C'était la fin d'un long et paisible voyage en avion. A l'atterrissage, après les annonces d'usage concernant la température extérieure et les formalités de débarquement, le commandant de bord a ajouté: « Et maintenant, si vous devez prendre la voiture, soyez prudents. Ne conduisez pas plus vite que votre ange gardien ne peut voler ! »
Cette remarque pleine de tact m'a donné à réfléchir. Pouvais-je affirmer qu'il n'y avait jamais de décalage entre l'allure de mon « ange gardien », que je pourrais définir comme ma réceptivité aux pensées divines de calme et d'obéissance, et ma conduite automobile ? Est-ce que la pression des circonstances, l'obsession du temps ou toute autre raison gagnaient parfois de vitesse, dans mon esprit, le sens de la direction infaillible de Dieu et le respect de mon prochain ? J'ai bien dû admettre que oui.
Qu'est-ce qui peut nous protéger de nous-mêmes et des autres sur la route ? Les divers moyens techniques censés augmenter la sécurité des conducteurs et des passagers n'apportent pas de vraie solution. On a vu des compagnies d'assurance qui avaient, dans un premier temps, baissé leurs tarifs pour ceux de leurs clients qui s'équipaient de systèmes de direction ou de freinage plus performants, changer de politique lorsqu'il s'est avéré que la confiance accrue des conducteurs dans des systèmes mécaniques de protection les amenait tout simplement à rouler plus vite. A l'évidence, les limitations de vitesse et l'augmentation des contrôles de police, s'ils sont à n'en pas douter utiles, ne règlent pas non plus le problème. Tout le monde convient que ce qui doit changer, ce sont les mentalités. Une de mes amies a remarqué que les jours où elle se sent stressée, mécontente, elle rencontre au volant des situations où des chauffeurs lui coupent la route ou se conduisent incivilement, tandis que les jours où elle a l'espirt serein, elle ne rencontre pas de telles situations.
Cela nous ramène à notre « ange gardien », à la petite voix intérieure qui nous guide en chemin... à condition que nous l'écoutions. Un homme, un jour, a écouté cette voix et a ainsi évité un accident de la route. La route était étroite. Il était en service commandé. Sa mission: déstabiliser un peuple jugé trop encombrant. Par trois fois, sa monture, une humble ânesse, est sortie du chemin pour éviter un obstacle que l'homme n'avait pas vu. Dans l'imagerie orientale de la Bible, qui rapporte cette histoire, l'ânesse se met à parler, et Balaam, l'homme, l'écoute. Il comprend enfin qu'il doit suivre seulement les directives de Dieu. Son chemin se poursuit alors sans encombre, et une fois parvenu à destination, il bénit le peuple, les enfants d'Israël, qu'il était venu maudire (voir Nombres 22:22–35).
L'histoire de Balaam illustre l'importance de la motivation du voyage. Pouvons-nous avoir une meilleure motivation, en prenant le volant, que d'écouter Dieu, notre plus haut sens du bien, et de manifester de la bonté envers nos semblables ?
L'écoute et l'amour. L'un engendre nécessairement l'autre. Jésus, qui était constamment à l'écoute de Celui qu'il appelait son Père, Dieu, disait: « Si quelqu'un veut... prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. » (Matth. 5:40) Traduit dans les termes de la vie moderne, cela pourrait donner: « Si on te grille la priorité, ralentis encore gracieusement pour laisser passer l'autre. » La seule leçon que tu puisses vraiment donner, c'est une leçon de douceur. Mary Baker Eddy, la fondatrice de ce périodique, a déclaré: « Je le dis avec joie: Personne ne peut commettre à mon égard une offense que je ne puisse pardonner. L'humilité est l'armure du chrétien, sa cuirasse et son bouclier. » (Message de 1902, p.19)
Ainsi, chaque pensée et chaque acte de patiente bienveillance et de pardon compte dans la lutte pour éliminer ce que l'on a coutume d'appeler « l'hécatombe sur les routes ». Car chacune de ces pensées, chacun de ces actes est un reflet de l'Amour divin, qui est notre plus haute protection. Le Psaume 91 nous parle de ce refuge, en précisant que Dieu « ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies » (verset 11). Ce ces anges, ces pensées de Dieu, qui neutralisent l'égoïsme, l'incivilité, et qui sont véritablement nos gardiens sur la route.
