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Le pouvoir réformateur des Écritures

Cette série d'articles illustrés évoque la façon spectaculaire dont les « écritures » ont pris forme dans le monde sur plusieurs milliers d'années. Elle parle des grands réformateurs qui ont écrit et traduit la Bible. Ils furent nombreux à sacrifier leur vie pour rendre accessibles à tous la Bible et son influence réformatrice.

La traduction de Tyndale: pierre angulaire de la Bible anglaise

première partie

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne d’avril 1995


Selon la tradition, tout aurait commencé aux environs de 1515, à l'auberge du Cheval-Blanc, près de l'Université de Cambridge, en Angleterre. Un groupe de jeunes maîtres-assistants en théologie et études bibliques s'y réunissait régulièrement pour parler des idées « hérétiques » de Luther.

De ce groupe allaient sortir certains des leaders les plus marquants du mouvement protestant en Angleterre, comme le traducteur biblique, Miles Coverdale, et le futur archevêque de Canterbury, Thomas Cranmer. Cependant, celui qui devait marquer le plus l'avenir de l'Église d'Angleterre était un jeune homme du nom de William Tyndale, qui étudiait les Écritures avec beaucoup de ferveur.

Natif du Gloucestershire, Tyndale était diplômé d'Oxford, où il avait étudié l'hébreu et le grec. A ce moment-là, son amour de la Bible avait pris toute son envergure. Aux environs de 1515, il avait quitté Oxford pour étudier le grec à Cambridge avec le célèbre Érasme. Il y rencontra les radicaux de l'auberge du Cheval-Blanc qui lui infusèrent le désir passionné de donner la Parole de Dieu à tous les Anglais, et non pas seulement à quelques privilégiés. Il devait dire plus tard à ses adversaires: « Si Dieu me conserve la vie, il ne se passera pas longtemps avant qu'un garçon de ferme ne connaisse mieux les Écritures que vous-mêmes. »

LA BIBLE DE WYCLIFFE


Bien sûr, John Wycliffe avait déjà traduit la Bible en anglais plus de cent ans auparavant. Mais Wycliffe ne connaissait ni l'hébreu ni le grec. Sa Bible n'était donc qu'une traduction en anglais de la Vulgate latine, fort défectueuse. Par ailleurs, en 1408, les autorités cléricales avaient interdit la lecture de la Bible « sous peine d'excommunication ».

Tyndale savait que les gens du commun désiraient fort avoir une Bible complète dans leur propre langue, une Bible d'un prix abordable qu'ils garderaient chez eux. Il savait aussi que l'invention de la presse à imprimer en Europe avait rendu cela possible. Johannes Gutenberg avait imprimé la première Bible complète — une édition de la Vulgate — en Allemagne, en 1455. L'imprimerie avait été introduite en Angleterre par William Caxton en 1470.

A ce moment-là, d'autres facteurs rendaient aussi nécessaire la parution d'une Bible en anglais. En 1453, lorsque Constantinople, capitale de l'empire chrétien grec, tomba aux mains des musulmans turcs, les grands spécialistes de la Bible qui se trouvaient en Orient s'enfuirent en Europe. Ils y apportaient avec eux leur connaissance des textes bibliques originaux en grec et en hébreu.

L'arrivée de ces hellénistes distingués provoqua une étude acharnée de la Bible en Angleterre et sur le continent. Érasme fit paraître son édition révolutionnaire du Nouveau Testament grec en 1516, alors que Tyndale étudiait avec lui à Cambridge. A la même époque parurent, dans différents états d'Europe, les Écritures imprimées dans la langue du pays: danois, hollandais, slave, bohémien, russe, italien, français et espagnol.

LE NOUVEAU TESTAMENT DE TYNDALE


Vers 1520, Tyndale fut si déçu de la mentalité conservatrice du clergé qu'il devint totalement convaincu de la nécessité de réformer l'Église. Il pensait qu'une nouvelle version des Écritures exposerait la corruption du clergé et montrerait combien l'Église s'était écartée de la vérité biblique. Tyndale se rendit à Londres en espérant que l'évêque Cuthbert Tunstall l'aiderait à réaliser son rêve: publier une Bible en anglais.

Tunstall, conservateur aux idées étroites, le reçut froidement, mais un riche marchand de tissus du nom d'Humphrey Monmouth invita Tyndale à demeurer chez lui pendant six mois. Il entreprit la traduction du Nouveau Testament à partir du texte grec d'Érasme et de la Bible de Luther en allemand.

