Ne serait-il pas vraiment plus facile d’aimer un voisin, un collègue, ou même un adversaire si cette personne était, disons, un tout petit peu moins égoïste, un petit peu plus aimable ou pas tout à fait aussi irritable ? S’il — ou elle — voulait bien avoir un peu plus d’organisation, voir les choses de façon plus pratique ou « au moins apprendre à m’écouter, à voir la logique et la sagesse de mes idées... »
En somme, il serait peut-être plus facile d’aimer l’autre personne « si seulement », mais d’un autre côté... peut-être que non. Volonté personnelle (même si « personnellement » j’ai raison !) ou amour, il faut choisir; humilité et amour, par contre, s’accordent bien.
Christ Jésus n’a pas dit que le prochain ou le frère que nous devons aimer devrait changer avant que notre responsabilité de l’aimer intervienne. Ses enseignements suggèrent plutôt que nous devons faire preuve d’une grande humilité en pardonnant et en aimant.
Il exigeait que nous pardonnions sincèrement à notre prochain sans suggérer que le pardon doive être accordé seulement à ceux qui le méritent. Lorsque Pierre lui demanda: « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? Jésus lui dit: Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois. » Matth. 18:21, 22.
L’enseignement clair de Jésus concernant l’amour envers notre prochain — ce qu’il a appelé le deuxième de tous les commandements — fut: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Marc 12:31. Ceci implique la nécessité de s’aimer soi-même, mais ni par vanité ni par sentiment de propre justification. En effet, aimer son prochain comme soi-même exige énormément d’humilité. Autrement, comment pouvons-nous reconnaître que notre prochain est digne du même amour que celui que nous avons pour nous-même ?
L’humilité nécessaire vient naturellement de ce que nous voyons tant notre prochain que nous-même selon le fait spirituel: comme l’image et la ressemblance de Dieu. Tout comme il serait ridicule de penser que Dieu est coléreux, impatient, égoïste ou paresseux, il serait tout aussi absurde que Son reflet, l’homme, soit autrement que bon, joyeux, aimant. Savoir spirituellement que nous-même et notre prochain sommes réellement, spirituellement parfaits développe notre humilité, car nous nous rendons compte que cette perfection n’est pas de notre propre fait: Dieu est la source de tout bien.
Aimer son prochain humblement, de façon désintéressée, dans l’esprit véritable du caractère chrétien, est une composante importante du christianisme. Mais le christianisme exige même davantage. Christ Jésus a recommandé à ceux qui l’écoutaient d’aimer même leurs ennemis.
La Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce) enseigne que les ennemis ne sont pas réellement des personnes, mais des pensées mortelles ou suggestions qui, lorsque nous les adoptons, entraînent sentiments froissés, blessures, maladies, découragement, désespoir. Nous n’avons pas à aimer l’emportement, la critique, ou l’égotisme, où qu’ils apparaissent. Nous aimons nos « ennemis » lorsque nous prions pour percevoir la nature spirituelle de l’homme que de telles caractéristiques voudraient cacher et lorsque nous leur résistons activement et refusons de leur permettre d’affecter erronément nos pensées et nos sentiments. De même, nous ne devrions pas nous permettre des comportements qui manquent d’amour. Quelle que soit la situation, nous ne sommes affectés par des ennemis que si nous acceptons la croyance que l’homme n’est pas totalement bon, qu’il n’est pas la création parfaite de Dieu. Mary Baker Eddy, Découvreur et Fondateur de la Science Chrétienne, pose cette question: « Qui est ton ennemi, pour que tu doives l’aimer ? Est-ce une créature ou une chose en dehors de ta propre création ? » Écrits divers, p. 8.
Les ennemis que nous nous sommes faits, nous pouvons certainement les défaire, et ce, de la façon la plus rapide: par la compréhension et la pratique de l’amour du Christ.
