Discipline ! Bien souvent, nous fuyons cette idée. Elle sous-entend, pour celui qui a mal agi, punitions, souffrances et privations. Mais est-ce vraiment cela, la discipline ?
Mère de famille, je le croyais. Lorsque mes fils étaient petits, il m'arrivait bien souvent de les « châtier ». J'étais alors dans l'angoisse de n'avoir réussi à contrôler ni mes nerfs ni les caprices de mes enfants. Souvent, après avoir puni mes garçons, je me sentais désespérée d'avoir agi sous l'empire de la colère et coupable en raison de la nature du châtiment que j'avais infligé. (La colère est rarement un juge impartial ou miséricordieux.)
Dans mon remords, il m'arrivait souvent de me punir à mon tour en me livrant, des jours entiers, à auto-accusation. C'est seulement après avoir durement souffert que je demandai l'aide d'un praticien de la Science Chrétienne pour chasser cette obscurité mentale grâce à la prière. Il y avait bien quelques progrès. .. mais si lents ! Je semblais si facilement portée à glisser de nouveau sur la pente de la colère ! Je percevais obscurément que la discipline était une forme d'éducation, mais, en temps de crise, aux prises avec les cris et les bagarres, je me sentais totalement incapable de faire entendre raison à mes fils. Je parvenais quelquefois à contenir l'explosion et à leur enseigner (ainsi qu'à moi-même) l'utilité de l'autodiscipline. Pourtant, cela même était encore insuffisant. Il me fallait cesser d'envisager la discipline comme un ensemble de méthodes humaines: punitions, privations de plaisirs, réprimandes. Les circonstances m'obligeaient à découvrir un concept plus élevé, à voir que la discipline consiste à reconnaître constamment et à apprécier toujours plus le véritable statut de l'homme: il est l'enfant bien-aimé de Dieu, toujours gouverné par l'unique Entendement, Dieu.
La Science Chrétienne enseigne que nous sommes tous les enfant d'un même Père, de l'Esprit infini, notre Père-Mère Dieu. Ainsi, nous sommes véritablement spirituels et, de par notre nature même, nous sommes doués de ces qualités qui émanent de Dieu: la tendresse, la sagesse, la miséricorde, la générosité et le gouvernement de soi qui reflète le gouvernement de Dieu; disons que ce sont là toutes les qualités que nous admirons et désirons le plus pour devenir de bons parents, celles aussi que nous aspirons à trouver chez nos enfants.
Il est relativement facile de revendiquer ces qualités, mais, pour les vivre, il faut d'abord se libérer des défauts: l'impatience, la colère, l'égoïsme. Ce n'est pas chose aisée, mais ce conseil pratique que nous donne Mary Baker Eddy dans Science et Santé nous fournit une aide précieuse: «Nous ne pouvons remplir des récipients déjà pleins. Il faut d'abord les vider.. . Le moyen de chasser l'erreur de l'entendement mortel est d'y verser la vérité avec des flots d'Amour. » Science et Santé, p. 201.
Reconnaître que nous sommes réellement les enfants de Dieu, de l'Amour, voilà qui élimine l'impatience, la colère et les insultes. Nous percevons alors que l'amour de Dieu constitue le seul pouvoir, la réalité de notre nature, et nous commençons à apprécier nousmêmes et à aimer les autres. De cette facon, nous faisons l'expérience de la discipline à niveau supérieur, celui de l'éducation spirituelle.
Lorsque je me mis à m'apprécier, à me monter patiente envers moi-même, je pus discipliner ma pensée afin de refuser de me laisser aller à des sentiments de culpabilité. J'entretenais au contraire l'idée douce et précieuse que j'étais l'enfant chérie de Dieu, sachant que l'homme vit toujours en harmonie avec l'Amour divin. Je progressai alors à grands pas ! Le mépris de moi-même et l'auto-accusation disparurent rapidement. Un renforcement de ma propre estime et de ma maîtrise spirituelle me procura assurance, joie et entrain.
Les effets de ma transformation se manifestèrent graduellement dans la famille. Nos fils commencèrent de leur côté à pouvoir maîtriser leur colère et, lorsque la discipline était nécessaire, je découvris que leur apprendre leur véritable nature et les encourager à revendiquer et à vivre cette nature, c'est-à-dire « verser la vérité avec des flots d'Amour » se révélait beaucoup plus efficace que les punitions antérieures que je leur infligeais. Et, comme je voyais en eux avec plus d'insistance les enfants bien-aimés de Dieu, dirigés par Lui et toujours obéissants à Sa voix, ils étaient bénis et aidés dans leurs propres efforts pour se discipliner.
