La Bible est un recueil de textes variés. Ses pages reflètent le travail d'innombrables auteurs et rédacteurs, et certains passages, plus que d'autres, semblent attirer immédiatement l'attention des lecteurs.
Mais il faut parfois procéder à quelques investigations ou se mettre profondément « à l'écoute » du texte pour que se révèle l'importance d'un passage ou même d'un livre entier des Écritures. Tel est le cas du livre d'Esther, probablement le dernier qui ait été écrit et inséré dans l'Ancien Testament. C'est un livre qui a soulevé une controverse dès le début; considéré d'un point de vue historique, on découvre que ce document requiert absolument une étude approfondie.
Plusieurs points mettent en cause le caractère religieux du livre d'Esther. En effet, sous sa forme originale, il ne contient aucune allusion directe à Dieu et des érudits des temps anciens, gênés à ce sujet, rédigèrent des ajouts qu'on trouve dans les Apocryphes. Des éléments du livre manifestent une certaine suspicion, et même une franche hostilité, envers le monde païen. Le livre d'Esther est également le seul livre de l'Ancien Testament qui n'ait pas été retrouvé parmi les manuscrits de la mer Morte, la bibliothèque d'une secte de Juifs qui s'était retirée dans une forteresse, à Qumrân, pour attendre le jour du jugement dernier et la fin du monde qu'ils croyaient imminents. Les membres de cette secte passaient leurs journées à étudier à fond les Écritures, et l'absence du livre d'Esther à Qumrân fournit un indice supplémentaire mettant en doute son caractère religieux.
Qu'est-ce qui a donc permis au livre d'Esther d'entrer dans le canon juif ? Il semble qu'il fasse partie des cinq megilloth, ou cinq rouleaux festifs, et qu'il soit lié à la fête des Purim mentionnée au chapitre 9 du livre; ce nom vient du mot hébreu pur qui veut dire « sort ». On pourrait faire observer que, tout ou long de l'histoire, la persécution fut le sort des Juifs; ce fut aussi leur sort d'assister à de grandes délivrances, comme dans le cas de la sortie d'Égypte et du récit d'Esther. Au cours des Purim célébrés par les juifs encore aujourd'hui, on lit souvent le livre d'Esther, et cette lecture est ponctuée d'applaudissements pour Mardochée et de sifflets pur le méchant Haman.
Le récit s'ouvre sur le divorce du roi Assuérus et de la très belle reine Vasthi qui, d'après la tradition rapportée peu explicitement dans le texte biblique, refusa d'obéir à son mari ivre qui lui ordonnait d'apparaître devant lui et ses courtisans, vêtue seulement de la couronne royale ! Le roi choisit Esther, cousine de Mardochée, comme nouvelle reine; sur le conseil de celui-ci, Esther ne dit pas au roi qu'elle était juive (2:20).
Le courtisan persan, Haman, est dépeint sous les traits d'un bureaucrate pompeux qui haïssait Mardochée, parce qu'il estimait que ce dernier ne lui montrait pas le respect qui lui était dû (3:4, 5). Haman, furieux, complota la mort certaine de Mardochée et de tous les Juifs de Perse en persuadant le roi de signer un traité autorisant leur extermination.
Quelque temps plus tard, Haman fut le jouet d'un coup de théâtre ironique et extrêmement comique. Quelque temps auparavant, Mardochée avait trouvé grâce aux yeux du roi, parce qu'il l'avait averti d'un complot destiné à l'assassiner; or, sans qu'on sache pourquoi, le roi ne l'avait pas récompensé à ce moment-là. Un soir, le roi se souvint de Mardochée et fit immédiatement venir Haman. Il lui demanda: « Que faut-il faire pour un homme que le roi veut honorer ? » (6:6) Haman, supposant que le roi parlait de lui-même, répondit: « Il faut prendre le vêtement royal dont le roi se couvre et le cheval que le roi monte et sur la tête duquel se pose une couronne royale... puis revêtir l'homme... le promener à cheval à travers la place de la ville, et crier devant lui: C'est ainsi que l'on fait à l'homme que le roi veut honorer ! » (6:8, 9) La réponse d'Haman plut au roi Assuérus qui lui ordonna de faire en sorte que Mardochée reçoive cet honneur. Et Haman, plutôt que de chevaucher, plein de gloire, dans les rues de la ville, fut désigné pour conduire le cheval et faire la proclamation !
