J'entendais l'autre jour, à la radio, une chanson qui posait cette question pleine de mélancolie et de déception, presque résignée à une réponse amèrement positive: « Et si le ciel était vide ? » Pour moi, qui étudie et pratique la Science Chrétienne depuis plus de quarante ans, je ne pouvais qu'opposer un refus mental énergique à cette supposition décourageante. Si, comme l'enseigne la Science Chrétienne, il n'existe rien qui ne soit pas déjà rempli par l'Amour divin infini, alors NON, le ciel n'est pas vide !
Bien entendu, je parle ici du ciel non pas comme de l'espace bleu au-dessus de nos têtes, mais comme d'un concept lié à notre compréhension de Dieu. La question du chanteur exprime la peur que de nombreuses personnes ressentent aujourd'hui, à savoir qu'il n'existerait finalement rien vers quoi se tourner pour trouver de l'aide. Elle traduit avec angoisse la possibilité que le ciel soit vide parce que Dieu ne s'y trouverait pas, parce que Dieu n'existerait pas. Mais à quel Dieu fait-on référence ? Pour résumer, un peu brièvement sans doute: s'agirait-il de l'aimable Barbu trônant sur un nuage et distribuant benoîtement des récompenses à ses adorateurs méritants ? Ou bien s'agirait-il d'un Tout-Puissant créateur, surveillant de loin des créatures capables de faire soit le bien soit le mal, voire plus encore le mal que le bien, et encourant ainsi Son terrible courroux ? Ce point de vue-là entraîna la réflexion ironique du cosmonaute russe Gagarine qui déclara à bord de son étroite capsule spatiale, tournant pour la première fois dans l'espace autour de la terre, qu'il constatait que, de toute évidence, Dieu ne se trouvait pas là ! De ce point de vue, certes, on peut dire que le ciel est vide...
Mais quand on se tourne vers la Bible, et plus précisément vers le Nouveau Testament, on y lit que Jésus définit avec précision que Dieu est Esprit et que l'homme est Son fils bien-aimé. Voici une claire perception de ce qu'est Dieu, perception bien différente des théologies courantes et qui élimine toute notion d'éloignement, de séparation entre Dieu et les hommes, qui efface tout sens physique ou limité de Dieu. Celui-ci ne se trouve pas dans une localité matérielle, mais remplit l'espace infini de l'Esprit et Il n'est pas non plus une personne ayant des caractéristiques humaines, mais l'Amour illimité toujours présent.
Au début de la Bible, il est écrit que la création divine est entièrement et uniquement spirituelle. Le premier chapitre de la Genèse, suivi du premier verset du chapitre 2, constitue l'exposé complet de cette création spirituelle, se terminant par cette remarque définitive: « Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et toute leur armée. » Curieusement, le récit recommence quelques lignes plus loin pour présenter une création totalement matérielle cette fois-ci, avec un homme tiré de la poussière, non sans avoir précisé tout de même qu' « une vapeur » s'était soudain élevée de la terre (voir Genèse 2:6). Cette vapeur ne symbolise-t-elle pas ce qui cache, ou en tout cas obscurcit dangereusement une compréhension, un discernement spirituels de la création, causant ainsi une confusion quant à la véritable nature d'une création parfaite et bonne, conçue et voulue par Dieu, l'Amour parfait, ayant les yeux « trop purs pour voir le mal » (voir Habacuc 1:13)?
Rien de surprenant alors que les gens ainsi éduqués puissent s'étonner, s'offusquer, se désespérer de la contradiction flagrante et insupportable entre le Dieu qui est Esprit, Amour, Vérité et intelligence infinie (présenté dans le premier récit de la création), et celui qui recommence ce qu'il aurait raté, qui se trompe, qui crée un homme matériel et mortel, un homme qui en aucun cas ne peut être « Son image et Sa ressemblance » ! En raison même de cela, il n'y a rien d'étonnant que certains puissent un jour, au comble du découragement engendré par cette contradiction, se poser la terrible question: « Et si le ciel était vide ? »
Mary Baker Eddy, découvreuse et fondatrice de la Science Chrétienne, donne cette définition du Ciel, à la page 587 de son livre Science et Santé avec la Clef des Écritures: « Harmonie; le règne de l'Esprit; gouvernement par le Principe divin; spiritualité; félicité; l'atmosphère de l'Âme. »
Avec une telle définition, nous sommes fort loin des croyances que d'aucuns entretiennent et qui présentent le ciel comme ce qui nous attendrait après la mort, si nous l'avons mérité par notre bonne conduite terrestre, un « endroit » où nous bénéficierions en particulier de la vie éternelle, de bienfaits infinis, de délices innombrables et où nous ne connaîtrions plus aucun souci.
L'auteur de la chanson mentionnée au début de cet article a, me semble-t-il, été conduit à poser sa triste question parce qu'il se réfère (même s'il n'y croit sans doute même pas, et même si sa question indique une véritable soif de vérité) à un concept décourageant décourageant du ciel, concept complètement transformé et élevé à lumière de ce qu'explique la Science Chrétienne.
Le Ciel, royaume de l'Amour infini et parfait, est partout et en tout, en cet instant et pour chacun de nous.
Pour les patriarches comme Abraham ou Noé, les prophètes comme Daniel, Élie ou Élisée, et plus tard pour Jésus, le ciel n'était certes pas vide. Il leur apparaissait réellement comme un état de pure conscience divine, dans lequel la nature parfaite de l'homme et de l'univers leur était dévoilée comme étant spirituelle et non pas matérielle, là où « la vraie conscience n'a connaissance que des choses de Dieu » (ibid., p. 276).
Voici donc la promesse merveilleuse que nous apporte la Science Chrétienne, telle que la formule Mary Baker Eddy: « Grâce à son discernement de l'opposé spirituel de la matérialité, voire le chemin par le Christ, la Vérité, l'homme rouvrira avec la clef de la Science divine les portes du Paradis que les croyances humaines ont fermées, et il se trouvera non déchu, mais droit, pur et libre, n'ayant pas besoin de consulter des almanachs pour y découvrir les probabilités concernant sa vie ou le temps, n'ayant pas besoin de se livrer à l'étude du cerveau pour apprendre jusqu'à quel point il est homme.
« L'empire de l'Entendement [Dieu] sur l'univers, y compris l'homme, n'est plus une question à débattre mais c'est la Science démontrable. » (ibid., p. 171)
Comprendre que le ciel n'est pas vide et qu'il n'est pas non plus une localité dans l'au-delà, mais un état de conscience que nous pouvons posséder maintenant même – état de conscience infiniment rempli d'évidences spirituelles et éternelles, voulues, entretenues et maintenues parfaites par Dieu apporte la guérison et la régénération. Le Ciel, royaume de l'Amour infini et parfait, est partout et en tout, en cet instant et pour chacun de nous.
