Selon la croyance humaine, le temps se diviserait en trois parties: ce qui fut, ce qui est, ce qui sera. L'humanité se trouverait ainsi sur la crête d'une vague qu'on nomme l'instant actuel et qu'on suppose être la division entre le passé et l'avenir. De là, nous sommes enclins à jeter nos regards soit en avant soit en arrière. Si nous regardons en arrière, nous revoyons des expériences bonnes ou mauvaises, des joies et des peines, des périodes de maladie ou de santé; si nous nous tournons vers l'avenir, nos regards anxieux scrutent des mers inconnues où nous croyons devoir rencontrer des périls, des craintes, des espoirs, des doutes, des victoires et des défaites.
La Science Chrétienne maintient que l'habitude de regarder sans cesse soit en avant soit en arrière n'aide point à résoudre les problèmes individuels ou collectifs. Si nos yeux se fixent sur les fautes du passé, nous nous lions apparemment à ces erreurs au lieu de nous en libérer. En regardant trop ce que la pensée mortelle nomme l'avenir, nous risquons de perdre le sens du bien présent dont nous retardons ainsi continuellement la réalisation. Mrs. Eddy a écrit (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 12): « Nous ne possédons ni passé, ni avenir, nous ne possédons que maintenant; » et en étudiant cette affirmation, nous commençons à voir que les seules choses réellement importantes sont celles qui nous appartiennent parce que nous sommes les héritiers de Dieu, du bien.
En poursuivant notre voyage, nous devrions laisser disparaître la croyance à un sens de douleur ou de faux plaisir se rattachant au passé. Ici ce que Paul écrivait aux chrétiens de Philippes peut nous être fort utile. Voici sa règle de conduite: « Je fais une chose: oubliant ce qui est derrière moi..., je cours vers le but, pour obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. » Notre attitude à l'égard du passé exerce une influence sur le moment actuel, et la manière dont nous agissons maintenant affectera notre attitude vis-à-vis des conditions futures. Il est donc évident que si nous voulons bien préparer l'avenir, il nous faut consacrer tous nos soins au présent.
Les problèmes économiques et la question des ressources tiennent une grande place dans la pensée du genre humain. Si nous avons recours à la Bible, nous constatons que dans son admirable sermon sur la montagne, Jésus montra clairement que l'attitude mentale correcte consiste à ne pas se mettre en souci pour le lendemain; et Mrs. Eddy donne des directions analogues lorsqu'elle écrit (Miscellaneous Writings, p. 307): « Ne demandez jamais en vue du lendemain: il suffit que l'Amour divin soit une aide toujours présente; et si vous savez attendre, sans jamais douter, vous aurez à chaque instant tout ce qu'il vous faut. » Pour ceux qui s'efforcent constamment de refléter toujours davantage la Vérité et d'appliquer la règle de l'Amour dans leurs rapports avec leurs frères, chaque nouvelle journée apporte une révélation plus complète du bien.
Le Scientiste Chrétien qui s'attache au Principe et se laisse gouverner par lui bâtit sur les fondements de la Vérité divine contre lesquels le temps et ses orages se déchaînent en vain. Au lieu d'être ballotté sur les flots d'une mer en fureur — les éléments du prétendu entendement mortel — il trouve la sécurité dans la conscience du fait que Dieu, le seul Entendement, l'unique pouvoir, est toujours présent. Du reste, cette assurance de protection et de sécurité n'est pas exclusivement pour lui: semblable au phare que l'on a soin d'entretenir et qui projette au loin ses rayons pour guider et réconforter les navigateurs voguant sur une mer agitée, il exprime tant de paix et d'amour, fruits d'un cœur intelligent, que ceux sur lesquels reposent ses pensées peuvent en éprouver les bienfaits. L'infinité de Dieu, du bien, exclut la possibilité d'une réalité quelconque dans le mal; et si notre passé semble avoir inclus du mal, il ne s'agissait point d'un fait mais d'un faux sens — d'un manque de compréhension touchant la réalité.
Chacun de nous peut donc abandonner avec joie tous les souvenirs d'un passé malheureux qui doit disparaître dans la brume des fausses croyances; alors il saisira le « maintenant, » « réglera ses comptes avec chacune des heures qui passent » (Message to The Mother Church for 1902, p. 17), et marchera vers un sens plus complet de la domination que l'homme a reçue de Dieu.