« Dès que j’aurai rangé mon bureau, je m’attaquerai au travail important. » « Quand j’aurai fini la vaisselle et le ménage, je me mettrai à prier. »
Déjà entendu ça quelque part ? Vous êtes-vous jamais surpris à donner la priorité aux occupations humaines plutôt qu’aux activités spirituelles, comme la prière ? Je suis certain que cela nous est arrivé à tous. Parfois, c’est notre indécision même quant à ce qui doit être exécuté en premier qui nous empêche d’accomplir ce qui est vraiment essentiel. A l’époque actuelle, malgré toute l’importance qu’on accorde aux méthodes destinées à faire gagner du temps et à supprimer les tâches inutiles dans les affaires humaines, le monde semble être de plus en plus occupé, absorbé par les détails de l’existence. Quand nous cherchons à prendre conscience de la présence de Dieu dans notre vie, il semble souvent que nous soyons constamment interrompus.
Peu nombreux sont ceux qui désirent réellement être emportés dans le tourbillon du matérialisme qui prétend nous séparer de Dieu. Toutefois, les tentatives que nous effectuons pour régler nos occupations au moyen de systèmes matériels sans cesse plus compliqués semblent, tôt ou tard, se solder par des échecs. Pour que notre vie soit mieux organisée, mieux dirigée, la solution n’est-elle pas de comprendre l’ordre divin et la maîtrise que Dieu exerce sur le moindre détail de notre existence ? L’autorité divine ne devrait pas être réservée seulement aux activités d’église. Il est essentiel de reconnaître la présence et la réalité de l’omniscience de Dieu dans sa vie quotidienne, et l’obéissance à Dieu doit être la base de chaque décision. En agissant ainsi, nous reconnaissons l’ordre divin et nous réglons nos activités sur lui; notre compréhension accrue de la direction spirituelle se manifeste alors de plus en plus par de l’ordre dans nos occupations quotidiennes.
Nous pouvons trouver bien des leçons utiles dans la Bible à ce sujet. Par exemple, le récit de la reconstruction du mur de Jérusalem par Néhémie montre l’importance de donner la première place à l’obéissance à Dieu dans tout ce que nous faisons. Voir Néh., chap. 2–6. N’est-ce pas parce qu’il suivait minutieusement les directives de Dieu, que Néhémie put mener à bien sa tâche ? Durant la reconstruction, Néhémie dut sans doute faire face aux exigences nombreuses de l’organisation du travail, pourtant il resta conscient de la nécessité de défendre l’œuvre qu’il avait entreprise contre les efforts que certains déployaient pour la ralentir ou l’arrêter. En fait, lorsque des ennemis cherchèrent à interrompre la construction, Néhémie perçut le danger et évita le piège. Sa réponse à leurs messages fut celle-ci: « J’ai un grand ouvrage à exécuter, et je ne puis descendre; le travail serait interrompu pendant que je le quitterais pour aller vers vous. »
L’un des résultats de l’obéissance à Dieu dont Néhémie fit résolument preuve, c’est que, même aujourd’hui, nous puisons de l’inspiration dans son exemple. Et il n’est certainement pas le seul des personnages de l’Ancien Testament dont la vie ait montré l’importance de discerner les priorités spirituelles et d’agir en conséquence !
Mais c’est évidemment Christ Jésus, le chrétien par excellence, qui a donné, dans sa façon de vivre, le plus bel exemple de discipline spirituelle. Son ministère, qui dura trois ans, constitue la plus haute réalisation spirituelle. Toutefois, ainsi qu’il le répéta maintes fois à ses disciples, tout ce qu’il accomplissait découlait de son obéissance à la volonté de son Père, Dieu. Il déclara un jour: « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu’il voit faire au Père; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. » Jean 5:19.
Par ses enseignements et par son exemple, Christ Jésus mit fortement l’accent sur la nécessité de subordonner les détails de l’existence humaine aux exigences spirituelles. Dans ses paraboles, tout autant que dans son appel des disciples au travail spirituel, il définit un modèle de l’ordre divin. Mais, direz-vous peut-être, quel est le rapport avec le travail qui s’empile sur mon bureau ? C’est en fait très lié ! En donnant la priorité aux exigences spirituelles, nous obéissons en réalité à la Vie divine qui est Dieu et qui est la puissance donnant à chacun de nous la capacité d’agir. Pensez, par exemple, aux disciples qui, par obéissance à l’ordre de Christ Jésus, acceptèrent de lancer une nouvelle fois leurs filets. Voir Luc 5:1–11. Il fallut peu de temps alors pour que ceux-ci se remplissent. Quelle différence avec les difficultés rencontrées tout au long de la nuit, tandis qu’ils s’efforçaient de remplir leurs filets avant d’avoir écouté le Maître !
