Si j'avais égaré mon stylo et que je vous demandais combien de temps cela va me prendre pour le retrouver, comment réagiriez-vous ? Peut-être répondriez-vous que là n'est pas la question, que cette question de temps n'est pas pertinente, qu'il s'agit plutôt de savoir « comment » et « où » retrouver l'objet perdu. Pourtant, quel que soit ce que l'on a perdu, l'entendement humain se préoccupe surtout de savoir « combien de temps » va durer la recherche.
Si on est privé de sécurité financière, on se demande jusqu'à quand cela va durer. Quand on a perdu la santé, on aimerait savoir combien de temps va se passer jusqu'à ce que l'on se sente mieux. Et dans le cas d'une relation brisée, on s'inquiète de savoir quand on sera à nouveau aimé.
Vous ne le formuleriez peut-être pas ainsi, mais derrière toute perte se pose la question du temps. Quand sera-t-on guéri, heureux, en paix, considéré comme digne de confiance, pur ? Le Psalmiste exprimait les mêmes interrogations, il y a plusieurs milliers d'années, quand il implorait: « Jusques à quand, Éternel... Jusques à quand... ? » (Psaume 13:2)
Mary Baker Eddy a abordé cette question, qui est toujours d'actualité, d'une façon radicalement différente. Elle a eu le sentiment qu'il fallait envisager le temps d'un point de vue entièrement nouveau. En fait, elle assimile le temps à la matière (voir Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 595) et, en toute logique, elle nie que la matière fasse partie de la réalité infinie de Dieu, l'Esprit.
Poser la question « combien de temps ? » revient à demander inconsciemment « combien de matière, Éternel ? » Le temps et la matière sont les deux côtés d'une même pièce, les deux facettes du même concept, celui d'une mentalité séparée de Dieu. La matière et le temps sont des façons limitées de concevoir ou de mesurer la réalité. Aux sens matériels, ils semblent fondés et fiables; en réalité, ils s'enracinent dans le doute et l'incertitude. Ce sont des états mentaux erronés, des façons déformées d'essayer de comprendre l'existence véritable.
Mary Baker Eddy affirme que la matière est « une forme erronée d'entendement » (Unité du bien, p. 32). Elle considère que la perfection de Dieu, l'Esprit, est la réalité, alors que la matière est une erreur, une illusion qui voudrait redéfinir l'existence comme étant vulnérable. Le « bon vieux temps » n'est plus; nous vivons à présent dans un monde en mutation, où il n'est plus d'actualité de penser que la matière est, par exemple, un mur, et que le temps réside dans une horloge fixée au mur.
J'aimerais donner quelques exemples qui peuvent inciter à approfondir la question du temps et de la matière. Certains de ces exemples vous sembleront peut-être tout à fait naturels mais d'autres plus difficiles à accepter. Quoi qu'il en soit, tenez compte du fait que, dans chaque cas, la personne concernée y a vu quelque chose d'extrêmement important. Demandez-vous alors: « Jusqu'à quel point suis-je prêt à reconsidérer la façon dont j'accepte, dans mon quotidien, l'opinion générale concernant la matière ? »
–Il est parfois difficile de retrouver un objet perdu dans la nature, mais dans ce cas précis, un homme avait emprunté une hache dont la lame était tombée dans une rivière. Le prophète Élisée, présent sur les lieux, allait pouvoir aider cet homme (voir II Rois 6). En combien de temps allait-il retrouver l'objet perdu ? Là n'était pas la question. Quand on considère la vie d'Élisée dans son ensemble, on comprend vite qu'à ses yeux la situation ne se résumait pas à une personne qui disposait au départ d'un objet, puis, l'ayant perdu, se demandait combien de temps dureraient les différentes opérations pour le retrouver et si cela serait compliqué. La lame en fer réapparut à la surface de l'eau. Ce n'était ni une question de temps ni de pesanteur. Il ne s'agissait pas de chercher de la matière, mais de reconnaître la suprématie de l'Esprit, son harmonie, le déroulement ordonné du bien, l'immédiateté avec laquelle cet Esprit répond au besoin humain.
L'éternel présent de Dieu est une loi qui surpasse le temps basé sur la matière éphémère. Cette révélation présente l'harmonie parfaite de l'existence, ici et maintenant.
