Comme bien des mamans, lorsque mes enfants étaient petits, j'attendais avec impatience le jour de la garderie parentale hebdomadaire, comme une oasis me permettant de rencontrer des adultes dans une vie où les enfants étaient prédominants.
Pendant que les enfants jouaient ensemble, les mères discutaient entre elles. J'avais du respect pour les femmes intelligentes qui constituaient ce groupe et je partageais tout avec elles, des idées sur la discipline jusqu'aux points de vue politiques. Elles étaient devenues pour moi une source d'information et de réconfort.
Aujourd'hui, je pense toujours que de telles réunions peuvent être une bénédiction pour de jeunes mamans avides de conversation, et un endroit où tester les frustrations et les joies que l'on recontre quand on a des enfants.
Mais heureusement, ce n'était pas le seul lieu où j'allais chercher des conseils sur mon rôle parental. Pendant toute ma vie, je me suis tournée vers la Leçon biblique de la Science Chrétienne pour être guidée, pour savoir comment faire face aux défis de la vie quotidienne et comment garder mes pensées centrées sur le bien. Pendant la période où mes enfants étaient petits, je me levais très tôt pour profiter du calme de la journée qui commençait, seule avec Dieu et avec les idées vivifiantes contenues dans la Leçon biblique. Ces idées me reposaient, me remontaient le moral et me préparaient pour les heures à venir.
Par contraste, les idées que nous partagions pendant nos heures de garderie n'étaient pas toujours encourageantes. Dans nos discussions, il arrivait souvent que nous exprimions des plaintes, des inquiétudes ou des frustrations. Nous avions de la compassion pour les soucis des unes et des autres, mais nous ne faisions pas grand-chose pour traiter les problèmes ou les éliminer. Au contraire, quand nous ressassions certain problème qui nous irritait, celui-ci semblait encore pire, plus important et plus effrayant. Lorsque j'ai été plus à l'aise avec les fammes de mon groupe, j'ai réalisé peu à peu qu'utiliser ce groupe comme un moyen de ruminer tout haut pouvait non seulement être destructeur pour moi et mes enfants, mais ne pouvait pas aider les mamans avec lesquelles j'étais devenue amie. En fait, j'ai compris que faire part de mes récriminations à ce groupe revenait à jeter des cailloux contre un mur. Soit les cailloux abîment le mur, soit ils rebondissent pour blesser la personne qui les a lancés !
Dans un livre qui a été pour moi le guide parental de base, Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy, l'auteur, parle de ces discussions stériles et elle observe que « ni la sympathie ni la société ne devraient jamais nous amener à être tentés de chérir l'erreur quelle qu'elle soit, et nous ne devrions certainement pas nous faire l'avocat de l'erreur» (p. 153-154). Est-ce que ce n'était pas ce que j'étais en train de faire au sein de ce groupe, me suis-je demandé ? Je ressassais une idée négative, m'en faisant son avocate, l'aidant à prendre de la place et de la force dans mes pensées, et dans les pensées et la vie d'autres personnes. Ce n'était pas vraiment ce à quoi je souhaitais participer. Au contraire, j'ai compris que je devais monter la garde devant mes pensées et mes conversations, et veiller à n'avoir que des dialogues constructifs, ayant pour but de guérir ou de faire du bien. Mary Baker Eddy donne de nombreux conseils utiles sur le fait de garder ses pensées, et de s'assurer qu'elles sont bienfaisantes et productives. Voici quelques idées extraites de Science et Santé, avec lesquelles j'ai prié (j'ai souligné certains mots):
• Gardez la porte de la pensée. N'admettez que les conclusions dont vous voudriez voir les effets se réaliser sur le corps, et vous vous gouvernerez harmonieusement. (p. 392)
• Nous devrions nous familiariser davantage avec le bien qu'avec le mal et nous défendre contre les fausses croyances avec une vigilance semblable à celle qui nous fait barrer la porte aux voleurs et aux assassins qui s'approchent. (p. 234)
• Nous devrions nous lasser de ce qui est fugitif et faux, et ne rien chérir qui entrave en nous le moi le plus élevé. (p. 68)
Puis un incident s'est produit, qui a en quelque sorte tiré pour moi la sonnette d'alarme: j'avais besoin de modifier ma façon de penser et de parler. Pendant ma première année dans le groupe, j'avais pris l'habitude de me plaindre du comportement de mon fils aîné. Il avait quatre ans, et geignait, semblait-il, de façon exagérée, hurlant (nous appelions cela sa « sirène de pompier ») à tout bout de champ. Non seulement je n'ai pas prié au départ pour résoudre cette situation, mais j'ai pris son comportement comme sujet de conversation.
