Aux yeux de certains, être appelé à « s’appuyer radicalement sur la Vérité » pour guérir les malades équivaut peut-être à prendre une position extrême, un peu effrayante ou impossible à tenir. Or, est-ce vraiment le cas ?
L’expression « s’appuyer radicalement sur la Vérité » est tirée de Science et Santé où Mary Baker Eddy écrit: « Il n’est pas sage de vaciller et de s’arrêter à mi-chemin, ni de s’attendre à travailler également avec l’Esprit et la matière, avec la Vérité et l’erreur. Il n’y a qu’un seul chemin – savoir Dieu et Son idée – qui mène à l’être spirituel. C’est au moyen de l’Entendement divin qu’il faut arriver à gouverner le corps scientifiquement. Il est impossible d’obtenir l’empire sur le corps par aucun autre moyen. Sur ce point fondamental, un conservatisme timide est absolument inadmissible. Ce n’est qu’en s’appuyant radicalement sur la Vérité que l’on peut réaliser le pouvoir scientifique qui guérit. » Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 167.
Prenons ces termes, « vaciller » et « s’arrêter à mi-chemin ». Supposons que vous alliez traverser un petit lac à la rame, dans une barque, et, tandis que vous avez déjà mis un pied dans l’embarcation, vous prenez peur à cause des mouvements du bateau, et vous décidez alors de garder l’autre pied planté sur la terre ferme. C’est le plus sûr moyen de faire un plongeon au moment où la barque s’éloigne du bord ! Dans cet exemple, « vaciller » et « s’arrêter à mi-chemin » va à l’encontre du but recherché, c’est le moins qu’on puisse dire, alors que se fier au bateau – en posant les deux pieds dedans – ne reviendrait pas à prendre une position extrême, mais serait tout à fait naturel.
J’aime réfléchir sur le sens fondamental du mot « radical ». Un dictionnaire le définit ainsi: « qui appartient à la racine ou à l’origine... qui atteint le centre ou la source ultime. » Par conséquent, ce terme se rapporte à ce qui est essentiel, doté d’une base solide, profondément enraciné. Dans une très belle métaphore, le psalmiste parle de cette notion: « Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants... mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, et qui la médite jour et nuit ! Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, qui donne son fruit en sa saison, et dont le feuillage ne se flétrit point: tout ce qu’il fait lui réussit. » Ps. 1:1-3.
L’arbre profondément enraciné ne manque pas de nourriture, car il puise ce dont il a besoin dans le « courant d’eau ». La personne comparée à un arbre qui porte du fruit est quelqu’un « qui trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, et qui la médite jour et nuit ». Voilà qui est radical – voilà « qui atteint le centre ou la source ultime ».
On pourrait voir, dans la loi de l’Éternel, la loi de la totalité et du néant. La totalité divine signifie que tout ce qui est dissemblable à Dieu doit forcément être néant. Le livre d’Ésaïe représente Dieu prononçant les paroles suivantes: « Je suis l’Éternel, et il n’y en a point d’autre, hors moi il n’y a point de Dieu. » Ésaïe 45:5. En d’autres termes, si nous utilisons certains noms que nous trouvons dans la Bible pour désigner Dieu, ce verset pourrait être paraphrasé ainsi: Je suis la Vérité infinie, et il n’existe pas d’erreur; Je suis la Vie éternelle, et il n’existe ni mortalité ni mort; Je suis l’Amour divin, et il n’existe ni peur, ni haine, ni envie, ni jalousie, ni malice, ni vengeance, ni luxure, ni aucun autre péché qui renierait l’Amour. La loi de l’Éternel, telle qu’elle est énoncée dans le Premier Commandement Voir Ex. 20:3., exige que nous n’ayons pas d’autres dieux que le seul Dieu, que nous ne reconnaissions aucun autre pouvoir que le seul Tout-Puissant ni aucune autre présence que la seule Toute présence. La loi divine exige que nous soyons gouvernés par le seul Dieu qui est toute action, tout bien.
