La Réponse A la question posée dans le titre de cet article dépend du sens qu’on donne au mot voir. S’agit-il de voir au moyen du sens physique de la vue ou de comprendre grâce aux facultés intellectuelles? L’expression « Je vois ce que vous voulez dire » peut être utilisée à juste titre par une personne aux yeux bandés à qui on explique quelque chose. Par ailleurs, « voir » une idée spirituelle au moyen d’organes matériels est tout à fait impossible.
Un moniteur d’école du dimanche a demandé un jour à une jeune élève: « Est-ce qu’on peut voir Dieu? » Après un temps assez long, la fillette a répondu d’un ton sérieux: « On ne voit pas Dieu, on Le sent. » Puisse la grâce de Dieu nous faire toujours mieux sentir, percevoir spirituellement, la présence, le pouvoir et l’amour de Dieu!
Il est bien difficile de comprendre que Dieu est l’Esprit ou l’Amour divin, comme Le décrit la Bible, lorsqu’on s’efforce de Le connaître et de Le voir physiquement. Je n’ai jamais pu accepter ce concept anthropomorphique de la Divinité, même dans mon adolescence. Jusque-là, je m’étais considéré comme athée, parce qu’il me paraissait impossible de concevoir un Être Suprême pourvu d’une forme physique. Je pensais que si Dieu existait, Il ne pouvait en aucune façon être matériel. C’est alors que j’ai rencontré la Science Chrétienne.
Quand j’ai entrepris l’exploration conjointe de la Bible et du livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé de Mary Baker Eddy, j’ai appris que Dieu est non seulement l’Esprit, mais aussi la source de l’intelligence infinie, l’unique Entendement divin. J’ai appris également qu’il est la Vie même et qu’il est la Vérité et l’Amour. Je suppose que j’avais toujours senti, de façon intuitive, la réalité de la nature de Dieu, mais maintenant, je commençais à « voir », à comprendre que Dieu est la source et la substance véritables de tout bien. Je saisissais aussi que la création de Dieu, y compris l’homme fait à Son image, à la ressemblance de l’Esprit, était forcément spirituelle.
Bien que ces aperçus de la réalité spirituelle soient devenus plus fréquents, je me rappelle avoir eu l’impression, à une certaine époque, d’être un peu comme le pharisien Nicodème lorsque Christ Jésus lui dit: « Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. » Nicodème avait alors demandé, comme nous aurions été beaucoup à le faire sans doute: « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître? » Jean 3:3, 4.
C’est qu’il est impossible de voir physiquement une idée spirituelle ou de la percevoir par l’intellect humain, bien que la pensée mortelle l’exige constamment. Cette exigence d’un prétendu entendement mortel, matériel, constitue l’un des plus grands obstacles à la croissance spirituelle, parce qu’elle tend à obscurcir notre sens spirituel, qui révèle la vérité de l’être et nous montre ce que signifie naître de nouveau.
En essayant de nous forger une image matérielle de notre identité spirituelle, nous partons de la base erronée que nous sommes mortels, pour ensuite nous efforcer, au moyen de l’entendement humain limité, de connaître ce que seul le sens spirituel peut discerner. Pourtant, nous sommes déjà les fils et les filles de Dieu. Il n’existe en réalité aucun être mortel, matériel, puisque l’homme, ainsi que l’enseigne la Bible, est à l’image et à la ressemblance de Dieu, l’Esprit. Il est impératif de comprendre que nous ne sommes pas deux, mais un! Aucun dualisme n’est associé à l’homme, l’image de Dieu, et cette vérité se perçoit spirituellement.
