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Le harcèlement sexuel sur le lieu de travail “Qu’est-ce que je vais faire ?”

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de juillet 2001


Dans le climat professionnel actuel, les employés et leurs supérieurs doivent affronter les questions légales et éthiques relatives au harcèlement sexuel. Susan Moller a une grande expérience, ayant occupé un poste de direction dans plusieurs entreprises, et ayant aussi été chargée, à un moment donné, de régler les cas de harcèlement dans une compagnie. Voici des extraits d’une conversation qu’elle a eue avec le service de rédaction du Christian Science Sentinel où elle explique que ce qu’elle a appris lorsqu’elle était elle-même victime de harcèlements est l’une des choses qui l’a aidée à ce dernier poste.

Je travaillais dans une petite agence de recrutement où j’étais conseillère d’orientation professionnelle. Je découvrais ce domaine et j’appréciais beaucoup le fait que le dirigeant de l’entreprise — qui était aussi mon chef direct — passait beaucoup de temps à m’apprendre ce que j’avais besoin de savoir pour être efficace. C’était vraiment bien cette formation personnalisée.

Cependant, au bout de deux semaines, lors de déjeuners avec lui et un autre collègue, les deux hommes se sont mis à raconter des histoires grivoises et à imaginer ce que cela pourrait être de coucher avec les femmes présentes dans le restaurant, que ce soit les clientes ou les serveuses. J’étais très mal à l’aise.

Puis j’ai remarqué que pendant les réunions, mon chef essayait de se placer de telle façon que ses genoux touchaient les miens. J’essayais toujours de changer de place. Je posais mes documents devant une chaise en espérant qu’il irait s’installer à côté, puis j’allais rapidement m’asseoir ailleurs. Nous avions aussi une photocopieuse dans un couloir étroit, juste à l’extérieur de son bureau, et il me semblait que chaque fois que j’étais là, il avait besoin de passer derrière moi. Et cela me mettait vraiment très mal à l’aise.

Cela s’est passé il y a plus de dix ans, et à l’époque, on ne parlait pas beaucoup de ce qu’il était possible de faire dans ce genre de situation. Je ne savais pas si je devais lui parler ou pas. Alors, j’ai fait ce que je fais toujours quand je ne sais que faire (parfois même quand je sais !), j’ai prié.

Autant que je m’en souvienne, j’ai commencé par prier en affirmant ma « ressemblance avec Dieu ». Je veux dire par là que si Dieu est bon, je reflète cette bonté, je reflète la pureté et l’innocence. Donc, je pouvais accomplir mon travail en toute sécurité, de façon à ce que mes talents soient reconnus.

J’ai pensé aux personnages de la Bible qui, en persistant à exprimer leurs qualités divines, ont été sauvés. Par exemple, dans l’histoire de Daniel dans la fosse aux lions, le roi Darius a été amené à mettre en place un décret qui condamnait à mort toute personne qui adorerait quelqu’un d’autre que lui. Or Daniel, bien qu’il fût jeté en pâture aux lions, est sorti indemne parce qu’il avait placé sa foi en Dieu (voir Dan. chap. 6). L’innocence de Daniel aux yeux de Dieu l’a protégé de tout. Et dans le même ordre d’idées, je priais pour voir se manifester l’innocence et la sécurité.

Les déjeuners ont continué sans changement. En fait, un jour, j’ai entendu mon chef dire à l’homme avec lequel nous déjeunions qu’il considérait toujours les femmes comme des objets sexuels. Il était incapable de marcher dans la rue, de prendre le bus ou de faire quoi que ce soit d’autre sans penser à ce que cela pourrait être de coucher avec les femmes qu’il voyait.

J’ai commencé par prier en affirmant ma « ressemblance avec Dieu ».

Puis, il s’est tourné vers moi en me demandant: « Qu’en penses-tu Susan ? Est-ce que tu éprouves la même chose envers les hommes ? »

J’ai répondu par la négative. Je me souviens m’être dit qu’il était bien triste que cet homme soit incapable de regarder un être humain autrement.

La conversation et le déjeuner ont tourné court. Le reste de l'après-midi, j’ai eu de grandes difficultés à me concentrer sur mon travail. Je me disais que je devrais peut-être l’affronter. Puis j’ai pensé: « Il me mettra sans doute à la porte. Et dans ce cas, qu’est-ce que je vais faire ? Il m’apprend beaucoup de choses. Si je suis renvoyée ou si je démissionne, il faudra que je retrouve un emploi. » J’étais déroutée.

