Même si la plus grande partie de mon enfance s'est passée dans un internat religieux, je demeurais extrêmement sceptique face à l'église et à Dieu. En sortant de cette école, j'avais le sentiment que l'existence de Dieu, telle qu'on me l'avait décrite, n'avait tout simplement aucun sens. Un an plus tard, une amie s'est fait une grave entaille au pied. Elle a accepté qu'on nettoie et qu'on bande la plaie, mais elle a refusé tout traitement médical. Je l'ai questionnée à ce sujet, et elle m'a répondu qu'elle allait à l'école du dimanche de la Christian Science et qu'elle préférait s'appuyer uniquement sur des moyens spirituels pour être guérie. Après l'avoir questionnée une heure ou deux, j'en ai conclu que cette religion n'était pas si mal, mais je continuais à me dire que je n'avais pas besoin de la religion pour vivre.
Deux ans plus tard, néanmoins, j'ai été enrêlé, formé pour être officier d'infanterie et envoyé au Vietnam. Malgré l'entraînement militaire intensif que j'avais suivi, au bout de quelques mois, la responsabilité d'avoir trente hommes sous mes ordres, les patrouilles et les opérations que nous entreprenions, les pertes que nous subissions, etc., ont commencé à peser lourd sur mes épaules. Par moments, je me sentais dépassé par les événements. Je me rendais compte que j'avais des capacités limitées après tout et dans ces moments-là je me mettais à lire un petit livre, un Science et Santé que mon amie m'avait donné. Aujourd'hui, je ne me souviens pas des passages précis que j'ai lus à l'époque, mais je me souviens que, chaque fois, après une demi-heure de lecture, je me sentais soulagé du fardeau. Je me relevais parfaitement reposé, l'esprit libre et prêt à reprendre la tâche du moment. Je devais admettre que cette religion « bizarre » avait de la substance.
Un jour, lors d'une opération, mon peloton guidait le reste de l'escadron à travers la jungle lorsque nous sommes tombés sur une escouade ennemie. Mes hommes se sont immédiatement déployés dans une manœuvre parfaite, digne des manuels militaires. L'ennemi a disparu derrière un talus, mais tandis que nous nous préparions à nous élancer au sommet de cette élévation, l'idée de nous arrêter m'est distinctement venue à l'esprit. Sans hésiter, j'ai ordonné à mes hommes de ne plus avancer. J'ai ensuite envoyé une escouade sur le flanc du talus, bien que cette nouvelle manœuvre soit en contradiction avec la tactique habituellement adoptée dans de telles circonstances. En quelques minutes, mon escouade surprenait l'ennemi qui s'enfuyait. Si mon peloton avait atteint le sommet du talut, il aurait sauté sur une très grosse mine antipersonnel.
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