L'année dernière, le New York Times a publié un article traitant de « l'épuisement des bloggeurs », qui a suscité de nombreuses réactions. L'auteur évoquait l'actuelle « usine numérique » dans laquelle une armée de travailleurs indépendants s'épuise sous le « stress physique et émotionnel formidable créé par l'activité d'Internet qui ne s'arrête jamais » Matt Richtel, The New York Times, 6 avril 2008.. Bien que cet article ait été aussitôt contesté par de nombreux bloggeurs, qui fournissent un flot d'informations continu à des lecteurs fidèles, d'autres partageaient le sentiment évoqué dans l'article. Ils ont exprimé leur crainte de perdre la santé à force de dépenser leur énergie pour produire de plus en plus de contenu pour des lecteurs toujours plus insatiables.
Comment éviter la frustration produite par une surcharge d'informations qui empêche toute méditation paisible ? Comment trouver le temps de penser à Dieu ? La première chose, me semble-t-il, consiste à reconnaître que rien ne nous oblige à croire que notre environnement culturel définit ce que nous pensons et qui nous sommes.
Comme Paul en prit conscience, lui qui très certainement fut l'un des hommes les plus actifs au monde, « nous avons la vie, le mouvement, et l'être » (Actes 17:28) en un Dieu aimant, infini et paisible. Quand je suis surmenée et privée de cette quiétude que procure la prière, l'emploi du temps chargé de Paul m'ouvre un champ de réflexion. Son emploi du temps rivaliserait aujourd'hui avec celui de la plupart des étudiants surchargés de travail, des parents dévoués ou des salariés pressurés. Paul se sentit poussé à prêcher l'Évangile à tous ceux qui accepteraient de l'écouter. L'accomplissement de sa mission impliquait des déplacements incessants, des discours, des lettres, et un réseau de relations plus disparate que ces réseaux sociaux dont certains d'entre nous font partie sur des sites tels que Facebook.com
Pourtant, au beau milieu de ces contacts, de ce tourbillon et de ces responsabilités, Paul ne perdait pas de vue l'essentiel. Quel était son secret ? Comment une personne si active pouvait-elle déclarer avec une pleine assurance: « Ne nous lassons pas de faire le bien» (Galates 6:9) ? L'exemple de Paul est des plus utiles pour celui ou celle qui recherche en vain la quiétude. Les Actes des apôtres rapportent qu'après des mois passés à discourir et à voyager — principalement en bateau —, Paul termina un séjour d'une semaine à Troas en parlant « jusqu'à minuit ». Lorsqu'un jeune homme dans le public trouva la mort à la suite d'une chute, Paul ne paniqua pas, il ne s'écria pas, les mains tordues de désespoir: « Non ! Pas maintenant ! Je suis trop épuisé pour faire quoi que ce soit ! » Il s'approcha du jeune homme, le prit dans ses bras et dit à son auditoire de ne pas s'inquiéter « car son âme est en lui ». (voir Actes 20: 6-12)
Nullement troublé, infatigable, l'apôtre aida à servir à manger et se remit à parler jusqu'à l'aube. Sa vigilance spirituelle s'avéra bien fondée car le jeune homme se rétablit. Le lendemain, Paul parcourut trente kilomètres à pied pour reprendre le bateau qui fit voile vers Milet en redescendant la mer Egée. Quelques jours plus tard, il donna un nouveau discours plein de ferveur. Le secret de son équilibre et de sa capacité d'accomplir des guérisons est révélé dans le message qu'il communiqua ce jour-là. Il se décrivit comme « servant le Seigneur en toute humilité ». (voir Actes 20:13-19)
Le désir de « servir le Seigneur en toute humilité » n'appartient pas à une époque révolue. Aujourd'hui même, là où vous êtes, ce désir permet de se libérer de la pression ou d'un sentiment de responsabilité personnelle. La prière que l'on fait pour ne plus être esclave d'un emploi du temps personnel et pour dominer une agitation mentale afin d'entendre le message de Dieu, est efficace. Cette écoute inspirée libère de ce qu'une auteure américaine appelle la «tyrannie de nos priorités» Abby Seixas, «Finding the Deep River Within: A Woman's Guide to Recovering Balance & Meaning in Everyday Life ».. La tendance à ruminer sans cesse ses opinions et impressions personnelles laisse peu de place au renouveau et à l'inspiration. Par ailleurs, le fait de reconnaître clairement que Dieu dirige notre vie rétablit l'équilibre entre pensée et action. Le stress et la surexcitation indiquent une incapacité temporaire de voir que Dieu est aux commandes.