Quand nous nous efforçons de surmonter des défauts, que nous luttons contre la paresse, un mauvais caractère, une tendance à critiquer les autres ou un manque d'intégrité, nous avons besoin d'une véritable discipline. Il nous faut non seulement reconnaître ce qui est mal, mais encore désirer sincèrement changer. Il est alors impératif de rejeter ce que saint Paul appelle « le vieil homme » Voir Éph. 4:22., c'est-à-dire les anciennes façons de penser et de vivre. Mais, au lieu de nous en vouloir pour chaque rechute, au lieu de nous contraindre à un simple changement d'habitudes, nous devons nous apprécier davantage. Oui, vraiment... nous aimer nous-mêmes ! Ressentir l'amour qui vient de Dieu. Rien d'autre n'a le pouvoir d'éliminer les anciennes façons de penser et d'agir.
Dans sa véritable nature, l'homme est la création d'un Dieu parfait. L'homme est donc forcément parfait. Le Sermon sur la montagne de Christ Jésus comporte l'injonction suivante: « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » Matth. 5:48. En réalité, l'homme n'a jamais péché. Il n'a jamais quitté le merveilleux état de celui qui est aimé, entouré, béni, dirigé et environné par le bien, et il ne le pourrait même pas. Il ne saurait se trouver en deçà de la perfection et d'une entière obéissance à l'Entendement divin qui gouverne toute la création. Or, cette création merveilleuse est notre identité véritable ! Vous rendez-vous compte ? Dieu est le seul Entendement et la seule cause et vous êtes Son reflet, la ressemblance même de votre Créateur. Mais la question se pose alors: comment sentir la réalité de ce grand idéal spirituel ?
Il y a quelques années, un de nos fils qui approchait de l'époque des diplômes de fin d'études rentra du lycée avec un avertissement: s'il continuait à ne pas faire sérieusement ses devoirs en algèbre, matière où il était très compétent, il risquait de se voir refuser ses diplômes. Dans plusieurs autres matières, il passait de justesse, et ce n'était pas faute de compréhension ni d'aptitude; il ne faisait tout bonnement pas son travail.
Je tentai de l'aider à voir non seulement la gravité de sa situation, mais aussi tout le potentiel que lui donnaient ses talents. Il accepta de rapporter ses livres à la maison chaque soir et de travailler pour rattraper son retard, en s'abstenant de toute activité extrascolaire, même s'il n'en était pas très enchanté.
Il vit alors que cela allait lui faire manquer un banquet de remise de prix pour une organisation de jeunes à laquelle il appartenait et qui avait pour but la promotion et l'encouragement de la libre entreprise. Il avait travaillé très dur dans sa société, aussi bien pour fabriquer le produit que pour le commercialiser, et le groupe tout entier avait si bien marché qu'il espérait vivement gagner le prix décerné aux meilleures ventes pour l'État. Et voilà que, sur l'ordre de ses parents, il allait se trouver consigné !
Cependant, j'avais commencé à voir que la discipline qui guérit consiste à maintenir une claire compréhension de l'être véritable de l'homme, et mon désir réel en l'occurence n'était pas de punir mon fils, mais de l'aider à acquérir la maîtrise de lui-même.
Lorsque je vis à quel point il s'était discipliné pour travailler dans cette organisation et combien il avait ainsi appris à se contrôler, je compris qu'il avait besoin de voir les résultats de cette autodiscipline. En outre, il faisait chaque soir son travail scolaire. Il obtint donc la permission de quitter ses livres pendant une soirée pour assister au banquet. Nous fûmes tous deux récompensés. Sa société reçut la première place de l'État pour les ventes et, par la suite, il fut admis à ses examens en même temps que ceux de sa classe.
Quelle fut ma récompense ? Et bien, naturellement, de voir réussir à ses examens un fils qui m'était cher. Mais cela allait beaucoup plus loin. J'entrevoyais les effets de ce concept plus élevé de discipline que j'adoptais et dont les leçons se poursuivent encore aujourd'hui. La discipline cessait d'être une punition pour devenir une bénédiction.
La véritable discipline consiste à reconnaître son statut d'homme créé par Dieu et à soutenir ses efforts pour le vivre. Vue sous cet angle, la discipline est une activité joyeuse. Comme le dit Mary Baker Eddy: « Prenez courage; la lutte contre soi-même est sublime; elle vous occupe pleinement, et le Principe divin travaille avec vous et l'obéissance couronne d'une victoire éternelle l'effort persistant. » Écrits divers, p. 118.
Ce n'est qu'en acceptant cet appel au combat contre soi-même qu'on peut trouver la paix véritable. Il ne s'agit pas de la paix superficielle qu'on éprouve en l'absence de conflit avec autrui, mais de la paix profonde et permanente qui résulte d'une victoire sur le faux concept de l'homme, la paix qui provient de la domination sur tout mensonge mortel à son sujet ou au sujet d'autrui. Si on connaît la vérité en ce qui concerne l'homme et si on l'aime, cela implique qu'aucun mensonge n'a de chance d'être accepté; ainsi, la paix est maintenue et démontrée comme un pouvoir actif, vivant et progressif, un pouvoir qui annihile constamment toute fausseté dans le combat avec la chair, et amène « toute pensée captive à l'obéissance de Christ » II Cor. 10:5..
