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Pardonner... et oublier

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de janvier 1994


« J'ai Pardonné, mais je n'oublierai jamais », me dit une amie en me relatant brièvement un incident douloureux survenu longtemps auparavant. Cela m'a amenée à réfléchir: est-il possible de pardonner sans oublier ?

Si quelqu'un nous a fait du tort, nous pouvons penser avoir rempli notre devoir de chrétien quand nous parvenons à dire: « Je ne serai plus fâché contre cette personne; en fait, je peux même l'aimer. Mais je me souviendrai toujours de ce qu'elle m'a fait. » Nous nous sentons justifiés par un tel raisonnement. Bien qu'à nos yeux l'autre soit coupable, nous acceptons de suspendre la punition.

Est-ce là le vrai pardon ? La conception du pardon qu'avait Christ Jésus est l'un des aspects les plus frappants de ses enseignements. Il rejetait du tout au tout l'ancien précepte qui nous enjoint de rendre « œil pour œil ». Il dit au contraire: « Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre... Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » Matth. 5:38, 39, 44.

Ces instructions sont-elles insensées ? Non, elles sont pleines de sagesse. Jésus comprenait que l'esprit du Christ est présent en chacun. La vie de Jésus exprimait le Christ, qui nous révèle la pureté de Dieu, l'Esprit, et la véritable nature de l'homme créé à la ressemblance de Dieu. Cette ressemblance n'est pas un mortel susceptible de commettre des erreurs, de semer la zizanie, de trahir et de blesser les autres. Au contraire, la ressemblance de Dieu est le témoin spirituel parfait de l'harmonie et de la bonté intelligentes, caractéristiques de l'Amour divin.

De ce point de vue, nous comprenons que le pardon est la faculté de voir les autres tels que Dieu les a créés. Conscients du fait que la pureté et la perfection constituent l'essence éternelle et réelle de l'homme créé par Dieu, nous pouvons alors nier l'existence de tendances pécheresses, chez les autres comme en nous-mêmes, pour reconnaître et aimer en chacun la création divine. Le véritable pardon, qui rejette le péché et reconnaît la nature impeccable de l'homme, apporte la guérison.

Lorsque nous discernons mieux l'homme tel que Dieu l'a créé, nous nous rendons compte que, même si les gens se font bien trop souvent du mal les uns aux autres, il n'y a rien à pardonner à l'image parfaite et infaillible de Dieu. Remplacer la fausse image que nous nous faisons d'autrui par la réalité spirituelle de la création impeccable de Dieu nous permet de pardonner... et d'oublier.

Nous ne devrions jamais feindre d'ignorer le mal, mais il est très important de ne plus penser aux injustices passées et de guérir notre cœur meurtri, car tant que nous nous accrochons au souvenir d'une injustice subie, nous lui donnons le pouvoir de nous nuire. Cette attitude freine nos progrès et nous fait douter du pouvoir de l'Amour divin. Lorsque nous saisissons combien la qualité de notre vie est liée à l'expression d'un amour spirituel et pur, combien le désintéressement est nécessaire au bonheur, combien la bonté est liée à la joie, nous désirons naturellement pardonner et oublier.

Si nous savons pardonner, nous nous rapprochons de Dieu. Laisserons-nous quelque chose nous en empêcher ? Désirons-nous vraiment nous accrocher à une croyance, quelle qu'elle soit, qui nous amène à penser que nous sommes séparés de Dieu ? Le Psalmiste priait ainsi: « O Dieu ! crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé. » Ps. 51:12. Cette prière ne peut être exaucée tant que nous entretenons la division dans notre esprit.

Mais ne renonçons-nous pas à une partie de notre individualité en choisissant d'oublier un affront ? Cela dépend de la façon dont nous nous concevons, de ce que nous pensons être. Si nous croyons être le produit des contacts que nous avons eus par le passé, nous allons en effet perdre une partie de cette indentité. Mais si nous nous voyons comme l'enfant bien-aimé de Dieu, nous constaterons que notre individualité ne perd rien lorsque nous abandonnons quelque chose qui n'appartient pas à notre véritable identité. Nous découvrons alors que nous sommes l'« homme nouveau » dont parle Paul, l'homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. En d'autres termes, nous sommes la ressemblance de l'Esprit, l'expression de l'Amour, le témoin de la Vérité. Si nous le comprenons, nous nous libérons des étiquettes usées et pesantes que voudrait nous imposer une histoire humaine faite d'injustices et de cruautés.

