Avez-vous remarqué que lorsque de petits enfants sont dans un bac à sable ou dans la cour de l'école, en général ils jouent ensemble paisiblement, jusqu'à ce que l'un d'entre eux tente de s'emparer de tous les jouets ou de s'en prendre aux autres ? Les avis peuvent être partagés sur la raison de ce comportement, mais nous serons sans doute d'accord pour penser qu'il n'est pas sans rapport avec le désir d'être le premier — « le roi de la montagne ». Comme le remarque la découvreuse de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy: « Deux questions personnelles stimulent les actions des hommes: Qui sera le plus grand ? et: Qui sera le meilleur ?» (Écrits divers 1883-1896, p. 268)
Ce comportement peut prendre naissance dans le bac à sable, mais il apparaît sous une forme ou une autre dans la pensée de la plupart des adultes. Tout récemment, un célèbre joueur de baseball d'une équipe de première division a déclaré qu'il recourait à des produits dopants pour être le meilleur joueur de baseball du monde.
Le désir d'être le plus grand n'est pas nouveau, bien sûr. C'est arrivé au moins une fois aux disciples de Jésus lorsqu'ils discutèrent pour savoir lequel d'entre eux était le plus grand (voir Marc 9:33,34). On pourrait citer aussi la mère de deux disciples qui pria un jour Jésus d'accorder à ses fils une place privilégiée à ses côtés (voir Matthieu 20:20,21).
L'esprit de compétition peut exister sur le plan intellectuel et même être cordial à la base, mais il ne le reste pas toujours. Il existe une escalade de la compétition, et la rivalité risque de tourner au vinaigre lorsque des attributions importantes sont en jeu. De nombreux chercheurs dans des domaines tels que la médecine, la science ou la théologie, ont le sentiment que leur réputation personnelle est en jeu lorsque d'autres contestent des positions qu'ils ont prises ou des découvertes auxquelles ils ont peut-être consacré toute leur vie. Ils veulent être les meilleurs ou les plus grands sur le plan des idées, des théories, des découvertes, dans le monde de l'enseignement et de l'édition, dans la création ou le financement d'institutions, etc. Mary Baker Eddy écrit: « La concurrence commerciale, la duplicité dans les conseils, le déshonneur parmi les nations, la malhonnêteté des trusts, commencent tous par: "Qui sera le plus grand ?" ». (Message à L'Église Mère de 1902, p. 4).
À un moment de cette escalade de la compétition, des intérêts personnels peuvent amener certains à recourir à des moyens mentaux nuisibles pour arriver à leurs fins. Les conflits de bac à sable prennent alors de l'ampleur jusqu'à devenir ce que Mary Baker Eddy considère comme du magnétisme animal ou de la mauvaise pratique mentale. Il s'agit en l'occurrence d'utiliser des pratiques mentales hostiles et souvent très agressives pour établir sa supériorité. Ce qui fait dire à Mary Baker Eddy: « Les aspects moins agressifs du magnétisme animal sont en train de disparaître, et ses caractéristiques plus agressives prennent la première place. Les métiers du crime, cachés dans les recoins obscurs de la pensée mortelle, ourdissent à toute heure des trames plus compliquées et plus subtiles.» (Science et Santé, p. 102).
