La Lecture Des récits bibliques qui parlent de ceux que Dieu a appelés à accomplir un saint dessein est utile et stimulante. On pourrait citer Moïse, Gédéon, Jonas, les disciples, Paul et bien d’autres. Chacun d’eux dut faire des sacrifices, surmonter des craintes et des faiblesses, répondre à des besoins. Peu répondirent à l’appel du Père sans lutter avec eux-mêmes. Mais, en fin de compte, ils obéirent et constatèrent que Dieu leur donnait tout ce qu’il leur fallait pour répondre à l’appel. Ils virent s’accomplir la promesse de la Bible: « Celui qui vous a appelés est fidèle, et c’est lui qui le fera. » I Thess. 5:24.
N’est-il pas, cependant, présomptueux de penser être appelé par Dieu pour remplir son dessein ? Cela le serait si nous pensions être une personne tout à fait spéciale dont la vocation serait supérieure à celle des autres. Mais une étude attentive de la Bible et des écrits de Mary Baker Eddy nous montre que l’appel qui nous est fait signifie bien autre chose.
Dieu ne choisit pas certains êtres humains apparemment brillants pour leur demander d’accomplir une tâche héroïque. Être appelé, c’est découvrir ce que nous sommes en réalité, nous découvrir tels que Dieu nous a créés. Chacun de nous est un être unique en son genre, créé par un Dieu omniscient, qui est l’intelligence suprême, l’Entendement infini. Notre identité et notre but sont définis par ce Créateur aimant, qui est toute sagesse. Chacun est indispensable à l’expression complète de la nature du Père; il a une immense valeur spirituelle et est en mesure d’accomplir la volonté de Dieu, qui l’a oint et béni. Un simple aperçu de notre individualité spirituelle donne un nouvel élan et un nouveau sens à notre vie, et la mission dont Dieu nous a chargés devient perceptible.
Nous ignorons peut-être aujourd’hui tous les détails de ce que nous aurons à accomplir, mais nous savons que notre tâche sera de guérir, aussi bien nous-mêmes que les autres. Christ Jésus n’a-t-il pas ordonné d’aller porter le message de guérison « dans le monde entier » ? On ne risque pas de se tromper en disant que, par définition, tout Scientiste Chrétien est appelé à être praticien « public » de la Science Chrétienne, parce qu’il est appelé à suivre le Christ, la Vérité universelle démontrée à la perfection dans la vie de Jésus. Tous les membres de L’Église Mère ne se sentiront pas guidés à se faire inscrire dans The Christian Science Journal et dans le Héraut comme praticien à plein temps, mais chacun a une place bien définie à remplir pour exercer son travail de guérison.
Comme certains personnages de la Bible, nous pouvons rejeter cet appel et ce que nous pensons qu’il requiert de nous. La nécessité de subvenir à nos besoins ou à ceux de notre famille, avec toutes les responsabilités que cela implique, a pu nous donner le vague sentiment que l’appel ne s’applique pas à nous, ou que nous y réfléchirons mieux lorsque nos obligations auront diminué.
Mais ces obligations, qui semblent nous empêcher de nous engager plus avant dans la vie spirituelle, ne pourraient-elles fournir l’occasion d’entreprendre la mission de guérison dans notre propre existence ?
Une amie m’a parlé d’une période où elle s’efforçait d’accorder à la prière et à l’étude spirituelle la priorité qui lui paraissait légitime. Mais elle était souvent interrompue par des problèmes personnels. Si ses enfants n’étaient pas aussi insupportables, si l’entretien de sa maison était moins accaparant, si certaines relations personnelles n’étaient pas si tendues, elle aurait certes plus de temps à consacrer à la pratique de la Science Chrétienne ! Elle fit part de cette préoccupation à son professeur de Science Chrétienne, qui lui répondit avec clairvoyance: « Mais ce sont toutes ces choses-là qui constituent votre pratique ! »
Nous sommes probablement tous prêts à admettre que nos journées nous offrent, sur tous les plans, l’occasion de nous tourner vers les autres avec l’esprit du Christ qui bénit et guérit. La pratique de la Science Chrétienne commence — et, au sens large, se poursuit — dans l’arène de la vie quotidienne.
Toutes les œuvres de Christ Jésus résultaient de sa réceptivité continuelle aux révélations du Père. Des incidents sans grande portée apparente — un mariage, une halte près d’un puits pour se reposer et se désaltérer au cours d’une chaude journée — prenaient une sainte importance à la lumière de sa communion avec le Père. Jésus révéla la nature de Dieu dans chaque détail de sa vie. Il laissa le Christ, l’idée de la filialité divine de l’homme, déterminer sa raison d’être et le mener vers des hauteurs toujours plus élevées où s’exprimait son dévouement et se manifestait la guérison spirituelle.