Même si nous reconnaissons l’importance de la prière dans la vie quotidienne, il nous semble souvent difficile de trouver du temps à lui consacrer et d’arriver cependant à faire tout le reste. Ces efforts pour « faire tout le reste » ne tendent-ils pas à substituer une course échevelée et papillonnante à l’accomplissement véritable ? A l’inverse, commencer par la prière nous permet d’accomplir avec plus d’efficacité les tâches restantes. Ainsi que l’écrit Mary Baker Eddy, « le succès dans la vie dépend de l’effort persistant et du meilleur emploi de nos instants, plus que de toute autre chose ». Au paragraphe suivant, elle fait cette observation: « Courir à droite et à gauche avec ostentation, cela ne prouve pas que l’on accomplisse beaucoup. » Écrits divers, p. 230.
Les accomplissements personnels de Mary Baker Eddy soulignent la pertinence de ses commentaires. La rédaction de Science et Santé, la fondation d’une Église et le lancement de plusieurs périodiques, au nombre desquels figure un quotidien international, sont quelquesunes de ses réalisations les plus marquantes. Elles dénotent une maîtrise impressionnante des détails et une grande compétence. Pour accomplir tout cela, elle ne perdit jamais de vue la priorité à donner à la communion avec notre Père-Mère Dieu. En fait, les récits que nous ont laissés ceux qui travaillaient avec elle montrent combien la prière inspirait tous ses actes. Ces travailleurs rapportent que, plusieurs fois par jour, elle interrompait ses activités et se retirait pour réagencer ses priorités spirituelles et établir l’ordre divin dans sa vie, par la prière.
Dans ses œuvres, elle souligna l'importance de l’ordre, disant un jour: « Le vers du poète: “L’ordre est la première loi du ciel”, est si éternellement vrai, si axiomatique, qu’il est devenu un truisme; et sa sagesse est aussi manifeste en religion et en éducation classique qu’elle l’est en astronomie et en mathématiques. » Au paragraphe suivant, elle affirme: « Les véritables Scientistes Chrétiens sont, ou devraient être, les gens les plus systématiques de la terre, et les plus obéissants à la loi, parce que leur religion exige une adhérence implicite à des règles fixes, dans la démonstration méthodique de celles-ci. » Rétrospection et Introspection, p. 87.
Ne pourrions-nous pas prier tout au long de la journée, quand nous sommes au travail ou vaquons à nos diverses occupations ? Certainement ! C’est même essentiel. L’expérience nous enseigne qu’il est fondamental de consacrer du temps et de l’énergie à prier avec sincérité, honnêteté et persistance, pour nous-mêmes et pour les autres. Il faut que notre existence ait un rendement spirituel. Il est indispensable que nous éliminions les pertes de temps et de pensée que représentent les critiques mesquines, le culte de la personnalité, la sensiblerie, l’égoïsme, l’irritation, les réactions émotionnelles. La prière permet de détruire ces travers, en révélant nos caractéristiques naturelles: sérénité, esprit de décision, clarté, amour désintéressé. Nous rapprochant de notre nature spirituelle véritable, c’est-à-dire de l’homme créé par Dieu, nous sommes à même d’accomplir tout ce qui doit l’être, avec moins d’allées et venues, moins de discours et moins d’efforts.
L’ordre divin apparaît dans notre vie de façon entièrement individuelle, car chacun de nous est l’expression distincte de Dieu. Cette apparition individuelle de l’ordre divin dans notre vie est inévitable. Notre désir profond de découvrir la pureté de l’existence spirituelle ne peut jamais manquer de se réaliser. Lorsque nous acceptons cet ordre spirituel et le faisons entrer dans notre existence, nous nous apercevons que notre vie est gouvernée par l’Entendement, Dieu, et non ballottée au gré des circonstances. Nous commençons alors à éprouver la certitude tranquille qui nous appartient lorsque nous nous en remettons à la toute-présence et à la toute-puissance de Dieu.