Le garçon présentait les symptômes d’un trouble neurologique. Son père cherchait une méthode de guérison dont il avait entendu dire qu’elle était efficace. Mais lorsque le traitement échoua, il eut le cœur brisé. Il se demandait comment cela était possible. Pourtant, sans se décourager, il alla trouver celui qui était à l’origine de ce système de traitement mental. Après un bref échange entre eux, l’homme constata avec joie que son fils était guéri.
Cette histoire paraîtra familière à ceux qui connaissent la Bible. On la trouve dans l’Evangile selon Matthieu. Un homme alla voir les disciples de Jésus pour qu’ils guérissent son fils qui était épileptique. Mais comme ils ne purent lui apporter aucune aide, il s’adressa directement à Jésus, qui accomplit la guérison (voir 17:14-21)
Je pense souvent à ces disciples avec compassion, car ils ont dû vivre un moment très difficile. Il ne leur fut certainement pas facile de voir ce père, qui avait tant compté sur leur aide, se désespérer de ce que le garçon n’allait pas mieux. Peut-être connurent-ils ce qu’on appelle aujourd’hui le « syndrome de l’imposteur », un état mental vécu par ceux qui doutent de leurs capacités ou de leurs succès, et qui craignent en eux-mêmes d’être des imposteurs.
Plus tôt dans le même chapitre de Matthieu, il est question de trois disciples qui assistèrent à la transfiguration de Jésus, sans savoir que penser ni comment réagir. Pierre proposa finalement d’aménager trois lieux de culte à cet endroit, mais les trois disciples entendirent Dieu leur dire en substance : « Taisez-vous maintenant, et écoutez. » Tombant le visage contre terre, nul doute qu’ils se sentirent bien humbles.
En redescendant de la montagne avec Jésus, ils apprirent que les autres disciples n’avaient pas réussi à guérir un enfant épileptique. Cette nouvelle preuve de leur incapacité à comprendre les enseignements de Jésus dut susciter en eux une terrible perte de confiance ! Mais heureusement, au lieu de se laisser arrêter par le découragement, ils allèrent demander à Jésus ce qu’ils n’avaient pas fait correctement. Ils étaient mus par le désir sincère de surmonter leur manque de confiance et d’acquérir la capacité de guérir qu’avait leur Maître.
Dans notre pratique de la guérison, il arrive que nous ayons à appliquer la Science du christianisme dans une situation difficile, sans voir les résultats espérés. En pareil cas, il est facile de se sentir incompétent, découragé ou d’avoir l’impression d’être un imposteur. On peut se demander si l’on est capable de comprendre suffisamment le Principe divin de la guérison pour le démontrer, ou si l’on ne devrait pas se retirer du cas pour ne pas risquer de décevoir quelqu’un, comme cela arriva aux disciples.
La peur d’être un imposteur sur le plan spirituel trouve son origine dans l’entendement charnel (un état mental susceptible de croire à un pouvoir et à une réalité en dehors de Dieu), lequel s’oppose à l’Entendement divin, Dieu. L’entendement charnel voudrait prétendre marginaliser le Christ, le message de la Vérité et de l’Amour, et son pouvoir de guérir. Lorsque cette mentalité matérielle mortelle se présente au seuil de notre conscience, suggérant que nous sommes incapables d’accomplir la puissante œuvre de guérison dont Jésus nous a chargés, nous pouvons suivre l’exemple des disciples et trouver le courage, la force et l’inspiration dans la Parole de Dieu.
Nous sommes des exécutants de la guérison chrétienne authentique.
Dans le Nouveau Testament, le livre des Actes des apôtres relate que lorsque les disciples n’avaient plus leur Maître pour les guider, ils priaient pour se sentir audacieux – pour avoir l’audace de se montrer dignes et capables de faire ce que Christ Jésus attendait d’eux et leur avait appris. Leur détermination fut mise à l’épreuve face à l’hostilité des anciens et des non-croyants, mais forts de ce qu’ils savaient désormais, ils refusèrent de se laisser réduire au silence. Non seulement ils annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse, mais ils guérissaient également avec puissance et grâce, car le Saint-Esprit était sur eux (voir Actes des apôtres, chap. 4).
Ceux qui étudient la Science du Christ peuvent prier pour avoir cette hardiesse, et comprendre qu’ils sont, eux aussi, dotés de la puissance et de la grâce du Christ, qui leur permet de guérir, ainsi que notre Maître le promit. Le Saint-Esprit repose sur nous, comme il était sur les disciples au premier siècle de l’ère chrétienne, permettant à tous ceux qui aiment et comprennent Dieu et Christ Jésus de rendre témoignage au pouvoir guérisseur de la Vérité.
