Ici, à Montréal, ville du Québec d'environ deux millions d'habitants, il y a des hommes et des femmes de toute race et de tout âge qui demandent de l'argent dans la rue, et ceci dans presque tous les quartiers de la ville. Un bon nombre de ces personnes sont polies, alors que d'autres peuvent se montrer assez tenaces. C'est un problème social qui existe dans bien des villes à travers le monde. Les passants sont parfois partagés quant à la meilleure façon de répondre à ces sollicitations, ou bien ils se sentent impuissants à aider ces personnes d'une manière significative. Devrait-on leur donner un peu d'argent par compassion ? Et si elles le dépensaient pour de l'alcool ou de la drogue? Ces personnes ne reçoivent-elles pas déjà l'aide du gouvernement ou de leur famille ? Que peut-on faire pour favoriser un véritable progrès ?
Les chercheurs qui ont étudié cette question ont découvert que, derrière ces mains tendues, il se cache souvent des besoins et des situations difficiles: itinérance, violence familiale, maladie mentale, analphabétisme, toxicomanies, infirmités, échec ou modèles de vie inadéquats.
Mes réflexions à ce sujet ainsi que mes conversations avec des personnes qui mendient m'ont amenée à penser que le plus utile à faire est de mieux comprendre leur valeur véritable. Grâce à mon étude de la Science Chrétienne, j'ai appris que Dieu est le Créateur, et qu'Il a créé chacun de nous avec une raison d'être unique et sacrée. Puisque nous sommes tous créés à l'image et à la ressemblance de Dieu (voir Genèse 1:26-28), chacun de nous reflète les qualités spirituelles et les capacités requises pour vivre pleinement cette raison d'être.
La Bible explique: « Il y a diversité de dons, mais le même Esprit; [...] diversité d'opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous. Or, à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune. » (I Corinthiens 12:4, 6, 7)
Plutôt que d'être partagée en décidant si je devrais ou non donner de l'argent aux personnes qui mendient, j'ai résolu que ce qui est réellement important c'est de les voir comme les voit Dieu, leur Créateur, l'Amour divin infini. Je peux reconnaître qu'à Ses yeux ces personnes sont complètes et intègres, et que tous leurs besoins sont comblés par le Père-Mère divin qui prend soin de nous tous, sans exception. Et je peux percevoir en chacun un enfant de Dieu, qui désire une vie meilleure et qui a la capacité de l'atteindre.
Si je me sens conduite à donner de l'argent à une personne dans la rue, j'aime affirmer silencieusement que l'Entendement divin va amener cette personne à dépenser cet argent d'une manière utile. Lorsque je ne donne pas d'argent, le simple fait d'offrir un sourire sincère et un chaleureux « bonjour » fait tomber les barrières et reçoit souvent une salutation en retour.
Dans la Bible (voir Actes, chapitre 3), un homme boiteux a demandé de l'argent aux apôtres Pierre et Jean. Ils n'en avaient pas, et Pierre l'a dit à l'homme. Mais ces apôtres ont dû percevoir, au-delà de cette demande, un besoin beaucoup plus profond. Peut-être que c'était un ardent désir de sentir la présence du Christ, présence palpable et régénératrice du pouvoir et de l'activité de Dieu.
À mon sens, le discernement spirituel des deux apôtres leur a permis de voir, au-delà des apparences physiques, l'identité véritable de cet homme en tant que ressemblance parfaite de Dieu. Cette perception de la nature spirituelle et intègre de l'homme, qui comprend toutes les capacités normales, l'a guéri de son infirmité. Il est ressorti de cette expérience « marchant, sautant, et louant Dieu » et sans doute prêt à accomplir sa divine raison d'être. Ce type de discernement spirituel peut-il entraîner le changement et le progrès de nos jours ?
Dans ma profession précédente de conseillère auprès de femmes sans abri ou en difficulté, j'ai trouvé que ce qui les aidait le plus était de les amener à déceler leurs qualités spirituelles et à surmonter le sentiment de désespoir. Lorsque je les écoutais raconter leur histoire d'occasions ratées, nous découvrions ensemble que chacune d'elle avait des dons et des talents précieux qu'elle pouvait s'approprier à nouveau et mettre au service de la société.
Je peux percevoir en chacune des personnes qui me sollicitent dans la rue, un enfant de Dieu, qui désire une vie meilleure et qui a la capacité de l'atteindre.
Mary Baker Eddy, la découvreuse et fondatrice de la Science Chrétienne, avait un sens profond de la valeur inhérente de chaque personne et de ses possibilités, quelle que soit son apparence physique ou son histoire passée. Elle écrit: « Chaque individu doit remplir sa propre place dans le temps et dans l'éternité. » (Rétrospection et Introspection, p. 70)
Plutôt que de nous sentir coupables, irrités ou impuissants face aux personnes qui demandent de l'argent dans la rue, nous pouvons les soutenir dans notre pensée et nos prières en percevant leur vraie nature d'enfants chéris de Dieu, pourvus d'une noble raison d'être. Et nous pouvons savoir avec confiance que Dieu, Père-Mère infiniment aimant et bon, développe pour chacune de ces personnes des perspectives certaines de bien.