La théorie selon laquelle les normes morales ne seraient qu’une construction de l’esprit humain, constitue l’une des tromperies qui démoralisent l’humanité. La recherche sociologique a encouragé cette approche. Différents cultures ont donné naissance à différents concepts de la morale. C’est pourquoi bien des gens en ont conclu que les normes de la morale ne sont qu’une simple codification de coutumes, traditions et croyances collectives humaines.
Ce genre de raisonnement, dans l’atmosphère de la pensée contemporaine, a porté à encourager l’abandon des normes établies de ce qui est moral et de ce qui ne l’est pas. D’aucuns prétendent que si un code de morale ne représente que l’opinion d’un groupe, il variera en fonction de l’opinion. Il se peut, pour une génération nouvelle, que la répudiation de ce code se justifie. D’autres vont plus loin et adoptent la position philosophique suivante: chacun devrait fixer ses normes du bien et du mal selon ce qui le satisfait personnellement. Pareil raisonnement nous a valu la « nouvelle moralité » qui brille surtout par sa permissivité.
Il n’en reste pas moins que la crise morale de notre époque soulève une question valable. Si la tradition, la coutume et la psychologie n’offrent pas un fondement stable à un système de morale, sur quelle assise solide pourrait donc s’étayer la moralité ?
La Science ChrétienneChristian Science: Prononcer ’kristienn ’saïennce. jette une lumière nouvelle sur le sujet. Elle révèle une dimension plus profonde et montre que la vraie base des normes morales est non humaine, mais divine. Et pourtant elle diffère essentiellement de la théologie traditionnelle selon laquelle Dieu a connaissance du monde physique et communique des instructions détaillées quant à la conduite des humains.
En Science, nous avons toujours comme point de départ: Dieu parfait et homme parfait, la réalité absolue de l’être. L’homme est l’image de l’Entendement parfait. Cette image est le seul homme réel et elle inclut la véritable identité de chacun de nous. L’homme réel est spirituel, pur, impeccable, satisfait, complet; il exprime le Principe invariable et se distingue par une intégrité absolue et par son adhésion à la loi spirituelle.
Aux pages 115 et 116 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, figure la « Traduction Scientifique de l’Entendement Mortel »; sous l’intertitre « Troisième Degré: Compréhension » Mary Baker Eddy, la Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, énumère quelques-unes des qualités divines qui caractérisent l’homme réel: « Spirituel. Sagesse, pureté, compréhension spirituelle, pouvoir spirituel, amour, santé, sainteté. »
Il vaut d’être noté que ce paragraphe a pour rubrique marginale « Réalité », et que Mrs. Eddy ajoute: « Au troisième degré l’entendement mortel disparaît et l’homme en tant qu’image de Dieu apparaît. »
La contrefaçon ou opposé de cet homme réel — c’est-à-dire la vision imaginaire et sens dessus dessous que l’entendement mortel entretient — est un concept représentant l’homme comme étant physique, faible, corrompu, la proie des appétits, essentiellement matériel et amoral, pécheur de toute éternité et promis à la mort.
Sous la rubrique « Premier Degré: Dépravation » de la « Traduction Scientifique » en question, nous trouvons un résumé de ce concept opposé: « Physique. Mauvaises croyances, passions et appétits, crainte, volonté dépravée, propre-justification, orgueil, envie, tromperie, haine, vengeance, péché, maladie, infirmités, mort. »
Cette contrefaçon, cet entendement ainsi dépeint est absolument négatif. La rubrique marginale, c’est significatif, se lit: « Irréalité ».
Maintenant, il est clair que comme l’être humain individuel n’est ni tout bien ni tout mal, il se situe quelque part entre les deux. C’est comme si la conscience humaine consistait en un amalgame fait de certaines pensées reflétant plus ou moins faiblement la nature du bien divin, d’autres se révélant erronées et mortelles mais toutefois sous le masque du bien, et enfin d’autres encore manifestant visiblement le « Premier Degré: Dépravation ». La conscience humaine est apparemment une mixture d’éléments bons et mauvais.
Christ Jésus nous a laissé la parabole de l’ivraie et du froment qui peut s’interpréter comme une illustration de la nature dualiste du moi humain. A l’époque de la récolte, on brûlera l’ivraie — la réduisant à néant — tandis qu’on engrangera le froment. Ne saurait-on voir dans la moisson le type même de la venue de la Science du Christ qui sépare dans la pensée le froment de l’ivraie et épure la conscience humaine ?