Quand je suis partie ce soir-là, je n’étais pas sûre de revenir. Mais dans le train qui me ramenait chez moi, je me suis calmée et je me suis mise à prier en affirmant de nouveau mon innocence. Je me suis dit une fois de plus qu’il était triste que cet homme soit ainsi limité dans ses relations avec les autres. Puis, en priant ainsi, le concept que j’avais de la pureté et de l’innocence s’est soudain élargi. J’ai compris que même si j’étais pure et en sécurité parce que la pureté et la sécurité sont des qualités de Dieu, je devais aller plus loin. Je n’avais pas l’exclusivité de la pureté et de la sécurité. Elles faisaient partie du don de Dieu à la création et cet homme devait forcément aussi connaître la pureté et la sécurité. Il ne pouvait pas s’en empêcher. Il ne pouvait pas être privé de la joie de discerner chez une femme un grand sens de l’humour ou une grande créativité; il ne pouvait pas être limité dans sa perception des femmes. Et c’était une pensée très réconfortante parce que la situation n’était plus entre mes mains mais entre celles de Dieu. Je n’avais plus à m’inquiéter de savoir si je devais l’affronter ou pas, si j’allais perdre mon travail ou rester et continuer d’être mal à l’aise. J’étais sûre que Dieu me guiderait.

Un passage de Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy résume bien, je pense, ma prière dans le train ce soir-là: « “Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous !”; c’est-à-dire la Vérité et l’Amour règnent dans l’homme rèel, ce qui montre que l’homme à l’image de Dieu n’est pas déchu, et qu'il est éternel. Jésus voyait dans la Science l’homme parfait, qui lui apparaissait là où l’homme mortel pécheur apparaît aux mortels. » (p. 476)

Il me fallait voir cette identité parfaite en moi et à travers toute la situation. Et j’ai dû y parvenir dans une certaine mesure parce que je me sentais plus paisible.

Au cours des quelques jours qui ont suivi, je suis retournée travailler avec joie. La tension s’est dissipée. L’embarras que je ressentais a disparu. Le comportement de mon chef n’avait pas changé, mais nous avions, malgré tout, des relations plus normales.

Plusieurs semaines plus tard, il est allé à un colloque pour réfléchir à ce qu’est la vision d’une entreprise, au leadership et à l’esprit d’équipe dans le travail. Et quand il est revenu, il a réuni le personnel pour lui faire part de ce qu’il avait appris. Il était réellement plein d’enthousiasme. Ce qui m’a surtout intéressée, c’était qu’en parlant des différents orateurs, il ne cessait de mentionner des noms de femmes. Lors d’une pause, je l’ai entendu dire à un collègue combien il avait spécialement apprécié la manière intelligente dont une femme avait abordé un certain problème avec lequel il se débattait depuis des années. Pendant l’une de ses interventions, il s’est soudain rendu compte qu’il ne pensait pas du tout à elle d’un point de vue sexuel. Et cela l’a surpris. Il a compris que ne la considérant pas de cette façon, il se sentait libéré et capable d’écouter ce qu’elle avait à dire. Il a continué en disant qu’il avait appris qu’il n’avait pas besoin de considérer les femmes comme des objets sexuels, mais qu’il pouvait apprécier un grand nombre de leurs qualités.

J’étais aux anges.

C’était une réponse à ma prière dans laquelle j’aspirais à voir l’ « homme parfait », spirituel, pur et saint. Et cela a détendu nos relations. J’ai travaillé dans cette entreprise pendant encore un certain nombre de mois. Il m’a énormément aidée, en particulier à décider quelle direction prendre sur le plan professionnel. Il a été un merveilleux conseiller. Ce qui fut possible parce qu’il avait complètement changé de comportement.

Plusieurs années plus tard, je suis entrée dans une agence de publicité comme directrice des ressources humaines. J’avais entre autres responsabilités celle de régler les conflits entre employés.

La situation n’était plus entre mes mains mais entre celles de Dieu.

Ce que j’avais vécu avait influencé ma façon d’aborder les choses. Je ne partais pas du principe que, dans une situation donnée, l’un avait forcément raison et l’autre forcément tort. Ce qui était le plus efficace, c’était de penser que chaque personne concernée était à l’image de Dieu, pure et innocente.

La plupart du temps, ce qui est d’abord présenté comme un problème de harcèlement est en réalité un simple malentendu ou le résultat d'une difficulté à communiquer à laquelle il peut être remédié. Quand je m’attendais à ce que les gens agissent comme Dieu agit, à maintes reprises ils se sont montrés dignes de cette attente. J’avais la possibilité de leur proposer une façon de penser et d’agir plus élevée sans avoir à mentionner mes croyances religieuses. Quand je considérais les gens comme des hommes et des femmes spirituels créés par Dieu, ceux-ci changeaient de comportement. Dans le plus grand nombre de cas, les gens voient la différence et ont simplement besoin d’être encouragés à se conduire de la bonne manière. Une approche spirituelle m’aidait à y voir clair dans la situation et nous trouvions une solution ensemble.

