Que voulait dire Jésus lorsqu'il affirmait que tout disciple chrétien devait « se charger de sa croix » ? Voulait-il dire qu'il fallait souffrir pour atteindre le ciel ? La citation complète dit: « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suivre. » (Matthieu 16:24)
Au cours des siècles, l'expression « porter sa croix » a pris le sens de « porter ses afflictions avec résignation ». Pourtant, les nombreuses guérisons effectuées par Jésus indiquent que sa mission était de délivrer l'humanité de la souffrance et non pas de nous apprendre à nous y résigner. Sa compréhension que Dieu est Amour lui a permis de délivrer des enfants, des femmes et des hommes de toute la gamme des afflictions humaines: maladie, ignorance, pénurie, exclusion sociale, et même de la mort. Comment l'œuvre de guérison pourrait-elle alors s'accompagner de l'obligation de souffrir ?
Le sens spirituel de la croix
Considérée d'un point de vue matériel, la croix fut l'instrument de la crucifixion de Jésus, donc synonyme de persécution, de souffrance et de mortalité. Mais conçue spirituellement, la croix représente l'obéissance de Jésus, grâce à laquelle il a pleinement démontré à l'humanité, par sa résurrection et son ascension, la continuité éternelle de son être, et celle de tout être véritable, image et ressemblance de Dieu.
Or, il était impossible de crucifier l'identité véritable de Jésus. Le Christ, l'identité réelle de Jésus, la manifestation de l'Amour divin, ne pouvait être annihilé. Dans le livre Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy explique que « le Christ éternel, son moi spirituel, ne souffrit jamais » (p. 38), et que « le Christ n'est pas sujet aux conditions matérielles » (p. 49). L'exemple de Jésus sur la croix a prouvé à toute l'humanité que notre identité spirituelle véritable ne peut être persécutée par quoi que ce soit.
J'aime penser à la croix en tant que symbole de deux axes essentiels du christianisme: la Vérité et l'Amour. La Vérité, l'axe vertical, représente alors le Principe infailliblement droit et parfait de l'être réel, la source et l'origine de toute vie en Dieu. Et l'Amour, l'axe horizontal, représente l'infinie étendue de la tendre sollicitude de Dieu. Cette union parfaite de la Vérité et de l'Amour donne une solidité indestructible au christianisme et à ses promesses de guérison et de régénération.
« Qu'il renonce à lui-même... »
Jésus appelle chaque disciple non à renoncer au bonheur ou à son individualité véritable, mais plutôt à renoncer à un faux sens de soi en tant que mortel limité ou imparfait, séparé de Dieu. Jésus révèle ainsi à l'humanité que le moyen divin, pour chaque personne, d'être heureuse et en bonne santé est de chercher à connaître le plan parfait que Dieu a prévu pour elle, et de le suivre fidèlement. Ce plan implique que nous fassions du bien à notre prochain, en laissant Dieu établir nos priorités et nos activités, plutôt que d'exercer la volonté personnelle.
« Renoncer à soi-même » veut aussi dire rejeter les images discordantes que les sens physiques semblent parfois nous présenter avec tant de force, que ces images se présentent sous forme de symptômes de maladie, de problème menaçant, ou de personne « difficile ». Sachant que les sens corporels ne peuvent nous donner un portrait juste de la vérité spirituelle, on peut se détourner humblement du portrait matériel inharmonieux pour se tourner de tout cœur vers la Vérité divine toujours harmonieuse.
Renoncer à soi, c'est donc refuser mentalement la tentation de croire qu'il existe un entendement ou un pouvoir autre que Dieu susceptible de semer la discorde ou de causer la pénurie. C'est repousser les pensées qui pourraient nous limiter, comme celles-ci par exemple: « les emplois sont rares », « les ressources me manquent », « ma santé est faible », etc.
Bref, Jésus nous convie à renoncer à croire qu'il existe quoi que ce soit en dehors de Dieu, le bien omniprésent.