Il y a quelque temps, une amie m’a appelée à cause d’une douleur intense, qui l’avait réveillée dans la nuit et était toujours présente aux premières heures du matin. Elle me demandait de bien vouloir prier pour elle. J’ai tout de suite accepté. Me tournant vers Dieu, le Principe divin, j’ai reconnu que l’Amour divin n’avait jamais été à l’origine de cet état, et que par conséquent ce dernier ne pouvait s’imposer comme une réalité ni se prolonger.
L’espace d’une seconde, cette peur m’a effleurée : « Es-tu capable de l’aider ou es-tu un imposteur ? » Mais juste après ce faux-fuyant, j’ai entendu en moi ce message puissant venant de Dieu : « Ce mensonge n’est pas destiné à te donner le sentiment d’être un imposteur, mais il voudrait faire de la Vérité, du Christ, un imposteur. En fait, ce mensonge voudrait faire de Dieu un imposteur ! Il voudrait suggérer que Dieu n’est pas tout-puissant, qu’Il n’est pas capable d’assurer la sécurité et le bien-être de Ses enfants. Il voudrait suggérer que Dieu n’est pas toute bonté et qu’on ne peut pas compter sur Lui dans les moments d’angoisse. »
Enhardie par ce message de la Vérité, j’ai surmonté la crainte qui voulait me freiner dans mon élan, et je me suis mise à prier comme je l’ai appris en étudiant la Science Chrétienne. D’abord, j’ai catégoriquement nié que cette personne puisse connaître quoi que ce soit en dehors du bien, de l’harmonie et de la santé, car Dieu, l’Esprit, a créé tout ce qui existe, et on ne peut donc rien connaître d’autre que la bonté, l’harmonie et la santé.
Ensuite, des affirmations de la vérité me sont venues à l’esprit : l’homme (c’est-à-dire, nous tous, hommes, femmes et enfants, dans notre identité spirituelle) a été créé à l’image de Dieu, et il est inséparable de Dieu, la Vie, l’Esprit. Cette personne n’était pas encline à accepter un rapport erroné du sens mortel, mais elle était maintenant et toujours à l’abri de toute propagande matérielle, elle ne pouvait ressentir que le message de paix et de bien-être du sens spirituel de l’Amour divin.
J’ai également lu lentement et posément la Leçon biblique de la semaine, indiquée dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne, affirmant tout particulièrement que chaque énoncé de vérité puisé dans la Bible et le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy, gouvernait maintenant même, dans cette situation. Le fait d’affirmer que ces énoncés spirituels de la réalité divine étaient assez puissants pour éliminer tout ce qui tentait de se manifester a été une source de réconfort et d’autorité.
Mon amie et moi avons continué de prier ainsi durant quelques heures. Et puis, au cours de l’après-midi, son état s’est amélioré. Le soir, elle n’avait plus rien. Elle se sentait bien et elle a retrouvé son activité normale. Nous nous sommes réjouies ensemble de cette preuve de la présence curative de la Vérité et de l’Amour, et du fait que nous pouvions faire appel en toute confiance à l’action efficace de la Vérité et à sa manifestation.
Soyons patients et bienveillants avec nous-mêmes lorsque nous traversons des moments de doute semblables au syndrome de l’imposteur. Avec plus d’audace, nous pouvons nous prouver à nous-mêmes qu’en tant qu’enfants de Dieu, nous ne sommes certainement pas des imposteurs, mais des exécutants de la guérison chrétienne authentique.
Ce renversement du témoignage du sens matériel et du doute de l’entendement mortel se poursuit. Peut-être nous faut-il les renverser souvent, voire tous les jours, mais nous pouvons le faire. Nous ne sommes pas des imposteurs lorsque nous mettons en pratique l’enseignement de Christ Jésus, car nous sommes alors remplis d’une « foi sincère », comme le formule saint Paul (I Timothée 1:5). Animés de cette foi sincère, nous sommes certains de la présence et du pouvoir de Dieu, et de la capacité qu’a l’humanité de prouver l’authenticité de cette foi et de cette mission, en tant que disciples des temps modernes.
Mary Baker Eddy écrit : « La vie de tous les réformateurs témoigne de l’authenticité de leur mission et appelle le monde à reconnaître son Principe divin. » (Ecrits divers 1883-1896, p. 98) Nous pouvons incarner cette authenticité spirituelle avec audace, et prouver sa réalité.