compte, mais ces questions se posent à nous chaque jour, sous diverses formes. Il est tentant d'accepter que le vide apparent de l'existence soit un fait réel et d'essayer de combler ce vide. En revanche, admettre que la plénitude est ce qui correspond exactement à l'homme et à Dieu dévoile un moyen entièrement différent d'apprendre et de vivre. La Bible abonde en moments inspirés où la vision spirituelle fait découvrir, en quelque sorte, que « nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce » ^{Jean 1:16.}. Mary Baker Eddy, l'auteur de la définition spirituelle de l'homme donnée ci-dessus, acquit, en étudiant la Bible, le joyeux sentiment de la totalité de Dieu. Et elle parvint à comprendre et à prouver, de nombreuses façons, la perfection de l'homme idéal, en particulier grâce à l'étude qu'elle fit de la vie de Jésus-Christ.

Ce qui ne veut pas dire que les auteurs des Écritures ou Mary Baker Eddy ont fermé les yeux sur le vide que T. S. Eliot a observé et dépeint. Se pourrait-il que la vision spirituelle de ces auteurs ait jeté une lumiére qui dénonce le vide d'un sens purement matériel de l'existence ? En outre, ces penseurs spirituels ont indiqué la voie à suivre pour échapper au matérialisme et mener une vie féconde qui rejette le gaspillage. Plus nous avons une conscience aiguë du contraste entre le vide matériel et la plénitude spirituelle, plus nous désirons faire coïncider notre existence avec le divin, le réel, et aider autrui à aller dans ce sens.

En partant du point de vue d'une compréhension spirituelle inégalée, Jésus-Christ affirma: « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! ^{Matth. 5:6.} On pourrait se demander: « rassasiés par quoi ? » Jésus dit aussi: « Cherchez premiérement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » ^{Matth. 6:33.} Cette affirmation et son contexte impliquent que c'est la justice elle-même qui rassasie. D'ailleurs, la plupart des théologies déconseillent fortement de se servir de moyens spirituels pour atteindre des buts matériels. Il est aisé de voir que, si nous utilisons Dieu ou la religion afin d'obtenir quelque chose, nous accordons plus de valeur à ce « quelque chose » qu'au spirituel. La spiritualité n'est pas un moyen de parvenir à un but, mais elle est à la fois le moyen et le but.

Nous y perdons si nous nous satisfaisons des résultats que nous obtenons, au lieu d'être comblés par ce que nous apporte la recherche de la justice qui a produit ces résultats. Le verset biblique, « Ceux qui étaient rassasiés se louent pour du pain » ^{I Sam. 2:5.} indique que la satisfaction d'aspirations purement matérielles est vraiment temporaire. L'impression de vide revient. En revanche, persister à bien penser et à bien agir constitue une moisson perpétuelle, une plénitude éternelle.

Être perpétuellement rassasiés par la justice – c'est-à-dire exprimer notre véritable identité, refléter tout ce que Dieu est – signale un état de santé naturellement bon. Le fait que l'homme réel reflète toutes les qualités de Dieu est une loi qui règle la disparition de ce qui est nuisible ou indésirable et le maintien de tout ce qui est utile et digne d'intérêt. Ce magazine, et les autres périodiques de la Christian Science, ainsi que les œuvres de Mary Baker Eddy, comportent des récits authentifiés de guérisons de maladies chroniques et aiguës, guérisons obtenues lorsque la totalité de Dieu a été quelque peu comprise.

De nombreuses traditions religieuses promettent qu'un jour, l'univers entier sera délivré de tous les éléments destructeurs ou nuisibles, aussi bien ceux qui sont prétendument naturels que ceux produits par les hommes. Les plantes et les animaux venimeux, ce qui pollue l'air et l'eau, les matériaux radioactifs, les bactéries et les virus n'ont pas leur place dans le royaume de Dieu. Pouvons-nous nous permettre de douter que Son royaume, révélé par Jésus, soit présent maintenant ? Les penseurs chrétiens et scientifiques ont la possibilité de prouver, quand ils comprennent Dieu, que chaque aspect de l'existence humaine peut être amené à coïncider avec le divin, jusqu'à ce que l'humain finisse par se soumettre entièrement au divin.