À un moment où les exigences de l'heure étaient particulièrement fortes, Mary Baker Eddy, la Fondatrice de la Science Chrétienne, a décrit sa propre méthode pour parvenir à cette précieuse paix intérieurre: « Trois fois par jour, je me retire pour demander, le visage tourné vers la Jérusalem de l'Amour et de la Vérité, que la bénédiction divine repose sur les malades et les affligés, adressant une prière silencieuse au Père qui “voit dans le secret”, et, avec la confiance de l'enfant, certaine qu'il récompensera “ouvertement”. Au milieu des soucis et du labeur déprimants, je me tourne constamment vers l'Amour divin pour être guidée, et je trouve le repos. Cela me procure une grande joie d'être à même d'attester la vérité des paroles de Jésus. L'Amour allège tous les fardeaux, il apporte une paix qui surpasse la compréhension, avec “les miracles” qui l'accompagnent. En ce qui concerne cette paix, elle est inexprimable...» (Écrits divers 1883-1896, p. 133)
L'Amour met de l'huile dans les rouages de l'activité mentale ou physique. N'avez-vous jamais remarqué qu'une tâche qui semble triviale ou pénible à une personne peut sembler tout à fait légère à une autre ? Je connais une collégienne débordante de vitalité, qui participe à de multiples activités, football, représentations théâtrales, concours de piano, sans jamais rien perdre de son enthousiasme. J'ai récemment demandé à sa mère comment elle gère toutes ces occupations (en gardant toujours le sourire). « Avec amour », m'a-t-elle répondu. Elle m'a expliqué que sa fille aime tant ce qu'elle fait qu'elle s'oublie dans l'activité. Lorsqu'elle fait ses exercices de piano, elle ne regarde jamais sa montre pour savoir combien de temps elle va devoir encore jouer, car elle aime le piano, et c'est pourquoi elle ne ressent aucune pression. Cela montre bien que lorsqu'on s'oublie dans l'amour, il n'y a plus aucune place pour le stress ou l'anxiété.
Paul aussi était motivé par l'amour. Il désirait si vivement faire connaître le message de l'amour de Dieu aux cœurs affamés et il était tellement transformé luimême par le pouvoir de cet amour, qu'aucun obstacle — lapidation, naufrage, morsure de serpent — ne pouvait le détourner de sa mission. Il écrit: « Car j'ai l'assurance qui ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en JésusChrist notre Seigneur. » (Romains 8:38-39) Les chaînes de l'esclavage mental et celles de l'emprisonnement physique tombèrent lorsque Paul sentit et comprit le pouvoir de cet amour.
Ce même désir à la fois sincère et irrépressible de faire du bien aux autres peut briser les chaînes mentales de vos propres pensées, si celles-ci repassent en boucle et traduisent une angoisse intérieure. Dieu ne vous a pas créé(e) pour labourer sans cesse le même sol mental. Il vous a créé(e) libre. Lorsque je me suis mise à prier pour acquérir une discipline de pensée et pour être moins anxieuse, que ce soit dans mon lit, la nuit, à mon réveil, le matin, ou pendant que je vaque à mes tâches journalières, trois éléments se sont avérés utiles dans mes prières.
Reconnaître Dieu
La pensée qui commence par Dieu part sur de bonnes bases. Reconnaître Dieu, c'est détacher la pensée de soi-même. La gratitude pour les bienfaits divins dissipe les appréhensions et ouvre la pensée au bien. L'empressement à servir Dieu « en toute humilité », comme le fit Paul, nous guide au quotidien. C'est la forme d'humilité qui, face à la maladie, aux accidents ou à une peur extrême demande: « Père-Mère Dieu, que vois-Tu ? » et qui s'attend avec confiance à recevoir la réponse.
