« GETHSÉMANÉ.
Patience dans la douleur; l'humain cédant au divin; l'amour non payé de retour, mais restant toujours l'amour. »
Mary Baker Eddy, Science et Santé, p. 586
Le jardin de Gethsémané est situé à l'est de Jérusalem, au pied du mont des Oliviers. Les événements vécus par Jésus à Gethsémané constituent l'un des premiers récits bibliques que j'aie lus dans mon enfance. Cela me déchirait le cœur de voir que malgré tout le bien qu'il avait fait aux autres, Jésus avait souffert seul à Gethsémané. Même ses disciples, qui avaient profité directement de ses enseignements et avaient été les témoins directs de ses œuvres merveilleuses, n'avaient pas eu la force de l'aider au moment où il en avait le plus besoin. Je voulais absolument comprendre ce que Jésus avait vécu à Gethsémané. Quels enseignements pouvais-je en tirer ? Comment m'appuyer sur l'expérience de Jésus dans ma propre vie ? Voici trois idées qui m'ont éclairée.
Dieu, l'Esprit divin nous soutient
Jésus était dans le jardin de Gethsémané avec plusieurs de ses disciples. L'évangile selon Matthieu relate qu'il se mit à « éprouver de la tristesse et des angoisses » (26:37), prévoyant la trahison de Judas et sachant l'imminence de son arrestation et de son crucifiement. Il demanda à ses disciples de rester veiller avec lui et de prier comme il le faisait lui-même. Au bout d'un moment, Jésus retourna vers ses disciples et les trouva endormis. Il les réveilla et alla jusqu'à implorer Pierre de prier ne serait-ce qu'une heure ! Mais les disciples en furent incapables et s'endormirent à nouveau. Après cela, Jésus ne rechercha plus leur aide, reconnaissant trés certainement l'impuissance et la faiblesse d'une aide mortelle face aux exigences spirituelles d'une telle situation.
En d'autres termes, lorsqu'il reprocha à son disciple Pierre: « Vous n'avez donc pu veiller une heure avec moi ! » (26:40), Jésus devait savoir à quoi s'en tenir: ni Pierre ni ses autres disciples ne pouvaient veiller, car la chair était faible. Mais Jésus comprit sans doute aussi qu'il n'avait pas besoin de leur soutien: il pouvait compter sur celui de l'Amour divin. Et de fait, le pouvoir et la pureté de sa nature Christ lui permirent de rester alerte, calme et sans peur. Les prières de Jésus étaient sincéres, humbles, pleines de ferveur et continuelles. Lorsqu'il pria: « Mon Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (26:39), il n'avait pas moins confiance en Dieu, mais avait besoin de prier avec insistance afin de pouvoir confier son fardeau à Dieu et s'en remettre totalement à la volonté de Son Père. C'est ce qui lui permit de se détourner du tableau matériel pour acquérir le sens spirituel de son identité véritable indestructible.
L'exemple de Jésus m'aide à apprécier à sa juste valeur un besoin humain élémentaire: celui d'être compris. Qui n'a jamais ressenti le désir profond d'être apprécié ? Si intentionné soit un conjoint ou un ami, son aide ne suffit pas toujours, car le désir profond d'être compris ne peut être comblé que de manière spirituelle. Le bien mortel est fini, alors que le bien spirituel est infini. Le fini ne peut connaître l'infini. Ce n'est que lorsqu'on se tourne sans réserve vers Dieu, source de tout bien, qu'un tel désir de compréhension et de vérité peut être satisfait. Seul le pouvoir de l'Amour divin est à même de nous aider à tout moment, en toutes circonstances. Ce pouvoir ne nous sépare pas de notre famille ni de notre environnement; au contraire, il renforce les liens et nous permet d'être plus utiles aux autres et de nous aider nous-mêmes.