Ceci dit, il arrive qu’une personne en traite une autre de manière totalement déplacée. Et la conduite de cette personne est parfois influencée par des problèmes conjugaux ou financiers, par quelque chose qui n’a rien à voir avec son travail. J’avais pour tâche d’aider les gens à prendre conscience de ce qui n’était pas acceptable et j’y parvenais sans blâmer qui que ce soit. Il ne s’agissait pas de se concentrer sur ce qui n’allait pas chez un individu, mais de voir ce qui était vrai au sujet de Dieu. Et ce qui est toujours vrai au sujet de Dieu, c'est que Sa création est bonne, et nous reflétons la bonté de cette création.

Puisque Dieu est Père-Mère, non pas un homme ou une femme, les mêmes règles s’appliquent quand des hommes sont harcelés par des femmes ou par d’autres hommes. Le fait fondamental au sujet de Dieu, c’est qu’Il est parfait et nous a créés parfaits dans Son amour. Par conséquent, notre sécurité, notre innocence et notre pureté données par Dieu constituent l’essentiel. Être un homme ou une femme, ce n’est pas ce qui compte d’un point de vue spirituel.

Quand j’étais petite, je considérais qu’il n’était pas humainement possible d’aimer tout le monde. Il y avait des gens que je n’aimais pas particulièrement. Je me souviens d’une conversation avec ma mère à propos de quelqu’un que je n’aimais pas. J’avais décidé de ne pas bien me conduire envers cette personne.

Ma mère m’a dit: « Tu sais, il faut que tu arrêtes d’agir ainsi. »

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ce n’est pas elle qui doit s’arrêter ? » ai-je demandé.

Et elle m’a répondu: « Parce que toi, tu sais aimer comme Dieu t’aime. » C’est quelque chose que je garde en moi depuis très, très longtemps. Il est impossible d’être dans une entreprise de 800 ou 1500 personnes et d’aimer chacune d’elles individuellement. Ce serait épuisant ! Toutefois, si on se dit: « Dieu m’aime parce que Dieu est Amour et par conséquent je ressens cet amour et je le reflète, et c’est ce qui me permettra d’aider cette personne », on n’en sortira pas épuisé.

Ce raisonnement m’a aidée à résoudre des problèmes plus facilement, surtout dans des cas particulièrement difficiles. Et il y en a eu qui ont pris du temps et ont exigé que je livre un combat plus ardu. Par combat, je veux dire que j’ai dû réfléchir encore plus profondément sur ce que cela signifie d’être le fils ou la fille de Dieu. Je devais éviter de tomber dans le piège qui me faisait dire: « Dans ce cas, cette personne harcelait certainement cette autre, parce que je sais que cette personne boit ou parce qu’elle s’est montrée désagréable envers moi ou parce qu’elle n’a pas rendu les formulaires à temps pour bénéficier de certaines prestations sociales et a beaucoup protesté devant les conséquences. » Je ne pouvais pas laisser l’opinion que j’avais de quelqu’un empêcher cet amour pur de s’exprimer. En m’occupant de ces personnes — même si je ne constatais aucun changement dans leur comportement — il me fallait savoir que Dieu les aimait et qu’Il m’aimait aussi. Il me fallait avoir confiance et acquérir la certitude que Dieu m’aiderait à trouver la solution. L’essentiel, c’était d’avoir confiance en Dieu, « que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (voir Luc 22:42).

Ce qui ne veut pas dire qu’on baisse les bras. Ce n’est pas une prière de résignation à mes yeux. C’est l’affirmation d’un fait. Le but n’est pas que ma volonté se fasse, mais celle de Dieu. Cette prière est fortifiante et elle permet d’envisager des solutions qu’on n’aurait peut-être pas vues sans cela.

Je ne pouvais pas laisser l’opinion que j’avais de quelqu’un empêcher l’Amour divin de s'exprimer.

Des solutions vraiment adaptées sont ressorties de ces situations. Dans la grande majorité des cas, je suis restée en bons termes avec les personnes concernées, même celles auxquelles j’ai dû infliger des sanctions d’une façon ou d’une autre. Je n’attribue pas cela au fait que je serais quelqu’un de formidable, mais au fait que nous étions entourés de l’amour de Dieu pendant toute la période que nous avions dû traverser ensemble.

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