Je me suis souvent débattu avec la question suivante: « Si je ne suis qu’un, et que cet un est spirituel, sans commencement ni fin, qu’ai-je à voir avec ce corps mortel qui semble être moi? » (C’est en de tels moments que le prétendu entendement mortel exige que nous percevions une idée spirituelle au moyen des sens physiques ou de l’intellect humain.) On ne peut répondre correctement à la question que par le sens spirituel, ce qui ramène à cette prémisse de base: En vérité, il n’existe pas d’être matériel ou mortel, puisque l’homme est l’image et la ressemblance de Dieu, l’Esprit. Puisqu’il n’y a qu’un Entendement infini, tout ce qui existe doit exprimer la nature parfaite de cet Entendement, ou l’Esprit. Donc, ce qui est appelé homme mortel n’est pas l’être véritable, mais un concept erroné d’identité, une contrefaçon. Le prétendu entendement mortel insinue que la vie, l’intelligence et la substance sont dans la matière, le prétendu opposé de l’Esprit. Mais la réalité provient du seul Entendement.
Dans Écrits divers, Mary Baker Eddy illustre l’unité de l’Entendement, Dieu, et de Sa création spirituelle en posant cette question: « Mais, dites-vous, une pierre est-elle spirituelle? » Elle répond: « Pour le sens matériel erroné: Non! Mais pour le sens spirituel infaillible, c’est une toute petite manifestation de l’Entendement, un type de substance spirituelle, “la substance des choses qu’on espère”. Les mortels ne peuvent prendre conscience d’une pierre en tant que substance qu’en admettant d’abord qu’elle est substantielle. Supprimez le sens mortel de substance, et la pierre ellemême disparaîtra, seulement pour reparaître comme concept spirituel. » Écrits divers, p. 27.
Au fond, notre seule tâche consiste à prendre graduellement conscience de notre parfait état d’être en nous frottant les yeux, pour ainsi dire, afin de mieux voir. La conscience qui reconnaît et comprend que Dieu est l’Esprit, et que l’homme est donc spirituel, constitue notre véritable identité. C’est notre individualité spirituelle qui parle.
Il est très important d’affirmer mentalement que l’homme est, à l’instant même, et a toujours été, en tous points, spirituel, parfait, complet, harmonieux. Cela nous conduit à reconnaître constamment notre véritable identité spirituelle et à nier la prétendue réalité d’une identité mortelle. Céder ainsi à la réalité de l’être nous amène à prendre conscience de ce que nous sommes réellement et à discerner et à démontrer notre identité véritable d’enfant de Dieu.
L’acquisition et le maintien de cette claire perception se font par étapes. Cela demande une foi profonde, un engagement et de la discipline, et cela facilite la nouvelle naissance dont Jésus parlait à Nicodème. Cette conscience spiritualisée dissipe le brouillard de la croyance mortelle, facteur de doute et de confusion, si ce n’est d’opposition ouverte à la spiritualité.
L’application pratique de la vérité spirituelle est illustrée par une guérison que j’ai eue au début de mon étude de la Science Chrétienne. Je m’étais cassé la jambe en faisant du ski. Un docteur m’avait mis la jambe dans le plâtre. J’avais également des bandages aux genoux et à l’autre cheville, car les ligaments étaient déchirés. Ce soir-là, des amis m’ont suggéré d’appeler un praticien de la Science Chrétienne (c’est une personne qui aide les autres par la prière) puisque je ne prenais pas de médicaments et que le docteur m’avait laissé repartir. Je ne me rappelle pas exactement les paroles échangées avec le praticien, mais j’en ai gardé la conviction inébranlable que, même si l’image matérielle présentée par la radiographie semblait réelle, il était impossible pour une idée spirituelle (mon identité véritable, ainsi que j’étais en train de l’apprendre) de se déchirer, de se fracturer ou de se disloquer.
J’ai passé une nuit paisible et, le lendemain matin, j’étais convaincu qu’une guérison complète s’était produite. Le jour suivant, le plâtre et les bandages ont été retirés à la grande surprise du docteur. La guérison s’est avérée permanente. Elle reste pour moi une source d’inspiration en me montrant que la coïncidence du divin et de l’humain est normale et naturelle.
Ainsi, bien qu’il soit absolument impossible de voir une idée spirituelle, nous pouvons nous réjouir de savoir que l’Entendement infini, Dieu, communique sans cesse des pensées pures, des idées qui guérissent et sauvent. Il ne nous reste qu’à les discerner et à les comprendre.