La bonté est l'arme de l'Esprit
La pureté de la piété de Jésus et sa confiance absolue en l'Amour divin nous inspirent. La rencontre de Jésus avec Malchus, serviteur du souverain sacrificateur venu assister à son arrestation à Gethsémané, témoigne à l'évidence d'une leçon d'amour, de pardon et de courage moral. Voulant défendre Jésus, Pierre tira son épée et coupa l'oreille de Malchus. Mais Jésus réagit en guérissant l'oreille. « Remets ton épée en place, dit-il à Pierre, car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée. Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l'instant plus de douze légions d'anges ? » (Matthieu 26:52, 53)
Chaque fois que l'on m'a fait du tort ou que je suis tentée par le ressentiment ou l'auto-justification, je repense à l'attitude de Jésus face à Malchus. C'est l'un des exemples qui m'inspire en présence d'autrui. Si quelqu'un avait de bonnes raisons de se venger du mal qu'on lui faisait, c'était bien Jésus ! Mais rejetant toute auto-justification, il réprouva Pierre pour son réflexe de défense animal. Il prouva son amour pour Dieu et pour toute l'humanité, ainsi que sa confiance absolue dans les voies de Dieu, en guérissant l'oreille de Malchus. Je me suis souvent dit que si Jésus avait pu pardonner en pareilles circonstances, il n'y a rien que je ne puisse pardonner ! En donnant la priorité à l'Amour divin, en obéissant aux préceptes protecteurs de l'Amour, je peux tout supporter, être patiente quoi qu'on me demande de faire, et rejeter le ressentiment, la haine et l'auto-justification.
Si je veux bénéficier de la plénitude de l'amour de Dieu et de Sa protection – et Jésus apporta la preuve définitive que l'on peut tous en bénéficier – il me faut réprouver le ressentiment et le courage animal. Si nous aimons Dieu par-dessus tout, nous agirons comme Jésus, Mary Baker Eddy explique en effet: « Si nous désirons suivre le Christ, la Vérité, nous devons le faire de la manière désignée par Dieu. Jésus dit: "Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais." Celui qui voudrait parvenir à la source et trouver le divin remède à tous les maux ne devrait pas essayer de gravir la colline de la Science par un autre chemin. Toute la nature enseigne l'amour de Dieu pour l'homme, mais l'homme ne peut aimer Dieu par-dessus tout et vouer toute son affection aux choses spirituelles, tant qu'il aime les matérielles ou qu'il a plus de confiance en ce qui est matériel qu'en ce qui est spirituel.
« Il nous faut abandonner les fondements des systèmes matériels, quelque vénérés qu'ils soient, si nous voulons avoir le Christ comme notre unique Sauveur. » (Science et Santé, p. 326) C'est ce que j'ai vérifié dans ma propre existence. J'avais treize ans quand mon grand-père a été assassiné par une bande de jeunes. Cela s'est passé juste derrière chez lui alors qu'il revenait de sa promenade quotidienne. Les cinq garçons étaient âgés de cinq à dix-neuf ans. On a dit que c'est le plus jeune qui aurait appuyé sur la détente de l'arme à la demande des autres. Cet acte insensé, motivé par la haine raciale, était pour moi totalement incompréhensible. Mon grand-père était un homme bienveillant, qui n'élevait jamais la voix, ne disait jamais un mot de travers, ne se mêlait jamais des affaires des autres, ne se permettait jamais le moindre commérage et ne jugeait personne. J'ai prié à ma façon enfantine pour que Dieu m'aide à comprendre, pour savoir comment réagir.
J'aimais mon grand-père et je ne comprenais pas pourquoi j'étais incapable d'éprouver la moindre haine à l'égard de ces garçons et ne voulais pas venger ce meurtre. Raisonnant du haut de mes treize ans, je me suis dit que si je l'avais vraiment aimé, j'aurais haï ces jeunes et j'aurais voulu le venger. N'était-ce pas normal ? À peine m'étais-je posé la question que la réponse est venue: « Non ! » J'ai senti la présence aimante de Dieu qui m'assurait que mon grand-père était sous Sa protection permanente en tant que Son enfant éternel, l'expression de la Vie même. Ce raisonnement m'était naturel. Je fréquentais l'école du dimanche de la Science Chrétienne depuis des années, et je n'ignorais rien des exigences chrétiennes: obéir aux Dix Commandements et vivre dans l'esprit du Sermon sur la Montagne. J'avais souvent senti la présence de l'Amour divin et constaté l'action de la loi divine dans ma vie. J'ai alors reconnu dans ce calme intérieur, dans cette compassion, la douce présence de l'Amour.
