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Pour le Principe, rien n'est insignifiant

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de juin 1990


C'est sans grande surprise que j'ai vu mon fils rentrer un jour très triste de l'école. J'avais eu beau essayer de l'en dissuader par tous les moyens, il avait insisté pour emporter en classe les accessoires d'un tour de magie qu'il aimait beaucoup et qu'il voulait montrer à ses amis. Or, il avait perdu dans la cour une pièce de monnaie de cuivre miniature qui faisait partie du jeu.

C'était l'occasion rêvée d'un petit examen de conscience. Il m'a confié que quelque chose lui avait bien dit de ne pas emporter le jeu à l'école, mais qu'il n'avait pas écouté, parce que son numéro de magicien lui procurait un sentiment de puissance face à ses amis. Pendant que nous parlions ensemble de l'identité spirituelle de l'homme, expression de Dieu, il a rapidement découvert cependant des raisons plus valables d'exécuter le tour de magie: par exemple, faire partager aux autres enfants le plaisir de la prestidigitation.

Nous avons considéré que Dieu est le Principe divin, la Vérité, et je l'ai aidé à voir que la sollicitude universelle de Dieu s'applique même à une toute petite chose et gouverne notre vie. Mon fils avait déjà appris par expérience que la prière honnête met en évidence la loi divine dans les situations courantes, apportant ajustement et guérison là où le besoin s'en fait sentir. Dans le cas présent, il était prêt à reconnaître ses erreurs et à les rectifier, en faisant confiance à l'autorité absolue de Dieu.

Le lendemain, il est rentré tout sourire de l'école. « J'ai deux nouvelles à t'annoncer. D'abord, Erika a retrouvé ma pièce ! » (Étant donné les dimensions de la cour et celles de la pièce de monnaie, c'était plus qu'une coïncidence.) Puis il a ajouté: « Et en échange, elle veut soixante-quinze centimes. Mais ça ne fait rien, j'ai assez dans ma tirelire. »

Lorsque je lui ai demandé s'il trouvait que c'était bien de racheter quelque chose qui vous appartient déjà, il a paru surpris. C'était là une occasion supplémentaire d'apprendre en quoi consiste l'obéissance au Principe divin.

Je lui ai donné mon point de vue: il devait appeler Erika et lui expliquer pourquoi il ne pouvait racheter une pièce qui lui appartenait. Comme cela le gênait beaucoup, il s'est empressé d'affirmer que, de toute façon, il n'avait jamais vraiment aimé ce tour de magie. J'ai insisté. Cette fois-ci, nous avons considéré la nature aimante du Principe divin et vu que notre tâche consiste à vivre cet amour. Être honnête avec Erika et l'aider ainsi à faire ce qui est juste, c'était exprimer l'amour. C'était aussi par égard pour lui-même qu'il devait faire ce qui était juste.

Mais il résistait toujours à l'idée de parler à Erika, ainsi qu'à sa mère. (Il soupçonnait fortement cette dernière d'en vouloir elle aussi à son argent. « Entre nous, elle est dans le coup ! » m'a-t-il affirmé.) Nous avons donc parlé du prix à payer pour soutenir le Principe, de l'importance de faire le bien quoi qu'il en coûte. Même au risque de perdre son tour de magie, la solution n'était pas de racheter la pièce. « Cela ne serait-il tout de même pas plus facile de payer les soixante-quinze centimes ? » se demandait-il.

Dans une allocution intitulée « La Science et les sens », Mary Baker Eddy déclare: « Allez, s'il le faut, en prison ou à l'échafaud, mais ne reniez pas les paroles de la Vérité. » Écrits divers, p. 99. L'éthique d'une cour de récréation peut sembler n'avoir aucune commune mesure avec la prison et l'échafaud, mais si vous aviez vu mon fils se dérober face à cette première exigence morale — sentiment que nous avons tous connu à un moment ou à un autre — vous en auriez conclu avec moi que, comme le révèle la Science Chrétienne, les petites choses ne sont pas insignifiantes du tout pour le Principe divin.

