Un jour, alors que Jésus prêchait dans le temple, une femme fut amenée de force devant l'assistance.Après avoir déclaré qu'elle avait été surprise en flagrant délit d'adultère, ses accusateurs demandèrent à Jésus, sur un ton railleur: « Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes: toi donc, que dis-tu ? » (Jean 8:5)
Coupable selon la loi hébraïque, la femme s'attendait au châtiment prescrit.
Or Jésus fit preuve d'une grande sollicitude et d'une grande compassion. Il leur répondit: « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. » (Jean 8:7) Accusés par leur conscience, tous s'en allèrent.
De toute évidence, ces gens ne se préoccupaient pas de la femme, mais se servaient d'elle pour s'en prendre à Jésus et à ses enseignements concernant ce qu'il appelait « le royaume de Dieu », une conception tout à fait nouvelle de la réalité et de la relation de l'humanité à Dieu.
En fait, l'une des personnes présentes était bien « sans péché »: Jésus lui-même. Et il connaissait parfaitement les exigences de la loi mosaïque ou loi de Dieu. Pourtant il ne jeta aucune pierre sur la femme et ne la condamna même pas. Elle fut l'objet d'un amour qui voyait en elle plus de qualités qu'elle n'en reconnaissait elle-même.
Ce genre de drame de la vie courante se répète tous les jours lorsque des personnes agissent mal. Parfois le conflit est intérieur, et les jets de pierres sont des jugements sévères portés contre soi-même, une forme de condamnation qui tend à maltraiter le caractère humain et risque de conduire au dégoût de soi et à un comportement destructeur. Certains accueillent cette condamnation avec l'espoir que le dégoût mettra fin à leur mauvaise habitude. Mais bien souvent ce n'est pas le cas. À la place, le dégoût de soi tend à générer un sentiment de honte et de culpabilité malsain et contraire au processus de guérison.
Or Jésus révéla une justice qui guérit aujourd'hui comme au temps où il vivait sur terre. Cette justice condamne les mauvaises actions, tout en sauvant la personne, plutôt qu'en la condamnant. Cette justice recourt à l'action libératrice de l'Amour divin, qui est sans cesse à l'œuvre dans la conscience humaine et qui repose sur une compréhension spirituelle de Dieu et de Sa création.
Les mauvaises actions finissent toujours par être exposées au grand jour et par faire souffrir, mais même — et particulièrement — durant ce temps, le pouvoir et l'amour de la défense Christ sont présents. Ce pouvoir qui guérit et sauve, si bien exprimé par Jésus, protège chacun de nous d'actes qui prétendent être justes mais sont en réalité faux et destructeurs.
L'évangile selon Jean révèle que Jésus donna à cette femme, comme à tous ceux qu'il guérissait, le « pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu » (Jean 1:12, 13).
Le ministère de la guérison et du salut de Jésus a révélé également, et pour tous les temps, que l'homme et la femme créés à l'« image » de Dieu sont tout à fait différents de ce qui est né de la chair. C'est pourquoi aucun de nous, en tant que ressemblance de Dieu, n'a son origine dans la chair. Et la matière ne crée aucun état physique chez les enfants de Dieu, car nous sommes tous spirituels.
Je me suis rendu compte que pour cesser de mal agir, il faut entretenir cette idée plus élevée du Créateur et de l'identité spirituelle de l'homme. Selon la croyance générale, nous sommes tous conçus dans la matière, porteurs d'un code génétique et nés dans un monde où les impressions marquantes de l'enfance déterminent notre caractère et nos actes. C'est comme si on attribuait à chacun un rôle irréversible, sans qu'il ait son mot à dire, et que ce rôle, celui d'une personnalité humaine physique, l'incitait à répéter sans cesse les mêmes erreurs.
Qui en a décidé ainsi ? Certains disent que c'est Dieu. Ils affirment que Dieu crée Ses propres enfants avec une propension à pécher, à s'écarter de l'image parfaite de leur nature originelle, pour les punir ensuite de ne pas être capables de s'amender. On évoque alors une culpabilité fondamentale liée au simple fait d'être né, et que l'on appelle « péché originel ». Une très grande partie du mal, dans ce monde, provinet de ce sens charnel de l'existence, et de personnes qui croient en un pouvoir ou une entité qui a créé le mal et le condamne.
Pour se guérir vraiment d'un comportement nuisible et du sens de culpabilité, il faut d'abord corriger toute fausse image de soi-même grâce à une meilleure compréhension de Dieu. Mary Baker Eddy écrit: « Tôt ou tard, la race humaine tout entière apprendra que dans la mesure où l'Ego immaculé de Dieu sera compris, la nature humaine sera rénovée; l'homme acquerra un moi plus élevé, dérivé de Dieu, et la rédemption du péché, de la maladie et de la mort sera établie, pour les mortels, sur des fondements éternels. » (Unité du Bien, p.6)
Ce « moi plus élevé » appartient bien à chacun de nous, et il est impossible de s'écarter de ce que Dieu exprime. La vie et l'œuvre de guérison de Jésus prouvent que Dieu est l'Esprit divin, l'Amour constant, la seule Cause. Ce Dieu, ou Entendement, crée des idées et les maintient dans une perfection éternelle. Nous sommes les idées impeccables de Dieu. Ce qui semble être passé d'un état de grâce à un état de péché est une vue déformée provenant des pensées de l'entendement charnel qui appelle cette représentation « réalité » et l'attribue à Dieu.