La guérison de l'oreille de Malchus par Jésus était instructive. J'avais besoin d'aimer davantage, de laisser aux autorités compétentes le soin de condamner et corriger ces jeunes, et de reconnaître que la justice est entre les mains de Dieu. Je me suis souvenue de ce verset biblique: « Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies. » (Ésaïe 55:9) J'ai compris que mon refus d'entretenir de la colère, du ressentiment ou un désir de vengeance était la réponse à ma prière et la preuve de la présence de l'Amour divin. Depuis lors, j'ai prié bien des fois pour la guérison de toutes sortes de crimes et de la haine raciale, mais je n'ai jamais douté de la certitude que j'avais eue alors du pouvoir suprême de Dieu.
Jésus ne resta pas dans le jardin
Jésus connut des heures terribles à Gethsémané. Intentionnellement ou à cause de leur propre faiblesse, ceux qui étaient les plus proches de lui l'abandonnèrent. Il n'y a rien de plus douloureux que de se sentir seul et trahi par ceux à qui l'on a tout donné. Mais Jésus ne resta pas à Gethsémané, ce ne fut qu'un passage. Il laissa derrière lui les blessures, la déception, la solitude et tout reste d'angoisse. C'est cette leçon qui m'est le plus utile.
Puisque Jésus ne resta pas à Gethsémané, je n'ai pas à m'y attarder non plus. Ce qui ressemble à de l'amour et à un soutien non réciproques est temporaire. Le Gethsémané de Jésus — « l'amour non payé de retour, mais restant toujours l'amour » — lui permit de s'en remettre avec encore plus de force à l'Amour et de triompher de la tombe lors de sa résurrection et de son ascension. L'ego humain se complaît dans l'auto-justification alors qu'il est nécessaire d'aller de l'avant. J'ai souvent été vite délivrée d'un moment d'apitoiement sur moi-même en me souvenant de la leçon de Gethsémané: Jésus n'en resta pas là ! Comme l'explique Mary Baker Eddy: « Ce besoin de tendresse humaine n'eut pas de réponse, aussi Jésus se détourna-t-il pour toujours de la terre vers le ciel, du sens vers l'Âme. » (Science et Santé, p. 48)
Si important soit le tort causé, si injustes soient les circonstances, la seule façon de progresser, c'est de s'en remettre complètement à Dieu. La solution peut emprunter un chemin auquel on n'a pas pensé, survenir à un moment inattendu, et ne pas être ce que l'on avait planifié. Mais la volonté opiniâtre résiste à la grâce de Dieu. On obtient la meilleure des réponses en faisant davantage confiance à Dieu. On peut Lui faire confiance pour accomplir Son travail, pour S'occuper de ce qui est nécessaire et corriger ce qui doit l'être.
La justice et la miséricorde appartiennent à l'Amour divin, et l'Amour seul corrigera ce qui a besoin de l'être et récompensera le juste en le délivrant de toute situation de détresse. Notre travail consiste à être comme Jésus quand il déclare: « ... il faut que je m'occupe des affaires de mon Père. » (Luc 2:49) Il nous faut, nous aussi, nous occuper des affaires de l'Amour, confiants dans le fait qu'en aimant nous pouvons tout excuser, tout supporter (voir I Corinthiens 13:7).
Si vous connaissez, vous aussi, votre Gethsémané, prenez courage. N'accusez pas Dieu car, par nature, l'Amour n'est ni sévère ni indifférent. Vous pouvez faire l'expérience de « l'humain cédant au divin » dans votre conscience, ressentir la protection de l'Amour, et passer soudain des ténèbres du malheur à la lumière de la guérison.
