Le mot amour est l'un des plus importants de notre vocabulaire. C'est pourtant l'un des termes qu'on emploie le plus à tout bout de champ, sans en bien comprendre le sens. Mary Baker Eddy en a dit ceci: « Quel mot ! Il m'inspire un profond respect. Sur quelle infinité de mondes il s'étend et règne souverainement ! le primordial, l'incomparable, l'infini Tout du bien, le seul Dieu, c'est l'Amour. »
En l'écrivant avec une majuscule, Mary Baker Eddy souligne clairement qu'elle utilise le mot Amour comme l'un des noms bibliques qui désignent l'Être suprême, Dieu. Mais elle poursuit en montrant qu'elle a aussi à l'esprit l'expression ou le sentiment appelé l'amour. « Par quelle étrange perversité le sentiment le meilleur est-il devenu celui dont on abuse le plus soit comme qualité soit comme entité ? » ajoute-t-elle. « Les mortels dénaturent l'affection et la nomment improprement; ils en font ce qu'elle n'est pas, et doutent de ce qu'elle est. » Écrits divers, p. 249.
L'exactitude de cette remarque nous apparaît écrasante aujourd'hui. Le terme amour est utilisé de façon si grossière qu'il s'applique indistinctement aux voitures, aux appareils ménagers, voire aux institutions commerciales. Nous entendons même l'expression « faire l'amour » dans les dialogues les plus désinvoltes à la télévision et au cinéma.
Il est inévitable que pareille confusion sur le sens réel de l'amour mette à rude épreuve les institutions fondamentales du mariage et de la famille, qui doivent se fonder sur un amour véritable et durable. Les ravages provoqués par cette confusion vont encore plus loin, puisque le monde des affaires, le gouvernement, et bien d'autres sphères où nous avons besoin de respect et de confiance mutuels, sont sérieusement affectés.
Dieu, l'Amour divin, qui est la cause et le Créateur de tout, exprime forcément en l'homme l'amour, la tendresse, la miséricorde et la justice, universellement et sans interruption. L'homme créé par Dieu ne saurait donc jamais être malveillant, insensible, en proie à la luxure ou à la cupidité. Science et Santé de Mary Baker Eddy déclare: « L'Amour divin est infini. Donc tout ce qui existe réellement est en Dieu, provient de Dieu et manifeste Son amour. » Science et Santé, p. 340.
Comprendre cette prodigieuse vérité spirituelle nous aide beaucoup dans l'existence. Prenons le domaine des relations humaines, une arène où la confusion à propos de la nature de l'amour a particulièrement fait des ravages. Nous sommes froissés ou bien aigris en raison de l'insensibilité ou de l'impertinence d'une personne. Nous disons que notre mal est causé par un tiers et ainsi, nous ne voyons pas comment nous élever au-dessus de cela. Mais ces blessures et ces déceptions dépendent-elles uniquement des réactions d'autrui ? Et n'avons-nous aucun moyen de trouver la guérison tant que l'autre n'aura pas changé ?
En réalité, l'homme manifeste l'amour de Dieu. Cet amour est immuable et l'homme créé par Dieu est donc incapable de la moindre méchanceté, fourberie, dureté ou infamie. Donc, si un ami (ou un ennemi) dit ou fait quelque chose qui manque d'amour, nous n'avons pas à nous sentir blessés, menacés ni aigris.
Nous pouvons au contraire reconnaître que ce n'est pas là la véritable nature de la personne. Si nous réagissons à ce que nous voyons ou à ce que nous entendons, nous allons souffrir. Mais ce n'est pas essentiellement à cause de ce que quelqu'un a fait. C'est en raison de ce que nous avons accepté comme réel. Science et Santé explique: « La croyance produit les résultats de la croyance, et les peines qu'elle inflige durent aussi longtemps que dure la croyance et en sont inséparables. » Ibid., p. 184.
Il est important de voir que l'amour n'est pas quelque chose dont autrui a le pouvoir de nous priver. Le véritable amour provient de Dieu, l'Amour divin. Et puisque l'Amour divin est toujours présent, nous sommes toujours chéris, approuvés, soutenus, honorés, ne manquant de rien, c'est-à-dire aimés.
Mais, dira-t-on peut-être, quand une personne est aimable et coopérative, on se sent plus aimé que lorsqu'elle est désagréable, offensante ou toujours à critiquer. Comment expliquer cela ? Si nous nous sentons plus aimés dans le premier cas, c'est encore en raison de l'état de notre propre pensée, et non parce qu'on émet en notre direction une sorte de substance éthérée appelée l'amour.
