Ce fut un incident troublant. Nous roulions dans une ville que nous ne connaissions pas bien, à la recherche d'un certain magasin. Nous étions perdus et j'ai tourné en m'engageant dans la mauvaise direction.
Apparemment, en tournant, j'ai coupé la route à un autre automobiliste qui était furieux. Il s'est mis à nous suivre. Quelle que soit la rue que je prenais, il était toujours derrière moi.
Finalement, je me suis arrêté dans un parking. Il s'est garé à côté de moi. Il est sorti de sa voiture, le visage rouge de colère. J'ai ouvert la porte et je lui ai fait face. « Vous avez presque causé un accident ! C'est incroyable ce que vous conduisez mal ! Je vais vous réduire en bouillie ! », a-t-il hurlé.
Je n'avais pas peur pour ma sécurité. Je suis ceinture verte de judo. En revanche, j'étais inquiet au sujet de mes enfants. Quel exemple allais-je leur donner ? Je me suis tourné mentalement vers Dieu en demandant: « Qu'est-ce que je dois faire ? »
J'ai senti qu'il fallait que je reste là sans répondre. Bientôt l'homme a déclaré: « Vous avez de la chance que vos enfants soient là, autrement je vous aurais envoyé mon poing dans la figure ! » Puis il est reparti. Et nous aussi. Nous avons trouvé le magasin, y avons acheté les vêtements dont nous avions besoin puis nous sommes rentrés à la maison.
J'ai expliqué brièvement à mes enfants que je m'étais tourné vers Dieu en pensée, et que j'étais reconnaissant du fait l'homme était redevenu quelque peu maître de lui-même et avait décidé de partir. Cela s'est passé il y a plus de vingt ans, mais j'ai continué à réfléchir à la façon de remédier au problème de la colère au volant en attaquant le mal à la racine.
L'un des facteurs les plus importants semble être le manque de temps. Les gens pensent qu'ils n'ont pas assez de temps, alors ils sont pressés. Ce qui est à l'origine de l'impatience que donne naissance à la colère. Pour moi, la patience, c'est l'amour sans irritation.
Je me suis efforcé de cultiver cette qualité en moi. Je me suis exercé à être patient. Ce faisant, les enseignements de la Bible se sont avérés une grande source d'inspiration J'ai appris que Dieu est ma force. Il lutte pour moi dans les combats mentaux. Il me donne la force de garder mon self-control qui me permet d'être patient et aimant. N'est-ce pas ce que les versets suivants tirés du livre des Psaumes peuvent signifier ? « L'Éternel est ma lumière et mon salut: De qui aurais-je crainte ? L'Éternel est le soutien de ma vie: De qui aurai-je peur ? Quand des méchants s'avancent contre moi, pour dévorer ma chair, ce sont mes persécuteurs et mes ennemis qui chancellent et tombent. Si une armée se campait contre moi, mon cœur n'aurait aucune crainte; si une guerre s'élevait contre moi, je serais malgré cela plein de confiance. » (Ps. 27:1–3)
Mes ennemis, ce sont en réalité les pensées qui voudraient me rendre agressif ou furieux. Je n'ai pas à avoir peur de ces pensées. Je peux les surmonter en comprenant que Dieu me donne la force de ressentir et d'exprimer de l'amour.
J'ai pensé à Moïse quand il se tenait au bord de la mer Rouge et que les troupes de Pharaon se rapprochaient. La mer s'étendait devant lui. Le peuple avait peur. Moïse s'en est remis à Dieu à chaque pas. Il a dit au peuple: « Ne craignez rien, restez en place, et regardez la délivrance que l'Éternel va vous accorder en ce jour... » (Ex. 14:13) Puis Moïse reçut l'ordre de lever son bâton au-dessus de la mer. Les eaux se sont fendues. Le peuple a traversé à pied sec. Et toutes les menaces du passé ont été englouties par les eaux derrière eux.
J'ai aussi trouvé un texte écrit par Mary Baker Eddy qui m'a fait progresser dans ma compréhension de ce qu'est la patience et dans ma faculté de l'exprimer. Il fait partie d'un article intitulé: « Comment apaiser les conflits » publié à l'origine dans le Boston Globe en 1904. Voici ce texte: « Le Principe de tout pouvoir est Dieu, et Dieu est Amour. Ce qui fait entrer dans la pensée ou l'action humaine un élément contraire à l'Amour n'est jamais requis, jamais nécessaire, et n'est pas sanctionné par la loi de Dieu, la loi de l'Amour. » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 278)
Donc, si quelqu'un me coupe la route ou commet un acte qui provoque ma colère, je reste maître de moi pour sentir la présence de l'amour de Dieu. L'autre conducteur a peut-être une bonne raison d'être pressé et je suis capable de ressentir de l'amour sans m'irriter. Je peux continuer mon chemin en paix.
Il y a quelque temps, ma femme et moi avons eu la possibilité de manifester ainsi notre amour envers notre prochain. Lorsqu'un camion à deux remorques s'est brusquement rabattu devant moi alors que je roulais à vive allure sur l'autoroute, j'ai pu rapidement me placer dans la file du milieu qui était dégagée. Cette manœuvre a permis d'éviter que le camion ne heurte notre voiture et ne m'en fasse perdre le contrôle. Nous avions été protégés, ce dont j'étais reconnaissant, mais j'étais encore plus touché par le fait que je n'aie même pas été tenté d'accélérer pour aller jeter un regard furieux au chauffeur du camion, ce que j'aurais probablement fait par le passé.
La colère au volant n'est pas une loi et elle est incapable de gouverner qui que ce soit. La loi de Dieu, la loi de l'Amour, nous gouverne tous.