Mettre à nu l'anxiété
Inquiétude continuelle en toile de fond, insomnies ou « terreurs de la nuit », la voix du mal est toujours un mensonge. Les messages de peur, sous une forme atténuée ou grave, sont appelés par Jean « l'accusateur de nos frères, celui qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit » (Apocalypse 12:10). Afin de ne pas souffrir inutilement à cause des pensées de « l'accusateur », qui risquent de parader de façon répétitive sous le déguisement de nos propres pensées, il est important de les reconnaître pour ce qu'elles sont: des défis au bien dépourvus d'intelligence. L'« accusateur » peut seulement répéter, mais il ne peut pas créer. Ces pensées sans intelligence sont souvent une source de fatique, alors que les pensées qui viennent de notre Créateur reponsent et régénèrent. La vigilance spirituelle permet de reconnaître immédiatement l'agitation mentale, de la démasquer et d'être à l'écoute des messages d'amour de Dieu.
Accueillir des anges
Quand nous comprenons ou considérons que les anges sont des idées à notre service, et non des êtres véritables avec des ailes, il est possible de sentir ces anges divins en tout lieu. Dans le glossaire de Science et Santé avec la Clef des Écritures. les anges sont notamment définis comme des « pensées de Dieu se communiquant à l'homme; [des] intuitions spirituelles, pures et parfaites » (p. 581). Nous entendons et accueillons ces anges chaque fois que nous sentons le profond amour de Dieu à notre égard. Ce sont de doux moments de guérison, où les ombres de la souffrance, de la crainte et de l'angoisse s'évanouissent dans l'atmosphère de l'Amour. Les anges calment les « parasites » mentaux et assurent la paix. Lorsque nous accueillons des anges, nos pensées sont paisibles et prêtes à recevoir un bienfait. Si la multitude des tâches à accomplir continue malgré tout de nous inquiéter, ra que Mary Baker Eddy a écrit que les anges non seulement nous dispensent la grâce, mais sont également nos messagers (voir La Première Église du Christ, Scientiste, et Miscellanées, p. 129).
Prendre le temps de sentir la présence de Dieu implique parfois de chercher activement le calme qui guérit, si difficile que cela puisse paraître sur le moment. J'en ai eu bien souvent la preuve. Un jour, alors que nous nous trouvions sur un continent lointain, notre fille, alors adolescente, est subitement tombée malade. J'ai passé la nuit à son chevet, car elle n'arrêtait pas de se tourner et retourner, étant incapable de trouver le sommeil, la paix et même une position confortable pour se reposer. À sa demande, nous avons joint un praticien de la Science Chrétienne qui s'est mis aussitôt à prier pour elle, en l'assurant que le pouvoir et la présence de Dieu étaient là même où elle se trouvait.
À un moment, alors qu'elle semblait très mal, je me suis tournée de tout mon cœur vers notre Père-Mère Dieu, dans une prière silencieuse. La pensée m'est venue de demander à ma fille d'être le plus calme possible, ne serait-ce qu'un bref instant, afin qu'elle puisse entendre et sentir le message que Dieu lui communiquait. Au début il lui a paru impossible de rester sans bouger, mais peu à peu elle a cessé de s'agiter, ce qui lui a permis de calmer ses pensées. Comme elle nous l'a expliqué plus tard, dès le premier court instant où elle a pu rester tranquille et diriger sa pensée pour prier Dieu, comme je le lui avais demandé, un verset biblique qu'elle aime lui est venu à l'esprit: « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu. » (Psaume 46:11) Un profond sentiment de paix l'a envahie dans le même temps, la compréhension que Dieu gouvernait la situation. Cessant de se retourner sans arrêt, elle a sombré dans un sommeil paisible. À son réveil, le lendemain matin, elle était tout à fait rétablie.
Le pouvoir de Dieu, l'Amour, apaise la détresse mentale et le surmenage des sens, malgré toute apparence d'hypersensibilité. Le fait de suivre le conseil du Psalmiste — « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu » — nous aide assurément, mais il aide également tous ceux qui luttent dans une société qui tend à crouler sous une accumulation frénétique d'informations. Nous devons à ce monde troublé les bienfaits de notre compréhension et de notre démonstration les plus élevées d'une paix fondée sur Dieu, en laquelle, comme le démontra Paul, nous avons tous « la vie, le mouvement, et l'être ».