Si une personne est aimable envers nous, il est naturel de penser à elle avec affection. Mais il est tout aussi naturel de répondre avec amour si une autre est désagréable. Nous en avons la capacité parce que nous reflétons l'Amour divin. Exprimer une des qualités de l'Amour nous permet de ressentir cette qualité. Et nous nous sentons bien, parce que l'état naturel de l'homme, c'est de ne faire qu'un avec l'Amour divin.
Si vous voulez bien permettre à un ancien ingénieur une analogie sommaire, j'expliquerai les choses ainsi: On sait en général que, si l'on n'a pas utilisé l'eau chaude chez soi depuis un certain temps, le tuyau du chauffe-eau est froid. En le touchant, on pourrait en conclure à tort que le chauffe-eau est déréglé. Mais il suffit d'ouvrir le robinet et de laisser couler l'eau pour que le tuyau se réchauffe. Il importe peu que l'eau coule dans un lavabo ou même qu'elle s'écoule par la fenêtre, le tuyau deviendra chaud.
Maintenant, sans être trop techniques à ce sujet, pensons à notre unité avec l'Amour divin, la source infinie de réconfort, d'affection et de sollicitude, de tendre miséricorde, d'approbation et de soutien. D'une manière analogue, si, dans notre vie, nous laissons s'exprimer les qualités de l'Amour, nous nous sentirons réconfortés et chéris.
Maintenant, supposons que notre famille ou nos collègues n'apprécient pas ce que nous faisons et entreprennent de nous critiquer, de nous rabaisser ou de nous harceler. La tendance humaine serait de couper le « robinet », de cesser d'exprimer l'Amour à leur égard. Nous ne tarderons pas à devenir froids, indifférents ou amers. Notre famille ou nos collègues seront de leur côté encore plus prompts à critiquer, et le cycle ne cessera de se répéter.
On peut être tenté de penser avoir le droit de cesser d'aimer, parce que « c'est leur faute » ! Ou bien on peut croire que l'Amour n'est pas infini, que Dieu ne prend pas soin de nous comme il faut, ou que notre unité avec l'Amour divin s'est rompue, que nous ne savons pas aimer ou que nous ne sommes pas dignes d'être aimés.
Que faire ? Le contraire de ce qui est suggéré: ouvrir tout grand le « robinet » de l'amour. Exprimer davantage d'amour réel, davantage de qualités spirituelles véritables acquises en comprenant la nature universelle de Dieu en tant qu'Amour et du lien indestructible qui unit chaque homme à Lui, l'homme qui est Son image et Sa ressemblance, éternellement aimé, aimable et aimant.
Alors, nous ressentirons Son amour, peu importe qui en est l'objet, peu importe s'il est apprécié ou reconnu. Il nous réchauffera et nous donnera une satisfaction véritable, parce que nous aurons pris conscience de notre véritable identité. Nous serons devenus plus conscients de la nature de Dieu et nous aurons ainsi rempli la condition que le Psalmiste jugeait essentielle à la satisfaction: « Pour moi, dans mon innocence, je verrai ta face; dès le réveil, je me rassasierai de ton image. » Ps. 17:15.
Quand nous prenons véritablement conscience de notre unité indissoluble avec Dieu, qui fait de nous Sa manifestation immédiate, complète et éternelle, rien ne peut nous menacer, nous décourager ou nous donner le sentiment d'être seuls, délaissés, indignes ou sous-estimés. Par le baptême qui consiste à éliminer tout concept étroit d'amour ou de vie, nous percevrons le message céleste qu'entendit Christ Jésus: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. » Matth. 3:17.
Servant de Guide à l'humanité, Jésus affronta constamment et surmonta la haine, la jalousie, le sectarisme et le matérialisme du monde, grâce â une maîtrise qu'il obtenait en sachant que seul ce qui provient de Dieu est réel. Son dessein était de nous réconcilier avec ce Dieu qui est l'Amour, en nous rachetant de l'égoïsme, de la mesquinerie et de l'ignorance qui créent les conflits au sein des familles et des nations. Science et Santé explique comment il accomplit cela: « Jésus aida à réconcilier l'homme avec Dieu en donnant à l'homme un sens plus vrai de l'Amour, le Principe divin des enseignements de Jésus, et ce sens plus vrai de l'Amour rachète l'homme de la loi de la matière, du péché et de la mort par la loi de l'Esprit, la loi de l'Amour divin. » Science et Santé, p. 19.
Si nous souhaitons suivre Jésus, nous devons nous efforcer de faire comme lui. Mais nous ne pouvons communiquer ce « sens plus vrai de l'Amour » que dans la mesure où nous le comprenons et où nous l'exprimons dans la vie quotidienne. Alors nous sommes sûrs d'obtenir la guérison et la rédemption, car la Science est infaillible.