Vous pensez peut-être que vous ne devez pas oublier, parce que vous permettriez alors qu'on vous nuise de nouveau. En fait, tant que nous acceptons l'idée que quelqu'un puisse commettre un péché, nous sommes vulnérables ! Si nous croyons à tort que le mal est un pouvoir réel, susceptible de nous nuire, nous ouvrons la porte par laquelle le mal semble pénétrer dans notre existence. Nous nous protégeons en sachant que nous sommes tous — dans notre être spirituel — gouvernés par Dieu et incapables de pécher.

Le fait de dire «Je veux bien pardonner, mais je n'oublierai jamais » dénote une certaine dureté. Le besoin de se justifier, l'égoïsme, la crainte, l'obstination peuvent être à l'origine de cette attitude. Existe-t-il parmi nous quelqu'un dont la vie soit si pure qu'il n'ait jamais espéré voir pardonné et oublié ce qu'il a fait à un moment donné ?

Supposons que nous soyons celui qui aspire à recevoir ce pardon pur qui efface l'ardoise. Que ferons-nous lorsque celui à qui nous avons fait du tort refuse de nous pardonner ? Nous pouvons tout d'abord examiner la profondeur et la sincérité de notre repentir. Avons-nous vraiment abandonné les défauts et les mauvaises impulsions qui nous ont incités à offenser quelqu'un ? Conformons-nous mieux nos actes de tous les jours aux enseignements de Christ Jésus ? Notre vie témoigne-t-elle du fait que nous ne pouvons jamais être séparés de Dieu et de Sa sagesse ?

Nous devons accepter le fait que nous ne sommes pas des mortels égarés, faibles, craintifs, malhonnêtes. En d'autres termes, nous devons nous pardonner à nous-mêmes, et nous le faisons en reconnaissant notre identité spirituelle d'enfant de Dieu et en la vivant, en nous efforçant de renoncer à tout ce qui est dissemblable à Dieu. La faculté de pardonner vraiment, de voir les autres et nous-mêmes tels que Dieu nous a créés, est un pouvoir reflété, et non un don personnel. Il fait partie de la grâce que constitue le fait de comprendre Dieu.

En fin de compte, pardonner, c'est comprendre qu'il n'y a rien à oublier puisque l'offense n'a jamais fait partie du royaume de Dieu. L'homme n'est ni coupable ni victime. La seule « histoire » du tort que nous avons subi se trouve dans la conscience mortelle. Elle n'a jamais fait partie du plan de Dieu, qui n'en a pas connaissance. Sur cette base, la colère et le ressentiment s'évanouissent: n'ayant ni fondement ni histoire réels, ils n'ont pas le pouvoir d'affecter notre présent ni notre avenir. Mary Baker Eddy donne le conseil suivant: « Tout ce qui obstrue le chemin — faisant trébucher, tomber ou défaillir les mortels qui s'efforcent d'entrer dans le sentier — l'Amour divin l'écartera; il relèvera ceux qui sont tombés et fortifiera les faibles. Par conséquent abandonne tes fardeaux terrestres et conforme-toi à l'exhortation de l'apôtre: "Oubliant ce qui est derrière moi, m'élancer vers ce qui est devant moi." Alors, aimant Dieu par-dessus tout et ton prochain comme toi-même, tu porteras ta croix en toute sécurité jusqu'au trône de la gloire éternelle. » Écrits divers, p. 328.

Ce verset d'un cantique tiré de l'Hymnaire de la Science Chrétienne contient un merveilleux message:

Son grand amour brise ta résistance:
A Sa promesse a répondu ton cœur ;
Sachant aimer, consoler la souffrance,
Voulant sauver, tu trouves un Sauveur.Hymnaire, nº 278.

Pardonner et oublier. Nous ne le faisons pas uniquement pour les autres; cette démarche est essentielle à nos progrès spirituels. C'est une façon d'adorer Dieu. C'est une façon d'exprimer notre amour envers Dieu, notre désir de céder à l'Amour divin. C'est là ce que nous ne devons pas oublier.

Vous êtes la lumière du monde...
Que votre lumière luise... devant les hommes,
afin qu'ils voient vos bonnes œuvres,
et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.

Matth. 5:14, 16

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