A notre époque, la loi divine prend la forme de la Science de l’être. En répondant à la question, « Comment définiriez-vous la Science Chrétienne ? », Mary Baker Eddy écrit: « Comme la loi de Dieu, la loi du bien, qui interprète et démontre le Principe divin et la règle divine de l’harmonie universelle. » Rudiments de la Science divine, p. 1. Cette Science, en conformité avec la Bible, non seulement déclare que Dieu est bon, mais elle révèle également Sa nature qui est Esprit infini dans lequel il n’y a pas de matière, Entendement divin qui ne laisse aucune place à l’entendement mortel ou charnel. Elle montre que Dieu est le Principe créateur de l’univers, le seul législateur, qui ne permet à aucune autre cause, à aucun autre créateur ni à la désobéissance d’exister. Elle révèle qu’Il est l’Ame suprême, la source de la pure identité spirituelle que le sens matériel pécheur n’a pas le pouvoir d’attaquer. Le passage suivant tiré de Science et Santé pourrait être un bon résumé de la loi divine de la totalité et du néant: « La Vérité, la Vie et l’Amour sont une loi d’annihilation contre tout ce qui leur est dissemblable, parce qu’ils n’expriment rien d’autre que Dieu. » Science et Santé, p. 243.
La Christian Science révèle aussi que Dieu est le Père et la Mère de tout Son royaume d’idées, rempli de tendresse et d’amour pour tous Ses fils et filles, qui sont maintenus dans l’harmonie perpétuelle, sous le gouvernement du Principe suprême, l’Amour. Personne n’est exclu de ce royaume, car personne ne peut éviter d’être reconnu comme étant l’enfant de Dieu, Son idée spirituelle parfaite, même si les apparences contredisent ce fait.
A mesure que nous laissons la Science nous révéler la nature de Dieu dans toute sa magnificence, et que nous reconnaissons l’opération universelle de la loi divine qui gouverne tout, nous nous rendons compte combien trouver plaisir à cette loi et la méditer sans cesse nous rendra semblables à l’ « arbre planté près d’un courant d’eau ». Notre conscience se remplira tant de la loi éternelle du bien, de la Vérité, qu’avoir une confiance totale en Dieu – s’appuyer « radicalement sur la Vérité » – devient même encore plus naturel.
Un jour, une enfant de deux ou trois ans, la fille d’un couple d’amis chez qui je séjournais, m’a enseigné une précieuse leçon sur la confiance. Elle m’avait adopté: à ses yeux, j’étais une sorte d’oncle préféré. Je souhaitais lui montrer comment sauter d’un endroit surélevé en atterrissant sur les pieds. Or, avant même que le « cours » ne commence, elle est montée sur une remorque de camping garée dans l’allée recouverte de gravier et s’est élancée dans ma direction. Bien entendu, je l’ai attrapée au vol. Elle a trouvé que c’était très amusant et a voulu recommencer. Si je n’avais pas été là, elle se serait écrasé le visage sur le gravier, mais elle savait que je ferais tout pour que cela n’arrive pas. Et je me suis alors rendu compte que si cette petite fille pouvait avoir une telle confiance dans un adulte dont elle sentait l’affection, combien plus devrions-nous être capables de faire totalement confiance à notre seul Père-Mère tout-puissant, qui est l’Amour divin.
Pourtant, qu’en est-il de la personne qui commence tout juste à découvrir la véritable nature de Dieu et qui n’a pas encore le sentiment d’en savoir assez pour s’en remettre complètement à Dieu ? Une grande confiance avait peut-être été placée dans les moyens matériels par le passé. Cette personne va peut-être se sentir intimidée devant la nécessité de s’appuyer « radicalement sur la Vérité ». Cela semble être en effet d’une exigence extrême.