Par voie de conséquence, même si aucune mère dans le groupe n'avait jamais parlé de cette attitude de mon fils, elles ne se sont pas gênées pour le faire après moi! Très vite, peutêtre par gentillesse et pour m'aider, elles se sont mises à me signaler les moments où mon fils avait laissé éclater ses émotions. J'ai même commencé à voir des hochements de tête éloquents et à entendre des petits rires. Cela m'a réveillée. Comme un avocat qui n'aurait pas défendu correctement son client, j'avais fait preuve de « mauvaise pratique » à l'égard de mon fils, même si ce n'était pas intentionnel. Science et Santé parle aux étudiants de la Science Chrétienne d'une forme de mauvaise pratique mentale en ces termes: « Toute mauvaise pratique mentale provient de l'ignorance ou de la malveillance préméditée. C'est l'action nuisible d'un entendement mortel qui, poussé par de mauvais mobiles, en gouverne un autre, et elle est exercée avec une intention erronée ou méchante. Montrez à votre élève que la mauvaise pratique mentale tend à détruire le sens moral, la santé et la vie humaine. Enseignez-lui à fermer la porte de sa pensée à ce semblant de pouvoir... » (p. 451-452) Certainement, mon but en parlant de la « sirène de pompier » de mon fils n'était pas « malveillant », mais il était erroné. C'était une erreur de ma part de croire en cette fausse image de l'enfant de Dieu, naturellement bien-aimé, joyeux et confiant. Au lieu de l'encourager, j'avais au contraire aligné des arguments contre son progrès. C'est à peu près à cette époque qu'une verrue est apparue sur son doigt. Il l'a remarquée, mais elle ne le gênait pas. Tout d'abord, je n'y ai guère prêté attention moi non plus. Mais lorsque mon mari, qui ne pratiquait pas la Science Chrétienne à l'époque, a souhaité la faire enlever par un dermatologue, j'y ai consenti.
La verrue est réapparue environ un mois après son ablation. Grâce à mon étude de la Science Chrétienne, je savais que la cause réelle de tout problème était essentiellement mentale, non physique. Il était temps de prier de façon spécifique au sujet de cette situation. Et il m'est vanu à la pensée qu'éliminer une vision imparfaite de mon fils que j'avais entretenue jusque-là, et la remplacer par la vérité concernant son identité spirituelle parfaite constituerait un bon point de départ. Il était temps pour moi de prendre position en tant que mère, et d'être une avocate de la Vérité, affirmant ce que je savais être les bonnes qualités inhérentes à chacun des enfants de Dieu.
Quelques jours plus tard, alors que je priais, je suis tombée sur cette citation dans la Leçon biblique [indiquée dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne]: « La Vérité éternelle détruit ce que les mortels semblent avoir appris de l'erreur, et l'existence réelle de l'homme en tant qu'enfant de Dieu est mise en lumière. » (Science et Santé, p. 288-289) J'ai réalisé que ces vérités au sujet de mon fils, de sa bonté et de son innocence ne constituaient pas simplement une méthode éducative « positive », mais qu'elles auraient un effet correcteur sur sa vie. Elles détruiraient toutes les idées fausses que j'avais tirées des théories matérielles courantes, et son apparence réelle et sa nature spirituelle seraient « mises en lumière ». La verrue est tombée de la main de mon fils dans le mois, et elle n'est jamais réapparue.
Au cours de l'année, mon fils a mûri, et son comportement s'est amélioré. J'ai continué de soutenir sa nature spirituelle parfaite dans mes prières. Pour moi, cela était la preuve que si nous chérissons spirituellement, avec amour, le développement de nos enfants, ils s'épanouissent naturellement.
J'étais reconnaissante d'avoir été vigilante et d'avoir su veiller sur mes pensées et changer ma vision, non seulement pour le bien de mon fils, mais pour le bien de tout le groupe composant la garderie. Au lieu de contribuer à des discussions négatives, j'ai proposé de parler de sujets plus profonds. Et j'ai vu que cela aidait également d'autres mamans.
Au lieu de mettre des étiquettes sur nos enfants, ou de nous inquiéter constamment à leur sujet, je vois bien maintenant l'importance de prendre au sérieux l'injonction insistante de Jésus, qui nous demande de chérir la pureté de la pensée des enfants (cf. Luc 18:16).
Aujourd'hui, mes enfants sont plus grands, et c'est plutôt dans un café que je rencontre mes amis pour parler de nos familles respectives. Mais je fais toujours attention à ce que ma conversation ait pour but d'élever la pensée et, pardessus tout, de bénir.