On pourrait comparer la conscience humaine à une chambre dont les fenêtres, à l’aube, ne laissent passer que peu de lumière. A première vue on tendrait à croire qu’il s’agit d’une chambre nettement obscure; mais en fait il ne s’agit que de rais de soleil y pénétrant, et de l’obscurité cédant peu à peu à la lumière plus brillante. Paul se réfère à cette transformation de la conscience lorsqu’il dit: « Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière ! » Éph. 5:8;
Encore un exemple pour élucider la question. Imaginons que vous mélangiez du sel et du poivre finement moulus. A l’œil, on croirait qu’il y a là quelque substance grise. Mais si on la fait passer au microscope, on verra qu’il s’agit en fait de particules blanches et noires demeurant absolument distinctes. Elles sont côte à côte, mais ne se fondent pas réellement.
Il en va de même du moi humain. En apparence, c’est une identité consciente faite de bons et de mauvais éléments. Pour le sens humain ces éléments contrastants de la pensée semblent inextricablement mêlés.
Mais si sous la lentille de la Science on examine cette apparente identité, on arrive à une image toute différente. La Science nous permet d’analyser, de disséquer les pensées — de séparer la fable et le fait, l’ivraie et le froment, la vérité et l’erreur, le mal et le bien. Elle met en lumière la ligne de démarcation séparant la Vérité et l’erreur, et montre qu’elles ne fusionnent jamais en réalité. Percevant plus clairement cette ligne de démarcation, nous apprenons à rejeter les pensées de l’entendement mortel et à accepter celles à travers lesquelles brille le Divin. Voilà qui nous procure l’aune à laquelle mesurer les mobiles, les attitudes, les désirs et les impulsions.
Tout au long de ses écrits Mrs. Eddy souligne le fait que, grâce à la Science, chacun est à même d’entretenir des pensées pures lui venant de Dieu, des pensées saintes, absolues, scientifiques; à même d’apprendre à comprendre Dieu et à découvrir peu à peu en soi-même le royaume des cieux. Toutefois elle déclare explicitement aussi que la pensée humaine non éclairée par la Vérité, exprime plus ou moins la dépravation de l’entendement mortel.
Sous le microscope de la Science nous voyons qu’en fait les mauvais éléments de la conscience humaine sont absolument irréels. Ils sont comme l’obscurité d’une pièce dans la pénombre: insubstantiels, c’est-à-dire sans substance ou réalité ou identité, et à mesure que la lumière s’intensifie, réduits à néant. La Science révèle qu’en fait, seul l’élément divin du moi humain est réel. A mesure que cette vérité illumine notre compréhension, le point de vue qui tient l’homme pour physique et mortel disparaît peu à peu et nous voyons de plus en plus clairement que l’homme est véritablement l’idée spirituelle de Dieu, fait à Sa ressemblance.
L’explication ci-dessus a un rapport direct avec les questions de moralité. La Science enseigne que des qualités morales telles que l’honnêteté, la compassion, la droiture attestent jusqu’à un certain point la divine lumière qui luit. Mrs. Eddy reprend un certain nombre de ces qualités morales, dans la partie intitulée « Deuxième Degré: Mauvaises croyances en voie de disparaître » de la « Traduction Scientifique de l’Entendement Mortel » que nous avons déjà mentionnée: « Moral. Humanité, honnêteté, affection, compassion, espérance, foi, humilité, tempérance. » Et la rubrique marginale les appelle: « Qualités de transition ».
Le bien qu’expriment les pensées et les actes moraux, semble selon le sens humain quelque peu limité et imparfait; il semble aussi avoir une origine humaine. Comme le dit Paul: « Nous voyons comme dans un miroir, confusément. » I Cor. 13:12 (version synodale) ; Mais, tandis que notre compréhension spirituelle se développe, nous percevons de plus en plus clairement que la lumière réfléchie en de bonnes pensées, tire son origine de Dieu.
Chaque atome de bonté, de substance et de vérité authentiques composant les qualités morales, a sa source en Dieu, car Dieu est l’unique source du bien. L’honnêteté exprime, à la mesure de sa pureté, l’intégrité absolue de l’homme en tant que fils de Dieu. La sollicitude, la compassion et l’affection désintéressée brillent, en fonction de leur véritable bonté, de la lumière de l’Amour divin. A mesure que l’instinct animal cède à l’affection spirituelle, la moralité sexuelle témoigne de la pureté absolue et de la plénitude de l’homme reflétant l’Ame.
Et ainsi la Science révèle que le fondement de la moralité est divin, et non humain. Nous éliminons le moi mortel et faisons ressortir l’homme réel lorsque nous exprimons des qualités de pensée morales et spirituelles. Chacun, selon le degré de sa moralité, est à même de progresser en compréhension spirituelle et de mettre de mieux en mieux en valeur ce qu’il est, qui il est réellement en tant qu’image de Dieu. C’est pourquoi, en vue de croître spirituellement, une morale saine est essentielle.
Mais comment tout cela s’applique-t-il à des questions morales spécifiques ? Dans une situation humaine complexe, comment peut-on savoir ce qui est moralement juste ? Plus nous percevons clairement le rapport existant entre les qualités morales et leur base spirituelle, absolue — en acceptant cette base — plus il nous deviendra aisé de voir clairement ce qu’il est juste de faire.