Pour cette personne, il sera sans doute rassurant de lire Science et Santé dans son intégralité et de noter les passages où il est question de progresser pas à pas, sur le plan spirituel. Même si la citation, au début de l’article, explique clairement que, pour « gouverner le corps scientifiquement » et prendre conscience du « pouvoir scientifique qui guérit », il est indispensable de s’en remettre radicalement à la Vérité, il est réconfortant de savoir que nous pouvons acquérir cette confiance graduellement.
Nous aimerions tous demeurer à ce niveau élevé de l’esprit-Christ qui permit à Jésus de guérir de façon instantanée pratiquement tous ceux qui venaient à lui. Toutefois, nous ne devons pas nous désespérer, parce que nous avons encore beaucoup à progresser avant de l’atteindre. De par ce qu’il nous a enseigné, Jésus nous a montré comment progresser, et nous sommes capables d’avancer à chaque instant. La plupart des guérisons obtenues par Mary Baker Eddy étaient instantanées ou très rapides. Et pourtant, Science et Santé nous apprend à utiliser les arguments de la vérité pour vaincre la peur, progresser sur le plan moral, affronter les erreurs de toutes sortes et les détruire. Les arguments eux-mêmes ne guérissent pas, mais ils constituent des jalons sur le chemin du progrès. Comme les barreaux d’une échelle, ils permettent à notre pensée de s’élever progressivement vers l’esprit de la Vérité et de l’Amour qui mène à la guérison.
J’ai tiré des leçons très utiles de la guérison d’une difficulté qui durait depuis longtemps. Une grosseur était apparue sur mon poignet de nombreuses années auparavant. Parfois, elle était très visible, désagréable à regarder et aussi dure qu’un os, parfois un peu moins. Dans ces cas-là, je dénonçais avec vigueur, dans mes prières, cette atteinte à ma pureté et à ma vraie nature et je revendiquais ma perfection établie par Dieu. Or, le problème demeurait. Il ne me faisait pas vraiment souffrir, ce qui explique peut-être pourquoi je ne lui accordais qu’une attention sporadique et ne priais pas régulièrement à ce sujet. A aucun moment, cependant, je n’ai été tenté d’obtenir un diagnostic médical ou de recourir à la médecine. J’avais confiance dans la Vérité, bien que la guérison n’eût pas encore eu lieu.
Puis le moment approchait où j’allais devoir me retrouver dans une pièce remplie de gens que j’allais aussi côtoyer pendant plusieurs jours. Et je me suis dit qu’une telle déformation, qui pouvait distraire mon attention ou celle des autres personnes, n’avait tout simplement pas le droit d’exister. Rien ne m’obligeait à la supporter davantage. Et c’est à peu près la seule fois où j’ai pensé à la difficulté de façon précise. Mais je me suis plongé, pendant plusieurs semaines, dans l’étude, la recherche, la prière et j’ai profondément spiritualisé ma pensée; ces moments, au cours desquels je me suis tourné vers Dieu, où je me suis appuyé sur l’Amour et où je m’en suis remis à la Vérité, font partie des plus précieux de mon existence. Ce fut une expérience sainte, source d’inspiration. Et quand j’ai eu terminé – avant de me présenter devant tous ces gens – mon poignet était lisse et l’est demeuré; cela s’est passé il y a un quart de siècle. En prenant plaisir à la loi de Dieu et en progressant spirituellement, j’ai eu le sentiment de connaître réellement « le pouvoir scientifique qui guérit ».
Tandis que nous découvrons, petit à petit, la nature divine, que nous obéissons à Sa loi de plus en plus fidèlement, il nous devient de plus en plus naturel de faire totalement confiance à Dieu, en toutes circonstances. Alors, nous nous apercevrons que nous prenons plaisir à la loi de Dieu et que nous la méditons jour et nuit. Nous deviendrons semblables à cet arbre qui fleurit sans cesse, « planté près d’un courant d’eau », et tout ce que nous entreprendrons réussira.
