Notre premier vrai Noël

Souvenirs de Noël... Un voyage pour voir des parents qui nous sont chers, une recette particulière, une décoration préférée ou un cadeau fait avec tant d’amour qu’il est inoubliable.

Mais, puisqu’avec les années, Noël tend à perdre son caractère d’expression d’amour pour devenir, comme le reste, un événement à insérer dans un emploi du temps chargé, il est bon de nous demander ce que cette fête devrait réellement signifier pour nous. Si nous prenons de la distance par rapport à l’image que le monde nous présente de Noël et si nous essayons de découvrir sa portée spirituelle, peut-être pourrons-nous faire beaucoup plus pour rehausser l’éclat de cette fête.

Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion d’approfondir cette signification de Noël et ce, dans des circonstances plutôt surprenantes. Ma femme et moi avions décidé de ne pas nous laisser gagner par l’ambiance surexcitée, mercantile et superficielle de Noël pour consacrer plus de temps et de réflexion à découvrir la substance spirituelle de Noël. Chose curieuse, plus nous nous concentrions sur ce but et plus la date approchait, plus nous étions déprimés. Les achats, les lumières, les scintillements et même les sapins, tout nous rebutait. Cette année-là, nous n’avons pas acheté le moindre cadeau et nous ne sommes allés à aucune fête. Nos prières et notre étude ne nous apportaient apparemment aucune vraie joie. Les décorations ambiantes de la saison semblaient étouffer notre confiance spirituelle en la présence de Dieu.

Le jour de Noël, l’insatisfaction que nous éprouvions nous avait dressés l’un contre l’autre, et c’est tout juste si nous nous adressions la parole. J’entends encore ma femme dire: « Je n’ai jamais passé un Noël aussi triste. » Il était tentant de penser que ces décorations de fin d’année étaient après tout nécessaires pour ressentir la joie de Noël.

Ce soir-là, nous avions l’intention de nous rendre à une Église du Christ, Scientiste, du quartier pour assister à la réunion de témoignage du mercredi. Nous étions toujours impatients d’entendre les récits de guérison des membres, ainsi que les lectures de la Bible et de Science et Santé de Mary Baker Eddy, qui a découvert et fondé la Science Chrétienne. Mais nous savions tous les deux qu’il nous fallait faire quelque chose si nous voulions tirer profit de la réunion. Nous résolûmes donc de prier.

Je me tournai d'abord vers un poème de Mary Baker Eddy intitulé Christ and Christmas. La première strophe se termine ainsi: « Au-dessus des terribles ténèbres du chaos brilla / Une étoile solitaire à l'éclat intrépide. » Tandis que je priais, je vis, comme jamais auparavant, que la réalité de la lumière spirituelle brillait malgré tout à travers le chaos du non-sens et les ténèbres du désespoir. Je compris qu'en me préparant humblement à recevoir le Christ, la Vérité, dans la crèche de mon cœur et en guettant son apparition, la lumière de la vérité spirituelle me guiderait. Je pouvais lui faire confiance. C'était inévitable, parce que le Christ est réel.

La première citation biblique lue à l'église raviva mon ardent désir de sentir la présence de Dieu: « Oh ! si je savais où le trouver, si je pouvais arriver jusqu'à son trône » (Job). Tout ce que comportait la réunion — la prière, les lectures, les cantiques, les récits de guérison — me fit prendre davantage conscience de la présence de Dieu tout en m'apportant un concept nouvellement né de ma propre identité spirituelle.

Le cantique final résumait bien, à mes yeux, l'authenticité de cet événement qu'est Noël. En voici la dernière strophe:

Le fait d'accueillir dans ma pensée la réalité de Dieu avait tout changé. J'étais à présent débordant d'amour et de joie. Et ma femme avait ressenti la même chose, car, à la fin du cantique, elle me prit la main en disant: « Rien ne viendra plus jamais se mettre entre nous. »

A bien des égards, c'est le premier vrai Noël que nous ayons jamais eu. Et il a donné un sens plus profond à tous ceux qui lui ont succédé.