Mary Baker Eddy savait de quoi elle parlait. Mais elle ne fut pas une investigatrice enthousiaste des intrigues subtiles du mal, et aucun de nous ne le serait sans doute non plus. C'est un peu comme explorer une grotte à peine éclairée, infestée de serpents venimeux. Elle écrit: « Je n'oublierai pas ce qu'il m'en a coûté de sonder, pour ce siècle, les méthodes et le pouvoir de l'erreur. Alors que les voies, les moyens et la puissance de la Vérité avaient afflué dans ma conscience aussi aisément que naît la lumière du matin et que s'enfuient les ombres, le mystère métaphysique de l'erreur — ses sentiers cachés, ses desseins et ses résultats voilés — tout d'abord me défia. Je disais sans cesse: "N'entre point dans leur conseil secret" — mais finalement j'entrepris cette recherche selon le commandement de Dieu.» (Écrits divers 1883-1896, p. 222-223)
Les gens étaient si aveugles à cette mauvaise influence mentale à laquelle elle eut maintes fois affaire qu'ils se moquaient d'elle quand elle abordait ce sujet; certains ont encore la même réaction aujourd'hui quand les scientistes chrétiens en parlent également. Par exemple, dans Rétrospection et Introspection, Mary Baker Eddy décrit en détail la situation que connaissait à une époque son Église à Boston, et comment elle résolut le problème. Pour résumer, l'Église prospérait quand elle était aux commandes. Lorsqu'elle fut appelée par Dieu à d'autres tâches, et qu'elle cessa de prêcher le dimanche, les membres furent incapables de poursuivre dans la voie du progrès et de l'harmonie. Analysant la situation elle se rendit compte que la crise avait éclaté parce que les membres n'avaient pas pris le temps ni fait l'effort de protéger leurs pensées contre les éléments mentaux adverses dont elle-même était consciente et qu'elle neutralisait par la prière. Ils se querellaient du fait de cette influence cachée. Ils étaient inconscients de ce qu'elle définissait clairement comme « l'envie et la molestation d'autres églises, et... le danger que couraient ses membres, danger qui existe toujours forcément dans les luttes entre chrétiens » (p. 44)
La théologie de la Science Chrétienne révèle que toute réalité est créée et soutenue par Dieu, l'Entendement divin.
Elle recommanda la dissolution de l'Église. Apparemment cela suffit à réveiller les membres ou à éloigner leurs ennemis, ou les deux à la fois, car l'harmonie et la prospérité furent dans une certaine mesure restaurées. L'Église fut réorganisée quelques années plus tard sur une base plus spirituelle qui a perduré.
D'une certaine façon, on pourrait comparer cette période des années 1890 à l'époque actuelle. Bien que la Science Chrétienne ait acquis à juste titre une reconnaissance importante dans certaines sphères de l'opinion publique, une rapide lecture des textes postés sur Internet montre qu'elle a encore des adversaires farouches et déclarés dans d'autres domaines.
Étant donnée la nature de l'opposition rencontrée par Jésus comme par Mary Baker Eddy, ne soyons pas surpris si son Église fait aujourd'hui face à des défis.
L'une des raisons fondamentales de cette opposition pourrait bien se trouver dans la lutte pour savoir qui sera le plus grand, la matière ou l'Esprit, Dieu. Le monde de la croyance mortelle organisée affirme que toute réalité a son origine dans les prétendues lois de la matière qui la contrôlent entièrement. Il soutient que la naissance, les conditions de l'existence et son déclin sont gouvernés par ces lois, qu'on ne peut pas plus modifier ou changer que le lever du soleil ou les saisons.
D'autre part, la théologie de la Science Chrétienne révèle que toute réalité est créée et soutenue par Dieu, l'Entendement divin. Elle révèle la totalité de l'unique Dieu, et l'homme, Son expression parfaite, à jamais unie à Lui. Elle prouve par des guérisons concrètes incontestables que ce qu'on appelle le mal, quelle que soit sa forme, est une croyance ou erreur qui peut être, et sera assurément, éliminée par le Christ de Dieu, par le tendre amour dont Il entoure Sa création.
Cette vérité est le doux et puissant Consolateur promis par Jésus. Elle est la révélation finale de la guérison scientifique, spirituelle, au sens le plus large. Elle est l'espoir de ce siècle parce qu'elle sauve la race des efforts menés de façon agressive et organisée pour contraindre l'humanité à accepter le mensonge selon lequel la matière, et non Dieu, est suprême. Cette agression fait écho, sous sa forme ultime, aux problèmes rencontrés dans le bac à sable. Dieu, non la matière, est le plus grand. La supériorité de Dieu démontre le néant de la matière. Les lois de Dieu prouvent la fausseté des prétendues lois de la matière.
Étant donnée la nature de l'opposition rencontrée par Jésus comme par Mary Baker Eddy, ne soyons pas surpris si son Église fait aujourd'hui face à des défis. Aux yeux de certains, ces défis sont les cycles naturels des organisations et des événements humains, comme les cycles propres aux marchés financiers. D'autres pensent que la théologie de la Science Chrétienne est largement dépassée par les progrès accomplis par la médecine moderne, bien que le public délaisse de plus en plus la médecine purement matérielle pour des méthodes de guérison donnant de meilleurs résultats, y compris la Science Chrétienne. Certains observateurs estiment que la Science Chrétienne est simplement contestée car bien des années se sont écoulées depuis l'époque où vivait sa fondatrice. Et selon d'autres suggestions, ce sont des décisions internes au mouvement, prises au cours du siècle précédent, qui lui ont fait du tort.