Tyndale vivait comme un ermite, il travaillait jour et nuit. Il finit cependant par sentir que l'atmosphère lui était trop hostile en Angleterre. En 1524, il rejoignit la ville libre de Hambourg, en Allemagne. Il passa sûrement un certain temps avec Martin Luther à Wittenberg.

LE NOUVEAU TESTAMENT INTRODUIT CLANDESTINEMENT EN ANGLETERRE


Son Nouveau Testament achevé en avril 1525, Tyndale en imprima clandestinement deux éditions à Worms, et les fit entrer en Angleterre en les cachant dans des ballots de tissu.

Le Nouveau Testament de Tyndale fit fureur en Angleterre. Il plut beaucoup au peuple et il s'en vendit des milliers d'exemplaires. Mais il provoqua le courroux des autorités cléricales. L'évêque Tunstall prétendit que la traduction comportait deux mille erreurs. Il lui reprochait en particulier sa tendance anticléricale: Tyndale traduisait le mot église par « assemblée des fidèles » et le mot prêtre par « ancien ». Tunstall n'aimait pas non plus les introductions rédigées par Tyndale ni ses annotations marginales, dont la plupart critiquaient le pape et l'Église romaine.

Tunstall ordonna que tous les Nouveaux Testaments de Tyndale soient détruits, et le roi Henri VIII déclara que la traduction « ne faisait qu'infecter le peuple ». Les autorités cléricales se mobilisèrent pour brûler ses livres en masse à Londres, à Oxford et à Anvers. Cette opération fut si réussie qu'il ne reste aujourd'hui que deux exemplaires en morceaux des 18 000 bibles de Tyndale imprimées entre 1525 et 1528.

Durant la courte période qui le vit circuler en Angleterre, le Nouveau Testament de Tyndale marqua pour toujours les gens qui le lurent. Grâce à son vocabulaire bien choisi et à ses accents lyriques, il fit passer le message des Écritures en anglais d'une façon jusque-là inégalée. La simplicité des termes employés allait droit au cœur.

Tout en continuant son œuvre, Tyndale se déplaça d'une ville à l'autre pour éviter d'être capturé par les autorités cléricales. Un jour, il fit naufrage sur la côte hollandaise et perdit sa traduction du Deutéronome. Mais il continua sur Anvers où il retraduisit le Deutéronome puis termina le Pentateuque et le livre de Jonas.

C'est dans cette ville qu'il rencontra Henry Phillips, qui se prétendait ardent défenseur de la Réforme. En fait, Phillips était un catholique dévot. Il trahit Tyndale et le livra aux autorités impériales, qui l'emprisonnèrent dans le château de Vilvorde, à la sortie d'Anvers.

Même en prison, cependant, Tyndale continua son œuvre. Il put sans doute y achever une traduction manuscrite des livres de Josué, des Juges, de Ruth, de Samuel, des Rois et des Chroniques.

Au bout d'un an, en 1536, Tyndale fut jugé, déclaré coupable d'hérésie et condamné à mort. Henry VIII, qui l'avait toujours considéré comme un ennemi, ne fit rien pour le secourir. L'exécution de Tyndale était donc inévitable. Il fut étranglé, puis brûlé sur un bûcher. Ses dernières paroles furent: « Seigneur, ouvre les yeux du roi d'Angleterre. »

Au moment précis où Tyndale prononçait ces mots, les yeux du roi s'ouvraient en effet sur la nécessité de publier la Bible de Tyndale, et même d'y apposer le sceau royal pour marquer son approbation. Thomas Cranmer venait d'être nommé archevêque de Canterbury. De concert avec Thomas Cromwell, principal conseiller du roi, Cranmer avait entrepris de défendre la cause de la Bible anglaise de Tyndale.

Cranmer avait toujours aimé les Écritures. A Cambridge, il s'était plongé dans l'étude de la Bible pendant trois années entières et exigeait que ses élèves la connaissent à fond. En 1534, deux ans avant la mort de Tyndale, Cranmer et ses évêques avaient demandé au roi qu'une nouvelle traduction de la Bible soit mise à la disposition du grand public. Ce qu'il voulait en réalité, c'était que le roi approuve la Bible de Tyndale.

Mary Trammell, rédactrice adjointe, est une exégète spécialisée dans la période de la Réforme. William Dawley, rédacteur de rubriques, a une formation de journaliste.

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