L'incident m'a donné à réfléchir: il m'a amenée à prier et à procéder à un examen de conscience. Nous pensons peut-être souvent aux nombreux bienfaits que nous apporte une vie morale, à l'effet profond que peuvent avoir l'honnêteté et l'intégrité sur notre santé et notre foyer. Mais que dire des cas où une conduite morale ne nous arrange pas tellement ? Où l'intégrité ne semble pas nous apporter grand-chose sur le plan personnel ou dans l'immédiat ? Il peut parfois même sembler inquiétant ou dangereux de se ranger du côté du Principe. Face au risque de compromettre sa popularité, la sécurité de son emploi ou celle de sa famille, il peut sembler plus facile de « payer les soixante-quinze centimes ».

Dans une situation morale difficile, il est très important de nous rappeler que nous disposons d'un recours auprès d'un pouvoir spirituel contre lequel les méthodes humaines ne peuvent prévaloir. Dieu est notre bienfaiteur et protecteur vivant, efficace et aimant. Le Principe divin qui exige que nous vivions en obéissant scrupuleusement à Ses lois nous en donne à coup sûr la capacité. Nous n'avons donc pas besoin d'acheter ce qui nous appartient de droit. En fait, il nous est impossible d'acheter ce qui est déjà à nous.

L'honnêteté n'est pas une coutume désuète ni un luxe qu'on ne peut pas toujours s'offrir. L'honnêteté est une conséquence naturelle de l'identité spirituelle de l'homme qui démontre l'unité de celui-ci avec Dieu. L'honnêteté découle du Principe, qui est la loi et la substance véritables de l'identité de l'homme. L'honnêteté n'est donc pas simplement un devoir, c'est notre manière d'être naturelle et nous devons la reconnaître pour telle. Nous agissons alors selon des principes élevés sans avoir l'impression de nous forcer ni de faire des efforts personnels.

Nous lisons dans Science et Santé de Mary Baker Eddy: « Honnêteté est pouvoir spirituel. Malhonnêteté est faiblesse humaine et prive du secours divin. » Science et Santé, p. 453. Dénuée de mobiles secrets et d'arrière-pensées, l'intégrité parfaite fait appel au pouvoir de Dieu qui, tant de fois tout au long de l'histoire humaine, s'est avéré le pouvoir suprême dirigeant les affaires des adultes comme celles des enfants. Toutes les forces apparentes de l'immoralité en lutte contre Dieu finissent par échouer.

Dieu est l'unique pouvoir sur lequel nous pouvons compter, c'est une défense tangible et sûre. Nous discernons ce pouvoir lorsque nous cessons de croire que d'autres personnes ont la capacité de nous nuire ou de nous faire du bien, et que nous plaçons notre confiance dans la miséricorde, la justice et le gouvernement du Principe divin. Il n'est donc pas mieux ni même plus facile de « payer les soixantequinze centimes ». Mais, à l'instar de Christ Jésus, il nous faut insister, avec une confiance absolue, pour que la volonté de Dieu, le bien parfait, « soit faite sur la terre comme au ciel » Matth. 6:10..

A maintes reprises, la Bible mentionne la confiance en Dieu et la protection que confère l'obéissance spirituelle. En voici des exemples: « Celui qui craint l'Éternel possède un appui ferme, et ses enfants ont un refuge auprès de lui »; « L'Éternel est pour moi, je ne crains rien: que peuvent me faire des hommes ? » Prov. 14:26; Ps. 118:6.

Je ne prétends pas que la fidélité au Principe divin ne s'accompagne d'aucun sacrifice personnel. La vie des hommes et des femmes dont la noblesse a marqué l'histoire témoigne bien de ce que coûte la Vérité dans tous les âges, mais, d'autre part, ceux qui ont cédé à l'ambition, à la crainte ou même à la facilité nous enseignent le prix bien plus élevé (et les résultats destructeurs) que fait payer la faiblesse humaine.

