L'autre jour nous avons déjeuné ensemble. Au cours du repas, nous en sommes venus à parler religion. Tout de suite, tu m'as dit que tu étais athée. Je t'ai demandé pourquoi. Tu m'as expliqué ton point de vue, fondé sur trois hypothèses:
Première hypothèse: Dieu a créé le mal pour punir les hommes de leurs turpitudes ou de leurs faiblesses. Ce Dieu-là te semble indigne d'être aimé. Un père ou une mère punissent leurs enfants s'ils commettent une faute, mais jamais au point de les châtier en leur envoyant une maladie ou la mort. Croire en un tel Dieu te paraît donc impossible. Je suis bien d'accord avec toi.
Deuxième hypothèse: Dieu n'a pas créé le mal. S'Il aide les hommes à surmonter les épreuves, il n'est malheureusement pas en Son pouvoir de leur éviter les pires malheurs. A quoi bon, dans ce cas, s'en remettre à ce Dieu impuissant ! Je ne peux qu'être de ton avis.
Troisième hypothèse: Dieu a voulu que les hommes choisissent librement entre le bien et le mal. L'existence du mal est la condition nécessaire pour qu'ils puissent exercer leur libre arbitre. En ce sens, le mal est donc une bonne chose. Un Dieu capable de fonder le salut de l'homme sur un tel sophisme est incompatible avec l'idée que tu te fais de la Sagesse suprême. Une fois encore, je te donne raison. Ces trois conceptions de Dieu, que tu refuses, n'ont rien à voir avec ma conception de Dieu.
A t'écouter, je me suis rendu compte de plusieurs choses:
1) Les croyances concernant Dieu dont tu me parles sont liées d'une façon ou d'une autre à l'existence du mal. Dieu serait donc soit bon mais impuissant, soit tout-puissant mais sans pitié.
2) Tu ne crois pas en un dieu conçu à l'image des hommes. Tu aimerais croire en l'existence d'un Dieu bon, à la fois capable et désireux de délivrer les hommes du mal. Mais, constates-tu, si un tel Dieu existait, cela se saurait.
3) Tu ne crois donc pas en Dieu, mais tu es en quête de spiritualité.
Il y a cependant une autre conception de Dieu dont je voudrais te parler. Et si tu relèves des points communs entre mes aspirations et les tiennes, tu seras sans doute intéressé de savoir pourquoi mes attentes ne sont pas déçues.
Je crois que la base de tout raisonnement juste concernant Dieu nous est donnée par ce verset biblique qui m'est cher: « Tes yeux sont trop purs pour voir le mal. » Hab. 1:13. Dieu est trop pur pour voir le mal. Dans plus de vingt langues, le mot « Dieu » est proche du mot « bon » ou « bien ». Dieu étant l'Amour, comme le révèle Jésus, il est incapable de créer le mal, de le concevoir, de le connaître ou de l'envoyer aux hommes sous quelle que forme que ce soit. Lorsqu'on comprend la vraie nature de Dieu, il devient aussi possible de comprendre la vraie nature du mal.
Voici, du reste, ce qu'écrit à ce sujet Mary Baker Eddy, la découvreuse et fondatrice de la Christian Science:
« Les Écritures appellent Dieu le bien, et le terme anglo-saxon pour Dieu [God] est également le bien [good]. De cette prémisse découle la conclusion logique que Dieu est le bien infini, naturellement et divinement. [...] Que peut-il y avoir en dehors de l'infinité ? Rien ! C'est pourquoi la Science du bien appelle le mal: rien. » Écrits divers, p. 26.
La compréhension de ces idées est l'arme la plus puissante dont dispose tout homme. C'est en reconnaissant la totalité de Dieu, le bien, et le néant du mal, que l'on parvient à la vraie connaissance de Dieu. Cette connaissance est tout sauf théorique. Le fait que quiconque puisse en vérifier la logique et le caractère pratique est, à mes yeux, la preuve de son origine divine. Des milliers de guérisons attestent le bien-fondé de cet enseignement depuis plus d'un siècle, et les guérisons de Jésus n'avaient pas d'autre fondement.
Comment voir les effets de Dieu ?
J'aimerais, sans plus attendre, te donner un exemple concret.
Depuis plusieurs semaines, je souffrais d'une douleur à l'épaule. Avec le temps, j'avais de plus en plus de difficultés à m'habiller. Un matin, je me suis dit que cette douleur devenait une idée fixe. J'ai aussitôt refusé de croire plus longtemps que l'homme, l'image de Dieu, puisse être victime ou prisonnier d'une idée fixe. Au contraire, il exprimait sans cesse la liberté de mouvement, l'harmonie de ce Dieu qui est Tout. La douleur n'avait donc aucun endroit où se manifester, à aucun moment. Ayant mentalement pris position en ce sens, je me suis levé. Plus tard, je me suis aperçu que je ne souffrais plus du tout. Cela a été terminé. Le fait de reconnaître, malgré la douleur – je dis bien malgré la douleur – la totalité de Dieu, le bien, et le néant du mal, a rendu cette guérison possible, et elle a été rapide et permanente.
Mais j'aimerais revenir à l'un des points dont nous avons parlé. Si Dieu est bon, s'il est l'Amour même, pourquoi semble-t-on en avoir si peu la preuve sur la planète ? N'oublie pas que, selon la Bible, Dieu est l'Esprit infini. Les sens matériels, qui sont limités par nature, ne sauraient percevoir l'infini. Or ce n'est pas parce que Dieu est invisible aux sens matériels qu'Il n'existe pas. Lorsque tu dors, tu n'es pas conscient de la présence de tes proches. Le vent est invisible, mais on en perçoit les effets dans le balancement des blés, l'ondulation de la mer, le mouvement des dunes. C'est pourquoi, au lieu de déplorer l'invisibilité de Dieu, intéressons-nous à Ses effets, en admettant que, s'il existe un moyen de percevoir l'action divine auprès des hommes, il devient difficile de nier l'existence de Dieu.