Dans le siècle à venir, nous sommes en droit de nous attendre à discerner davantage la plénitude du royaume de Dieu à mesure que le pessimisme laisse la place à l'espoir et à la foi dans la suprématie du bien. « Que l'Éternel te bénisse de Sion, lui qui a fait les cieux et la terre » ^{Ps. 134:3.}, priait le psalmiste. Démontrer que nous sommes bénis par Dieu exige que nous nous débarrassions du désespoir par lequel nous nous contentons de nous appuyer les uns sur les autres, pour prendre conscience des appuis et des forces spirituels. La définition spirituelle de « Sion », dans Science et Santé, présente les deux aspects: « Fondement et édifice spirituels; inspiration; force spirituelle. Vide; infidélité; désolation. »^{Science et Santé, p. 599.} En nous écartant de la désolation matérielle pour nous tourner vers la vision inspirée de l'homme, l'image de Dieu, nous trouvons des moyens de nous secourir les uns les autres, non pas simplement de nous appuyer les uns sur les autres. Là où règne la discorde, nous découvrons l'harmonie; à la place de la désunion, nous découvrons l'amitié qui nous comble.

Même si c'est aux Scientistes Chrétiens que Mary Baker Eddy s'adressait en donnant le conseil suivant, celui-ci profite à tous: « Bien-aimés Scientistes Chrétiens, gardez votre pensée si remplie de la Vérité et de l'Amour que ni le péché, ni la maladie, ni la mort ne puisse y pénétrer. Il va de soi que rien ne peut être ajouté à un entendement déjà rempli. Il n'existe aucune porte par où le mal puisse pénétrer, ni aucune place que le mal puisse occuper dans un entendement rempli de bonté. »^{The First Church of Christ, Scientist, and miscellany, p. 210.} Quand nous obéissons à cette injonction, notre conscience coïncide davantage avec la plénitude du Christ. D'ailleurs, garder notre pensée remplie de la Vérité et de l'Amour, c'est penser par nousmêmes; c'est suivre l'homme idéal, Jésus-Christ, au lieu de la perception commune qu'a le monde de la vie. En qualité de représentants de Dieu, nous pouvons seulement être, en vérité, ce qu'Il nous a destinés à être, l'expression de Sa nature dans toute sa plénitude.

Il peut sembler que garder notre pensée remplie de la Vérité et de l'Amour n'est pas si simple, mais ce faisant, nous plaçons davantage notre vie quotidienne sur le chemin menant à la guérison que nous a indiqué le Maître. Nous pouvons être reconnaissants lorsque l'aspect superficiel et la solitude de l'existence matérielle, décrits dans un film par exemple, nous oblige à ne pas nous endormir sur nos lauriers et à mieux nous connaître nousmêmes. Il est essentiel que nous cherchions à suivre le modèle véritable, Jésus, qui, sur terre, vécut pleinement. Il savait parfaitement qui il représentait et il savait aussi que nous avions la capacité de démontrer par nos œuvres que nous exprimons Dieu.

Quand nous comprenons que chacun de nous représente en réalité l'Être divin, nous constatons qu'aucun de nous n'a besoin d'acquérir de la force grâce à un autre ou d'en donner à un autre. De façon naturelle et spontanée, nous nous aidons mutuellement dans les moments difficiles, mais chacun de nous vit une existence comblée et unique, en relation directe avec Dieu, notre seule origine divine. Ce n'est pas un rêve utopique, mais un fait démontrable.

Jésus expliqua clairement que le royaume de Dieu est présent, maintenant, et qu'il est en chacun de nous. Et ce merveilleux livre, Science et Santé avec la Clef des Écritures, commence ainsi: « Pour ceux qui s'appuient sur l'infini, soutien constant, aujourd'hui est riche en bienfaits. »^{Science et Santé, p.vii.} Avec l'infini pour appui, nous découvrons que notre existence est remplie du bien véritable et de rien d'autre. Et c'est cela, le potentiel de cet instant même.