La puissance et la signification de Noël, c'est l'amour, assurément, l'amour de Dieu pour nous et notre aptitude à recevoir et à partager cet amour. Dans le contexte des récits évangéliques de la vie de Christ Jésus, comme dans celui des prophéties annonçant la venue du Messie, la signification de la Nativité va bien au-delà de la naissance d'un bébé. En poursuivant notre étude de ces récits, le message devient clair: la présence de Dieu est réelle et nous pouvons la ressentir, nous pouvons connaître Emmanuel ou « Dieu avec nous ».

Mais dans la mesure où la pensée a été habituée par l'éducation à considérer que la vie est mortelle et l'homme matériel, il est devenu plus difficile de reconnaître la présence de Dieu. En conséquence, l'idée courante selon laquelle Dieu, l'Esprit, s'est fait matière sous la forme de Jésus de Nazareth, constitue la seule explication apparemment rationnelle concernant Noël. Ainsi, au lieu de célébrer à Noël la véritable idée de l'Esprit infini, on fête, en réalité, la bonne volonté de Dieu à devenir matériel !

Mais ne faut-il pas plutôt chercher la signification de Noël à l'opposé ? Noël n'est-il pas censé nous montrer que l'homme est réellement spirituel et semblable à Dieu ?

Si nous voulons bien comprendre Dieu, il faut comprendre Sa nature réelle. En d'autres termes, il nous faut vraiment savoir que Dieu est l'Esprit. Puisque Dieu a tout pouvoir, Sa véritable expression, se révélant dans la pensée humaine, doit également posséder le pouvoir de se faire connaître en détruisant tout ce qui est erroné ou dissemblable à Dieu. Cette idée vraie et infinie de Dieu est le Christ, qui définit la filialité spirituelle. Et l'idée exacte de Dieu — la vraie idée ou le Christ — révèle que l'homme est spirituel.

La Science Chrétienne enseigne que, lorsque la véritable idée de Dieu vient à la chair — à la conscience humaine — elle transforme l'existence humaine en montrant que la nature de Dieu est à ce point réelle et infinie qu'il n'existe en fait aucune place pour tout ce qui n'est pas l'Esprit et l'homme, sa véritable expression spirituelle. Le Christ ne se change pas en ce qu'il n'a jamais été ou, par nature, ne pourrait jamais être, à savoir la matière.

Le monde matériel s'insurge dans sa totalité contre une telle pensée. Il dit que cela n'est pas vrai. De même qu'il n'y avait pas de place dans l'auberge pour Marie et Joseph, il n'y a aucune place dans la pensée mortelle pour la réalité spirituelle. Aussi, cet entendement mortel tend-il à exclure de la pensée l'identité spirituelle. Il dit qu'il n'y a pas de place et que tout sens spirituel de vie devra se contenter d'occuper une place très insignifiante dans l'existence humaine, relégué dans ces crèches modernes que sont les sentiments, les idéaux et l'espérance.

Mais c'est dans ces humbles crèches que l'idée spirituelle, le Christ, est apparue dans la conscience humaine. Et à mesure que l'idée se développe, elle révèle de plus en plus l'individualité spirituelle de l'homme, l'enfant même de Dieu, et son héritage de liberté: il est délivré de la maladie, du péché et de la mort.

La signification de Noël, c'est que l'idée de l'Amour divin et de l'Esprit est le Christ, qui définit notre identité, nous guérit et nous élève jusqu'à la reconnaissance du véritable statut de notre identité spirituelle à la ressemblance de Dieu. Rien ne peut l'arrêter. Il vient à nous grâce à l'humilité et au désir de connaître la vérité. Il apporte avec lui la sagesse permettant de protéger cette conscience grandissante de la spiritualité de l'homme contre la jalousie de tous les Hérodes qui cherchent à le détruire.

Comme ma femme et moi-même l'avons découvert pendant ce service, fêter Noël ne consiste pas à commémorer un lointain souvenir, mais à recevoir le Christ, la manifestation de Dieu, dans notre existence actuelle. Noël, c'est l'Amour qui nous met à même de prendre soin des autres, de les aider et de nous réjouir de telle sorte que nos actes montrent ce que nous sommes en réalité: l'homme créé par Dieu, réfléchissant l'Amour infini. C'est le présent de Dieu à chacun de nous, maintenant et toujours !