Les situations humaines veulent souvent que de deux maux, nous choisissions le moindre, et c’est là quelque chose qui exige de la sagesse. Toutefois la Science enseigne qu’il nous est loisible de demander à Dieu la sagesse et de la recevoir. Nous pouvons examiner nos pensées, nos mobiles. Nous pouvons écouter la voix de la conscience. Nous pouvons éclairer notre sens de la ligne de démarcation séparant la Vérité de l’erreur.
Des questions telles que celles qui suivent, peuvent nous servir de directives certaines en matière de problèmes de moralité: Nos désirs tendent-ils à la domination spirituelle ou visent-ils plutôt à nous assujettir au physique ? Nos pensées engendrent-elles l’affection spirituelle pour Dieu et l’homme, ou produisent-elles plutôt l’égoïsme et l’idolâtrie ? Quelle route suivons-nous ? La raison de l’amour que nous portons à un autre s’appuiet-elle sur les choses de l’Esprit, les exprime-t-elle ? Telle impulsion à laquelle nous cédons va-t-elle nous rapprocher du Principe, de l’Esprit, de la Vérité et de l’Amour — ou bien nous mène-t-elle à la matière et va-t-elle nous mettre en désaccord avec Dieu ? Faisons-nous totalement preuve d’honnêteté vis-à-vis de nous-mêmes ? Quel concept de l’homme est le nôtre ?
Christ Jésus a souligné l’importance d’examiner et de corriger nos pensées. Il dit par exemple: « Je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. » Matth. 5:28; Sans aucun doute, la chasteté et la fidélité aux liens du mariage avec leur accent sur les obligations constantes qu’il comporte, sur la permanence de l’affection, la fusion de qualités nobles et la stabilité sociale, tout cela est infiniment plus valable que des rapports sexuels entre gens qui ne sont pas légitimement unis.
Il faut remarquer que le point de vue sur la morale adopté au début de cet article, s’appuie sur un concept de l’homme en tant qu’organisme physique, en tant qu’être biologique né dans la matière. Mais la compréhension de la moralité, que fournit la Science, relève de la vérité absolue quant à l’homme en tant que ressemblance spirituelle et parfaite de Dieu; elle inclut et exige une démonstration pratique, accomplie pas à pas, parce que tel est le plan de salut que nous offre le Christ.
Une des justes raisons d’appeler la Bible « la carte de la vie », est le fait que ses pages pleines d’inspiration répondent à toutes questions de moralité en montrant le rapport existant entre la vérité absolue et l’existence humaine. Après avoir communié avec Dieu sur le mont Sinaï, Moïse, par exemple, donna à son peuple des règles de conduite spécifiques. Bon nombre de ces règlements se rapportaient minutieusement aux besoins particuliers des enfants d’Israël et à la structure de leur société. Toutefois leur base, c’était les Dix Commandements où Moïse avait enchâssé des canons de moralité demeurés aussi solides aujourd’hui qu’à l’époque — commandements que relient tous entre eux un fondement d’amour envers un seul Dieu, d’amour envers l’homme, aussi bien qu’une mise en garde contre l’idolâtrie, le manque de foi, le vol, le meurtre, le mensonge, l’adultère, etc.
C’est dans le Nouveau Testament que l’exposé de ce qu’est la rectitude morale atteint son apogée — c’est-à-dire dans le Sermon sur la montagne, les paraboles et autres enseignements de Jésus, ainsi que dans les claires explications que fournissent les écrivains du Nouveau Testament. Celui qui travaille avec les Écritures et avec les ouvrages de Mrs. Eddy, a tout ce qui lui est nécessaire pour purifier ses mobiles et sa pensée, pour régénérer son caractère, pour se fixer des objectifs spirituels à atteindre et pour arriver à de justes décisions. La Science enseigne comment travailler à partir de la vérité absolue concernant la perfection spirituelle de l’homme, en vue de démontrer peu à peu un sens moral plus élevé.
Nous serons divinement guidés dans les voies adéquates si nous nous hâtons vraiment vers le but de la spiritualité. Combien doux est l’appel que nous adresse un esprit de rectitude morale, comparé à la discorde, la honte, la malhonnêteté, la dissimulation et même la défaite ultime qu’apporte une conduite immorale ! Et voici, en termes bien sentis, comment Mrs. Eddy dépeint le droit chemin: « C’est la spiritualisation de la pensée et la christianisation de la vie journalière, en contraste avec les résultats de l’horrible comédie de l’existence matérielle; c’est la chasteté et la pureté, en contraste avec les tendances inférieures et l’attirance terrestre du sensualisme et de l’impureté, qui témoignent réellement de l’origine divine et de l’opération de la Science Chrétienne. » Science et Santé, p. 272.