« Qu'il se charge de sa croix... »
Quand on considère le sens spirituel de la croix, « se charger de sa croix » peut vouloir dire porter en tout temps la conscience de la Vérité et de l'Amour. La discipline mentale de prier régulièrement et de spiritualiser sa pensée exige effectivement un effort continu, mais elle nous apporte des bienfaits infinis. « Se charger de sa croix », c'est également être toujours disposé à traiter par la prière toute souffrance humaine qui vient à notre attention, qu'elle semble nous toucher personnellement ou toucher autrui.
Se charger de sa croix, c'est s'en tenir fermement et avec persistance à la Vérité, même si parfois un problème semble perdurer, jusqu'à ce que le faux témoignage des sens matériels cède inévitablement à la Vérité spirituelle. Parfois cela implique la nécessité de vaincre le découragement, les distractions, ou la fausse impression qu'il est difficile de prier.
Se charger de sa croix, c'est se décharger de tout concept matériel qui semble limiter ou faire souffrir l'humanité.
« Qu'il me suivre... »
Suivre Jésus Christ, c'est d'abord accepter de tout cœur que le Christ est « le chemin, la vérité, et la vie » (voir Jean 14:6). Emprunter ce chemin, c'est recevoir la promesse que plus nos pensées, nos priorités et nos activités seront modelées sur celles de Jésus, plus nous ferons les œuvres de guérison qu'il a faites. Dans son Sermon sur la Montagne (voir Matthieu, chapitres 5 à 7), Jésus décrit toutes les qualités divines que nous reflétons naturellement en tant qu'enfants de Dieu et qui nous empêchent de souffrir ou de causer la souffrance (par exemple, l'honnêteté, l'humanité, l'amour et la pureté).
Suivre le Christ, c'est aussi écouter les messages divins qui nous viennent continuellement de Dieu et les suivre avec joie afin d'être des témoins fidèles du « royaume de Dieu » que Jésus nous a révélé, la conscience infinie du bien.
Les enseignements de Jésus indiquent le chemin du progrès pour toute l'humanité. « Les progrès devraient se faire sans que l'on ait à souffrir et s'accompagner de vie et de paix...», précise Mary Baker Eddy (Science et Santé, p. 224).
La Vérité et l'Amour démontrés
Avant de découvrir le sens spirituel de la vie, je me sentais souvent stressée et impatiente, car il me semblait que je n'avais jamais assez de temps pour tout accomplir. Par l'étude de la Science Chrétienne et par la prière, je me suis rendu compte que j'avais longtemps cru à tort qu'il fallait se dépenser jusqu'à l'épuisement pour atteindre des objectifs, que souffrir était noble, et qu'il ne fallait surtout pas avoir trop de bienfaits dans la vie, pour ne pas devenir un « enfant gâté ».
La Science Chrétienne m'a fait comprendre que l'Amour divin ne nous a pas créés pour souffrir, mais plutôt pour exprimer le bien infini. J'ai appris que je suis le reflet de Dieu, de Son intelligence et de Son activité harmonieuse. Lorsque j'ai saisi l'idée que l'action de refléter ne pouvait m'épuiser, et que j'ai renoncé à croire que la souffrance est nécessaire, le stress et l'impatience m'ont graduellement quittée. Aujourd'hui, j'ai une vie plus active que jamais, et pourtant je me sens calme et joyeuse. J'ai compris que Dieu nous donne tout ce qu'il nous faut pour accomplir Son plan divin.
La couronne de vie
La Bible nous assure que si on s'applique fidèlement à rejeter de sa pensée tout semblant de mal, on recevra « la couronne de vie » ou la pleine manifestation de la Vie divine (voir Jacques 1:12). Garder la Vérité et l'Amour au premier plan de sa pensée, c'est se charger de sa croix, une croix qui offre la promesse du plein accomplissement de notre mission et d'une protection complète contre la souffrance. Chacun peut donc se charger de sa croix avec joie et avec l'attente du bien, et découvrir que la Vérité et l'Amour répondent pleinement à ses besoins.