En exprimant Dieu, qui est l'Amour même, Jésus offrit le pouvoir de rédemption à l'existence humaine et à tous ceux qu'il touchait. Le Christ, en qui l'on peut voir la justice de l'Amour divin, et que Jésus démontra si bien, révèle l'être individuel parfait. Comprendre cette vérité spirituelle dévoile et condamne le péché, qui est non seulement étranger à Dieu, mais à Sa ressemblance. Exposant et détruisant le péché, la justice divine montre que Dieu est de notre côté. Cette vérité nous renforce et nous stimule dans notre combat contre le péché et notre démonstration de la domination que Dieu nous a donnée sur le mal.
L'activité de l'amour rédempteur implique d'opposer aux tendances de la personnalité humaine les qualités pures de l'individualité spirituelle.
Par exemple, l'égocentrisme, l'hyper sensibilité et la tendance à manipuler autrui doivent être considérés comme étrangers à notre identité spirituelle véritable, et il faut donc y résister. Purifier le caractère humain de ses souillures — les péchés accumulés au cours des ans — et essuyer les larmes du découragement et de l'échec, demandent de la patience et de l'amour. Cette réforme non seulement détruit les défauts, mais annule la souffrance liée à une mauvaise conduite.
Ce fait est illustré dans l'expérience d'un prisonnier que j'ai connu alors que j'étais aumônier de la Science Chrétienne dans une prison d'État. Le centre de détention lui offrait la possibilité d'effectuer des travaux agricoles avec d'autres prisonniers qui avaient été condamnés à moins d'un an de prison. Un jour, il a reçu un appel à l'aide de sa mère, et il a eu le sentiment qu'il lui fallait être à ses côtés immédiatement. Il a tenté de s'évader pour la rejoindre, mais on l'a attrapé et placé dans une prison de haute sécurité en attendant d'être jugé à nouveau. Le directeur de la prison voulait qu'on ajoute plusieurs années d'emprisonnement à sa première condamnation afin que sa peine serve d'exemple.
Quand j'ai fait la connaissance de cet homme, dans le cadre de mes fonctions d'aumônier, il attendait la lecture de l'acte d'accusation, qui n'interviendrait pas avant plusieurs semaines. Nous avons parlé des idées contenues dans Science et Santé avec la Clef des Écriture de Mary Baker Eddy ainsi que de la Bible. Cela lui a permis de considérer la situation de sa mère et de se voir lui-même sous un jour tout à fait nouveau. Il a appris qu'en dépit des apparences, Dieu les avait créés, lui et sa mère, spirituels et parfaits, et qu'ils bénéficiaient de l'amour constant de Dieu. Il a commencé à ressentir cet amour et à comprendre que cette puissante vérité pouvait avoir des effets guérisseurs dans sa vie.
Grâce à ces prières, cet homme a appris à mieux se connaître spirituellement et à ressentir une plus grande paix. Peu de temps après, il a été informé que la situation de sa mère s'était nettement améliorée.
Mais restait un problème: il était accusé d'un délit qu'il avait bel et bien commis: tentative d'évasion. Et pourtant, à bien des égards, ce n'était plus le même homme. Il avait entrevu sa nature spirituelle pure et immuable, et par conséquent le fait qu'il lui était impossible d'être tenté de commettre le moindre délit. Il s'est demandé s'il devait plaider coupable ou non coupable.
Le jour du procès, il avait décidé de plaider coupable. Le juge a alors décidé qu'il ne bénéficiait pas d'une défense appropriée et à remis l'audience à plus tard. Lors de l'audience suivante, les parties concernées ont décidé, contrairement aux souhaits de l'administration pénitentiaire, d'ajouter seulement quelques mois à sa peine.
Le fait est que Dieu ne cause ni ne permet le péché et la maladie. Par conséquent l'homme et la femme de Sa création sont innocents. En nous efforçant de nous connaître comme Dieu nous connaît, nous avons la sagesse nécessaire pour déceler et corriger les défauts propres à la personnalité humaine, ce qui en retour nous offre la possibilité de nous réformer. Comme le souligne Science et Santé: « Connais-toi toi-même, et Dieu te donnera la sagesse qu'il te faudra pour remporter une victoire sur le mal et Il t'en fournira l'occasion. » (p. 571)
Au lieu de se sentir accablé par la maladie et marqué par le péché originel, on peut découvrir qui l'on est et savoir que l'innocence spirituelle est l'essence même de l'univers.
Cette vérité puissante est, comme le démontra Jésus, l'amour rédempteur qui protège, purifie et sauve.
Cet amour est toujours avec nous, y compris à l'heure de la détresse.
