Tandis que selon l'histore mortelle, les années s'égrènent, il est bon parfois de voir où nous en sommes sur la question du vieillissement. La recommandation de Mary Baker Eddy, « Ne faites jamais mention de l'âge » Science et Santé, p. 246., est familière à beaucoup de Scientistes Chrétiens. Pour y obéir strictement, certains d'entre nous ont abandonné les anniversaires. Peut-être nions-nous les croyances à la vieillesse dans nos prières chaque matin. Nous nous déclarons créés à la ressemblance de Dieu, qui est la Vie éternelle, et acceptons que notre force, notre spontanéité et notre vitalité demeurent intactes en l'Esprit.
Mais que faisons-nous en ce qui concerne l'âge de notre église?
Songeant à notre église filiale ou à celle d'une localité proche, voyons-nous des signes généralement associés à la vieillesse: apathie, abandon des principales activités de la vie, impression d'être déphasés par rapport aux problèmes des jeunes, perte de vitalité et d'enthousiasme, tendance à justifier le déclin et à s'y résigner, tendance à considérer avec nostalgie l'ancienne activité au lieu de s'efforcer de progresser aujourd'hui? Tous ces états de pensée négatifs relèvent de la croyance que l'église est une institution mortelle vieillissante qui a un commencement, un milieu et une fin. Dans le livre de l'Apocalypse, nous trouvons cette mise en garde très actuelle adressée à l'église de Sardes: « Je connais tes œuvres. Je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort. Sois vigilant, et affermis le reste qui est près de mourir. » Apoc. 3:1, 2. C'est là un défi que doit relever aujourd'hui toute église tentée d'accepter des suggestions de déclin.
Parfois, le membre d'église dont la famille a pratiqué la Science Chrétienne depuis des générations peut se laisser aller à penser que cette Science est chose établie, alors que celui qui n'en sait pas grand-chose la classera une fois pour toutes religion dépassée du XIXe siècle. Mais la Science est tout aussi moderne et révolutionnaire que lorsque Mary Baker Eddy en publia la découverte dans Science et Santé en 1875, suscitant l'intérêt d'un grand nombre de penseurs, et même qu'au temps de Christ Jésus, il y a deux mille ans, lorsque ce dernier secoua les stéréotypes de l'ancienne théologie.
En tant que membres d'église, nous devons réexaminer ce que nous pensons vraiment de nous-mêmes et de notre religion. Est-ce qu'il nous semble parfois que nous-mêmes ou d'autres membres de l'église sommes un peu dépassés? Il ne le faut pas. Pour nous, étudiants de la Science qui recule les frontières de la pensée moderne bien au-delà de l'informatique jusqu'à la compréhension de la réalité spirituelle, rien ne justifie un penser désuet, et comme Scientistes Chrétiens d'aujourd'hui, nous n'avons pas d'excuses à présenter. L'impact révolutionnaire de la Science Chrétienne ne saurait être éclipsé ni par les développements rapides de la technologie matérielle ni par l'intérêt croissant que suscite la parapsychologie. La Science offre d'immenses horizons à tout explorateur moderne en quête d'un défi qui pourrait aider à transformer spirituellement le monde où nous vivons.
Mais comment attirerons-nous cet état d'esprit explorateur et inquisiteur, que l'on associe généralement à la jeunesse, dans des églises qui semblent somnoler sous la croyance à l'âge? En reconnaissant la Science Chrétienne pour la force révolutionnaire qu'elle est vraiment et en lui permettant de nous éveiller à un amour plus actif pour Dieu et l'homme, en abandonnant un mode de vie égocentrique et en donnant à nos pensées une impulsion qui les conduira au-delà des limites de la matérialité jusqu'à la nouvelle dimension de la réalité spirituelle.
Dans notre prière spécifique pour contrecarrer les croyances à l'âge, il est bon de veiller à certaines tendances: égoïsme, récrimination, routine étroite, opinions humaines l'emportant sur l'amour spirituel et la sagesse, tout cela relève de la matérialité, non de la spiritualité. Dans la mesure où nous laissons de telles attitudes de pensée s'insinuer dans le travail d'église, nos églises prennent de l'âge, le progrès perd son élan et ceux qui cherchent la guérison partent, la cherchant ailleurs. On n'arrivera jamais à renverser cette tendance négative simplement en remplissant les églises de « jeunes » mortels, qui un jour à leur tour deviendront de « vieux » mortels, mais en se détournant de la mortalité — jeune ou vieille — et en voyant bien que l'église inclut les qualités éternelles de l'Esprit. Il nous faut mieux comprendre la définition de l'« Église » que donne Mary Baker Eddy: « La structure de la Vérité et de l'Amour; tout ce qui repose sur le Principe divin et en procède.