Le Christ éternel, qui s’est révélé par les guérisons accomplies dans les débuts du christianisme, est présent dans notre propre conscience pour guérir et sauver. Le Christ nous engage à voir chacun, y compris nous-mêmes, à travers la lentille de la totalité et de la perfection de l’Esprit divin, et à rejeter comme illégitime toute manifestation de tristesse, de péché ou de souffrance physique. A mesure que nous répondons à l’appel du Christ, nous voyons des guérisons s’opérer dans notre vie. Et, si lent que puisse paraître le processus, nous percevons des signes certains du développement de notre capacité de guérir, qui touche de plus en plus de monde. De façon inévitable et naturelle, notre travail de guérison dépasse notre sphère privée. Des connaissances nous demandent de l’aide. Nous nous sentons poussés à donner un traitement spécifique à certains problèmes de notre région ou du monde. Nous pouvons même constater que nous n’acceptons plus avec passivité les événements dont nous prenons connaissance en lisant The Christian Science Monitor.
Bien que le Christ, la Vérité, soit universel, les occasions de guérir et l’inspiration spirituelle qui viennent à nous lorsque nous nous tournons sans réserve vers l’Amour divin s’adressent à nous seuls; personne d’autre ne peut accomplir la tâche que Dieu nous confie. Pensons aux ministères des disciples Jean et Pierre, à celui de l’apôtre Paul. Leurs rôles respectifs ne se chevauchaient pas, chacun avait une façon différente de s’exprimer et de communiquer son inspiration à autrui. Et chacun contribua de façon unique et remarquable à répandre la lumière du christianisme sur son époque. Dans Rétrospection et Introspection, Mary Baker Eddy écrit: « Chaque individu doit remplir sa propre place dans le temps et dans l’éternité. » Rétr., p. 70.
Parfois, ce ne sont pas les circonstances qui empêchent de se consacrer à la guérison-Christ, mais c’est un manque de confiance en soi. Cela peut notamment être le cas si nous recevons les premières demandes d’aide ou si nous nous sentons poussés à envisager notre inscription comme praticien de la Science Chrétienne à plein temps dans le Journal et le Héraut. Il va sans dire que nous devons faire la distinction entre une sage évaluation spirituelle de notre préparation et le scepticisme du monde qui cherche à nous condamner et à minimiser ce que nous comprenons et ce que nous avons déjà démontré de la vérité spirituelle.
Il ne faut pas oublier que la Bible appelle le diable « l’accusateur ». Cette prétendue force du mal, qui n’est qu’un état mental, est sans fondement dans la réalité divine et n’a ainsi, en elle-même, pas le moindre pouvoir de diminuer notre confiance ou de nous freiner dans notre élan. Mais si nous ne résistons pas avec vigilance aux arguments de l’entendement mortel, qui se présentent souvent à nous comme nos propres pensées, ils nous maintiendront dans l’incertitude, en nous faisant sans cesse croire que nous ne sommes pas prêts, pas capables, voire même que nous sommes coupables.
Le progrès spirituel a lieu lorsque nous abandonnons une image matérielle de nous-mêmes, qui est fausse, pour accepter ce que nous révèle l’Entendement divin. La vérité est que ni vous ni moi ne sommes un être mortel, limité, doutant de soi, reportant les choses à plus tard, composé d’un mélange de qualités et de défauts. Enfants de Dieu, nous sommes parfaits, complets, spirituels en tous points, d’une valeur sans défaillance. Expression de Dieu, nous sommes par nature obéissants à la Vérité, à jamais conscients de ce qui relève de l’Esprit immortel. Notre capacité de faire le bien est infinie. Oui, infinie. C’est ainsi que Dieu voit chacun de nous, et nous pouvons tous prendre la décision de nous considérer sous cet angle et de mieux exprimer notre identité spirituelle.
Répondre à l’appel de la guérison-Christ, c’est retrouver sa véritable identité; on éprouve le sentiment familier de quelque chose qu’on aurait toujours connu et vivement désiré. Dieu ne nous demande jamais de faire une chose à laquelle nous ne sommes pas préparés spirituellement. Mais nous devons faire confiance à Sa capacité d’accomplir Son dessein en nous. Il est encourageant de savoir que toute la portée de la vérité spirituelle se trouve derrière chaque démonstration, si modeste soit-elle à première vue, de la puissance et de la présence de l’Entendement divin. Alors, nous serons bénis de même que ceux qui sont directement concernés, et toute l’atmosphère de la pensée humaine s’éclairera.
Jésus dit à ses disciples: « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. » Matth. 5:14. Comme beaucoup s’en rendent compte, il est toujours nécessaire qu’un plus grand nombre de Scientistes Chrétiens fassent briller leur lumière avec davantage d’éclat en s’engageant dans la pratique à plein temps de la Science Chrétienne. C’est, en quelque sorte, un appel fait à chacun de s’élever plus haut. Considérons que c’est le Christ qui nous demande de mieux comprendre notre individualité spirituelle et de découvrir la place distincte qui est la nôtre dans le champ de la guérison chrétienne.
Le Christ, la Vérité, nous appelle tous à être ce que nous sommes depuis toujours: les fils et les filles de Dieu. Lorsque nous acceptons d’écouter avec notre sens spirituel, nous constatons que nous entendons la voix de la vérité parler à notre conscience. Et nous découvrons que nous désirons lui obéir sans réserve, et que nous le pouvons.