Lorsque Mardochée demanda à Esther d'intercéder auprès du roi pour empêcher le massacre des Juifs, celle-ci ne se montra pas d'abord très enthousiaste. Le roi ne l'avait pas invitée à venir en sa présence depuis plus d'un mois, et toute personne qui se présentait devant lui sans y avoir été invitée pouvait être mise à mort (4:11). Mardochée lui déclara: « ... si tu te tais maintenant, le secours et la délivrance surgiront d'autre part pour les Juifs... » (4:14), mais il lui fit aussi remarquer que sa famille et elle seraient châtiées pour leur silence. Esther demanda alors audience auprès du roi, et, à la suite d'une série d'événements assez spectaculaires, elle fut à même de dénoncer la traîtrise d'Haman.
L'ironie ultime de cette histoire réside dans le fait qu'Haman, le méchant, et ses dix fils furent pendus au bois qu'il avait fait préparer pour l'exécution de Mardochée (9:13). En outre, le jour où les Juifs devaient être exterminés, le roi Assuérus leur donna l'autorisation de s'armer et de se défendre. La Bible nous dit: « Les Juifs frappèrent à coups d'épée tous leurs ennemis, ils les tuèrent et les firent périr; ils traitèrent comme il leur plut ceux qui leur étaient hostiles. » (9:5)
Les experts débattent de la teneur historique du livre d'Esther. Le récit se situe pendant la période de la Diaspora, après la conquête de Judas et la chute de Jérusalem en 585 av. J.-C. Un grand nombre de Juifs étaient alors exilés à Babylone, puis, sous Cyrus le Grand, la Perse prit le contrôle de l'Empire babylonien. Tandis que certains auteurs suggèrent qu'il existe un rapport entre les événements du livre et les événements ayant eu lieu pendant le règne du roi persan Xerxès, et font remarquer que le livre décrit de manière très exacte les coutumes de la Perse du Ve siècle av. J.-C., d'autres encore considèrent qu'il s'agit là d'une fiction se fondant très vaguement sur l'hostilité rencontrée par les Juifs, en Perse et ailleurs.
Alors, comment peut-on rattacher ce livre à la tradition sacrée ? Il ne fait aucun doute que le personnage d'Esther manifeste un grand courage et un esprit indomptable, celle-ci refusant d'être limitée par les stéréotypes liés à sa culture ou à son sexe. Le livre montre aussi comment les actes de méchanceté se retournent contre leur auteur et finissent par entraîner sa destruction. Certaines parties de l'histoire sont pleines d'humour et nous rappellent le pouvoir qu'a le rire de briser l'emprise de la peur et de la haine. Haman illustre tout ce qui voudrait entraver les progrès de la sagesse et de la bonté; une telle méchanceté doit finir par leur payer un tribut.
Moïse Maïmonide, sans doute le plus grand rabbin de l'histoire juive, est probablement celui qui défend le livre avec le plus d'ardeur. Il considère que cet ouvrage est comparable aux cinq livres de Moïse. Dans tous ces textes en effet se manifeste le pouvoir qu'a Dieu de délivrer Son peuple. Ils décrivent en outre tout le courage dont il faut faire preuve pour continuer à défendre ses convictions en compagnie de ceux qui ne les partagent pas, et même sous leur domination. Comme Moïse en Égypte, comme Daniel et ses trois amis, Mardochée constitue un exemple pour les nations du monde entier. Tous ces hommes firent preuve d'une grande foi, pas seulement dans les bons moments, mais aussi dans des situations désespérées. Ce qu'ils vécurent prouva que Dieu a l'autorité, le pouvoir et le désir de protéger Ses enfants.
Fête de la Bible
Du 10 au 12 octobre 2003
Retenez bien ces dates, car une Fête de la Bible, à l'image de ce qui se fait déjà depuis plusieurs années pour la Fête de la musique, va être organisée pendant ce week-end d'octobre.
Toutes les Églises et communautés chrétiennes sont invitées à organiser dans leur ville ou leur village des événements publics ou des manifestations de rue où la Bible sera la vedette.
Cet événement se déroulera, en même temps, dans de nombreuses villes de France, de Belgique et de Suisse.
Pour plus de renseignements, visitez le site Internet:
www.anneedelabible.com
