Quand j’étais petite, j’étais une enfant plutôt calme. Mais certains jours il arrivait que je devienne insupportable: je refusais d’obéir, je tapais du pied en criant, etc. Alors, sans mot dire, Papa se dirigeait vers la fenêtre, et, même en plein hiver, il l’ouvrait toute grande, ce qui, bien sûr, m’intriguait. J’arrêtais de crier et de pleurer pour lui demander pourquoi il faisait cela. En souriant, il répondait: « C’est pour que le petit diable s’en aille et que je retrouve ma petite fille chérie qui est si mignonne et que j’aime tant. » Vous devinez l’effet que ces paroles avaient sur moi: je me jetais dans ses bras en lui promettant dorénavant d’être sage.
C’est beaucoup plus tard, en étudiant la Christian Science, que j’ai compris que, dans son amour paternel, mon père avait découvert une règle essentielle pour combattre efficacement le mal: il faut le séparer de la personne qui « semble » faire quelque chose de mal.
En séparant ainsi mentalement le mal de la personne, nous faisons beaucoup de bien à cette dernière, car nous la voyons telle qu’elle est en réalité: innocente et bonne. Dans la mesure où nous nous rendons compte que le mal n’a pas de support, de canal pour s’exprimer, le mal disparait de notre vie.
N’est-ce pas ce que Jean-Baptiste prédisait, lorsqu’il annonçait que le Messie allait séparer la balle (enveloppe)du blé ? (voir Matth. 3:12) Et Jésus ensuite a dit: « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il renonce à lui-même... » (Luc 9:23) A lui-même ? Sûrement pas à sa véritable individualité ni à sa bonté originelle, mais à un sens erroné de personnalité.
Ceux qui commettent des actions répréhensibles, ou même d’horribles crimes, sont souvent au départ des gens dignes de respect, aussi bizarre que cela puisse paraître. Dans un livre intitulé La mort est mon métier l’auteur, Robert Merle, montre bien comment un homme ordinaire, fonctionnaire consciencieux, bon père et bon époux peut mettre un point d’honneur à exterminer un maximum d’êtres humains lorsqu’il est nommé commandant en chef du camp d’Auschwitz. A l’inverse, dans le film de Spielberg, La liste de Schindler, on comprend vite que le personnage principal n’a rien du héros traditionnel. C’est plutôt un mauvais homme d’affaires, un époux volage, et pourtant il arrache des milliers de personnes à la mort !
L’homme serait-il donc, comme le prétendent beaucoup, un mélange de bonnes intentions et de mauvaises pulsions ? En fait, cette conception de l’homme est récusée par les mots de l’apôtre Jacques, dans la Bible, où il est dit que la source ne peut faire jaillir à la fois de l’eau douce et de l’eau amère. Alors nous serons amenés un jour ou l’autre à discerner que la vraie nature de l’homme en tant qu’enfant de Dieu est complètement bonne, et que l’individualité réelle de chacun n’a aucune caractéristique du mal.
C’est ce que Mary Baker Eddy a exprimé dans la phrase suivante de Science et Santé: « Le mal n’est ni une personne ni un lieu ni une chose. » (p. 71) Quand cela devient clair pour nous, le mal n’a plus le pouvoir de nous intimider, parce que nous sommes conscients qu’il n’est rien, même lorsqu’il semble s’exprimer de façon très visible par l’intermédiaire d’une personne. En séparant immédiatement, dans sa pensée, le mal de la personne, on peut obtenir des résultats remarquables et prouver ainsi la loi divine, la loi de l’Amour.
J’ai mis cette idée en pratique, sur une petite échelle, un jour où je devais me rendre à la Préfecture de police pour demander un document dont mon mari, qui se trouvait à ce moment-là aux antipodes, avait absolument besoin. J’ai d’abord été très mal reçue, et l’employée m’a dit sèchement que mon mari devait venir lui-même et qu’il n’y avait pas d’autre solution. J’ai essayé d’expliquer le côté exceptionnel de la situation, mais en vain.
Alors je suis allée m’asseoir dans la salle d’attente et j’ai prié silencieusement en reconnaissant que Dieu gouvernait et dirigeait tout. Les employés ne pouvaient exprimer l’hostilité ou l’indifférence parce qu’ils étaient dans la présence de Dieu et de Son amour. En pensée, je séparais soigneusement la personne qui m’avait reçue des défauts qu’elle semblait exprimer. J’étais remplie de compassion pour elle, sachant qu’elle était en réalité une enfant de Dieu, un reflet de l’Amour. J’ai maintenu cette pensée quelques instants.
Soudain, j’entendis qu’on m‘appelait. C’était la fonctionnaire qui m’avait reçue auparavant. Elle me dit qu’elle avait trouvé une solution à mon problème et me fournit le document dont mon mari avait besoin. Je l’ai chaleureusement remerciée, mais elle n’a pas dû comprendre pourquoi j’avais les larmes aux yeux. C’est qu’en même temps je remerciais Dieu et j’étais émue et émerveillée de constater à quel point la loi divine de l’Amour est efficace. « Comme il est écrit, ce sont des choses que l’œil n’a point vues et que l’oreille n’a point entendues... Dieu nous les a révélées par l’Esprit. » (I Cor. 2:9-10)
Alors, amis, si vous êtes confrontés à la haine, à l’indifférence, à l’hostilité, à la colère ou à la révolte irrationnelle, ouvrez la fenêtre, évacuez tout cela et ne gardez auprès de vous que l’enfant chéri de Dieu qui reflète toutes les qualités du Père: l’amour, la tendresse, le calme, la joie, etc... Vous verrez le résultat: l’Amour de Dieu se reflétant en vous et tout autour.
 
    
