Une plume d'oiseau posée sur l'axe d'une roue, nous disent les physiciens, a pour effet de l'infléchir, fut-ce de façon infime. De fait, j'ai lu qu'un professeur de physique, en se servant d'une plume d'oiseau ordinaire, d'un axe de roue de wagon et d'un instrument de mesure extrêment sensible, était parvenu à mesurer l'effet produit. Voir Progress at Principia, été 1983.
Mon propos n'est pas dans cet article de parler de plumes ou d'axes, mais cette expérience m'a appris une leçon, à savoir qu'il ne faut jamais sous-estimer l'impact que peuvent avoir votre seule pensée et votre seul exemple! La qualité d'une telle pensée et d'un tel exemple est d'une importance extrême!
Nous pouvons tous être reconnaissants d'avoir les enseignements du chrétien par excellence et son exemple à suivre. Chacun d'entre nous peut lui aussi toucher le monde par les qualités Christ qui guérissent, qualités comme celles dont Jésus a donné l'exemple et qu'il a enseigné à ses disciples à mettre en pratique. Mary Baker Eddy déclare dans le livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Écritures: « Il est possible — c'est même le devoir et le privilège de tous, enfants, hommes et femmes — de suivre en quelque mesure l'exemple du Maître en démontrant la Vérité et la Vie, la santé et la sainteté. » Science et Santé, p. 37. N'est-il pas temps de commencer à mettre cela en pratique, sans plus attendre?
Christ Jésus déclara: « Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les une les autres », et il expliqua ensuite de quelle manière: « Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » Jean 13:34. Au fait, comment donc Jésus aimait-il? C'est exactement la question que je me suis posée. Alors, l'étude des quatre évangiles fit ressortir pour moi, avant toute chose, que le Maître prenait toujours ses informations de l'unique Créateur parfait, de l'Esprit, et non de la matière. Sa compréhension spirituelle de la totalité et de l'omnipotence de Dieu, l'Amour, enveloppait ceux qui venaient à lui et il était répondu aux besoins humains de chacun en fonction exacte de ses besoins spécifiques.
Nous lisons dans Science et Santé: « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. » Science et Santé, p. 476.
Là où la matière présentait l'image d'une invalidité ou d'une maladie, Jésus voyait la perfection de l'œuvre accomplie par l'Esprit, et c'est ainsi qu'il guérit la cécité, la paralysie, la lèpre. Même lorsque l'évidence matérielle affirmait la présence de la mort, Jésus savait que la Vie est indestructible et le Maître put ressusciter Lazare alors que ce dernier était depuis quatre jours dans le tombeau.
Alors que je lisais le journal tout récemment, dans mon désir ardent d'aider ce monde que nous chérissons par l'impact curatif de la perception chrétienne scientifique, la perception de la ressemblance de Dieu en tous points du globe, je me mis à surveiller la façon dont je réagissais à la lecture.
En première page, un article commentait une remarque caustique émanant d'une personnalité en vue. Quelle honte! avais-je pensé. Un autre article portait sur un accident d'avion et je n'avais pas même voulu m'y arrêter, jugeant qu'il ne faisait que ressasser des événements tragiques survenus la veille. Un troisième concernait une jeune mère qui venait de battre son enfant à mort. J'avais été atterrée.
Attention, me surpris-je à me dire. Ressentir du dégoût, de l'indifférence, être choqué, tout cela ne ressemble guère aux qualités du Christ. Si j'éprouve du dégoût, j'apporte à la pensée mondiale à mon tour un esprit de critique, et non la compréhension de l'Amour divin qui guérit. Si je ressens de l'indifférence, je prends le parti de l'apathie. Si je suis bouleversée, je contribue à disséminer la crainte. J'ai sûrement mieux à faire.
Mets Dieu en premier, fut l'ordre que je reçus alors. Et c'est ce que je fis. Reconnaissant que Dieu est le Principe divin, l'Amour, remplissant tout l'espace et seul pouvoir, je commençai à raisonner ainsi: l'homme est fait à Son image et à Sa ressemblance (comme nous l'assure le premier chapitre de la Genèse) et il faut donc qu'il soit entièrement aimable, aimant, digne d'être aimé et, en fait, bien-aimé.
Aimable, parce qu'il est créé pour refléter la bonté de l'Amour divin, qu'il est constitué par les qualités de l'Amour, dirigé et préservé par la loi de l'Amour. (Il n'y a pas là de place pour ce qui blesse, les défauts, les difformités, au moral comme au physique!)
L'homme est aimant parce qu'il est motivé, animé et mû par l'Amour, dont la force est empreinte de tendresse et qui possède la sagesse (nulle place pour la haine, l'animalité ou la violence dans l'homme qui est créé par l'Amour).