« L'Église est cette institution qui donne la preuve de son utilité et qui, ainsi qu'on le constate, ennoblit la race, réveille des croyances matérielles la compréhension endormie en l'amenant jusqu'à la perception des idées spirituelles et à la démonstration de la Science divine, chassant ainsi les démons, l'erreur, et guérissant les malades. » Science et Santé, p. 583.
Selon la croyance générale, le processus de vieillissement survient à pas lents, année après année, et ne peut être évité, mais Science et Santé fait état d'un processus inverse. On y lit ceci: « Lorsque vous dépassez l'ancien vous ne devriez pas craindre de revêtir le nouveau. » Ibid., p. 452. Songez à ce que cela signifie réellement! Nous dépassons l'ancien au lieu de le devenir! C'est là la seule direction logique de la croissance. Avec une expérience toujours plus grande du travail d'église, nous pouvons apprendre à exprimer l'amour qui élimine les dissensions, l'humilité qui nous évite d'imposer à autrui nos opinions humaines, l'inspiration qui remplace la routine, la gratitude qui impose silence aux réclamations. Ces leçons éternelles peuvent permettre à l'église d'échapper à l'apathie et d'atteindre la croissance illimitée de l'être qui ne connaît pas d'âge.
Chaque membre peut contribuer à ce travail. Votre apport peut être d'une grande valeur même si vous êtes seul dans votre église à comprendre le besoin d'une fidélité plus active aux enseignements du Christ, la Vérité. Votre aide désintéressée, votre mode de vie chrétien, votre amour fraternel et vos œuvres de guérison peuvent aider l'église à rajeunir et promouvoir la Cause de la Science Chrétienne. A propos de l'importance de chacun d'entre nous, Mary Baker Eddy écrit dans Pulpit and Press: « Une seule goutte d'eau peut contribuer à cacher les étoiles ou à couronner l'arbre de bourgeons. » Pulpit and Press, p. 4.
Si quelque activité d'église semble un désert aride, ne nous contentons pas de verser un « goutte d'eau » timide au lieu du flot d'amour qui renouvelle toutes choses. Que la douce pluie de notre amour, plutôt que la critique, descende sur ceux qui semblent somnoler devant l'autel, comme aussi sur les nouveaux venus qui recherchent pour la première fois le toucher guérisseur du Christ.
A l'église ou ailleurs, si notre vie se conforme davantage à la nature du Christ — si nous abandonnons la critique et l'égocentrisme en faveur de l'aventure désintéressée qui consiste à aimer notre prochain et à guérir comme l'enseignait Christ Jésus — nous verrons inévitablement plus de chercheurs répondre avec enthousiasme à l'appel de la vie spirituelle. Mais si nous nous contentons de cheminer avec complaisance, nous arrêtant à l'occasion pour quelques instants d'inspiration avant de reprendre notre routine, il ne faut pas nous étonner si nos voisins trouvent nos églises moins attrayantes que le dernier film de science-fiction. Tandis que nous vivons chaque jour au premier rang de l'exploration chrétiennement scientifique, démontrant la vérité qui brise les limitations mortelles et révèle des capacités et une liberté accrues pour l'humanité, nos églises manifesteront l'esprit vivant du progrès qui ne dépend pas de l'âge. Voilà le moyen pour une église de relever le défi du message que saint Jean adresse à Sardes: « Affermis le reste. »
Certains, peut-être, entendant parler de la Science Chrétienne en tant que révélation « finale » de la Vérité ou en tant qu'une révélation « complète », croient que cela signifie la fin de l'aventure et qu'il n'y a pas d'autres occasions de recherche scientifique en ce domaine. Il n'en est rien. Assurément la découverte de la Science Chrétienne est un fait accompli; le complet exposé du Principe a été fait; mais il faut encore arriver à la démonstration totale de cette Science et cet objectif offre de multiples occasions à celui qui cherche à l'atteindre. Abordons ce travail dans nos églises avec une vitalité dont la source permanente provient de la Vie inextinguible. Cette activité libère non seulement nos églises d'antiques croyances au vieillissement et de cycles de croissance et de déclin, mais elle apporte aussi plénitude et inspiration dans la vie de chaque membre et de chaque chercheur qui entre dans notre église.