Il est de notoriété publique que lorsque Dieu confia au prophète Samuel la mission de choisir parmi les fils d'Isaï un nouveau roi pour Israël, le prophète prit sa décision se fondant non sur l'« apparence » (voir I Sam. 16:7), mais sur ce que Dieu lui permit de discerner dans le cœur du jeune berger qu'il oignit. Des années plus tard, la noblesse de cœur de David fut pleinement révélée par la magnanimité dont il fit preuve dans ses relations avec Saül, auquel il succéda finalement comme roi.
Extrêmement jaloux de David, Saül cherchait à le tuer. Or, rejetant l'idée de se venger, David épargna Saül à deux reprises. Devant la remarquable faculté de David de pardonner, de manifester miséricorde et compassion, Saül se sentit rempli d'humilité: « ... Tu es plus juste que moi; car tu m'as fait du bien, et moi je t'ai fait du mal. [...] Maintenant voici, je sais que tu régneras, et que la royauté d'Israël restera entre tes mains. » (I Sam. 24:18, 21)
Depuis des générations, la tolérance de David est une source d'inspiration pour les lecteurs de l'Ancien Testament. Toutefois, on ne s'est pas souvent rendu compte de la portée de cette tolérance. David est connu pour un grand nombre de choses, mais c'est l'exemple de miséricorde et de pardon qu'il donna qui était l'essence de son être, « la clef de David », celle qui, comme Saül lui-même l'admit, définissait la faculté spirituelle qu'avait David de régner sur Israël. Et c'est cet exemple qui s'avère être une condition requise pour progresser spirituellement et pour discerner clairement la réalité spirituelle.
Dans la lettre qu'il écrivit à l'église de Philadelphie, Jean, l'auteur de l'Apocalypse, explique que « celui qui a la clef de David » est « celui qui ouvre, et personne ne fermera, celui qui ferme, et personne n'ouvrira » (Apoc. 3:7). Dans un message adressé à son église en 1900, Mary Baker Eddy détermina que « celui » se rapportait à Christ Jésus (voir Message à L'Eglise Mère de 1900, p. 14) qui était de la lignée de David, le « fils de David » ainsi que l'appelle le livre de Matthieu (voir 1:1). Or, le passage souligne des qualités de la pensée et du caractère semblables à celles du Christ, qualités qui ouvriraient, pour tout chercheur sincère, la porte de la révélation du Christ et de la Science Chrétienne que les doctrines humaines de la science, de la théologie et de la médecine avaient fermée.
L'église de Philadelphie incarne cet amour fraternel idéal qui, à l'instar de l'expérience vécue par David et Saül, rachète même ses ennemis et qui, grâce à cette miséricorde, ouvre la porte permettant de discerner, d'accepter et de démontrer la Science Chrétienne. Parmi les sept églises d'Asie, Philadelphie est la seule à recevoir les louanges sans réserve de Jean.
L'exemple de miséricorde et de pardon que donna David s'avère être indispensable pour progresser spirituellement.
Près de mille ans avant que Jean n'écrive à l'église de Philadelphie, Ésaïe prophétisa que « la clé de la maison de David » serait donnée au Messie promis, et « quand il ouvrira, nul ne fermera; quand il fermera, nul n'ouvrira » (Ésaïe 22:22). À l'aide de cette clef, le Maître ouvrit la porte de la compréhension humaine sur la réalité de l'être et la ferma sur les doctrines humaines mortes, autrement dit, les enterra.
C'est Christ Jésus, auquel fut remise la clef de David, qui énonça une béatitude toute simple qui s'opposa à la doctrine du « œil pour œil » (voir Matth. 5:38, 39): « Heureux les miséricordieux » (voir Matth. 5:7). C'est Christ Jésus qui recommanda aux hommes de prier « pradonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (voir Matth. 6:12), qui conseilla de pardonner « septante fois sept fois » (voir Matth. 18:22), ce qui revient à dire indéfiniment, et qui dans sa propre existence, pardonna jusqu'à la fin ce que Mary Baker Eddy appela « l'orgueil, l'envie, la cruauté et la vengeance » de ses persécuteurs (voir Science et Santé, p. 51). Le dernier appel que Jésus adressa à son Père, à Golgotha, fut pour Lui demander de pardonner à ceux qui le crucifiaient, « car ils ne savent ce qu'ils font » (voir Luc 23:34). C'est cet acte de miséricorde, inégalé dans l'histoire de l'humanité, qui rendit possible la résurrection du Maître.
Pendant toute sa carrière, par des actes profondément émouvants de patiente miséricorde, Christ Jésus toucha et transforma des existences: des lépreux et des publicains, des prostituées, des centurions et même, à l'occasion, des pharisiens. En commençant par Pierre, toujours impétueux, jusqu'à Saul rebaptisé Paul dans le Nouveau Testament, la miséricorde du Maître avait pour effet sur ceux qui en furent l'objet de leur insuffler cet amour profond de Dieu qui se traduit par la guérison chrétienne. D'ailleurs, c'est au moment capital où Pierre reconnut que le Christ impersonnel, non le Jésus personnel, constituait le pouvoir soutenant le ministère de guérison son du Maître, que Jésus confia à Pierre « les clefs du royaume » (voir Matth. 16:19). En d'autres termes, il lui donna accès à cette prémisse spirituelle sans laquelle il aurait été impossible à Pierre ou à tout autre disciple, de son époque ou de la nôtre, de lui obéir quand il leur demanda d'aller guérir, c'est-à-dire d'enchaîner la connaissance terrestre et donc de libérer les malades et les pécheurs.
Pour sa part, Mary Baker Eddy attachait une telle importance à la « clef de David » qu'elle plaça le passage de la lettre de Jean aux fidèles de Philadelphie à deux endroits stratégiques du livre d'étude Science et Santé avec la Clef des Écritures: sur la page de titre des trois chapitres constituant la « Clef des Écritures » (p. 499) et en épigraphe du Glossaire qui termine la « Clef des Écritures » (p. 579).
Mary Baker Eddy accordait une grande importance à ce qu'elle appelait les qualités « spirituellement indispensables » associées à la clef de David (Message de 1900, p. 14): cet amour profond et patient pour l'humanité qui ne s'offense pas, qui réforme les pécheurs, qui accepte de reprendre dans le troupeau même ceux ayant maudit et haï, qui reste l'amour même « non payé de retour » (voir Science et Santé, p. 586), ainsi que Christ Jésus l'a démontré à Gethsémané, de façon si émouvante. C'est précisément cette « clef de David » qui rend plus réceptif et permet de mieux comprendre l'interprétation spirituelle que donna Mary Baker Eddy des textes bibliques. En fait, ce sont ces qualités qui fournissent la « Clef des Écritures » et qui ouvrent la porte de la révélation de la Vérité à la compréhension humaine.
Symbolisée par les actes de compassion éloquents accomplis par David envers Saül, permettant à ce dernier de prendre conscience de l'origine de la grandeur de David, la miséricorde peut ouvrir pour chacun les trésors de la compréhension spirituelle. « La Vérité a fourni la clef du royaume, et avec cette clef la Science Chrétienne a ouvert la porte de la compréhension humaine, écrivit Mary Baker Eddy dans Science et Santé. Personne ne peut forcer la serrure ni entrer par une autre porte. » (p. 99)
 
    
