Je ne savais que faire. J’avais honoré toutes les commandes de mon petit commerce de fleurs. Pas de nouvelles commandes. Pas de promesses de commandes. Pas d’argent. Pas de famille à laquelle je puisse emprunter. Sans aucune autre source de revenus, j’élevais seule mes trois enfants adolescents. Je me suis assise pour les attendre, car ils allaient bientôt rentrer de l’école. Là, sur le canapé du salon, j’étais paralysée par la peur. Pire encore, je me sentais complètement seule. Je pensais à ce qui pourrait nous arriver, à moi et à mes enfants, et ces pensées tendaient à éloigner toute capacité de réfléchir clairement, toute véritable solution.
Sur la table basse, il y avait un Science et Santé. Je venais de commencer à étudier la Science Chrétienne, et j’aimais ce qu’elle promettait. Or, en cet instant, j’avais la tête remplie de toutes ces mauvaises expériences qui avaient marqué mon passé. J’ai néanmoins ouvert le livre et mes yeux sont tombés sur le passage suivant: « Aujourd’hui, comme du temps de Jésus, la tyrannie et l’orgueil devraient être chassés du temple à coups de fouet, et l’humilité et la Science divine devraient y être accueillies. » (p. 142)
Ce passage m’a touchée. Ma conscience pouvait être le temple de la pensée. Des pensées de Dieu. Il fallait chasser à coups de fouet ces scénarios pessimistes, les ôter, les bannir, les effacer de ma conscience. Et sur le moment, c’est ce qui se passait. Ma réceptivité me permettait d’accueillir un verset biblique que j’aime beaucoup: « Il est bon de rendre grâces au Seigneur et de chanter les louanges de ton nom, ô Très-Haut ! » (Ps. 92:2, d’après la version King James)
Et puis la crainte est revenue: Comment rendre grâces quand je ne peux ni payer le loyer, ni aller au supermarché, ni faire le plein d’essence, ni faire face à toutes ces choses qui font partie de la vie quotidienne ? Et pourtant le même murmure de vérité, la même directive, s’est imposé encore une fois: « Il est bon de rendre grâces au Seigneur et de chanter les louanges de ton nom, ô Très-Haut ! » S’il y avait une chose que je n’avais pas envie de faire, c’était bien de chanter. Pourtant, l’idée est revenue doucement, encore et encore: rendre grâces... au Très-Haut.
Alors j’ai pris la résolution de rester assise sur ce canapé jusqu’à ce que je pense à quelque chose dont je pouvais être reconnaissante. Voici les premières idées qui me sont venues à l’esprit: Je suis reconnaissante pour le téléphone, l’eau chaude, l’électricité. Mais insensiblement les peurs familières sont revenues tourbillonner dans ma tête: Comment est-ce que je peux être reconnaissante alors qu’on va nous couper le téléphone, l’eau et l’électricité ?
Accablée et prête à renoncer, j’ai néanmoins eu la même idée, un peu plus fort cette fois: Rends grâces ! Les larmes aux yeux, j’ai persévéré. Qu’on finisse ou pas par nous couper le téléphone, me suis-je dit, je peux m’en servir pour l’instant. Je peux prendre un bain chaud maintenant. Je peux allumer le chauffage maintenant.
J’ai pensé à l’herbe verte dehors, aux fleurs, aux arbres. J’ai pensé à tous ceux qui partaient travailler pour aider ceux d’entre nous qui avaient besoin de leurs services. J’ai pensé aux réverbères, et même au ramassage des ordures. Débordante de gratitude pour ces petites choses, je me suis élevée mentalement, et mes pensées se sont élargies encore davantage. Gratitude pour l’océan, les montagnes, les rochers et leurs formations, les étoiles, la lune, le génie de la création... Je ne les voyais pas sur le moment, mais je savais qu’ils existaient. C’était un indice. À cette altitude de pensée, je voyais que Dieu était la grande source de tout bien. Ce bien illimité était déjà là. Et je n’en étais pas privée. J’étais si remplie de ce nouveau sentiment de gratitude que j’ai à peine entendu les légers coups frappés à la porte.