Être digne d'être aimé est une qualité propre à la nature spirituelle de l'homme, car celui-ci reflète de façon naturelle et nécessaire la tendresse de l'Amour, qui est Père et Mère. (Il n'y a là rien d'indigne de l'amour de Dieu, aucune inaptitude à le ressentir ou à l'exprimer, ni aucune mauvaise volonté!)
Et finalement, chaque identité spirituelle est bien-aimée et chérie, car, en tant qu'expression unique de l'Amour divin, elle est aussi nécessaire à Dieu que Dieu lui est nécessaire, ainsi qu'à toutes les manifestations divines considérées individuellement. (Nulle place là pour des non-désirés, des enfants dont on n'a pas besoin, qu'on n'apprécie pas!)
Bientôt ma pensée fut remplie de la perception que le Principe divin, l'Amour, englobe tout. Je cessai d'être bouleversée par les nouvelles que j'avais lues dans mon journal. Au lieu de cela, ma pensée allait vers ces victimes ou agents du mal, ou qui semblaient tels, en les entourant de l'amour de l'Amour. J'avais la certitude que mes prières avaient pour effet de faire entrer en action dans chaque cas le pouvoir infaillible de la loi de Dieu, réconfortant, corrigeant et gouvernant la situation partout où le besoin s'en faisait sentir.
Un peu plus tard, ce même après-midi, l'occasion se présentait pour moi de partager avec une personne en difficulté les vérités spécifiques que je venais de méditer au sujet de la constance, de la cohérence et de la continuité de l'amour de Dieu. Je suis convaincue que si je n'avais pas écouté l'Entendement dont les révélations spécifiques m'avaient préparée à entrevoir la totalité de l'Amour divin, une telle occasion ne se serait pas présentée, car je n'aurais pas été prête à venir en aide.
Ne sous-estimez jamais les suites que peuvent avoir votre propre exemple et votre affirmation de la vérité par la prière, parce qu'ils n'auraient pas le poids suffisant pour pouvoir toucher le monde! Tout le bien que vous avez présent à la conscience, que vous vivez et que vous démontrez, profite à toute l'humanité. Si, par exemple, vous avez guéri par la prière un cas de rhume, vous avez contribué dans une certaine mesure à réduire pour le monde entier le fardeau de la maladie. Pourquoi cela? Parce que vous avez prouvé ainsi que la maladie n'est pas réelle et que la matière n'a pas de lois.
Si vous avez guéri par la prière une personne blessée, vous avez aidé à réduire dans une certaine mesure les cas d'accidents et de blessures pour le monde entier. Pourquoi cela? Parce que vous avez prouvé ainsi qu'il n'y a pas de place pour l'imperfection dans la création parfaite de Dieu et que la matière ne peut créer des conditions auxquelles l'homme serait soumis.
Si vos prières ont permis de guérir le ressentiment d'une personne envers une autre, vous avez dans une faible mais certaine mesure contribué à extirper une des racines de la guerre, parce que vous avez prouvé ainsi que la haine ne fait pas partie de l'homme.
Si vous avez guéri un rhume, une blessure ou du ressentiment, le monde en a également bénéficié, car vous avez privé de votre soutien mental personnel la croyance générale en l'un de ces maux spécifiques, vous avez reflété la Vérité et l'Amour divin et fait rayonner la lumière de la compréhension spirituelle.
Ainsi, chaque fois que vous serez tenté de penser qu'il est impossible à une simple plume d'infléchir l'axe d'une roue, autrement dit que vos pensées ou vos actes ne sauraient avoir la moindre importance pour le monde, rappelez-vous ce qu'il en est en fait. Vous pourrez aussi repenser à cette histoire de la Bible, où la sagesse divine d'un seul homme a sauvé une cité lors de l'attaque lancée contre elle par les forces d'un roi (voir Eccl. 9:14, 15). Et vous pouvez encore vous souvenir de cette promesse de Mary Baker Eddy: « Lorsque la pensée demeure en Dieu — et elle ne devrait pas, pour notre conscience, demeurer ailleurs — on doit faire du bien à ceux dont on garde le souvenir, qu'ils soient amis ou ennemis, et chacun doit avoir part au bienfait de ce rayonnement. Cette félicité et cette bénédiction individuelles ne viennent pas tant de l'amour individuel que de l'amour universel: elles émettent la lumière parce qu'elles la réfléchissent; et tous ceux qui sont réceptifs y ont également part. » Écrits divers, p. 290.
Nous pouvons considérer chaque instant de chaque journée comme le moment où l'Amour divin nous met à même de remplir notre rôle d'élever la pensée du monde entier, allégeant ainsi partout dans une certaine mesure le poids du péché et de la souffrance.