Il y a quelque temps, j’ai eu le sentiment qu’un collègue, pour lequel j’avais un grand respect et dont je plaçais très haut la confiance, m’avait causé de graves torts. Les raisons en apparence valables pour lesquelles il m’avait décoché une diatribe semblaient suffisamment nombreuses: la chaleur caniculaire, les tensions et les pressions du moment, des conflits de personnalité, des malentendus. Mais sur le coup, j’étais blessé.
Il était facile d’aimer cette personne, mais non ce déchaînement, et le discernement de ses caractéristiques positives et bonnes en était rendu difficile. Comment pouvais-je tolérer ce comportement sans recevoir des excuses — ou du moins, sans qu’on discute la question?
Dans son remarquable essai « Aimez vos ennemis » (déjà cité plus haut), Mary Baker Eddy fait un certain nombre de recommandations qui, depuis un certain temps déjà, m’avaient profondément impressionné et touché. Deux d’entre elles, étudiées à cette époque, guérirent presque instantanément le ressentiment, la colère, la dépression et la propre justification qui avaient revendiqué une place dans ma pensée, et me libérèrent du fardeau du manque de confiance en moi-même et d’un faux sens de responsabilité.
Voici ces deux recommandations: « Si l’on vous a causé de graves torts, pardonnez et oubliez » et: « Ne rendez jamais le mal pour le mal. »
Voici la citation complète: « Si l’on vous a causé de graves torts, pardonnez et oubliez: Dieu compensera cette injustice et punira plus sévèrement que vous ne le pourriez celui qui s’est efforcé de vous nuire. Ne rendez jamais le mal pour le mal, et, par-dessus tout, ne vous imaginez pas que l'on vous a fait tort alors qu’il n’en est rien. » Ibid., p. 12.
Aucune équivoque ici! « Jamais » est-il dit. Et la première phrase ne suggère pas qu’il est « habituellement » bon de pardonner et d’oublier. Il me fallait accepter, absorber totalement, la vérité simple que les pensées — les pensées spirituelles, d’inspiration divine — sont excessivement plus importantes et plus puissantes que les mots et peuvent totalement transformer des situations apparemment déplaisantes.
Ce fut pour moi une prière de guérison. Ce fut une reconnaissance spirituelle, et jusqu’à un certain point, la compréhension que chaque idée de l’unique Entendement, Dieu, est en harmonie avec toutes les autres et que si l’on acceptait ce fait au lieu des suggestions de conflit, d’inimitié ou de tensions parmi les hommes, les situations apparemment discordantes pourraient être changées.
Et ce fut le cas. Sans que moi-même ou l’autre personne ait dit quoi que ce soit, la confiance et le respect mutuels redevinrent ce qu’ils étaient auparavant (ou meilleurs) du jour au lendemain. Il n’a jamais été admis que j’avais « raison », ni d’ailleurs que l’autre personne avait raison. Et je découvris avec plaisir que cela n’avait pour moi aucune importance.
Personne ne peut aimer la laideur, la laideur, la crainte, la malveillance, et personne ne le doit. Ce que nous pouvons vraiment faire, par contre, c'est voir tout être, que ce soit des proches ou de prétendus adversaires, comme l'homme de Dieu et donc beau, pur, courageux, aimant. Nous pouvons tous aimer l'enfant de Dieu, et lorsque nous nous efforçons diligemment de voir les autres de cette façon et que nous acceptons sincèrement leur identité réelle, nous parvenons à la solution de toute difficulté dans nos relations avec autrui.
Cette méthode est aussi valable et efficace pour les rapports entre comités, entreprises ou nations (même si ceux-ci peuvent sembler tout à fait antagonistes) que pour les relations entre personnes. D'un point de vue chrétiennement scientifique, elle est à la fois logique et pratique. Puisque l'Amour divin est effectivement le pouvoir directeur, comprendre qu'il en est ainsi et le maintenir dans la pensée peut nous aider à aimer vraiment notre prochain (toute l'humanité) de la façon la plus bénéfique pour nous et pour lui, et la plus propre à résoudre les conflits.