Il y a un an, je me suis remarié, et tout à coup deux familles n'en ont fait qu'une. Ce fut une période de grande activité, pleine de nouveautés. Cependant, au début, j'ai eu l'impression, à de nombreuses reprises, de me trouver coincé au milieu des querelles qui s'élevaient entre une de mes filles et un autre membre de la famille.
Je me souviens d'une fois en particulier où le malaise était si grand qu'on est arrivé à un point de rupture. Depuis deux mois, ces deux personnes me faisaient part de leurs soucis et de leurs griefs. Chacune considérait avoir de bonnes raisons pour réagir aux actes de l'autre et être dans son bon droit; chacune recherchait mon affection et mon soutien. Je me suis efforcé de leur apporter l'attention dont elles avaient besoin, mais je ne semblais pas être à la hauteur. J'étais à bout d'arguments et la communication entre les deux parties était devenue impossible.
Je serais probablement encore en train de tenter de raisonner avec ces membres de ma famille, s'il n'y avait eu un jour un moment décisif, alors que je priais. À l'écoute, j'ai finalement pris conscience du fait que seul Dieu, l'Amour divin, gouvernait et dirigeait vraiment. Dieu était le Père-Mère au centre de notre existence. Dieu nous entourait tous de Son amour, ce qui éliminait pour moi la possibilité d'être un médiateur ! C'est à un passage de Science et Santé que je dois la paix que j'ai ressentie. C'était une phrase que je connaissais bien, mais quand je l'ai lue cette fois-là, ce fut comme si elle s'échappait de la page: « Dieu est à la fois le centre et la circonférence de l'être. » (p. 204) Ce message réconfortant m'a fait prendre conscience du fait qu'aucune circonstance, aucun individu ni aucune situation n'avait le pouvoir de me faire croire que j'étais personnellement responsable du bonheur ou du bien-être d'autrui. Il était impossible que je me retrouve au milieu de quelque chose qui était hors de portée du gouvernement divin.
Le fait que Dieu était au centre de tout m'a fait comprendre que, même avant que l'animosité ou la confusion ne s'expriment, Dieu était déjà là, Il avait déjà communiqué avec ma fille, Il avait déjà assuré toutes les personnes concernées de Sa présence, en envoyant constamment Ses anges d'amour, de paix et d'harmonie. Puisque Dieu est Celui qui sait tout, Il fournit toujours la bonne solution aux problèmes qui semblent accablants ou impressionnants.
Pendant quelques instants, j'ai poursuivi ce raisonnement. Si Dieu était toujours présent, je pouvais avoir l'assurance qu'il n'existait aucune autre puissance capable de prétendre que l'animosité, la colère et l'agacement avaient le droit de régner dans notre famille. Aucune de ces émotions, qui s'opposaient à Dieu, ne saurait avoir de légitimité. Dieu seul était toute bonté et intelligence. Et je reflétais cette intelligence et ce discernement.
Ces idées étaient, comme le dit la Bible, « vivante[s] et efficace[s], plus tranchante[s] qu'une épée quelconque à deux tranchants » (Hébreux 4:12). Elles ont tranché dans le vif de mes craintes.
Au cours des semaines qui ont suivi, je me suis senti plus apte à parler à ma fille. Nos échanges se faisaient sur un tout autre niveau, parce que je m'efforçais de reconnaître que Dieu tenait les rênes. J'avais toujours autant d'affection pour elle, mais j'envisageais mon rôle de père sous un angle différent. J'ai d'ailleurs vécu avec elle des moments mémorables, lors d'un long trajet en voiture, où elle s'est confiée et où nous avons pu parler ouvertement. Ses relations avec l'autre membre de la famille se sont bientôt améliorées. Il m'était plus facile de voir que ces deux personnes, derrière les marques d'agacement, aspiraient simplement à se sentir aimées. Je savais que c'était à Dieu de donner cet amour, et je ne me sentais plus sous pression.
Encore aujourd'hui, je m'efforce de ne pas être un père qui joue les médiateurs. J'ai appris que cela ne signifie pas qu'on se désintéresse totalement de la situation ou qu'on se contente d'adopter une attitude résignée. Cela veut dire au contraire s'impliquer davantage, prendre un engagement plus profond et être prêt à prier Dieu humblement en reconnaissant qu'Il est l'Amour infini. Lorsque je m'attends de tout mon cœur à ce qu'Il m'apporte la réponse, il me vient toujours une pensée à laquelle je peux m'accrocher et que je peux mettre en pratique.
L'idée que Dieu est réellement « le centre et la circonférence de l'être » est à présent d'une valeur inestimable à mes yeux. Dieu, notre Père-Mère, qui nous élève et nous éduque, ne connaît jamais l'échec. Et nous n'échouerons pas non plus, si nous ne nous mettons pas en travers de Son chemin et si, patiemment, nous Le regardons agir.