Les hommes qui font preuve de courage spirituel se sont toujours trouvés à l'avant-garde de l'humanité qui lutte pour gagner l'intégrité morale. Leur vie échappe au temps et au contexte humain pour nous inspirer et nous fortifier, lorsque nous nous trouvons moralement à la croisée des chemins. A évoquer leur existence, nous prenons conscience de la valeur intemporelle de cette question de Christ Jésus: « Que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perd son âme ? » Marc 8:36.

De nos jours, avec l'importance sans cesse accordée au confort, à la fortune et au pouvoir, nous nous trouvons presque tous en permanence à la croisée des chemins. Puisque la tentation de « renier... les paroles de la Vérité » commence dans la cour de récréation, ne faut-il pas profiter de la moindre occasion pour enseigner aux enfants, et à nous-mêmes, les exigences du Principe qui garantit la vie, donne la santé, et leur faire découvrir la joie de leur obéir ?

Il le faut non seulement parce que les enfants d'aujourd'hui, qui seront les hommes d'affaires, les éducateurs et les hommes politiques de demain, détermineront le climat et le bien-être moraux du monde à venir, mais surtout parce que rien n'est insignifiant pour le Principe divin. Même si une situation a plus d'impact social ou politique qu'une autre, la cour de récréation joue un rôle aussi essentiel, d'un point de vue moral et spirituel, qu'une salle d'audience ou une table de négociations internationales.

Ce qui fait de la malhonnêteté un crime, ce n'est pas l'importance de l'enjeu ni la notoriété des personnes impliquées. Ce n'est pas non plus l'ampleur de la tentation qu'on affronte ni de la crainte qu'on éprouve. Ce qui compte, c'est la sincérité de la personne devant la Vérité, sa fidélité à la nature divine de l'homme. Comme l'a dit un jour Thoreau, le poète américain, « ... peu importe si cela semble modeste au début: ce qui est bien fait une fois, est fait pour toujours » Henry David Thoreau, Civil Disobedience (Sur la désobéissance civile).. Chaque moment d'obéissance parfaite au Principe divin nous démontre que, pour nous et, dans une certaine mesure, pour tous, l'homme est inséparable de Dieu, son Créateur et protecteur.

Cesser d'employer les termes « important » ou « insignifiant » pour camoufler les faits en matière d'intégrité nous impose de nouvelles contraintes chaque fois qu'il nous faut prendre des décisions — à la maison, à l'église et même au marché — surtout lorsque l'intégrité exige un effort qui coûte. Ces occasions ne manquent pas. Acceptons-nous vraiment de prendre le chemin qui peut, sur le moment, sembler nous conduire « en prison ou à l'échafaud » ? Ou nous dérobons-nous en reniant « les paroles de la Vérité » ? A l'heure de la décision, il est sage de considérer non seulement ce que nous coûte la fidélité à Dieu, mais aussi le prix bien supérieur de l'infidélité: le bénéfice d'une commodité passagère et peut-être même un certain confort et la popularité, au détriment de notre intégrité spirituelle naturelle.

Souvent, ce qui nous est demandé n'est guère plus terrible qu'un simple coup de fil. Dans d'autres circonstances, il y a bien plus en jeu. Mais dans tous les cas, prendre parti pour le Principe signifie en fait s'en remettre à l'autorité parfaitement sûre de Dieu et lui confier la situation. Le besoin capital d'une plus haute moralité dans la société ne saurait se séparer des exigences divines dans la vie courante. Les deux choses sont liées par la présence du Principe divin opérant en chacun de nous, enfants comme adultes, pour la gloire de Dieu. Pour le Principe, rien n'est insignifiant.

Mon fils a fini par décrocher le téléphone, un peu tremblant, mais bien déterminé à ne pas racheter sa pièce. La conversation s'est bien passée. Quand il a raccroché, il avait une assurance que je ne lui connaissais pas. « La mère d'Erika est très chic, m'a-t-il confié, elle va éclaircir certains points avec elle sur l'honnêteté. » Puis il a ajouté: « Maman, au fait, qu'est-ce que ça veut dire extortion ? »

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