–J'ai longtemps été aux prises avec un problème physique. J'avais l'impression qu'on m'avait volé ma santé. Et puis un jour, je me suis rendu compte que je comptais sur la matière pour me guérir. C'est-à-dire que je pensais que le problème suivrait son cours pendant un certain temps et qu'avec l'aide de mes prières, je recouvrirais la santé. En prenant conscience que la matière (toute « forme erronée d'entendement ») ne pouvait être à la base de la guérison, même sous forme de temps, les symptômes ont disparu instantanément. C'était surprenant ! En réalité, n'ayant à aucun moment perdu la santé, j'ai soudain reconnu sa présence – elle me venait de Dieu. Christ Jésus a donné l'exemple, guérison après guérison, en s'en remettant clairement non au temps ni à la matière, mais à l'Esprit et à sa perfection. Il déclara: « C'est l'esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. » (Jean 6:63) Cette vérité métaphysique me semble avoir inspiré le point suivant dans « l'exposé scientifique de l'être »: « L'Esprit est le réel et l'éternel; la matière est l'irréel et le temporel. » (Science et Santé, p. 468)
–Autre exemple: une femme retira sa montre et la posa sur une serviette de bain avant d'aller nager. Lorsqu'elle sortit de l'eau, la serviette était toujours là, mais la montre avait disparu. Elle la chercha désespérément, mais ne la trouva nulle part. Le scientiste chrétien qui pria avec elle savait que l'Esprit est la seule réalité et que le temps et la matière sont irréels. Quelques jours plus tard, en baissant les yeux, cette femme retrouva sa montre... solidement attachée autour de son poignet! Depuis combien de temps y était-elle? Là n'est pas la question. La totalité de l'Esprit a-t-elle jamais rendu possible la perte, la discordance, le vol ou la maladie? Jamais! Le discernement spirituel de cette vérité puissante ajuste-t-il les événements humains? Absolument!
–J'ai connu un homme qui se rendait à son travail à pied, en marchant d'un bon pas, après avoir passé des années cloué au lit par une paralysieSon témoignage de guérison a été publié dans le Christian Science Journal d'avril 1955.. On demanda à sa femme pourquoi, selon elle, la guérison avait été si longue à se produire. Elle marqua un temps avant de répondre: « Je ne crois pas que ce soit important. L'important est qu'il ait été guéri. »
–Une amie qui vivait seule me dit un jour qu'elle avait laissé un trousseau de clés sur le comptoir de sa cuisine et que plus tard il ne s'y trouvait plus. Au bout de quelques jours, elle se rendit compte que le trousseau était tombé dans la poubelle, emportée depuis par le camion des éboueurs. Mais elle entrevit la substantialité de l'Esprit et le caractère non substantiel de la matière. Quelques jours plus tard, en longeant son comptoir de cuisine, elle vit ses clés posées dessus.
L'entendement humain est toujours prompt à trouver des explications pour refuser ou ignorer des leçons spirituelles importantes. Mais ceux qui s'intéressent aux choses de l'esprit chercheront à comprendre les lois divines et leur influence sur le bien-être physique, moral et spirituel.
La révélation de la Science Chrétienne dissipe les mystères et explique que la loi de l'Esprit est la réalité de Dieu. Cette révélation présente l'harmonie parfaite de l'existence (y compris notre identité spirituelle véritable) dans laquelle toute substance conserve sa forme, sa fonction et sa place normales et légitimes. Quand on comprend que l'on est uni à cette loi divine, on peut la démontrer, à l'exemple de Christ Jésus et selon les explications de Mary Baker Eddy. La matière n'est pas une entité qui occupe un espace et possède une masse. Elle n'a ni vie ni vérité, ni intelligence ni substance; elle n'est pas liée au concept du temps. Le temps n'est pas un outil de mesure de la réalité.
La matière-temps n'est rien d'autre que les croyances changeantes d'une conscience mortelle supposée, peu fiable et exposée à l'inharmonie, à la pénurie et à la perte. Aucune loi ne soutient une telle conscience. Pour le formuler en quelques mots, le temps et la matière sont des formes erronées d'entendement. La vraie conscience est immortelle. Les solutions et guérisons authentiques ne dépendent pas des conditions de la mortalité. La guérison-Christ est intemporelle; elle est fondée sur la compréhension de la totalité de Dieu, de la perfection de l'Esprit. Le bien permanent ne se trouvera jamais dans des formes erronées d'entendement.
L'Esprit révèle la forme véritable de la conscience ou entendement. En fait, l'Esprit est la substance de toute forme, de tout contour et de toute couleur, et son harmonie parfaite trouve son illustration suprême dans la vie de Christ Jésus. Aujourd'hui, l'Esprit se révèle peu à peu dans la vie de ceux qui comprennent les enseignements de Jésus. Nous cessons alors de demander: « Jusques à quand, Éternel? » pour déclarer: « Merci, Éternel !»
Si le vrai sens de la guérison est dans sa beauté spirituelle, on peut toujours s'émerveiller de la façon surprenante dont l'Amour divin révèle la santé, la paix, ou même la présence d'une montre et d'un trousseau de clés!