Comment voir les effets de Dieu ? On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres, disait Jésus. Il est indispensable de se défaire d'abord de l'ignorance des choses spirituelles, des méprises qui nous aveuglent. Tu en conviendras, tout chercheur doit être prêt à remettre en question son savoir et ses croyances pour découvrir un jour ce qu'il ignore encore. Il en est de même dans tous les domaines de la vie.
Par ignorance, les hommes ont longtemps cru que la terre était plate. De plus, l'ignorance des choses spirituelles est souvent un bon terrain pour les superstitions et les fausses croyances. Si j'ignore quelle est la nature de Dieu, comment en reconnaîtrai-je les effets ? Pour connaître les effets de l'Esprit, je dois me familiariser avec les choses spirituelles. Selon la Bible, le Christ est le professeur qui nous enseigne le sens spirituel de l'existence. C'est donc à lui que je dois faire appel pour combler mon ignorance.
La méprise également nous cache la réalité spirituelle des choses. Si l'on m'annonce, par erreur, que l'un de mes amis est mort, mon chagrin aura beau me sembler bien réel, il sera pourtant injustifié. Si je dois me rendre à une adresse en suivant des indications erronées, je n'arriverai jamais à destination. Si je crois que Dieu n'est d'aucun secours pour l'homme, je me prive d'emblée de Ses bienfaits. D'autre part, certaines méprises voudraient nous cacher notre véritable identité, laquelle nous est toujours révélée par le Christ – la Vérité. C'est donc à lui que je dois m'adresser.
Il est important de reconnaître que l'ignorance des choses spirituelles et la méprise empêchent de percevoir les effets de la Cause divine — de comprendre la nature de Dieu et de l'homme. Elles masquent la vraie nature de Dieu. J'aimerais te donner un autre exemple puisé dans ma vie personnelle.
Mary Baker Eddy écrit dans Science et Santé: « De même que votre reflet paraît dans le miroir, de même, étant spirituel, vous êtes le reflet de Dieu » Science et Santé, p. 516.. Mais elle déclare aussi: « Peu de personnes comprennent ce que la Science Chrétienne entend par le mot reflet » Ibid., p. 301.. Assurément, je devais être du nombre. J'ai longtemps bataillé pour accepter le fait que j'étais le reflet de Dieu. Je voulais tous les avantages – la santé, l'intelligence, l'abondance, l'immortalité, etc. – mais je supportais mal de ne pas être créateur de mes pensées et de mes actes. Je comparais le lien qui m'unissait à Dieu à ces fils invisibles qui relient le montreur de marionnette à sa créature. J'avais tout simplement peur de perdre mon identité.
Je m'accrochais à ce passage de Science et Santé, qui me rassurait en partie: « Il est impossible que la compréhension que la Science donne à l'homme lui fasse perdre son identité; et avoir l'idée d'une telle possibilité est plus absurde que de conclure que les tons individuels de la musique se perdent dans l'origine de l'harmonie » Ibid., p. 217.. Mais quelle était ma liberté si je n'étais créateur de rien ? Je demandais à Dieu de m'éclairer, mais demeurais dans ma peur. Une peur trop forte pour que je puisse entendre clairement Sa réponse. Je tâchais alors de me persuader que le statut de fils de Dieu était très enviable, mais pour dire les choses telles que je les ressentais, je me dirigeais vers la félicité... la mort dans l'âme.
Mais le désir de comprendre a été plus fort que toutes ces craintes. J'ai fini par comprendre qu'un concept erroné m'empêchait de saisir le sens que la Christian Science donne au mot reflet. Une nuit au cours de laquelle je n'arrivais pas à dormir, priant pour résoudre un problème d'un autre ordre, je me suis soudain entendu dire: « Oui mon Père, j'accepte de tout cœur d'être Ta manifestation infinie. » Je me suis senti très heureux. Comme soulagé. Libéré ! Ma prière avait mis fin à une angoisse qui remontait à mon enfance. J'avais cessé de m'accrocher désespérément à une personnalité humaine comme s'il s'était agi de moi. Et l'angoisse qui allait de pair avec cette personnalité matérielle avait tout naturellement disparu. L'homme véritable n'avait strictement rien à voir avec ce concept humain erroné. M'étant enfin rendu compte de ma « méprise » et ayant compris que mon identité était la manifestation infinie de l'Entendement infini, je savais que je ne pourrais jamais rien perdre.
Non, l'homme n'est pas créateur, mais il est l'image même de Dieu. Il est Son reflet dans toute l'intelligence, la bonté, la beauté et l'harmonie de Son inépuisable expression. Cette différence est très importante. C'est ce qui explique, notamment, qu'on n'a besoin d'aucun intermédiaire entre Dieu et soi. Tout le monde peut être en contact direct avec Dieu, être inspiré, guidé, réconforté et guéri par Lui.
Voilà pourquoi, mon ami, toi qui te déclares athée tout en poursuivant une quête spirituelle, je t'invite aujourd'hui à rechercher Dieu pour découvrir qui tu es. Demeure humble, spontané, sincère et confiant dans ta quête. En un sens, c'est cela la prière: s'en remettre à la totalité du bien, en sachant que Dieu répond à nos aspirations légitimes. Je t'invite à étudier les Écritures, à rechercher aussi dans Science et Santé l'éclairage spirituel qui rendra ton exploration fructueuse. Et tu verras comment Dieu se manifeste dans ta vie.