Si compréhensibles que soient ces différentes explications du point de vue humain, il semble juste de se demander si elles reflètent le niveau de pénétration morale et spirituelle que dut atteindre Mary Baker Eddy pour résoudre des problèmes semblables au sein de sa toute jeune Église. Elle comprit que les problèmes de l'Église peuvent émaner d'influences mentales non traitées, cachées, subtiles et parfois même malveillantes. On pourrait par exemple se poser les questions suivantes: Y a-t-il dans les pensées et le caractère des membres des tendances illégitimes qui sont mûres pour la destruction parce qu'elles sapent la sainteté nécessaire au développement harmonieux de la guérison spirituelle ? L'amour fraternel et un sens paisible du compromis imprègnent-ils les pensées des membres, ou ceux-ci tiennent-ils à faire entendre leur opinion personnelle afin d'être les plus grands ? La bienveillance, la bonne volonté et la reconnaissance chrétienne donnent-elles le ton aux discussions privées à propos des autres, ou des commentaires et des critiques personnels se glissent-ils dans les conversations ?
Pour vaincre le mal, il est important de ne pas prendre des effets extérieurs ou annexes pour les causes premières cachées. Être vigilant quant aux intentions secrètes et malveillantes de l'opposition mentale permet à chacun de comprendre que l'inharmonie, les dissensions, etc., sont les effets subalternes de l'apparente action du mal. La cause principale est la malveillance et l'envie qui sont inhérentes à ce que Paul appelle l'affection de la chair ou entendement charnel, et que Mary Baker Eddy surnomme l'entendement mortel. Ce mal fondamental se manifeste dans les systèmes de cet entendement qui voudrait être le plus grand et chercherait à y parvenir par tous les moyens. Mary Baker Eddy explique sans détours que « les puissances du mal sont liguées en une conspiration secrète contre le Seigneur et contre Son Christ, tel qu'il s'exprime et agit en Science Chrétienne ». Elle ajoute qu'« un grand nombre de personnes s'emploient... à organiser le combat contre nous » (Écrits divers 1883-1896, p. 177). Ailleurs elle explique: « Les fruits naturels de la guérison par l'Entendement en Science Chrétienne sont l'harmonie, l'amour fraternel, la croissance spirituelle et l'activité spirituelle. L'objectif malveillant du pouvoir perverti de l'entendement ou du magnétisme animal est de paralyser le bien et d'activer le mal. Il fait naître des factions et engendre l'envie et la haine... » (La Première Église du Christ, Scientiste, et Miscellanées, p. 213) Cette action malveillante, souvent subtile, est expliquée en détail dans l'Apocalypse (en anglais « Revelation »), et dans le chapitre du même nom inclus dans Science et Santé.
« Maintenant le salut est arrivé, et la puissance, et le règne de notre Dieu, et l'autorité de son Christ... » Apocalypse 12:10
Pour le plus grand soulagement de l'humanité, Mary Baker Eddy a également découvert que chaque phase du mal, quelles que soient sa complexité et sa subtilité, est impuissante devant Dieu, l'Amour divin. Elle écrit: « Le mal n'est pas suprême; le bien n'est pas impuissant; les prétendues lois de la matière ne sont pas non plus au premier rang et la loi de l'Esprit au second. » (Science et Santé, p. 207) Sa première expérience montre que les membres étaient simplement moins appliqués qu'ils auraient dû l'être à étudier sérieusement pour dévoiler et annuler les éléments mentaux agressifs et malveillants qui voulaient saper leurs plus grands efforts et priver la famille humaine entière de l'unique système de guérison qui sauve de tout mal. Dans la mesure où ils laissèrent le Christ les réveiller à la nécessité de prier avec ferveur pour comprendre le néant de l'opposition mentale secrète et invisible, l'Église et ses membres furent incités à remplir leur mission de guérison dans le monde. Ce don de guérison n'a pas diminué, mais il s'est propagé et a prospéré sur des bases justes. En étant vigilant et obéissant, on peut être sûr du même résultat aujourd'hui. Dieu est le seul et unique grand Je Suis.