C’était mon voisin qui allait chercher sa nièce à l’aéroport et qui souhaitait lui apporter un bouquet de fleurs. C’était bien la première fois. Il ne m’avait jamais rien acheté. Il s’est excusé de commander ainsi à la dernière minute, mais il avait besoin des fleurs immédiatement et m’a tendu vingt-cinq dollars. Je savais que cette somme ne me permettrait pas de faire face à toutes mes obligations, mais elle était suffisante pour aller faire les courses. Elle était suffisante pour que je voie les possibilités qui sont toujours à notre portée si on s’accroche ne serait-ce qu’à une idée spirituelle vraie. Elle était suffisante pour que je comprenne qu’aucune situation n’est désespérée au point de ne pas avoir de solution. Elle était suffisante pour que je sache que Dieu m’aimait.
J’ai commencé à recevoir régulièrement des commandes, et j’ai obtenu un gros contrat avec une importante chaîne de restaurants. À terme, j’ai abandonné les fleurs et j’ai trouvé un emploi très bien payé dans les assurances. Ces carrières m’ont finalement conduite à mon occupation actuelle, que j’aime par-dessus toutes les autres, la pratique de la guérison par la Science Chrétienne.
Cette expérience que j’ai vécue il y a plus de trente ans va bien plus loin que le simple fait de recevoir de l’argent pour payer les courses, la nourriture ou l’essence. Elle m’a enseigné un point fondamental: Bien que je mène une existence humaine avec tous ses défis, j’ai été bénie par Dieu et j’ai reçu l’assurance que cette bénédiction incluait tout ce dont j’avais besoin pour avoir une vie bien remplie et productive. En d’autres termes, le temple de ma pensée est bien pourvu en idées spirituelles. Et même s’il y a toujours des difficultés à surmonter, je n’ai plus jamais ressenti cette peur dévastatrice. Quand on y réfléchit, toute invention utile à l’humanité est née de qualités spirituelles. Le téléphone, l’électricité, l’éclairage public, le ramassage des ordures sont plus que des commodités matérielles. L’idée originale est venue grâce à la confiance mise dans sa valeur, la certitude de son efficacité et la patience, tandis que l’idée se développait et se réalisait. Ces qualités spirituelles viennent de Dieu, la source infinie de tout bien.
Alors, quand nous élargissons notre sentiment de gratitude en étant conscients de nos qualités spirituelles, comme la bonté, l’intelligence, l’honnêteté, la vivacité, la tendresse et que nous les vivons, tout obstacle matériel auquel nous faisons face, le manque de santé, de richesse, de confiance en soi, de possibilités, est chassé du temple de la conscience à coups de fout. Nous nous trouvons alors dans un temple qui est mentalement riche de promesses. Nous faisons les délices de Dieu et en tant que tels nous sommes aimés, ce qui implique qu’il est toujours répondu à nos besoins de manière pratique et tangible. Notre temple résonne de la voix sonore de Dieu déclarant que nous sommes Ses enfants.
À mesure que j’admettais la Science Chrétienne dans le temple de ma pensée et que je suivais ses directives, elle m’élevait plus haut; son étude a développé l’objectif que je m’étais fixé, soutenu les possibilités qui s’offraient à moi et favorisé ma réussite. « Rends grâces »: c’était la lumière, la directive dont j’avais besoin dans cette situation, et quand j’ai obéi humblement, au plus fort des difficultés, l’humilité a pris place dans ma conscience tandis que le doute et l’inquiétude en étaient chassés.
En me rendant au supermarché cet après-midi-là, je chantais les louanges du Très-Haut pour bien d’autres raisons que le simple fait de pouvoir acheter des provisions. J’avais eu la preuve que l’Amour divin avait toujours été présent, avec les réponses dont j’avais besoin. Il m’avait seulement fallu m’élever plus haut mentalement et inclure la gratitude pour les bénédictions qui étaient déjà là.
Quelle joie de savoir que je ne me laisserai probablement plus tromper par la suggestion que je pourrais être trop bas pour que le Très-Haut puisse me relever.
Je chante encore. Mais plus fort.